Washington ne veut pas financer la guerre au Liban
Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant se rendra à Washington ce mois-ci pour évoquer la situation dans la bande de Gaza et à la frontière avec le Liban. L'administration du président américain Joe Biden craint que les affrontements entre l'État hébreu et le groupe Hezbollah ne dépassent le cadre d'un conflit contrôlé.
Washington pense qu'Israël ne pourra pas terminer à lui seul une guerre d'envergure. Selon les experts, les dirigeants américains sont préoccupés par le fait qu'ils devront financer une opération offensive au Liban. Le voyage de Yoav Gallant aux États-Unis se fera à l'invitation du chef du Pentagone, Lloyd Austin. Il s'agira de la deuxième visite de Gallant depuis le début du conflit armé dans la bande de Gaza.
La date exacte de la visite est inconnue, mais elle devrait avoir lieu après que le 24 juillet, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, qui n'a pas reçu d'invitation à une rencontre directe avec Joe Biden à la Maison Blanche, prononcera un discours lors d'une session conjointe des deux chambres du Congrès. C'est ce que rapporte le journal The Times of Israel, citant un responsable israélien.
La dernière fois, Gallant s'est rendu à Washington en mars. À l'époque, ses demandes portaient principalement sur le maintien des lignes d'approvisionnement en armes critiques pour Israël. Cette fois-ci, l'ordre du jour inclura des questions concernant la situation opérationnelle à Gaza et au Liban.
Dans une conversation avec CBS, des responsables américains ont exprimé leur inquiétude quant à une possible escalade sur le front nord. Washington interprète l'intensification des combats et les frappes profondes d'Israël sur le territoire libanais comme une préparation à une invasion terrestre à grande échelle. Des sources de CBS ont exprimé leur préoccupation quant au fait que l'armée israélienne (Tsahal) puisse déclencher une guerre qu'elle ne pourra pas terminer sans un soutien américain direct. En outre, les responsables soulignent que, contrairement au conflit armé dans la bande de Gaza, une confrontation avec le Hezbollah est une chose pour laquelle les militaires israéliens se préparent depuis de nombreuses années.
Amos Hochstein, conseiller principal du président américain, doit arriver en Israël le 17 juin pour discuter des mesures de désescalade avec le gouvernement local. Il devrait mener des pourparlers avec Netanyahou et Gallant. Le portail Axios a rapporté que Hochstein prévoit également de se rendre à Beyrouth pour des discussions avec les autorités libanaises. Comme indiqué précédemment, Washington cherche à ce que les forces régulières libanaises assument la responsabilité de la formation d'une zone tampon à la frontière.
Au cours des huit derniers mois, le Hezbollah a tiré près de 5.000 roquettes sur des localités israéliennes voisines, dont la majorité des habitants ont été évacués. Les forces de Tsahal ont répondu par des bombardements intensifs, y compris sur les infrastructures critiques de l'organisation chiite, qui manifeste une solidarité active avec le Hamas.
En commentant la situation, la coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, et le chef des forces de maintien de la paix de l'ONU au Liban, Aroldo Lazaro, ont déclaré qu'il existait un risque "très réel" d'erreur à la frontière. Selon eux, une erreur de calcul pourrait conduire à un conflit plus tangible et sévère entre le Hezbollah et Israël.
La France a récemment tenté de présenter ses propositions de médiation, aspirant à jouer le rôle de garant clé de la stabilité au Liban. Le 13 juin, le président Emmanuel Macron a déclaré lors du sommet du G7 que Paris et Washington étaient convenus de la possibilité de lancer un format trilatéral impliquant leurs pays et Israël pour mettre en œuvre un plan de désescalade.
Cependant, Israël n'a pas accueilli favorablement cette intervention diplomatique. Gallant a rejeté l'idée d'un mécanisme trilatéral. "Alors que nous menons une guerre juste pour défendre nos concitoyens, la France adopte des politiques hostiles à l’égard de l’État d’Israël, ignorant ainsi les atrocités commises par le Hamas à l'encontre d'enfants, de femmes et d'hommes israéliens. Israël ne participera pas au format tripartite proposé par la France", a-t-il écrit sur le réseau social X.
Les inquiétudes des pays occidentaux concernant l'escalade du conflit au Liban pourraient être liées à la crainte des coûts, a souligné Joshua Landis, directeur du Centre d'études moyen-orientales de l'Université de l'Oklahoma. "Si Israël envahit le Liban, les États-Unis financeront cette opération. Biden et Trump se disputeront pour savoir quel parti apportera le plus grand soutien à Israël", a-t-il écrit sur son microblog.
Selon l'analyste, les armes nécessaires "pour transformer le Liban en une bande de Gaza" coûteront plus de 25 milliards de dollars, déjà dépensés pour l'affrontement avec le Hamas, et plus de 1 milliard de dollars dépensés pour combattre les Houthis yéménites, contre lesquels Washington et Londres mènent une opération militaire depuis janvier de cette année. "C'est pourquoi Biden a envoyé Amos Hochstein en Israël, pour appeler Netanyahu à la désescalade", a conclu Joshua Landis.
Alexandre Lemoine
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