Esprit, es-tu las ?
Même si le sordide fait divers de la jeune Marseillaise brûlée vive dans un bus à Marseille hante encore nos esprits, il est utile de verser quelques questions au débat.
Eric Mainville vient de poster sur son blog un billet parlant du sordide fait divers qui a hanté nos esprits ces derniers jours. Celui concernant Mama Galledou, la jeune fille brûlée vive dans un bus à Marseille.
La lecture de son billet et la question récurrente qui s’en dégage, "Que
reste-t-il de Gandhi ?", m’ont poussé à m’associer à sa réflexion ainsi
qu’à celle de Celeste,
une autre blogueuse qui se posait la même question mais dans un tout autre
registre : celui de l’héritage spirituel et philosophique de Gandhi,
cet apôtre de la non-violence.
Le communiqué de presse et les propos d’Ousmane Diagana, un des membres de la
famille de Mama Galledou, ne laissent planer aucun doute et me font dire que l’esprit
de Gandhi est encore là !
Mais hélas, pas partout, et pas chez tout le monde. D’où le décalage que l’on
ressent face à des actes similaires qui nous paraissent incompréhensibles. Au
point que je m’interroge à mon tour : cet esprit ne va-t-il pas tout
simplement finir par être las, si nous ne faisons rien et restons
inactifs ?
« La famille n’a ni colère, ni haine, ni rancoeur », a-t-il
déclaré, appelant au calme plutôt qu’à la vengeance, "Nous avons
foncièrement confiance dans la Justice française. Il faut la laisser faire son
travail. Nous ne sommes pas dans la polémique, le drame doit rester
familial".
Ces propos sont apaisants, si tant est qu’on puisse face à ce drame être apaisé
par des mots...
Mais aussi étonnant que cela puisse paraître, alors que toutes mes pensées,
nos pensées vont à Mama Galledou, je ne peux, et sans nul autre but que d’être
constructif, m’empêcher de penser aux présumés coupables de ce tragique « incident »
de « banlieue ». Non pour leur trouver une quelconque excuse. Il
ne devrait y en avoir aucune, mais pour essayer de comprendre
l’incompréhensible : leur état d’esprit, et les motivations qui les ont conduits
à commettre un tel acte.
Les guillemets qui encadrent incident et banlieue ne sont pas involontaires .
- Le mot incident
régulièrement utilisé par les médias est incontestablement trop faible
pour qualifier ce qui s’est passé, tant le sort de cette jeune fille est
terrible. Il a tendance à minimiser ce qui s’est passé qui, compte tenu de
ce que j’ai pu lire ou entendre, est horrible. La vie de la jeune fille,
s’il lui en reste une, est désormais brisée. Une brûlure à 60% aux 2e et
3e degrés c’est tout simplement une exclusion assurée et d’office de la
vie sociale future.
- Le terme banlieue
n’est lui non plus pas approprié. Il a tendance à renvoyer les faits qui
ne nous concerneraient qu’indirectement et par une malsaine curiosité
télévisuelle dans un lieu lointain. Loin de nos consciences. Le lieu est
certes étymologiquement banni, mais pas si loin de nous, puisque que cela se
produit près de chez nous et sous nos yeux.
Les cinq mineurs à la fois présumés coupables et innocents ne mesurent même pas, comme nombre de jeunes élevés à la mode des séries télévisées et des jeux violents, la gravité de cet acte.
Cet acte violent qui, l’espace d’un délit prenant l’allure d’un
acte « criminel », a fait basculer la vie d’une fille à laquelle l’avenir offrait pourtant
des perspectives prometteuses. Elle a été, et à son insu, ancrée dans un
présent terriblement sordide et projetée dans un futur plus qu’incertain.
La qualification de leur délit en acte criminel ne laisse planer aucun
doute. L’’article 329-9 du Code pénal punit les auteurs d’un incendie volontaire
ayant causé une mutilation ou une infirmité permanente d’une peine de trente
ans de réclusion criminelle et en cas de décès, la peine pourrait aller jusqu’à
En effet cet « incident » m’interpelle à coup sûr et pas mal de questions se
bousculent dans ma tête...
Eh oui, et au risque d’en choquer certains, je m’interrogeais plus sur ces
« jeunes mineurs » qui ont commis cet acte majeur, qui les a fait basculer dans
Et toutes ces questions récurrentes me ramènent insidieusement à la question
initiale :
Que reste-t-il de l’esprit de Gandhi ?
- Qu’en est-il de leurs
motivations initiales ?
- Qu’en est-il de leur
ressenti face à cet acte ?
- Quel est leur degré de
conscience de ce qu’ils ont fait ?
- Comment dévaloriser ces
actes odieux aux yeux de ceux qui les commettent ?
- Comment stopper une machine
culturelle qui « glorifie » ces actes violents au point que nos
jeunes les perçoivent plus comme des actes héroïques que criminels ?
- Comment faire que sur les
plans cinématographique, télévisuel, médiatique et même culturel, on arrête
d’encenser la violence ?
- Et bien sûr, comment faire
que cela ne se reproduise plus ?
La ou les réponses ne sont certes pas simple, mais il ne faut
certainement pas s’interdire de se les poser.
En cherchant les réponses, il apparaît clairement que les auteurs de ces
actes n’en sont certes pas moins coupables, mais en revanche nous, la société,
nous ne sommes pas si innocents que cela !
Quand je dis nous, il s’agit de la société, de moi qui écris, de vous qui lisez,
et de tous les autres !
Avant de nous poser
En retournant cette dernière question dans tous les sens, il apparaît
clairement que nous sommes coupables et pas seulement présumés
coupables.
Nous sommes coupables collectivement et ne pas le voir, ne pas en
prendre conscience est à mes yeux plus grave que l’acte lui-même !
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