Charlie : L’art de Brouiller les cartes
Arrêtons de compliquer les choses et de diviser les français
Je viens d'écouter le 7-9 de France Inter avec la participation de Marcel Gaucher. Le thème était de répondre aux jeunes qui mettent en cause l'impartialité d'une société qui vante Charlie Hebdo et ses 'blasphèmes" et qui condamne Dieudonné. Je ne pense pas être seul à n'avoir retiré de cette émission qu'une immense confusion . La question devenait de savoir comment expliquer les limites de la liberté d'expression, comment convaincre des qualités de la laicité etc. On était assez loin de l'assassinat de journalistes, de policiers et de juifs.
On oubliait tout à fait que la différence essentielle entre Charlie et Dieudonné est que Charlie a été tué sans procés tandis que Dieudonné sera peut être jugé et ne sera, sans aucun doute, pas tué. N'utilisons pas ces faits bruts pour discuter de la liberté d'expression et de ses limites. Nos jeunes ont besoin de règles claires et facilement compréhensibles et pas de discussions philosophiques sur les limites de la liberté de penser. La fable suivante me semble susceptible de poser clairement les questions importantes pour la vie en société, et une esquisse de réponse.
Dans un petit pays la population était divisée en deux : ceux qui aimaient la couleur verte et ceux qui aimaient la couleur rouge. Il y avait beaucoup d'accidents de voiture aux croisements car trop nombreux dans cette population indisciplinée étaient ceux qui voulaient montrer leur virilité en passant de force. Chacun pensait être dans son bon droit et trouvait toujours une justification pour être prioritaire.
Devant l'hécatombe on regarda ce qui se passait dans des pays qui comptaient beaucoup moins d'accidents mortels aux croisements. Et on découvrit l'existence des feux bicolores, rouge ou vert. Si tout le monde convint rapidement que cette innovation pouvait être intéressante, les uns pensaient que le rouge devrait signifier 'passage autorisé" et le vert "passage interdit" tandis que les autres pensaient le contraire. Comment trancher ? Un citoyen plus intelligent que la moyenne et, surtout, pacifique, proposa que les citoyens votent pour savoir quelle couleur devait indiquer l'autorisation de passer. Le vote trancha, à une voix près, en faveur du vert.
Dans l'ensemble les citoyens acceptèrent le verdict du vote, même si les tenants du rouge se sentaient frustrés. Ils se rendaient compte que c'était un progrès que la règle soit fixée, même si elle ne correspondait pas à la meilleurs solution possible à leurs yeux. En latin "dura lex sed lex" , la loi est dure, mais c'est la loi.
Première leçon : la loi est rarement parfaite mais elle est nécessaire à la vie en société.
Malgré cela, une minorité de "rouges" considéraient qu'ils étaient dépositaires de La Vérité et que la loi votée était illégitime. Non seulement ils continuèrent à passer au rouge, maintenant un taux d'accident dont ils étaient d'ailleurs les premières victimes. Se sentant particulièrement visés et discriminés puisque, en proportion relative, ils étaient plus nombreux à mourir dans une collision, ce qui, à leurs yeux, montrait le caractère injuste de la loi, ils décidèrent de réagir en punissant eux mêmes ceux qui passaient au vert, n'hésitant même pas à les tuer. Bien entendu les "verts" répondirent en tuant ceux qui passaient au rouge et, aussi, ceux qui tuaient ceux qui passaient au vert. La situation était encore pire qu'avant l'implantation des feux bicolores.
Les quelques sages survivants proposèrent alors de créer une structure comprenant des agents de la circulation chargés de constater les manquements et des juges chargés de prononcer des sanctions prortionnées à la gravité de la violation de la loi. La plupart des citoyens qui se sentaient victimes d'une situation de violence où chacun se faisait justice lui même en fonction de ses propres critères votèrent en faveur de l'établissement d'une police et d'une justice.
Deuxième leçon : il est nécessaire que le respect de la loi soit assuré par une police et une justice, empêchant que l'on se fasse justice soi même.
En respectant ces deux principes citoyens "verts" et "rouges" retrouvèrent la paix civile, ce qui ne les empêcha pas de continuer à discuter à perte de vue sur les mérites relaltifs du vert et du rouge.
Ne sont-ce pas ces deux principes qui doivent être rappelés et expliqués en priorité dans nos collèges et lycées ?
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