Plus vite, plus haut, plus fort (Citius, altius, fortius)**

A Barcelone, nos athlètes ont foulé aux pieds ce genre d’élucubrations : ils incarnent la France de l’avenir, ils nous ont fait redécouvrir le panache, la générosité, l’intelligence. Ils sont dans le positif, l’action, l’exemple, la cohérence mais, pour être collectifs, ils n’abandonnent pas pour autant leurs projets personnels.
Mais c’est la manière, surtout, qui frappe. Quel plaisir de voit des athlètes venus d’ailleurs mais souvent de la sphère culturelle française (et qu’importe, d’ailleurs !) ou déjà implantés depuis une ou plusieurs générations dans notre pays, s’identifier à leur région sportive d’adoption et porter fort les espoirs sportifs de leurs camarades qui les aident à leur tour dans ce combat permanent contre soi-même qu’est le sport de haut niveau. Ils chantent leur Marseillaise chacun à leur façon mais avec foi et plaisir, pas sur le ton constipé du « Maréchal, nous voilà ! ».
Mais quand il se libère de la politique et du fric, le sport est l’image même d’une nation. Il mobilise et fédère sa jeunesse, valorise ses qualités naturelles, symbolise l’alliance du corps et de l’intelligence du corps social. Il est un pilier de l’éducation et, tout au long de la vie, contribue au maintien de l’équilibre personnel du citoyen, donc d’un meilleure exercice de sa citoyenneté. Aussi reflète-t-il, s’il est authentique, la capacité d’action d’un pays.
La vérité, c’est que la France, comme tous les autres pays d‘Europe grands ou petits, est devenue non pas multiculturelle mais uniculturelle. Elle a d’ores et déjà intégré, et Barcelone le prouve, des millions de gens qui ont eux-mêmes créé par alliance ou descendance des familles bien françaises. Elles le sont, dans l’esprit, parfois bien davantage que des Français « de souche » qui firent, voici cinquante ans et même après, de très grosses bêtises. Le nier, prétendre revenir en arrière ou instaurer une nationalité sur la base d’un abracadabrantesque permis à points, n’est pas seulement ridicule et absurde, c’est très dangereux.
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L’identité française, ce doit être précisément de ne pas céder aux vieux démons qui infectent à nouveau l’Europe, encore moins de les encourager. C’est d’avancer vers une France nouvelle qui, loin du nombrilisme racial et de l’obsession individualiste et consommatrice, recherche la solution de ses difficultés et le progrès social par le haut. C’est ainsi qu’elle se profilera hardiment dans une compétition internationale qui est loin de se limiter à la seule et apatride compétition économique. De cela, même les dirigeants américains ont pris conscience et mènent aujourd’hui une politique équilibrée et courageuse.
A leur manière et avec la manière, les athlètes français ont, à Barcelone, montré l’exemple et ouvert la piste : ni individualisme ni collectivisme, pas de complexe d’être Français, du travail, de la créativité. De même que le sportif n’est rien sans un soutien technique et moral mais qu’un appareil sportif n’est rien sans athlètes, un pays qui s’assume doit croire en lui-même, cesser de botter en touche à toute occasion et de s’inventer des boucs émissaires. La France doit ressembler à aux athlètes de Barcelone, aux footballeuses de l’équipe nationale ou aux Bleuets, non aux Bleus du Mondial, étouffés et gangrenés par l’argent. Mais pour comprendre tout cela il faut l’étoffe d’un homme ou d’une femme d’état et il semble que dans ce pays, on ait depuis des années réussi à faire oublier ce que c’était.
** La devise olympique en latin…quoique ce soient les Grecs qui aient inventé les Jeux et qu’un Français, Pierre de Coubertin, les ait réactualisés.
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