Y a-t-il de l’or dans le Rhin ?
Les grands de ce monde se sont donné rendez-vous à Londres pour se rassembler au chevet d’un monde – on dit maintenant « planète » dans tous les milieux bien informés - (qui, s’ils l’avaient été mieux n’auraient pas dû laisser impunément celle-ci ou celui-là glisser vers l’abime).
Vingt hommes dans un bateau
Comme on ne les laissait entrer ni à Buckingham Palace ni au 10 Downing Street, ils étaient obligés d’errer dans les rues de la capitale anglaise, se nourrissant d’un peu de porridge et buvant l’eau de la Tamise à moins qu’ils aient pu laper un peu de bière « bitter » tirée du tonneau pour s’enivrer et oublier les malheurs de notre planète, - comme il est dit – et non d’un monde désarçonné par sa propre organisation, celle qu’il s’est donné en alternance avec un marxisme pur et dur, prenant tantôt le nom du petit père des peuples, tantôt celui du philosophe barbu des années 1830. Là n’est pas la question, tant la situation actuelle est critique si l’on en croit les intelligences encore capables de réfléchir, alors qu’ils sont déjà et encore « au fond du trou » si l’on en croit l’expression fort distinguée et élégante de quelques commentateurs ; dont l’optimisme n’est pas la vertu principale. D’après ce qui nous est raconté, à l’instar des récits bibliques, au commencement étaient les « sherpas » ces serviteurs zélés, solides et résistants au froid, à la faim et à la sécheresse chargés de préparer pour les seigneurs de la politique les lourds dossiers qu’il faut faire parvenir au sommet, cette fois moins sur celui de l’Everest qu’à celui du G20 qui, contrairement à ce que l’on peut penser, ne représente pas une compagnie de taxi agrandie à l’échelle mondiale mais la réunion des riches, des actifs, des inventeurs, des producteurs répartis inégalement sur notre chaude planète au point de faire fondre les glaces, d’inonder la mer et ce qui est autour.
Sobriété
Le programme des participants à cette sobre manifestation comportait une série de réflexions et décisions à prendre pour remettre le bateau à flot, lui permettre de naviguer encore, même s’il avait été alourdi constamment par des charges trop lourdes à porter pour sa frêle esquif et s’il avait subi, malgré la présence de quelques pilotes de qualité de monstrueuses erreurs de navigation qui l’avaient fait souvent dériver au point de prendre le sud pour le nord et inversement. Cette navigation pleine de risques et de véritables dangers, d’escales dans certains ports accueillants et généreux, appelés maintenant « paradis fiscaux » ont irrité les peaux déjà fragilisées et brûlées par les ultraviolets du soleil et le sel de la mer, des navigateurs qui en ressentaient de l’aigreur, de la colère et même de l’animosité envers leurs collègues de travail embarqués – si l’on peut dire – sur le même bateau. Pour donner l’illusion de la répartition des richesses, des salaires, d’une juste rétribution, on se mit à accuser, non sans quelque raison ni justification les boucs émissaires qu’on n’eut aucun mal à trouver dans toutes les couches de la population, depuis des membres de l’équipage jusqu’aux passager des ponts supérieurs qui profitèrent largement d’une situation chaotique créée par la hauteur et la longueur des vagues pour accentuer l’impression d’insécurité et intensifier celle de chaos. C’est à ce point du voyage que se branche l’idée de crise, au moment où se déchaîne un mimétisme égalitariste murmurant aux oreilles les plus obstruées que tout le monde réclame sa part du gâteau, énorme pâtisserie que beaucoup viennent chercher dans les magasins du coin après la messe du dimanche.
Dispute pour un gâteau
Au lieu de renforcer la cohésion du groupe, l’unité sociale et empathique vacille, se fissure et s’effondrerait si les membres du groupe ne s’entendaient subitement pour se priver ensemble de leur désir commun et se livrer à une catharsis collective grâce au sacrifice d’une victime expiatoire émissaire. Les sociétés humaines appliquent une loi qui les conduit à conquérir leur pérennité au prix de la régulation des violences réciproques. Nous sommes immergés dans cette logique qui cède le pas devant la violence fondatrice, le rite sacrificiel comme on en découvre dans les religions et la mort nécessaire d’un seul pour la survie de tous. C’est maintenant qu’il faut s’attacher à réenchanter le monde, donner des ressources au FMI (Fond monétaire international) pour la Turquie, la Hongrie, aider à la mondialisation, montrer des intentions, établir des régulations, relancer, aider à la créativité, éponger les déficits, encourager la prudence économique, éviter les gesticulations qui irritent pour imposer un capitalisme sérieux, règlementé, favoriser les échanges pour encourager puis développer la recherche et l’appliquer , assainir le système bancaire en chassant les avoirs toxiques et faire appel aux « stabilisateurs économiques ». C’est plus une automobile qu’il faut conduire qu’une crise qu’il faut dénouer avec des instruments aussi adaptés et aussi sophistiqués que des « amortisseurs » sociaux et des « stabilisateurs » économiques. De beaux modèles rutilants à exposer au salon de Genève, Suisse, petit pays sur grande liste grise, mais pas encore noire.
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