Hep, rends moi ma seconde !
Avant de commencer cet article, je voudrai signaler qu’il a été inspiré par une chronique matinale de Bernard Maris sur France-Inter (pour consulter la chronique, voir le lien en bas d’article), étant moi-même assez peu imaginatif il faut l’avouer.
Pour les parisiens métronautes qui fréquentent ce site (il doit bien y en avoir quelques uns), vous avez du remarquer l’apparition récente dans les rames de quelques affichettes de la RATP visant apparemment à fluidifier le trafic dont celle ci (mais les autres sont pas mal dans le genre aussi) : "1 seconde perdue en station = du retard sur toute la ligne" (Voir le lien en bas d’article).
Bon déjà, passons sur le fait que les problèmes de trafic sont surtout liés à la surfréquentation des lignes en question et de la vétusté des installations, en effet en période de congés scolaire, par miracle, il n’y a aucun problème de fonctionnement.
Enfin ce n’est pas un article sur la RATP et pour les quelques parisiens qui se sentent concernés mais par ce que ce petit message sous-entend.
Petit retour de quelques dizaines d’années en arrière tout d’abord et l’arrivée de l’électroménager dans les foyers. A l’époque, les campagnes publicitaires mettaient en avant le temps de loisir que tous ces appareils apporteraient à la femme. En effet il s’agissait de tâches rébarbatives, et franchement il y a mieux à faire que de laver de la vaisselle, faire la lessive, etc ... Ca tout le monde peut en convenir.
Cependant avec l’émancipation de la femme et l’évolution de la société, on a vu que ce message publicitaire a fait long feu, et en terme de temps de loisir, c’est du temps de travail qui a remplacé ce temps gagné, et ceci de plus en plus au fil des années. Tout ce temps de travail supplémentaire étant du pain béni pour les entreprises et surtout leurs actionnaires.
Après cela, arrivant à une saturation du temps de travail nécessaire pour vivre normalement, il a fallu trouver d’autres moyens pour accroître ce temps. Sont alors arrivées les nouvelles technologies ainsi que tout le marketing associé. Avec toujours plus d’évolutions, de fonctionnalités toutes plus inutiles les unes que les autres mais qui faisaient et font toujours de nous un has-been si l’on n’en dispose pas. Les foyers ont donc commencé à s’endetter pour suivre cette frénésie infinie de consommation, et qui dit endettement dit intérêts à payer et donc ressources financières nécessaires, ce qui a conduit à accroître le temps de travail et donc de nouveau les bénéfices des entreprises et les dividendes des actionnaires.
Le message était clair, on était libre de travailler plus pour gagner plus. Mais pour quoi ? Pour profiter de la vie, voir sa famille, etc ... ? Non car évidemment on n’a déjà plus le temps, on travaille trop, donc on dépense en gadgets inutiles.
Cette logique arrivant à son paroxysme, il faut maintenant trouver des moyens d’optimiser encore le temps de travail "fournissable". Tous les moyens sont bons.
Une réclame passe actuellement à propos d’un téléphone mobile à la mode et d’une application permettant de trouver un vélo rapidement "pour être à l’heure à ses rendez-vous". Quels rendez-vous ? Personnels ? Ah non j’oubliais, ça on n’a plus le temps, il faut travailler pour payer l’abonnement au service mobile. Il s’agit donc encore de faire gagner du temps à l’entreprise et donc toujours aux actionnaires.
Mais avec la fameuse "seconde RATP", là on atteint le summum, le comble de la logique poussée à son extrême. En effet, d’après ce message, si l’on fait perdre du temps à la rame on fait perdre du temps à un nombre incalculable de personnes qui vont travailler, et l’on fait par conséquent chuter d’autant les bénéfices des entreprises. On devient soudainement un mauvais citoyen, un nuisible envers la société (de consommation bien sûr).
Alors finira t’on par crier à la femme enceinte, à l’aveugle, à l’handicapé, à la personne âgée, ou tout simplement au rêveur étourdi qui aura eu le malheur de faire perdre du temps à la rame en tentant de descendre difficilement de la rame bondée de 3 personnes au mètre carré : "Hep, rend moi ma seconde !" ?
Et si la solution à la crise était là ? Se réapproprier le temps, retourner à des valeurs humaines et non pas à la seule valeur argent, en décidant de ne plus suivre cette frénésie du "toujours plus".
Lien vers la campagne de la RATP : http://www.ratp.fr/corpo/regularite/actions.shtml
Chronique de Bernard Maris : http://www.radiofrance.fr/franceinter/chro/lautreeconomie/
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