Mr Boisguibert,
Vos remarques admiratives me vont droit au coeur,
toutefois j’attire votre regard aiguisé sur deux points :
- Les quelques groupes ethniques qui ont contribué au peuplement des Amériques plutôt qu’à celui de leur pays d’origine sont aujourd’hui, en moyenne, moins bien lotis économiquement que les autres, d’après l’étude de N. Nunn. Je ne dis pas que c’est forcément vrai mais les contradicteurs doivent infirmer ce résultat avant toutes choses.
- Je maintien que le départ d’une dizaine de millions de personnes n’est pas une mince affaire lorsque dans le meme temps la population totale augmente non pas de 100 ou 200 millions mais de 10 à 40 millions, selon les différentes hypothèses les plus crédibles. Ceci signifie que sans l’esclavage, la croissance démographique aurait pu être plus forte de 25 à 100% , ce qui est une estimation minimale car ces personnes( dont un tiers étaient des femmes) auraient pu avoir des enfants sur place.
Mr Boisguibert,
- Vous semblez dire qu’il aurait suffi de quelques années pour éponger les pertes dues à l’esclavage et vous abritez derrière l’éternel argument de la non convergence des travaux des historiens et des démographes. Permettez qu’on se penche dessus d’un peu plus pres.
Le tres interessant travail de Reiko Hayashi offre un panorama de ces études sous forme graphique (http://uaps2007.princeton.edu/download.aspx?submissionId=70296 ). On completera ce travail par l’article d’un des spécialistes de la question de la traite négrière pratiquée par l’occident (Lovejoy).
Lovejoy a déterminé que 80% des esclaves sont partis entre 1700 et 1867 avec une accélération tres forte au cours du 18ième siècle (6 millions de personnes) contre 3,5 entre 1801 et 1867.
Au moment ou la traite s’accelere, l’afrique sort donc d’une première phase de diminution de sa population qui semble due à un facteur climatique (voir le commentaire de Reiko). Les 9,5 millions d’individus qui quittent l’afrique entre 1700 et 1867 représentent une ponction tres importante si vous avez de bons yeux, lorsqu’on la confronte à l’augmentation totale de l apopulation du continent, même dans l’hypothèse la moins favorable.
- Les chiffres bruts doivent être complétés cependant. Le prélevement de population a été massivement concentré sur quelques peuples : l’essentiel des esclaves proviennent d’un petit nombre d’ethnies (Yoruba, Igbo, Kongo, Ashan, Cbi, Ibibio)
- Concernant mr Clark, il suffit de lire ses travaux pour se rendre compte que quelque chose cloche à certains endroits. L’idée que l’angleterre avait un avantage cullturel parce que durant de siècles les enfants des classes supérieures ont connu moins de mortalité que ceux des couches inférieures , de sorte qu’au bout d’un certain temps la majorité des anglais auraient été issus du meme groupe social a de quoi faire rire en effet. La confusion entre la transmission de la culture chez l’humain et le transfert des genes est une constante chez quelques esprits dérangés.
Boisguibert,
Lorsqu’on se penche sur l’histoire démographique de l’Afrique on se rend compte d’une anomalie : au milieu du XIX ièle siècle, le taux de croissance de la population africaine est l’un des plus faible. Entre 1500 et 1900 le continent ne gagne ne 15 millions d’habitants et voit sa part dans la population mondiale divisée par plus de deux. Les 15 à 20 millions d’esclaves prélevés, vous le comprendrez aisément, ont eu un impact considérable sur la démographie africaine.
Vouc citez un historien et économiste controversé, Gregory Clark. Ses théories sont parfois hantées par un certain darwinisme plus social que racial qui pour ma part me fait plutôt sourire. Cependant, dans des papiers de recherche plus anciens il semble tenir son rôle d’économiste et montre que l’avance décisive qu’a pris l’Angleterre sur le reste du monde entre 1730 et 1850 est due à la multiplication par trois de sa population (phénomène tres étonnant comparé a la france qui pendant ce temps est le premier pays européen a connaitre un ralentissment démogrphique) et à la diffusion d’un mode de vie lié aux classes moyennes (instruction, recul de la violence dans les relations sociales) . Ce que dit Nathan Nunn dans son travail sur les conséquences de l’esclavage en Afrique peut être éclairé par les travaux de Clark : là où la densité de population a le plus reculé à cause de l’esclavage on observe un marasme économique et une montée des violences sociales. Rien de bien favorable au développement économique...
En langue Fon (Benin), pour témoigner de son rejet d’une certaine personne on dit d’elle « qu’elle vous vendrait avec joie » . Cela en dit long sur les conséquences de long terme du phénomène esclavagiste dont je vous rappelle que L’économiste en question a pris dans sa globalité (traite européenne ou non)
Bois-Guibert, Vous faîtes très bien d’attirer mon attention sur Gregory Parck dont je vais consulter les travaux et sur lesquels je ferai quelques commentaires. Thomas Nunn n’est pas un "cador ’ d’internet ? Autant pour moi, il s’agit de Nathan Nunn. J’avais rectifié l’erreur sur mon Blog mais pas ici.
A JP Llabres, Voici la représentation graphique des résultats de Nunn : http://www.voxeu.org/files/image/nunn%20figure%201.JPG.
On peut y voir L’Egypte, la Namibie , les Seychelles ou encore l’Afrique du Sud comme exemples de pays à la fois préservés de la traite et disposant d’un niveau de vie plus élevé.
Nico333,
Vous voyez le mal partout, à ce que je constate.
Relisez bien la réponse à laquelle vous faîtes allusion. A quelqu’un qui se hasarde à dire que les immigrés sont moins rapides au travail que les autres (un effet des climats chauds sans doute ) j’ironise en imaginant ces pauvres entreprises du BTP obligées d’embaucher de tels salariés, au risque de perdre sur leur marge.
Le BTP est un secteur riche en main d’oeuvre et peu exposé à la concurrence étrangère. Les gains de productivité y sont relativement faibles par tradition, quelle que soit l’origine des salariés (même ceux du sahara). Or les salaires progressent à un rythme proche de celui du reste de l’économie. Que faire ? nos entreprises risquent-elles de n’être plus rentables ? Ouf : elles consolident leur marge en agissant sur leurs prix.
Vous voyez, tout s’explique si on fait l’économie des stéréotypes xénophobes. Je me tiens à votre disposition pour tout renseignement supplémentaire.
Salut et Fraternité.
Logan,
Comme vous avez raison...Je pense les réactions extrêmes qui se donnent à lire ici ne relèvent pas de la discussion raisonnée. Elles expriment un mal plus profond sur lequel il faut porter un regard clinique. Que recherchent tous ces xénophobes ? Que leur a-t-on enlevé au point qu’ils recherchent à dépouiller de leur droit les premiers étrangers qu’ils ont sous la dent ? Je pense qu’ils expriment cette sorte de dépression qui gagne un pays qui a inventé l’Etat nation et qui s’en estime (souvent avec raison) dépossédé. Ils ne font ni partie du problème ni de la solution. Il sont dans leur nulle part. Un jour, peut être, ils nous remercieront de n’avoir pas cédé aux hallucinations qui les ont emportés.
Marcel,
Il s’agit du malthusianisme appliqué au marché du travail. Ici cela consisterait à se partager les emplois entre français plutôt que d’accroître le nombre d’emplois. On peut faire un parallèle avec les préconisations de Malthus. Dans le domaine auquel il s’interessait, celui des subsistances, il recommandait de répartir les biens alimentaires entre un nombre de comparses plus faible. Rationner une ressource plutôt que l’accroître relève du matlhusianisme.
Vous dîtes ça parce que les Français mangent plus de couscous que de tête de veau ?
Mr Benny,
Allez voir l’étude de Gerard Pince et vous aurez la réponse à ce problème qui vous assaille.
Mr le malin,
Ceci est pris en compte figurez vous (adressez vous à Gourevitch)
Mais les routes, les écoles, les ponts....nous en bénéficions aussi....et ils sont financés avec des impots auxquels les immigrés contribuent.
Vous voulez mutiler le corps social, c’est du propre
Farkan,
Vous êtes totalement dans l’ignorance des règles de calcul du PIB.
Les richesses produites chaque année comprennent la production réalisée par tous les résidents et cela quelle que soit leur nationalité. Les revenus des immigrés s’ajoutent de façon comptable à la richesse nationale, ce qui ne dit rien bien sur de tous les effets secondaires positifs que cela entraine pour toute la collectivité.
Farkan,
relisez l’article svp et concentrez vous.
Nico,
Comme je plains ces entreprises du bâtiment, si peu rentables à cause de la main d’oeuvre immigrée...
Quand on pense que tous ces commentaires (même les pires) vont d’une manière ou d’un autre, alimenter le PIB, j’en deviendrais presque partisan de la décroissance.
Farkan,
A propos du cor au fond des bois, il ya une subtilité qui vous a échappé mais vous êtes fort amusante dans vos erreurs.
Abge etc...
EN fin de votre logorhée, le mot « affect » prend une connotation presque précieuse.
Courageux anonyme,
Mais tant que j’y pense et si on rétablissait le bagne ?
Acturevue,
C’est du joli hein ?
Certains commentaires sont vraiment burlesques tout de même.
Roi Bounty,
Imaginez que les martiens débarquent et qu’ils vous embarquent comme échantillon représentatif. J’ai peur qu’à leurs yeux nous n’accédions même pas au rang de culture.
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