J’ai trouvé l’article intéressant, notamment ses commentaires sur le mouton de Panurge absolu que devient le pauvre hère aprpentant (tel l’arpenteur de Kafka) les grands magasins à la veille de Noël.
Ils ont tous peur ! Peur de quoi ? Mais oui, peur de la tête que risque de tirer leur copine, leur femme, leur maman ou leur enfants s’ils ne font pas de cadeau ou bien un cadeau "nul".
Je signale à cet égard une pub particulièrement sexiste dans le métro avec une femme à qui cela paraît totalement déplacé de se voir offrir une tronçonneuse. Non non, les femmes, elles n’aiment que les trucs nunuches, sinon il faut qu’elles aillent voir un psy.
Bref, je reviens sur le quidam terrorisé par les personnes qui sont censées l’aimer, mais qui ne l’aimeront plus du tout s’il ne sacrifie pas une partie de son salaire pour leur offrir de très onéreuses et inutiles babioles. A quoi tient l’amour, on se le demande ? Et ce n’est pas tout. Madame veut une babiole, mais plus jolie (traduisez plus chère) que celle que va recevoir sa soeur ou sa meilleure copine. Les gosses veulent des jouets plus chers que ceux des copains de classe. La valeur de chaque personne ne tient pas à sa gentillesse, à sa capacité à écouter les autres et à les comprendre, mais uniquement au prix des cadeaux qu’ils recoivent.
Et le fait de s’attribuer de la valeur (marchande) les uns aux autres est le fondement de l’amour dans le monde consumériste moderne.
Noël est donc la fête de l’amour en famille. Chacun montre aux autres la valeur marchande qu’il leur accorde en dépensant beaucoup d’argent pour eux. Quand tout le monde peut constater que tout le monde a beaucoup dépensé pour les autres, la famille se satisfait de savoir qu’elle a globalement une forte valeur marchande et que ce sentiment est unaniment partagé dans la famille. Donc tout le monde est rassuré sur sa haute valeur et on peut retourner travailler toute l’année comme des brutes pour pouvoir au Noël prochain réaliser le même exploit.
En quelque sorte, Noël est un peu le prlongement du commerce des indulgences de la Renaissance. Sauf que le salut c’est uniquement de ne pas se sentir un looser face à ses collègue ou ses voisins tout au long de l’année. De croire que l’on "vaut" quelque chose dans ce monde où tout s’achète.
Finalement, les gens se consolent de la mort par ce sentiment de valeur et croient échapper au purgatoire de la médiocrité sociale, en se faisant acteur d’une immense médiocrité généralisée.