En route vers la démondialisation
D’un côté, nous avons une Terre et une biosphère contenant des ressources et de la matière limitées, bornées et finies. D’un autre côté, nous avons une espèce humaine en constante expansion dans une perspective historique. Cette espèce, l’une parmi les autres, prélève et transforme une grande part des ressources disponibles pour maximiser sa « joie de vivre ».
La Terre pourra t-elle supporter une croissance continue, ou bien devra-t-on remettre profondément en cause notre conception du développement humain ?
Si on considère le système de pensée dominant, on s’aperçoit
qu’il est régi par une conception assez inquiétante de ce que devrait être le bonheur
de l’humanité.
Cette conception socio-économique
dit que la valeur du monde est dans la croissance et dans le
développement. Ainsi, pour que le type homo sapiens, en tant
qu’espèce, maximise son bonheur, il faut produire cette année davantage que
l’année dernière. Et cela de façon linéaire. De plus, cette conception
économique est de type mécaniste. Elle dit que la matière se transforme
et se recycle, et que les processus touchant à sa transformation sont de
nature RÉVERSIBLE. C’est ainsi que le monde d’aujourd’hui tourne. On
prélève des ressources dans un stock constitué par de longs et complexes processus
géologiques (auxquels l’espèce humaine n’a apporté aucune contribution
significative), on les transforme et on enfouit dans le sol la
résultante inexploitable obtenue en fin de processus (les déchets).
Alternativement, ces reliquats peuvent aussi être libérés dans l’atmosphère. Tout cela a été, en parallèle, consommateur d’énergie. Au demeurant,
cette énergie, à l’heure actuelle de nos connaissances, a été mise à
disposition de l’espèce humaine par des processus non humains, à savoir
d’origine exclusivement naturelle.
Cependant, cette conception ignore une
certaine loi physique (second principe de la thermodynamique ou loi de
l’entropie) qui se traduit en termes économiques de façon suivante
(très schématiquement) :
- un processus de transformation de matière
n’est pas toujours réversible (des glaçons qui fondent ne peuvent pas
se reconstituer d’eux-mêmes, à moins d’apporter de l’énergie, mais
finalement il y aura un déficit dans l’opération)
- que dans un
processus de transformation économique (produits) il y a, en entrée, de
la matière première et une consommation d’énergie et, en sortie, un
produit transformé et des déchets.
Dans ce schéma,
l’irréversibilité provient du fait que l’énergie utilisée est perdue
(il faudra en trouver encore une nouvelle quantité quelque part pour recommencer un
processus similaire), et que les déchets ultimes ne sont pas
réutilisables.
Imaginez donc, à la lumière de ce constat,
quelles seront les conséquences dans quelques dizaines d’années d’une
logique de croissance humaine continue, où, pour alimenter le système,
on puise dans des ressources géologiques bornées et finies et qui, au bout du compte, génèrent des déchets inutilisables, voire dangereux pour la vie, dont
il faut coûte que coûte se débarrasser.
On s’aperçoit que cette logique humaine n’est pas durable. Nous brûlons les dernières cartouches !
La seule issue est de revenir en arrière, de freiner, de ralentir.
Ensuite, il faudrait déterminer quel est le point d’équilibre entre une
biosphère aux ressources limitées et une humanité en croissance qui
aspire à un maximum de bonheur. Ce point d’équilibre est le point de
"soutenabilité" dans lequel la biosphère complète peut fonctionner en
vase clos.
Cela passe notamment par une remise en cause de la mondialisation.
A partir de là, un changement de paradigme doit intervenir à l’échelle
planètaire : maîtriser l’expansion humaine, gérer autant les ressources
que notre propre développement, tout en assurant un bonheur collectif.
Voilà quelle est l’équation en jeu.
Dans le cas contraire, la vie humaine est compromise, ou du moins la quête de bonheur est-elle vouée à l’échec. En fait, la vie risque de devenir de plus en plus inconfortable pour l’espèce humaine.
La seule mondialisation pertinente aujourd’hui est celle de la coopération, du partage, et de l’échange des idées.
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