En 2006, l’Allemagne accueillait la coupe du monde de football et malgré une campagne menée contre la prostitution pendant cet évènement, l’Allemagne a relevé une hausse de 63% du nombre de prostituées. Cette année, l’Afrique du Sud va accueillir à son tour la coupe du monde. Selon Jean-Sébastien Mallet, de la fondation Scelles qui lutte contre l’exploitation sexuelle des femmes et interrogé par Libération, sur les 450 000 supporteurs qui feront le déplacement, "plus de 20% des supporteurs se prêteront au tourisme sexuel, soit 100 000 nouveaux clients pour le commerce du sexe". Le nombre de prostituées devrait à cette occasion passer de 40.000 à 80.000 en Afrique du Sud. Selon Jean-Sébastien Mallet, ce phénomène "se répète à chaque événement sportif du fait de l’arrivée massive de touristes". La question de la légalisation de la prostitution a même été débattue en Afrique du Sud.
La FIFA pour sa part est plutôt discrète sur ce sujet. En 2006 elle déclare " Si certains exigent que des actions soient entreprises contre de telles pratiques en rapport avec la Coupe du Monde de la FIFA, Allemagne 2006, la FIFA n’est juridiquement pas armée pour ce faire et sa qualité de fédération internationale de football ne l’en rend pas non plus responsable". En 2010, le propos est encore plus net "La prostitution arrivera. On ne peut rien y faire. Ce n’est pas un problème pour la FIFA : je dirais que c’est plus un problème pour vous, Sud-Africains. Si vous le considérez comme un problème."
Certes la FIFA ne peut se substituer aux législations nationales, mais elle peut s’exprimer. Et lorsqu’il s’agit de condamner, au moins verbalement, les violences commises dans les stades, les instances du foot savent hurler avec les loups médiatiques.
N’est-il pas surprenant alors que ces mêmes instances nationales, européennes et internationales soient aussi discrètes, voire absentes, pour évoquer le cas de Ribery ? Ce silence est éloquent, comme l’est le renvoi de la question à la sphère privée.
Le sport professionnel, et singulièrement le foot professionnel est devenu un gigantesque marché régi par les règles du profit financier. Jean-Michel Aulas est très clair sur ce point "OL-Groupe est une société solide... appliquant des règles de base qui démontrent leur efficacité : former et recruter des joueurs d’élite, bâtir des projets ambitieux qui permettent d’accroître et de diversifier nos revenus…" Les commentaires sur les transferts de joueurs portent sur les sommes versées, rarement sur les projets sportifs. Dans le monde du spectacle sportif, les joueurs sont des marchandises dont la durée de vie est courte et dont il faut amortir le coût au plus vite, et les jeunes joueurs, notamment africains, sont l’objet de trafics constants.
La marchandisation des joueurs et de leurs corps mènerait-elle à la marchandisation des corps et à la prostitution ?
Il est temps que les instances du sport, et notamment du foot, se préoccupent des valeurs que véhicule le sport et reconnaissent que le prostitution, comme le racisme, l’homophobie, le sexisme, la violence sont hors jeu.
Le 2 mai 2010
Jean-Michel Arberet
Conseiller municipal d’Arcueil
Partenaire du groupe communiste