Y voir clair avec Mélenchon !
Invité à Des paroles et des actes Jean-Luc Mélenchon a démontré son caractère vaillant et combattant sur le plateau de France2… Imbattable et incollable, toujours aussi proche du syndicalisme, Jean-Luc Mélenchon semble décidé à expliquer les directives à prendre pour qu'un socialisme réellement à gauche puisse succéder au conservatisme des bras qui s'agitent en signe de rassemblement mais dont les programmes semblent creux ou vides…
Depuis 1988 Jean-Luc Mélenchon se battait au Parti Socialiste pour en faire une véritable force de gauche pour qui, aller plus loin politiquement que n'osent le faire les modérés, n'est pas un leurre… C'est un peu ce que signifiait la création, la même année, de cette Gauche Socialiste avec Julien Dray qui néanmoins l'abandonnera en 2002 pour suivre François Hollande… Ce n'est qu'en 2008 que Jean-Luc Mélenchon quitte définitivement le PS après avoir frisé l'entente entre tous les leaders de l'aile gauche de ce parti derrière la motion de Benoît Hamon… "Un monde d'avance" et le NPS (Nouveau Parti Socialiste) n'y suffisant pas, au reproche de trop d'alliances centristes et "par fidélité à leurs engagements" pour qu'une liberté d'action dans les choix et la transparence puissent être maintenus, J-L Mélenchon et Marc Dolez partent fonder le Parti de Gauche (1er février 2009 : Congrès de Limeil-Brévannes) et arrive en tête des choix des militants pour être aujourd'hui le candidat du Front de Gauche aux présidentielles de 2012 réunissant les soutiens du Parti de Gauche, de la Gauche Unitaire, de la Fédération pour une alternative sociale et écologique et l'appui unanime du Parti Communiste Français.
À côté de ce parcours cinglant comment ne pas citer la campagne pour le "non" au Traité de Constitution Européenne (TCE) qui lui fît estimer qu'il fallait un candidat du "non" pour les Présidentielles de 2007 (Laurent Fabius, posé alors en rassembleur) pour pouvoir défendre au mieux les possibilités d'un autre choix… Trait d'Union faisait le penchant à Henri Emmanuelli et son nouveau courant Alternative Socialiste et PRS (Pour la République Sociale) représentant l'association qui développe en dehors du PS les idées anti libérales, les possibles d'un anticapitaliste pratiqué dans un sens républicain ; voilà Jean-Luc Mélenchon solidement enraciné dans les débats pour aller vers une gauche de luttes et de conquêtes sociales autrement que derrière des ajustements de répartitions et des modulations de prélèvements… Enfin le plus important reste à mon sens, qu'à la différence d'un François Hollande qui s'est employé au mittérrandisme, Jean-Luc Mélenchon fut l'homme prépondérant dans l'entente pour le programme commun de 1981 et œuvrât comme un forcené, en véritable mittérrandien qu'il était, à la victoire des Socialistes et des Communistes. Alors pour ce qui est des comparaisons, il semblerait que Mélenchon soit un peu plus notre "Tonton" que François Hollande ce qui est aisément compréhensible sachant qu'il était toujours opposé à la deuxième gauche roccardienne ainsi qu'au mouvement de Chevènement !
Il n'ira pas courir derrière les dernières trouvailles des voies communicantes de François Hollande d'entrée à propos du "quotient familial", fait feu d'un optimisme à tout prendre et annonce d'emblée que "le capitalisme, tel qu'on l'a connu jusqu'à présent" est fini… Pour les "impôts" il est favorable à un découpage plus étendu (14 au lieu des 5 actuels) et pronostique que "tôt ou tard le peuple avancera sur la scène" et qu'alors il faudra "se tourner vers les chiens de garde du capitalisme". Passionné et souriant, tourné vers l'humour il affronte le cariothype de sa personnalité… "Moutons… Tondus", attention c'est pour bientôt ! Une petite leçon technique sur l'art oratoire explique pourquoi il marche ainsi devant, parlant pour les autres ; le terme de "tribun" semblerait lui convenir du point de vue journalistique… À la fatidique question "si vous étiez élu Président" mais ô combien intéressante en sa réponse, Jean-Luc Mélenchon laisse parler son coeur et se tourne vers l'élan de fraternité qui lui ferait nouer des relations avec tout le Magreb en "frère" ! N'hésite pas à reprocher au PS l'abandon de sa partie révolutionnaire et revendique son expérience agissante, rebellée, en rupture effective dès lors que ce même PS accepta de signer le Traité de Lisbonne, véritable pied de nez au peuple. Au jeune journaliste qu'il avait insulté qui trouva rapidement du travail en CDI ensuite il répond encore aujourd'hui qu'il est le seul à défendre la profession de journaliste en dénonçant les contrats au lance pierre et l'éthique qui s'est commercialisée…
Tentative de déstabilisation du programme social (retraite 60 ans…) de Mélenchon estimé hors de coût en référé à la différence entre la dépense publique et la faible croissance annoncée… Il en appelle à plus de précision pour "l'humain d'abord" et noue une croissance écologique à l'augmentation des salaires pour relancer l'économie. En se servant des diagrammes d'Eurostat, il comblera le déficit de quelques poignées de milliards et poursuivra en adaptant les taxations sur les fuites de capitaux ! Le smic à 1700€ est plus que probable…
Pour pur économiste qu'il est il n'en est pas moins aussi un colosse politique et revendique sans retenue la régularisation de tous le travailleurs sans papiers pour éviter le dumping dans les entreprises car sans papiers, ils sont tenus à la gorge et ne peuvent rien dire sur d'éventuels conditions de travail déplorables… Sans papiers ils ne peuvent se syndiquer et encore moins défendre leurs droits puisque sans papiers, des droits il n'en reste plus beaucoup. Arrivé à la récréative question sur le cannabis Jean-Luc Mélenchon est encore plus surprenant et pose le problème en tant que psychotrope, personne ne semble être d'accord mais toujours est-il que des milliers de travailleurs déprimés se font prescrire des psychotropes chimiques alors le cannabis passerait presque pour un faux problème, voire "l'occasion de faire travailler la bouche" et puis du moment qu'on parle de ça des problèmes plus graves sont tenus au silence !… Petit détours par les Relations Internationales et la diplomatie officielle où Mélenchon assure que la France doit conserver son siège du droit de veto à l'ONU pour "faire entrer les grandes puissances émergentes au Conseil de sécurité" essentiellement et principalement… Le Tibet ? Non ! En tant que laïque il remet les chefs religieux à leur juste valeur et ne privilégiera pas une religion pour une autre ou alors prendrait une attitude mexicaine à l'égard du Pape : "bonjour, bienvenue… je vous rends à vos ouailles !" Enfin passage obligé par la question d'une réforme constitutionnelle en vue de laquelle il y aurait urgence à réunir une Constituante pour tracer les contours d'une VI ème République, "les habits neufs" du vingt et unième siècle ! Par contre il ne croit pas un seul instant aux capacités du PS a pouvoir inverser le cours des inégalités abandonné qu'il l'estime à la politique de l'austérité dans des "mesurettes" dénuées de sens, ses programmes ne sont pas assez solides… Il faut mobiliser les énergies et choisir un capitaine des tempêtes car la crise profonde que nous traversons ne trouvera pas d'issue sans changements conséquents. "Le Front de gauche est la condition de la victoire de la gauche" pour effectuer le partage des richesses et la planification. Face aux courbettes des Hollande et Joly devant Bayrou, il en ressort comme le seul candidat qui défend vraiment une politique à gauche pour en défendre les valeurs et mener à bien sa réalisation.
En duel avec le patron du CAC 40, patron de St-Gobain (nommé par la gauche) pendant 21 ans (président d'honneur aujourd'hui) et banque Lazard, Jean-Louis Beffa questionne Mr Mélenchon au sujet du développement de divers pôles de services et cherche la limite entre le privé et le public… Briser le pouvoir des actionnaires (profitabilité avant l'intérêt général) et redonner du sens à la "propriété sociale" rétorque Mélenchon mais Beffa avoue être également pour un autre modèle, pas forcément le même que celui de Mélenchon qui attaque directement le dumping fiscal et environnemental qu'il faut stopper au plus vite, arracher les entreprises des griffes de la finance et redéfinir les contours structurels de l'entreprise sociale, coopératives ouvrières (droit de véto suspensif des salariés lorsqu'il y des licenciements pour reprendre le pouvoir dans les entreprises… licencier certains patrons). Quant aux dangers et aux risques du protectionnisme, J-L Mélenchon essaye de faire comprendre que c'est par une politique de la demande qu'on parviendra à sauver des entreprises… Pour exemple, Pétroplus et M-real (pas de pétrole et pas de pâte à papier mais le bois pourrait servir à fabriquer 20% des huiles nécessaires). Enfin, mettre des filtres et des visas sur les produits qui transitent sous les horaires et les taux du traité de Lisbonne et exiger des produits de qualité, refuser ceux qui ne le sont pas n'est pas en soi un mauvais protectionnisme. Associé à une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences en liaison avec les centres d'enseignement professionnel pour aboutir à une intelligence collective planifiée du privé et du public, tout cela devrait s'imbriquer en une parfaite harmonie.
À la conclusion il reconnaît en Georges Marchais un virtuose et si jamais il ne devait pas passer le premier tour le 21 avril prochain, il trouve offusquant de l'assimiler au sempiternel transfert des voix au second tour pour le candidat socialiste car inversement, si il était au second tour, c'est pas évident que Hollande appellerait à voter pour lui ! Assurément il a la tête dure… Dans les prochains temps des prélèvements énormes vont être arrachés à l'économie mondiale ce qui débouchera sur une vaste récession dont personne ne sait jusqu'où cela pourra aller… Annonce d'un réel désastre entre les fous furieux des droites réunies en une seule par sa même extrême et une gauche de la force du changement que personne n'aura écoutée. "La colère populaire est immense" et doit déboucher sur une révolution citoyenne par les urnes… Prendre le pouvoir sur les banquiers, dans les entreprises et contrer le "fédéralisme de l'austérité et du libéralisme" en cours en sortant du traité de Lisbonne reste la priorité mais il regrette quand même l'occasion manquée d'avoir put concrétiser une gouvernance commune du développement d'une Europe à gauche avec l'Allemagne de Schröder à l'époque de Joschka Fischer hostile à cette conception qui lança alors tous les socialistes français vers des nécessités référendaires.
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