Zone 51/CIA : aurait-on (enfin) photographié un Kingfish ?
Ce sont les spotteurs habituels accrochés aux pistes de la Zone 51 (Steve Douglass et Dean Muskett pour les nommer), qui ont alerté tout le monde, une information aussitôt reprise Bill Sweetman l'Editeur en Chef de Defense Technology International (d'Aviation Week) ou bien par David Cenciotti deThe Aviationist, ce qui en fait d'emblée une nouvelle plutôt crédible. Ils venaient juste de photographier dans le ciel du Texas un drôle de bidule volant, le 10 mars dernier, par temps clair. Un avion, visiblement, émettant des traînées stratrosphériques... mais ne ressemblant à rien de répertorié aux USA ; même si la forme globale évoquait davantage un B-2 qu'autre chose. L'affaire a vite fait le tour de la planète en 15 jours, et on a vu fleurir toutes les suppositions, auxquelles je vais ajouter la mienne. Car la forme que l'on peut distinguer, indubitablement, rappelle un engin dont je vous ai déjà parlé ici à plusieurs reprises...
Commençons si vous le voulez bien par le fameux cliché, celui qui a déjà fait le tour de la planète, et qui, examiné par plusieurs journalistes spécialisés, ne semble pas avoir été l'objet d'une manipulation (pour l'instant !). En en augmentant le contraste comme certains l'ont fait, on obtient une meilleure idée de sa forme. C'est bien un engin résolument triangulaire, dont l'arrière proposerait une aile aux bord incurvés, et l'avant un nez fort peu proéminant. La découverte sur les photos demeure une surprise en fait. A la vue des "contrails" arrivant, les deux hommes avaient par réflexe sorti leurs appareils un Canon et un Nikon (*), munis respectivement d'objectifs de 200 et 300 mm. Ils ne s'attendaient pas à trouver un engin de ce genre sur leurs pellicules respectives. Douglass est photographe de métier au News-Globe d' Amarillo, au Texas. Mais c'est aussi l'auteur de "The Interceptors Club and the Secret of the Black Manta", un livre sur les avions de la Zone 51 qui demeure assez discutable en contenu.
Revenu chez lui examiner de plus près ce qu'il pensait être un B-2, l'auteur du premier cliché s'est très vite aperçu que l'arrière n'était pas en zig-zag avec la forme en W caractéristique du B-2. Et l'auteur n'avait pas vu une seule, mais trois traînées atmosphériques... derrière trois appareils semblables. Des doubles traînées, indiquant la présence à bord de deux réacteurs et non de quatre sur chacun des appareils (cela reste à vérifier en réalité, comme on va le voir, car deux réacteurs proches l'un de l'autre n'en produisent qu'une seule). Si les premières suppositions mènent assez vite au projet de Long Range Strike-Bomber (LRS-B) annoncé récemment, d'en voir trois d'un coup laisse plutôt dubitatif. Encore davantage lorsqu'on sait que rien de concret n'a été décidé pour son avenir. Ce serait donc plutôt un prototype (ou trois) construits sur fonds propres, par Northrop ou Boeing ou une pré-série d'engin de type "Black Project", construit sous couvert d'un contrat secret dans lequel le Congrès n'a même pas son mot à dire. Or l'Air Force n'a pas l'habitude de se lancer dans de la pré-production de cette manière. Deux appareils à la rigueur, comme pour les tests du précurseur du F-117 (un engin et sa doublure, au cas où), mais trois... non. Trois volant en même temps évoquant plutôt un engin ayant déjà ses habitudes, celles de voler même en formation.
Ce serait donc un appareil qui vole depuis quelque temps, tout simplement. Et le seul qui corresponde à cette forme, vous le connaissez bien puisque je vous en ai déjà parlé ici. C'est bien entendu le fameux Kingfish, le concurrent malheureux (officiellement) du SR-71 ; mais dont beaucoup d'observateurs avaient remarqué les talents... sur le papier, vu que l'engin n'est pas censé avoir été construit. Alors qu'il a représenté le pendant exact au SR-71, qui aurait été mis en avant pour mieux le dissimuler. Il est vrai que le cliché pris au Texas présente des formes fort ressemblantes au profil imaginé par Robert H.Widmer, la pointe avant en moins. C'est l'arrondi arrière qui retient plutôt l'attention... et la présence de deux réacteurs seulement slon l'analyse que fait l'auteur des "contrails" laissés derrière lui.
Bref, on serait fort tenté d'y croire... sauf que le principal témoin de l'affaire est à prendre avec des pincettes, comme un forumeur avisé l'a rappelé dans un blog. "Malheureusement Steve Douglass traîne des histoires douteuses derrière lui. J'espère qu'il n'a pas truqué ces photos ou qu'il tente de refaire un "poisson d'avril". Douglass est le type qui était sur le point de filmer ce qu'il disait un aéronef non divulgué en 1993 lorsque les piles sur sa caméra vidéo ont flanché. C'est également le gars qui est resté célèbre pour ses « beignets sur une corde" une image de traînée qu'il a essayé de le faire passer comme étant produites par un aéronef avec les moteurs à détonation par impulsion. Si vous regardez sur son blog, il prétend que l'avion « pulseur » est de retour, et qu'il a photographié des contrails de "beignets sur une corde" en plus en 2010. Douglass a également été impliqué dans la propagande pendant la campagne du Kosovo en 1999 où il a donné des interviews sur Jeff Rense émission de radio du complot affirmant que l'OTAN avait des pertes cachées de quelque 22 aéronefs pilotés. Tout cela reposait sur ses interceptions radio réclamés au cours de la campagne. J'espère que c'est vrai, mais avec son passé, je ne peux pas le soutenir, mais plutôt lui poser des questions"... il est vrai aussi qu'au Texas il y a de quoi se méfier question hoaxes entretenus... L'histoire des "donuts", il est vrai à marché un temps. Mais la simple observation de traînées atmosphériques d'avion classiques donne aussi parfois le même effet. Seule la vitesse de l'engin eût été ce jour-là notable, or aucune indication claire n'a été donnée par Douglass. Dans la zone 51 où Douglass stationne régulièrement, il a aussi décrit des engins, dont un aux sorties de réacteur carrèes... qui évoquait déjà aussi le Kingfish.
Méfiance, donc, car en qualité de grand connaisseur des œuvres de Johnson ou Widmer (ici à droite), notre passionné peut truffer ses "visions" de descritpions empruntés au "bleus" des avions, disponible depuis des années dans la presse spécialisé. En somme, il nourrirait l'information de ses propres connaissances sur le sujet. L'homme est-il fiable, on se pose des questions à son propos mais cette fois c'est allé plus loin avec les journaux ou magazines officiels qui ont repris ses dires in extenso. Bref, en résumé, ça semble être pour cette fois une observation digne de foi, le fait de ne pas avoir tout de suite vu à quoi il avait affaire et le fait d'avoir deux prises de vues différentes laissant une possiblité à l'existence d'un appareil hors-normes et non à un B-2. Mais si c'est le cas, pour moi, l'engin ou plutôt les trois engins vus ressemblent indubitablement au fameux et mythique Kingfish, ce qu'aucun spécialiste n'a pourtant rappelé à cette heure, ce dont je m'étonne grandement. En tout cas l'Air Force, contactée par Douglass, avait nié avoir ce jour-là un ou deux B-2 (voire trois) en vol. C'est ce que lui avait répondu en tout cas Jennifer Greene, du bureau du Director of Community Relations du 509th Bomb Wing Public Affairs de la base de Whiteman AFB, où stationnent, on le sait, les B-2. Pas de sortie de B-2 ce jour-là !!!
Certains, pour dénigrer la découverte, évoquent le fait que le B-2 ne produit pas de trainée atmsophérique (ou contrail), ce qui est complètement faux (en mission extérieure, un faisceau laser pointé vers l'arrière indique à son pilote le taux d'émission pour le réduire en agissant sur la vitesse, son altitude et la température de sortie des gaz brûlants ; une technique,celle du système Ophir, que j'ai déjà expliqué ici-même) et qu'il ne vole pas non plus en formation. Or le 23juillet 2013, une formation de trois appareils avait été longuement filmée au dessus du Colorado. Et là, drôle d'effets, les tuyères arrières proches l'un de l'autre laissent dans le ciel l'impression de deux traînées séparées. Un effet de zoom du preneur de vues laissant en revanche bien distinguer l'aile, et plus ou moins la "queue de castor" arrière symptomatique du B-2 (au départ il n'en avait pas !). Rappelons qu'en convoyage, comme cela semblait être le cas, le B-2 est un avion bien ordinaire, ne volant pas plus rapidement qu'un avion de ligne (en mission idem contrairement à ce que JP Petit prétend !) et fabriquant comme lui les mêmes traînées atmosphériques, si on n'y fait pas attention. Bref, en dehors des "deux réacteurs" et non quatre, qui ne semble pas pertinent, l'engin aperçu ne semble pas être un B-2. A moins d'une retouche de cliché qui resterait à démontrer et qui est toujours possible. Serait-on enfin tombé sur le concurrent du SR-71, qui aurait volé durant tout ce temps ? A voir les contraintes mécaniques qu'a subies l'avion volant à mach 3, on est en droit de douter d'une vie aussi longue, même si Widmer préconisait l'usage massif des matériaux comme les céramiques. Bref au final, nous voilà pas plus avancés : l'appareil y ressemble quelque peu, au fameux Kingfish, mais il serait aujourd'hui trop vieux pour encore voler. On ne sait toujours pas si on a affaire à un hoax ou bien à une découverte réelle d'un engin encore jamais vu. Reste en définitive l'autre solution : le teasing de l'Air Force, qui appâte la presse et finit par révéler l'avion au prétexte qu'on l'a déjà à moitié découvert. Assistera-t-on bientôt au dévoilement d'un avion espion qui aurait volé pendant des années à notre insu ? Cela, l'Air Force ne le fait que lorsqu'elle a déjà son remplaçant. Or elle le possède déjà en effet !
Car il est vrai aussi que de nouveaux engins révélés récemment continuent à hanter les cieux de Californie, de l'Utah ou de l'Arizona. Dévoilera-t-on un jour ce qui a succédé au SR-71, ou sera-t-on obligé de constater que l'on est passé à toute autre chose, avec un autre engin qui vient de battre un record de présence dans l'espace sans que la presse (blasée) ne se retourne pour saluer l'exploit véritable. Lancé le 11 décembre 2012, le petit vaisseau espion est toujours en orbite ! D'autres mystères aéronautiques voient leur nappe de brume qui les entoure se lever progressivement. Je vous ai parlé de l'incident de Boscomb Down de septembre 1994, un crash d'appareil furtif survenu en Angleterre et ayant provoqué un va et vient de gros porteurs Galaxy pour ramener l'appareil aux Etats-Unis. Or au même endroit, on vient de révéler une maquette d'avion anglais qui n'a pas abouti à une production. Cette maquette présentait pourtant un modèle fort avancé. Appelé "Replica", l'engin avait été monté à l'envers sur un mât pour les essais de renvois d'ondes radar. BAE participait-il aussi aux recherches américaines ? En tout cas, l'appareil avait tout d'un avion furtif ! On l'avait aperçu dans des projets américains qui méneront au F-35, via le programme JSF ! Le programme avait vu son développement de 1994 à 1999, année ou le Ministère de l'Air anglais a arrêté les frais qui se montaient déjà à 20 millions de livres. Dépensés au profit seul des anglais, ou partagés avec l'Air Force, l'Angleterre étant la première à soutenir le programme F-35 qui s'annonce,.. calamiteux.
Remarquez, elle avait réussi dernièrement à entraîner la France dans ses choix, en lui faisant supporter les recherches sur un deuxième porte-avions (200 millions d'euros de perdus), la France n'en ayant qu'un seul (en ce moment au quai en révision longue) pour finir par se raviser et n'en fabriquer qu'un seul, l'avion à poser dessus (le F-35) ayant atteint des sommets en dépense. La politique industrielle américaine et sa pratique habituelle du dépassement de coûts entraîné d'autres pays vers le fond. Les anglais n'ont en ce sens aucune mémoire. Ils avaient construit et fait voler en 1964 un très bel appareil, le TSR-2, qui s'avérait très prometteur. Sous pression des USA, ils avaient arrêté son développement pour choisir sous la contrainte américaine le F-111 à géométrie variable, l'autre danseuse de l'époque (le procédé a été abandonné partout depuis) qui allait s'avérer être une calamité aérienne : au final les anglais ne l'achèteront même pas. Les TSR-2 déjà construits seront détruits, sauf deux exemplaires encore visibles en musée, afin qu'on ne puisse pas relancer ses chaînes de production ni le remettre en état de vol (ci-dessous le projet Replica remis à l'endroit). Une autre énième gabegie !
(*) les réglages EXIF de la photo donnent :
Camera : Nikon D70
Lens : 300 mm
(Max aperture f/5.7)
Exposure : Auto exposure, Program AE, 1/1,500 sec, f/5.6, Compensation : +1/2
Flash : none
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