Merci pour le lien. J’ai lu, j’ai compris.
On peut résumer ainsi :
Le système mis en place fait que jusqu’avant la décision de la CRE, les concurrents d’EDF vendaient une certaine quantité d’électricité qu’ils n’avaient ni produite ni achetée puisqu’elle était produite par EDF. Pour le comprendre, il est indispensable de lire le document de la CRE (votre lien).
Je reformule : quand les privés produisent moins qu’ils ne vendent, Voltalis vend à RTE une baisse de la consommation pour égaliser production et consommation. Si cette baisse de la consommation était répartie entre les clients des différents vendeurs d’électricité au prorata des déséquilibres dont ils sont responsables, il n’y aurait aucun problème pour EDF. Mais ce n’est évidemment pas le cas. Ce sont majoritairement des clients EDF qui sont effacés (parce qu’ils sont nettement plus nombreux que les clients des privés) alors qu’EDF semble n’être responsable d’aucun déséquilibre. Il s’ensuit que quand Voltalis efface des clients EDF, les privés continuent de vendre plus qu’ils n’injectent aux dépens d’EDF qui continue de produire autant tout en vendant moins.
Il est donc légitime qu’EDF se plaigne à la CRE car elle est flouée par le système.
Et vous notez avec justesse que si EDF était l’opérateur unique, on pourrait sans aucun problème généraliser l’effacement diffus.
Ce sont les revendeurs responsables du déséquilibre et qui se mettent à vendre plus qu’ils n’injectent qui devraient payer . Pas Voltalis, ni les clients de Voltalis.
Et pourtant, ce n’est pas ce que décide la CRE. La CRE décide que c’est à Voltalis de payer. En vertu de quoi ? C’est là qu’on entre dans la savoureux, en vertu de ce que « le principe légal de préséance économique sur le mécanisme d’ajustement ne serait pas respecté » (si c’étaient les vendeurs responsables du déséquilibre qui devaient payer et non le porteur de l’offre d’ajustement).
Qu’entendent donc les gens de la CRE par cette phrase inélégante au possible ?
Je pense qu’ils commettent une erreur de raisonnement ou qu’ils sont de mauvaise foi.
Ce « principe de préséance économique » c’est tout simplement que, par exemple, RTE doit acheter l’offre la moins chère.
Moi, je comprends que cela doit être l’offre la moins chère pour RTE, point final, et non l’offre la moins coûteuse pour une certaine communauté (dont les consommateurs sont évidemment exclus ! - on est ici entre acteurs du marché n’est-ce pas). Ce n’est pas comme cela que la CRE semble interpréter ce principe de préséance (voir sa conclusion que je n‘arrive pas à reproduire ici en copiant-collant).
Elle écrit que la solution la plus juste serait plus coûteuse. Mais plus coûteuse pour qui ???? Pas pour RTE ! Plus coûteuse pour le vendeur infoutu d’équilibrer !
Donc la CRE interprète de manière discutable ce « principe de préséance économique » en faveur des vendeurs d’électricité et non en faveur de l’intérêt général.
Mais après tout, n’est-ce pas l’objectif réel de toute cette usine à gaz que de transférer de la valeur des consommateurs aux actionnaires des acteurs du marché ?
Tous comptes faits c’est une magnifique illustration des contradictions de notre société ; des machins censés faire le bonheur des consommateurs par des mécanismes vertueux et le jeu du marché conduisent à augmenter la facture du consommateur et l’effet de serre.
Bien à vous.