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Accueil du site > Tribune Libre > Politiques & citoyens > Les empêcheurs de produire en rond…

Les empêcheurs de produire en rond…

La commission de régulation de l’énergie "concourt, au bénéfice des consommateurs finals, au bon fonctionnement des marchés de l’électricité et du gaz naturel. Elle veille, en particulier, à ce que les conditions d’accès aux réseaux d’électricité et de gaz naturel n’entravent pas le développement de la concurrence".
Cette commission totalement inconnue du grand public il y a encore quelques jours a fait brutalement parlé d’elle avec sa délibération sur l’intégration des effacements diffus au sein du mécanisme d’ajustement qui porte un choix politique lourd.
 
Le principe de l’effacement diffus est simple. Pierre Bivas, créateur de Voltalis le décrit fort bien. Un boîtier est placé en amont d’une installation électrique. Lors des pics de consommation ; il commande à un ou plusieurs appareils, chauffe-eau, radiateurs.. de s’effacer temporairement du réseau, ce qui ne modifie par le confort de l’utilisateur mais entraîne en effet cumulé une baisse sensible de la consommation pouvant éviter une production complémentaire.
 
Pour la commission de régulation de l’énergie, l’opérateur d’effacements Voltalis doit rémunérer le producteur EDF pour l’énergie injectée mais non consommée par ses clients. L’explication donnée est d’une logique financière implacable. Voltalis est financé par le gestionnaire du Réseau de transport d’électricité, RTE. Or le producteur doit continuer à produire pour combler les déséquilibres des autres producteurs. Donc il faut payer cette énergie transférée d’un producteur à l’autre.
Le syllogisme est incompréhensible, mais la réalité est simple plutôt produire plus que de financer les économies d’énergie.
 
On peut remarquer que si nous avions conservé un seul producteur, dans le cadre d’un service public, la question des coûts de cession ne se poserait pas.
Le choix à faire était simple choisir la logique financière ou la logique d’économie d’énergie, la commission de régulation de l’énergie a choisi son camp celui des producteurs à outrance, dans la logique d’Edf qui demande une augmentation de tarif de 20% pour poursuivre une croissance sans s’interroger d’abord sur les besoins et les modes de consommation.
 
Jean-Louis Borloo a annoncé l’installation d’un groupe de travail qui devra "proposer les évolutions nécessaires au cadre légal", avec pour objectif prioritaire de "favoriser les économies d’énergie et dans le respect des intérêts de chacune des parties prenantes".
Jacques Chirac déclarait le 2 septembre 2002 "Notre maison brûle et nous regardons ailleurs", il serait temps de commencer à combattre l’incendie !
 
Le 22 juillet 2009
 
Jean-Michel Arberet
Conseiller municipal d’Arcueil
Partenaire du groupe communiste

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6 réactions à cet article    


  • Peyo 22 juillet 2009 18:58

    Mais pourquoi EDF irait (et la commission aussi) dans le sens du rédacteur de l’article ? Car l’état donne depuis longtemps le mauvais exemple. Il accordait fin 2005 des avantages fiscaux pour l’installation de pompe à chaleur air/air. Il supprimait ces avantages en juillet 2006.
    J’ai fait installé une Pompe à Chaleur air/air, juste dans le bon créneau (pur hasard) Je suis passé de 11000 kw (par an) à 4000 kw sur le chauffage électrique de ma maison près de La Rochelle et j’ai pu bénéficier du crédit d’impôt prévu par les textes.
    Mais depuis juillet 2006, les PAC air/air ne donnent plus lieu à avantages (sauf à économiser l’énergie) alors que la main d’oeuvre liée à cette pose est faible contrairement aux PAC géothermiques. De plus les air/air sont un investissement supportable par des budgets modestes. Ce n’est pas le cas des PAC géothermiques, ce qui n’incite pas à ce type d’investissement. (petit rappel la pose ne donne lieu à aucun avantage. Seule la fourniture du matériel est « éligible » aux avantages, avec des conditions propres à en dégoutter plus d’un !)
    Bravo MM de Finances pour ce raté d’économie d’énergie.
    Alors EDF aurait tort de se priver.


    • Vincent Frédéric Stéphane 22 juillet 2009 22:38

      Merci à l’auteur pour cet article.

      Une question néanmoins, comment peut-on injecter sur un réseau une énergie qui n’est pas consommée ?????

      Elle part où cette énergie électrique « injectée mais non consommée » ????

      Merci d’éclairer ma lanterne.

       


       


      • Jean Lasson 23 juillet 2009 10:04

        Ben tiens ! Il faut maintenir à tout prix des pics de consommation, pour pouvoir justifier l’installation de puissance éolienne additionnelle, avec sa puissance de backup par centrale à gaz... Sinon, on découvrirait que l’on a pas besoin de cette nouvelle puissance...

        Désolé, mais Voltalis ne va pas dans le sens des intérêts bien compris de Suez, Poweo et autres producteurs. D’où la décision de cette obscure commission.

        RIEN ne sera possible tant qu’on aura pas nettoyé les écuries d’Augias... 


        • Jean-Michel Arberet Jean-Michel Arberet 23 juillet 2009 10:16



          Merci pour cette appréciation...
          Pour être plus précis, il s’agit de l’énergie i,njectée par EDF mais non consommée par ses clients et consommée par les clients des autres opérateurs tels que Poweo, Direct Energie....
          Pour plus de précisions, la délibération de la Commission de régulation de l’énergie du 9 juillet 2009 portant communication sur l’intégration des effacements diffus au sein du mécanisme est consultable http://www.energie2007.fr/images/upload/090709effacementsdiffus.pdf

          Jean-Michel Arberet



           


          • Damien 18 septembre 2018 16:47

            @Jean-Michel Arberet

            Bonjour, le lien pdf que vous mentionnez n’est plus à jour. Retrouvez ici (https://itebe.org/sites/itebe.org/files/int%C3%A9gration-effacements-diffus.pdf) la délibération complète de la Commission de régulation de l’énergie.

            Bonne journée à vous. 


          • Vincent Frédéric Stéphane 23 juillet 2009 22:37

            Merci pour le lien. J’ai lu, j’ai compris.

            On peut résumer ainsi :

            Le système mis en place fait que jusqu’avant la décision de la CRE, les concurrents d’EDF vendaient une certaine quantité d’électricité qu’ils n’avaient ni produite ni achetée puisqu’elle était produite par EDF. Pour le comprendre, il est indispensable de lire le document de la CRE (votre lien).

            Je reformule : quand les privés produisent moins qu’ils ne vendent, Voltalis vend à RTE une baisse de la consommation pour égaliser production et consommation. Si cette baisse de la consommation était répartie entre les clients des différents vendeurs d’électricité au prorata des déséquilibres dont ils sont responsables, il n’y aurait aucun problème pour EDF. Mais ce n’est évidemment pas le cas. Ce sont majoritairement des clients EDF qui sont effacés (parce qu’ils sont nettement plus nombreux que les clients des privés) alors qu’EDF semble n’être responsable d’aucun déséquilibre. Il s’ensuit que quand Voltalis efface des clients EDF, les privés continuent de vendre plus qu’ils n’injectent aux dépens d’EDF qui continue de produire autant tout en vendant moins.

            Il est donc légitime qu’EDF se plaigne à la CRE car elle est flouée par le système.

            Et vous notez avec justesse que si EDF était l’opérateur unique, on pourrait sans aucun problème généraliser l’effacement diffus.


            Ce sont les revendeurs responsables du déséquilibre et qui se mettent à vendre plus qu’ils n’injectent qui devraient payer . Pas Voltalis, ni les clients de Voltalis.

            Et pourtant, ce n’est pas ce que décide la CRE. La CRE décide que c’est à Voltalis de payer. En vertu de quoi ? C’est là qu’on entre dans la savoureux, en vertu de ce que « le principe légal de préséance économique sur le mécanisme d’ajustement ne serait pas respecté » (si c’étaient les vendeurs responsables du déséquilibre qui devaient payer et non le porteur de l’offre d’ajustement).

            Qu’entendent donc les gens de la CRE par cette phrase inélégante au possible ?

            Je pense qu’ils commettent une erreur de raisonnement ou qu’ils sont de mauvaise foi.

            Ce « principe de préséance économique » c’est tout simplement que, par exemple, RTE doit acheter l’offre la moins chère.

            Moi, je comprends que cela doit être l’offre la moins chère pour RTE, point final, et non l’offre la moins coûteuse pour une certaine communauté (dont les consommateurs sont évidemment exclus ! - on est ici entre acteurs du marché n’est-ce pas). Ce n’est pas comme cela que la CRE semble interpréter ce principe de préséance (voir sa conclusion que je n‘arrive pas à reproduire ici en copiant-collant).

            Elle écrit que la solution la plus juste serait plus coûteuse. Mais plus coûteuse pour qui ???? Pas pour RTE ! Plus coûteuse pour le vendeur infoutu d’équilibrer !

            Donc la CRE interprète de manière discutable ce « principe de préséance économique » en faveur des vendeurs d’électricité et non en faveur de l’intérêt général.

            Mais après tout, n’est-ce pas l’objectif réel de toute cette usine à gaz que de transférer de la valeur des consommateurs aux actionnaires des acteurs du marché ?

            Tous comptes faits c’est une magnifique illustration des contradictions de notre société ; des machins censés faire le bonheur des consommateurs par des mécanismes vertueux et le jeu du marché conduisent à augmenter la facture du consommateur et l’effet de serre.

            Bien à vous.

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