Zohra Dati : à peine née, déjà sur Facebook !
Il était environ 22 heures lorsque la chaîne LCI a annoncé la naissance de la petite Zohra, fille de Rachida Dati, dans une clinique de la région parisienne. Quelques minutes plus tard, la première page consacrée au bébé est apparue sur Facebook, le réseau de socialisation aux 160 millions de membres...
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Le propre de la joie, disait Saint Thomas d’Aquin, est d’être communicative et, contrairement aux biens matériels, de croître à mesure qu’elle est partagée. Quelle source de joie plus grande que la naissance d’un enfant ? Le Coran, livre sacré de l’Islam, religion familiale de notre ministre de la Justice, associe la naissance du prophète Mahomet à la joie de l’humanité tout entière, au-delà même de la communauté des Croyants. Ainsi, l’auteur du Sahih Boukhari, premier recueil de hadith et première source de la Sunna, écrit : « Chaque lundi Abou Lahab est libéré de son châtiment, dans sa tombe, parce que de son vivant il libéra sa servante Thouwayba lorsqu’elle lui rapporta la nouvelle de la naissance du Prophète (s) son neveu. »
Rien d’étonnant, donc, à ce que la naissance de Zohra Dati ait déjà fait l’objet d’une page spéciale sur le réseau en ligne Facebook, qui compte environ 4 millions d’utilisateurs en France. Facebook, comme MySpace, est une sorte d’agora des temps modernes, où les informations venues des quatre coins de la planète sont échangées, discutées, relayées.
Autant l’étalage de la vie privée, surtout quand il n’est pas souhaité par ceux qui en sont victimes, peut être dégradant ou tout simplement embarrassant, autant certaines nouvelles méritent d’être proclamées – les réserves suscitées par la pipolisation à outrance font parfois oublier qu’il est légitime de partager son bonheur, surtout quand celui-ci est le fruit du mystérieux "fonctionnement" de la condition humaine, comme l’est, par excellence, la naissance d’un enfant.
Il est donc né, ce bébé tant attendu, qui a déjà fait couler de l’encre par tonneaux – et parfois sur des tons désolants. Il est par exemple assez triste d’entendre ou de lire certains commentateurs insinuer que le Garde des Sceaux aurait instrumentalisé sa grossesse – sa récente maternité, désormais – pour donner du corps à une carrière politique qu’elle voudrait prolonger voire amplifier. Certes, le storytelling est une méthode de communication très en vogue, et redoutablement efficace ; la déceler derrière chaque acte des grands de ce monde relève presque de l’obsession, voire du syndrome du complot : autrefois, "ILS nous cachaient tout et ne nous disaient rien", aujourd’hui "ILS nous racontent des histoires"…
Pourquoi ne pas reconnaître à Rachida Dati la capacité (simplement humaine, finalement...) à être désintéressée, surtout dans ce domaine où l’intime est engagé sans retour et sans détour ? En somme, pourquoi ne pas reconnaître à Rachida Dati le droit d’être une femme comme les autres, une mère comme les autres, tout à la joie de l’enfantement ? Hélas, l’esprit du XX° siècle, ère du soupçon comme l’ont dit, chacun à sa manière, Jacques Maritain, Hannah Arendt et Raymond Aron, imprègne encore nos mentalités.
Heureusement, Rachida Dati, qui a de la ressource, a maintes fois donné la preuve qu’elle était capable de tenir en respect les mauvaises langues susceptibles de ternir son bonheur - un bonheur qu’elle a souvent payé cher au cours de sa vie, elle qui n’a pas grandi sous les ors des salons de réception du XVI° arrondissement ou dans les jambes des intellos de Saint Germain des Prés. Hamdullilah, au moment d’apprendre à affronter les duretés de la vie, Zohra sera à bonne école !
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