Yiftah Spector, cet encombrant héros (1)
Yiftah Spector : ce nom ne vous dit rien ? Normal, à vrai dire : il y a des héros, comme ça, qu’on laisse dans l’ombre, dans un pays, car on a un peu honte, en vérité, d’en parler, parfois. L’histoire de cet homme à la vie assez extraordinaire mérite quand même qu’on y prête un peu attention. C’est un pilote, un vrai de vrai, qui a conduit pas mal de machines dont le très impressionnant Phantom F4E Kurnass, une énorme bête harassante à piloter, qu’il fallait savoir dompter, et qui vient de se voir décerner il y a deux semaines une décoration, et pas n’importe laquelle : les « golden wings », les ailes d’or, une haute distinction pour un pilote militaire, pour rappeler un anniversaire, celui des cinquante ans d’obtention de son titre de pilote ... En ces temps troublés ou on évoque à nouveau la possibilité d’une frappe de l’aviation israélienne sur l’Iran, il serait en effet peut-être bon de se remémorer ce qu’a fait dans sa carrière Yiftah Spector. Mais allons plutôt voir pourquoi cet homme a été mis à l’écart des médias depuis sept années surtout ... car vous l’avez compris, Yiftah Spector est un personnage extraordinaire, qui a quitté les forces aériennes définitivement en 1984 mais est resté longtemps après encore instructeur de vol, venant conseiller les nouvelles recrues. Mais commençons si vous le voulez bien par son premier « exploit ».
Yiftah Spector est né en 1940, c’est le fils du commandant du Palmach (ou Palmah, qui deviendra plus tard le Palyam), Zvi Toledano Spector. Les commandos de choc clandestins israéliens, issus de la Hagana, créés par Yitzhak Sadeh en 1941. De jeunes juifs luttant contre les troupes de Rommel et entraînés par les anglais. Ils se retourneront ensuite contre leurs formateurs, en commettant des opérations de sabotage contre ce qu’ils appelleront ensuite "l’occupant anglais". L’équipe du Palmach est assez particulière, développant une forte unité, au point de vivre ensemble dans un kibboutz, celui de Beït-Keshet. On conçoit qu’avec une telle parenté, Yiftah (ou Iftach) ait développé assez vite le sentiment de servir son pays les yeux fermés, quitte à faire quelques sacrifices.
L’homme est au départ un homme blessé. En mai 1941, en effet, son père disparaissait à jamais avec 23 membres de son commando d’hommes-grenouilles, dans leur bateau (le "Kaf DaletYordey Ha’sira" car ils étaient 24, avec un officier anglais à bord !) lors d’une opération ratée pour détruire une raffinerie en Libye. Une opération conjointe avec les anglais. Personne n’a jamais su ce qu’il est advenu des 23 disparus. Mais on a bien une petite idée : le dépôt d’essence visé à Tripoli ravitaillait la Luftwaffe et l’armée de l’air de Vichy. C’est très certainement la marine française, ou son aviation, qui avait coulé le bateau de son père et de ses camarades...
Sa mère était secrétaire au quartier général du Palmach, mais elle avait choisi de ne pas lui révéler la vérité, lui faisant croire que l’on cherchait encore après son père, cinq ans après les faits. Son histoire, étrangement, rappelle un peu celle d’un disparu récent : Philippe Séguin, dont le père militaire était mort alors qu’il n’avait que 16 mois. Spector cherchera longtemps à savoir la vérité, en allant à la rencontre de Yitzhak Sadeh (Isaac Landsberg), le fondateur du commando Palmah (ici avec Moshe Dayan à sa droite) ou de Ruth Dayan, la première femme de Moshe Dayan, et l’une des collègues de classe de son père. Spector ne se fera jamais à l’idée d’un père disparu. La mort de son jeune frère, Shaike, dans le Neguev, en 1948, ne fera qu’ajouter à sa peine.
Il est donc entré très jeune dans l’IAF en 1958, à 17 ans seulement, pour voler sur Dassault Ouragan et Dassault Mystere IV, puis être formé en fin de stage sur les tous premiers Fouga Magister arrivant alors, nommés Tzukit . Il est l’un des 17 pilotes à recevoir deux ans après ces fameuses ailes d’aviateur. A 19 ans, il voit aussi pour la première fois un de ses collègues mourir lors d’un crash. "Je me suis occupé de son corps avec attention", avouera-t-il plus tard, en parlant aussi sans rien cacher de ses nausées à le faire. La mort, il faudra bien s’y habituer un jour. Les deux tiers de ses amis d’escadre mourront en fait au combat. Considéré comme excellent pilote, sinon un des tous meilleurs, il est versé à la base d’Hatzor, où il découvre un nouvel arrivant, le Super Mystère B2 de Dassault. Il a alors comme idole Yaakov "Yak" Nevo, considéré comme le père des nouvelles tactiques aériennes israéliennes (et le roi du "dogfight" en Spitfire, passé sur Météor puis sur Ouragan et Mystère IV, sur lequel il a obtenu 3 victoires). Le 31 octobre 1956, Nevo avait abattu ainsi un MIG-15 Egyptien, aux commandes de son Mystère IV. L’avion avait réussi à se poser intact à Bardavil, au nord du Sinaï, et il fut transporté de façon assez cocasse en barque par les israéliens pour être examiné de près. C’est Nevo qui était allé chercher personnellement en France en août 1958 les SuperMystère B2 (surnommés "Sambad"), le premier engin à post-combustion israélien pour former l’escadron 105 "Ha’akrav" (le"Scorpion") sur la base d’ Hatzor. 18 appareils avaient été achetés par Israël à Dassault. Iftach Spector fera avec une drôle d’expérience, à vrai dire : le 30 décembre 1965, son B2 n°38 du Squadron 105 des Scorpions voit son moteur exploser en plein vol. Yiftah Spector, déjà nommé capitaine, s’éjecte sain et sauf. L’année suivante, il vole toujours "français" mais sur Mirage III C ("Shachak"), au 101 Squadron.
La base d’Hatzor est restée célèbre dans l’histoire pour la défection d’un pilote irakien, Munir Redfa, chrétien orthodoxe persécuté dans son pays, que le Mossad avait réussi à convaincre de défection (ce fut le "Blue Bird " de l’Opération Diamond) : l’homme avait posé sur la base même, le 16 aout 1966 un Mig-21 tout neuf, alors peu connu des occidentaux. Une idée du chef de l’armée de l’air, le général Mordecai (Motti) Hod et de son successeur Ezer Weizman. Un coup fabuleux : à l’époque ils étaient peu nombreux à voler : 62 en tout sur le théâtre des opérations. L’Egypte en avait 34, la Syrie 18 et l’Iraq 10 seulement ! Contrairement à ce qui est dit en général, son avion capturé n’est pas celui du musée de l’IAF d’ Hatzerim AB près de Beersheba. L’appareil de Redfa a été expédié aux Etats-Unis pour y être désossé et testé en vol. A Groom Lake, bien entendu, sur la célèbre base 51 que d’aucuns aiment tant ici, où il était devenu l’ YF-110... Les américains autorisèrent juste après l’achat par Israël de Phantom, à voir les qualités indéniables de l’appareil russe et de ses défauts ("too easy to roll"). Les russes avaient fait un chasseur rock’n’roll sans le savoir !
Au petit matin (dès 5H30) les marins américains voient passer au-dessus d’eux des avions de reconnaissance dont des DC-3 bizarrement sans marquages, qui viennent ostensiblement les "mitrailler" photographiquement. A bord, on ne s’en retourne pas pour autant, mais par précaution quand même le commandant ordonne de déployer un drapeau américain sur le navire, qui est presque totalement désarmé, avec ces deux seules mitrailleuses de petit calibre. Le temps est très clair et la mer calme. Jusqu’ici, rien d’anormal. Tout le monde à bord est détendu, les marins font même bronzette. A peine si des Mirages III israéliens, la veille, devant Gaza, avaient essayé de l’empêcher de s’approcher davantage des côtes mais avaient vite renoncé avec le brouillage émis par le navire.
Quelques heures après, vers 16 heures, trois vagues successives vont fondre sur le navire, et cette fois tirer au canon dessus, lui lancer des missiles et le bombarder au napalm, avec une sauvagerie rarement vue. Des Mirages III et deux Super Mystère démunis de marquage extérieur attaquent en effet par surprise en passes successives. Un vrai massacre ! Les photos des dégâts de l’intérieur du navire détruit attesteront de la violence incroyable de l’attaque. On dénombrera au total à bord 34 morts et 171 blessés, dont de nombreux grièvement. L’ensemble de l’attaque aérienne va durer plus d’une heure : les avions ont du kérosène (on est tout près des côtes) et ils s’acharnent sur l’USS Liberty. A peine partis, des vedettes lance-torpilles prennent le relais et en lancent cinq, de torpilles, la dernière atteignant le navire en plein centre. Une fois les deux attaques terminées, les américains restent incrédules : qui a bien pu décider un tel déchaînement de violence et pourquoi ? Avec l’attaque à la torpille, on a bien voulu effectivement et sciemment couler le navire !
Tout le monde a vu la forme des avions, même s’ils ne semblaient pas arborer d’insignes distinctifs, ce qui avait déjà passablement intrigué : ce n’étaient ni des Migs, ni des Sukhoï (plus gros et aux ailes plus en flèche) comme en possédait l’Egypte ! On en avait vu de deux sortes : des "pointus" à "aile triangulaire" et des avions à "aile en flèche", mais avec une entrée d’air devant "ovale" et non circulaire. Les marins auront le réflexe de prendre des photos. On y distingue sur les clichés un SuperMystère B2 , muni de ses bidons de napalm (il est près des côtes et n’a aucunement besoin de kérosène !), et les tirs des appareils, ou le virage serré du navire pour éviter les tirs de torpille. Mais aussi des vedettes rapides et un hélicoptère reconnaissable à mille lieux, et qu’on ne peut confondre avec aucun autre : un SuperFrelon d’origine française ! Israël en avait acheté 12 en 1965, et était alors le seul pays autre que la France à l’utiliser. Un Nord 2501 IS (Nord Atlas) avait été vu à deux reprises en train de faire des cercles au dessus du navire, or là encore nul doute possible sur sa forme et sa provenance ! Sur la scène du crime, les preuves s’accumulent de l’implication israélienne.
Mais cela ne suffit toujours pas à certains : le 14 janvier 2004, un juge de Floride, Jay Cristol, autoproclamé "spécialiste" de la question (pour avoir sorti un livre bourré d’erreurs en 2002 !), ressort des bandes inédites de la NSA contenant la transcription des conversations des hélicoptères SuperFrelon, justement, affirmant qu’il s’agissait bien d’un bateau égyptien, attestant donc de la thèse de la simple erreur israélienne, selon lui. Des conversations interceptées par un C-130 très "spécial" qui rodait alentour. "Faites attention, le bateau est maintenant décrit comme égyptien" dit l’un des contrôleurs... Le problème qu’oublie le juge, c’est comment le navire avait été décrit avant aux pilotes de l’hélicoptère, ni pourquoi aucun des deux ne s’est approché pour secourir qui que ce soit... avait-il été "américain", auparavant ? Ce pourquoi ils s’étaient en ce cas envolés, pour porter secours ? L’expression va plutôt dans le sens d’une confusion...entretenue ! Le fait notable étant qu’à la place des secours, les vedettes avaient coulé à la mitrailleuse les dinghys que les matelots tentaient de mettre à l’eau !
Cristol, en réalité, est un individu depuis toujours dévolu à une seule cause. Et ce ne semble pas être celle de la vérité, sur cette affaire. Dans la présentation de son livre, il s’était présenté comme un "ancien pilote de la Navy". Ce qu’il n’a jamais été de sa vie. Dans une autre lettre sur Internet, il clame que le navire n’a pas été bombardé : or, le simple examen de photos, plus les témoignages des marins prouve les incendies dus au napalm utilisé pour l’attaque. Les traces sont flagrantes : Cristol fait ouvertement dans la désinformation : ailleurs encore il affirme que l’IDF lui a transmis des photos "inédites" de l’attaque : ce sont des faux, grossièrement retouchés, comme la photo de couverture même de son livre, qui est un montage. Ce qui a été démenti par les israéliens eux-mêmes ! Un site raconte comment la publicité et la propagande se sont organisées lors de la sortie de l’ouvrage en 2002. Plutôt effrayant, mais au détour de la lecture on tombe sur une perle, une dédicace signée John McCain, qui approuve entièrement le bouquin ! Un John McCain qui avait vu sa campagne présidentielle largement subventionnée par le magnat Sheldon Adelson, supporter de Benjamin Nétanyahou… le milliardaire des casinos de Las Vegas, mêlé au scandale Olmert, ayant offert 25 millions de dollars au mémorial de l’holocauste (Yad Vashem) en 2006. Selon plusieurs sources, l’homme aurait investi plus de 30 millions de dollars dans le candidat McCain… ceci explique cela, sans doute... le père de McCain était vice-amiral en 1967, et c’est lui qui a tout fait pour étouffer l’affaire du Liberty ! Avec de tels supporters, on l’imagine mal, en effet, révéler que c’est bien Israël qui a attaqué délibérément le Liberty ! Mais le pays n’est pas le seul en cause, en réalité. C’est plus complexe que cela et c’est d’ailleurs bien pourquoi aujourd’hui encore c’est toujours une opération restée secrète.
Le radio à bord de l’America, Mike Ratigan, confirmera l’appel de McNamara et de Johnson en personne et l’emport de bombes nucléaires sur l’un des Panthoms du navire (il avait bien vu des symboles tels que des bombes B-43 (MK 43) ou des bombes B-57( Mk 57), alors présentes pour la seconde en 6 versions sur tous les porte-avions US. Il avait vu des "Mushrooms" sur les boîtes apportant les bombes, dit-il). Pour mémoire, on s’était aperçu tardivement de l’existence de ce genre de bombes délivrées par des avions "ordinaires" dans l’inventaire de l’Air Force ou de la Navy avec la perte d’un plus petit A-4 Skyhawk de l’USS Ticonderoga (VA-56) au large des côtes du japon et des îles Ryuku , le 5 décembre 1965. Ni l’avion, ni la bombe ni le pilote n’avaient été retrouvés. L’incident n’avait été révélé que 15 années après en 1980 ! Les "broken arrows" (les "flèches brisées") se comptent toujours au nombre d’une douzaine au moins (on peut y ajouter depuis celle du B-52 de Minot, en avril 2008, souvent attribuée à Dick Cheney...). Tony Hart, responsable des communications à la Navy confirmera aussi à l’autre bout et le décollage, et le rappel des appareils. McNamara niera toujours l’avoir fait ! Un beau mensonge, devant les caméras de la BBC ! Au moment où les conversations ont lieu, l’USS Liberty est encore sous le feu des vedettes lance-torpilles israéliennes, qui, elles, arborent bien leur drapeau, selon les témoignages des marins ! Ce jour-là, on était à deux doigts encore d’une déflagration mondiale !
Les secours par mer atteindront le navire seize heures seulement après. Un bateau soviétique qui croisait dans les parages proposera même son aide, entretemps. Les marins recueillis se voient tous conseillés de ne pas parler de l’affaire à quiconque. C’est un amiral, descendu le premier des hélicoptères de secours qui les réunit en effet pour leur dire : motus et bouche cousue. C’est l’amiral Isaac C. Kidd, qui sera en fait chargé officiellement de l’enquête pour la Navy ! Il déboule, muni de son casque, au sortir d’un Sea-King, pour avant tout faire taire tout le monde, en mots à peines cachés, évoquant de sévères représailles à ceux qui parleraient. Isaac C. Kidd, pour amadouer tout le monde est venu sans uniforme "un gars étrange" raconte un des marins survivants. C’est lui, l’homme que l’on a délégué pour le "cover up". Efficace, le bonhomme. Dans les médias américains, il n’y aura pas un seul mot sur cette attaque sauvage et barbare. Rien. Dans la Navy, un homme, le vice-amiral John McCain, le père de l’ancien candidat fera tout pour étouffer l’affaire (logique que son fils apprécie autant Cristol !). C’est lui qui forcera le "pacha " du Liberty, William Mc Gonagle à faire un rapport où pas une fois le mot Israël n’apparaîtra !
Il faudra attendre en fait plus de trente ans pour qu’on sache la vérité. Un reportage magnifique de la BBC, que je vous conseille de visionner, nous en montre les arcanes, avec d’étonnantes vues couleur de l’époque, prises par les marins sur le bateau même. Il révèle qu’auparavant, Meir Amit, (le responsable de la défection du MIG 21 !), le chef du Mossad, avait rencontré auparavant MacNamara pour s’assurer du soutien des USA si Israël frappait en premier lors d’un conflit : Israël avait obtenu un blanc-seing total avant de lancer ses troupes et ses avions, et la promesse d’un soutien sans faille. L’attaque surprise de l’offensive de 1967 fut en effet une réussite totale : la guerre des Six jours avait consacré une armée extraordinaire, parait-il, et une aviation pleine de prouesses. Ce documentaire nous apporte une surprise de taille : cela ne s’est pas du tout passé comme on a pu nous le dire depuis tout ce temps.... les israéliens avaient en réalité bénéficié d’un sérieux coup de pouce pour anéantir les forces égyptiennes aussi rapidement.
Mais revenons en à notre attaque surprise. Très vite, en effet, la thèse de la méprise d’objectif donnée par les autorités d’Israël ne tient pas : seront successivement évoqués un destroyer égyptien "de type Skoryy", puis un petit navire de 4000 tonnes, l’ El Quseir, un cargo égyptien bien plus petit. Aucun des deux ne ressemble vraiment au Liberty. Personne ne peut croire à une méprise : l’attaque a bien été délibérée, mais on ne peut le dire officiellement à moins de mettre en marche un énorme incident diplomatique ! Johnson, pas plus que Richard Helms, patron de la CIA ne croient non plus, pourtant, à la thèse de la méprise, et songent plutôt qu’ils viennent de se faire manipuler en beauté. Ou en tout cas le laissent entendre. Oui, mais par qui, alors ? Mais pour des raisons diplomatiques, le gouvernement US décida d’étouffer l’affaire. Richard Block, de l’Air Force, spécialiste des communications, avait pourtant bien retrouvé les conversations entre les contrôleurs au sol israéliens qui avaient indiqué clairement aux avions "do attack this ship". Et ce malgré les interrogations répétées du pilote, qui avait eu du mal à relever le sigle à la proue (GTR 5). Yiftah Spector avouera plus tard s’être trompé de lettres ! Il en avait fait part à ses contrôleurs qui lui avaient répondu d’attaquer quand même ! Beaucoup savaient donc qui était responsable, et en premier lieu le commandant du navire, rongé par le remords pour ses marins disparus. A 43’23 du film de la BBC, il y a une scène exceptionnelle dans ce fabuleux document : ce commandant, intègre justement, (qui avait été blessé sur son pont) qui avait retrouvé des obus de Mirage jusque dans ses quartiers (voir photo en bas de l’article), William Mc Gonagle, qui, deux ans avant sa mort, au cimetière d’Harlington (où il sera lui-même enterré !), demandait instamment au président Clinton de rouvrir le dossier et de révéler ce qui s’était réellement passé. Il avait déjà cité auparavant Israël comme responsable de l’attaque délibérée, dans un courrier adressé au président des Etats-Unis. Il se savait condamné, et criait sa douleur de ne pas voir la vérité éclater de son vivant !
Selon lui, dans cette lettre, après avoir cherché 30 ans la solution, c’était très certainement un prétexte pour attaquer l’Egypte et l’envahir. Il n’avait pas tort : le plan machiavélique avait été monté de toutes pièces par Richard Helms et James Jesus Angleton. En plein accord avec les israéliens, dont Moshe Dayan. Dans un autre scène d’anthologie, Rafih Eitan, ancien du Mossad, ne veut visiblement pas avouer dans le reportage quelle était la magouille derrière cette fameuse "’opération Sinaï", le nom du formidable coup tenté par les israéliens en 1967, avec l’aide des américains. Car l’attaque du Liberty n’était que la suite de ce qui était alors en cours... un "coup de pouce" supplémentaire... à une étrange opération débutée quelques jours auparavant.
Tout le monde avait été étonné de l’effarante aisance de l’armée de l’air israélienne au-dessus des objectifs égyptiens. Personne n’avait imaginé pareille supériorité aérienne. En réalité, nous dit la BBC, il y avait bien quelque chose de dissimulé dans cette incontestable réussite militaire. La vérité cachée est très étonnante. Durant la guerre du Sinaï, les américains avaient en fait utilisé leur propres avions, peints discrètement aux couleurs des avions israéliens en plein désert, pour écraser l’armée égyptienne nous affirme Greg Reight ! Shlomo Gazit, des services secrets israéliens le niera bien entendu : mais selon Greg Reight, les dégâts des bases égyptiennes n’avaient pu être photographiés de façon aussi précise que par des avions de reconnaissance américains, ceux-là mêmes qui avaient attaqué ! A l’époque en effet, Israël n’en possédait pas , d’avions de reconnaissance !!! Les photos des "victoires" israéliennes, des Tupolev incendiés et des Migs écrabouillés avant qu’ils ne puissent décoller étaient celles d’avions américains, des Phantoms II, peints dans le détail aux couleurs israéliennes ! Au moins huit missions de bombardement avaient été assurés par les avions américains ! Greg Reight venait de découvrir un des secrets les mieux gardés de ces cinquante dernières années ! Les américains avaient bien attaqué l’Egypte, mais cela devait demeurer secret. La découverte de l’implication directe des américains dans cette zone aurait sans nul doute dégénéré en conflit mondial !
L’excellent magazine "Le Fana de L’aviation", dans son numéro d’avril 2003, s’il n’indique pas d’implication armée véritable, présente en détail la même thèse de chasseurs américains déguisés et repeints aux couleurs de la Heyl Ha’avir, en citant surtout des Phantoms RF-4C que ne possédait absolument pas à l’époque Israël. "Apparemment, en 1967, un détachement d’au moins six RF‑4C "Phantom" du 38e Squadron de l’us Air Force de la 26, Escadre de Reconnaissance Tactique basée à Ramstein, en Allemagne, se serait envolé vers la base de Moron, en Espagne, à l’aube du 3 juin, sous le prétexte de participer à un exercice secret de l’OTAN. Une fois sur place, les pilotes américains auraient pris connaissance de leur véritable destination : la base israélienne d’Hatzerim, à l’autre extrémité de la Méditerranée, au cour du désert du Néguev. Ils y seraient arrivés peu après la tombée de la nuit. Ils auraient été rejoints par un C‑130 "Hercules" et par un C‑141 "Starlifter" spécialement modifié pour la reconnaissance stratégique. Ce C‑141 aurait emprunté les voies des compagnies aériennes pour survoler le Moyen‑Orient à haute altitude. Des cocardes et des marquages israéliens auraient été immédiatement apposés sur ces avions. Pendant les jours qui suivirent, les pilotes américains auraient ainsi survolé le champ de bataille, ramenant des quantités de photographies. Les caméras infrarouges des avions américains auraient permis des missions nocturnes moins risquées et plus discrètes". Le RF4-C, rappelons-le n’emporte pas d’armements. Sauf en cas d’urgence, où il pouvait emporter une bombe nucléaire à la place du bidon central.
Armés ou non, les avions américains avaient participé à l’écrasement complet de l’aviation égyptienne. L’aide photographique avait été vitale. Mais cela ne devait pas être dit. Le magazine nous offrant également au passage un petit rappel salutaire : "Le 12 juin 1967, ces avions auraient rejoint Ramstein, via Moron, sans avoir subi la moindre perte. Tout cela n’a jamais été reconnu officiellement, mais n’est pas improbable si l’on rappelle le précédent français ; 11 ans plus tôt, lors de l’expédition de Suez, la France - dans le plus grand secret- avait déployé en Israel 36 avions de chasse et une cinquantaine de pilotes pendant deux semaines, afin d’assurer la défense aérienne de l’Etat hébreu". L’histoire a tendance à se répéter, dit-on.
Et à la tête d’une des vagues de Mirage IIIC ayant attaqué le Liberty, justement, il y avait notre Yiftah Spector : c’était bien lui le fameux leader entendu sur les interceptions radio comme étant "Y". Le premier arrivé sur les lieux est en réalité son collègue Evan Toni. En 1982, il rencontrera le député américain républicain Paul McCloskey pour lui avouer que ces supérieurs lui avaient dit d’ignorer ouvertement le drapeau présenté comme un leurre égyptien. L’ancien ambassadeur au Liban Dwight Porter, confirmera ses dires. Leur attaque n’a rien eu d’héroïque : c’est une des plus lâches jamais perpétrées par avion. Ce jour-là, ils avaient suivi les ordres donnés par leurs supérieurs, un point c’est tout, sans plus d’état d’âme que ça. En avaient-ils eu des remords ? Cela nous l’apprendrons plus tard si vous le voulez bien. En réalité, les israéliens, en plein conflit, n’en n’avaient rien su de cette attaque secrète : si Yiftah Spector était considéré comme héros dans le pays, au sortir du conflit, c’était surtout pour avoir poursuivi des Migs, durant cette guerre des six jours de 1967. Nous n’en n’avons pas fini avec lui en effet : demain nous verrons qu’il a attaqué tout autre chose, à un autre endroit, et avec un autre appareil, et que grâce à cet exploit il a commencé en effet à hériter du statut de véritable héros national. Ce qu’il pouvait difficilement revendiquer avec cette sinistre affaire, restée longtemps inconnue du grand public.
A vrai dire, la personnalité de notre homme est bien plus complexe que celle de la simple machine à tuer décrite dans l’infâmante attaque du Liberty "tout provient de l’intérieur" martèle-t-il dans son second livre "Ram vebarur" en forme d’aveu ("Loud and Clear"). Il avait mis vingt ans à écrire ce qu’il avait ressenti, depuis son départ de 1984. "La question est de savoir ce qu’il y a en vous, ce que vous valez exactement" ajoute-t-il : Yiftah Spector révèle bien des surprises en fait, et il va n’avoir de cesse de nous le démontrer. Selon, lui, il n’avait pas vu le drapeau à bord du navire sur lequel il avait fondu. On lui avait répondu que c’était un bateau égyptien. En rentrant à la base, on lui avait appris sa méprise en lui disant abruptement "tu as tiré sur un des nôtres". Pour le calmer, son responsable d’opérations, David Ivry, qui deviendra plus tard le responsable de l’Israel Air Force lui aurait dit, selon Haaretz, qu’il s’agissait d’une erreur, et que le bateau était..."français". Ivry connaissait l’histoire de son père : le bon moyen de faire passer la mauvaise pilule ! Difficile à croire pour Yiftah, qui, furieux, aurait paraît-il refusé de faire une seconde passe lors de son attaque, doutant de la nationalité exacte du navire attaqué, et en aurait été sévèrement sermonné. Lors de cette attaque, les américains avaient en effet lancé un deuxième drapeau quand le premier avait été déchiqueté par les balles ! Un survivant, Jim Ennes, le détient toujours (le premier étant au musée de la Navy). On sombrait alors dans le plus complet mensonge : personne n’avait alors osé parler de bateau américain ! Toute l’histoire de l’attaque de l’USS Liberty sentait le coup fourré (voir ici la différence entre la version israélienne et la version de l’équipage US). Perdue au milieu de la guerre des Six Jours, peu médiatisée (et pour cause) l’histoire douteuse du Liberty est restée longtemps aux oubliettes. Pour Yiftah, qui avait suivi les ordres de tirer, malgré ses réticences, c’était un véritable déchirement. Ce ne sera pas le premier, dans sa vie.
le document essentiel sur la question est ici :
http://video.google.com/videoplay?docid=-3319663041501647311&ei=KzYtSpGYNKrsqAPFzNnZCA#
le site sur le Liberty est ici : http://www.gtr5.com/
bien lire le texte qui précise qui sont ces personnes, tous vétérans de l’affaire, et en quoi ils n’acceptent pas les propos antisémites dans les commentaires.
"The USS Liberty Memorial web site abhors the racist and extreme positions taken by antiSemitic, Holocaust denial, conspiracy theorist and other such groups which often seek to identify with us and to usurp our story as their own. We have no connection with and do not support or encourage support from any of these groups including National Alliance, National Vanguard, The New Order, National Socialists, The French Connection,Liberty Lobby, American Free Press, Republic Broadcasting, USS Liberty Radio Hour, Storm Front or other such groups. We wish harm to no one and encourage social justice and equality for everyone ; we seek only accountability for the criminal acts perpetrated against us and can do that without help from hate-mongers.
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