Histoires d’eau

Les Landes comme si vous y étiez …
Il arrive parfois que l’aventure s’offre à vous, qu’elle vienne distraire par surprise le promeneur en goguette. Si, souvent en dehors de la saison, les Landes ne sont que repos et contemplation, ce jour-là, il en fut tout autrement pour le vacancier que je suis parfois. Tout se déroula au bord de l’eau en des lieux différents, comme si le hasard avait souhaité apporter une petite touche d’imprévu à celui qui met sa vie en écrit.
Tout commença donc par une promenade en bord des dunes, du côté de la grande forêt des Landes qui doit tant au sieur Brémontier. Un militant de la Nature me fit l’honneur d’une promenade guidée afin de me faire mieux connaître sa région. Ce faisant, nous devisions de chose et d’autres avec toujours l’esprit critique sur les travers d’un monde qui ne respecte guère la Planète.
Tout naturellement nous en vînmes à évoquer l’égout de la papeterie : cette verrue pour le tourisme local, qui vient jeter une eau à 35°, chargée de soude, dans l’Océan. J’appris qu’une convention avait été signée, il y a bien longtemps, autorisant l’industriel à déverser ses immondices là où les cochons de baigneurs aiment à patauger. Rien qu’une pauvre et malheureuse contribution à la pollution générale :il y a pas de quoi en fouetter un chat.
Je découvris, ahuri, que l’accord stipule que la conduite doit déboucher à 300 mètres du rivage, là où la dilution sera telle qu’il n’y aurait aucune perturbation significative pour les usagers de l’Océan. Mais hélas, qui ici irait chercher des poux à un industriel qui emploie 650 personnes ? On ferme les yeux sur cette petite entorse, craignant que l'industriel ne décide d’aller polluer ailleurs. Ainsi vont les nuisances sur cette Terre !
Puis, j’appris également que si les plages sont souillées de tant de résidus de pêche, filets, plastiques, bouées, objets divers, c’est que, depuis quelques années, les collectes de déchets marins sont devenues payantes ce qui pousse les marins pécheurs à déverser gratuitement en haute mer ce qu’ils devraient payer au port. Les touristes n’ont qu’à ramasser les immondices. La logique économique a encore frappé.
Je laissai l’Océan à ses pauvres dérives pour aller chercher un peu de quiétude sur un des grands lacs qui agrémentent la région. Le vent soufflait fort, les eaux étaient ridées ; personne ne se risquait à jouer les aventuriers quand, soudain, je vis une barque folle, tournant en rond en bordure de berge. Un promeneur, se déculotta pour aller tenter de maîtriser l’embarcation folle.
Bien vite je compris qu’il y avait deux hommes dans l’eau, quelque part dans les roseaux. Le courageux sauveteur réussit à embarquer sur le frêle esquif pour se porter au secours des naufragés. Il resta de longues minutes auprès d’eux. J’étais trop loin pour voir ce qui se passait vraiment. Un autre témoin plus direct de l’affaire appelait les secours …
Je n’étais qu’un témoin inactif de la chose. De longues minutes passèrent avant que l’embarcation ne revienne sur la berge. À son bord, deux messieurs trempés dont l’un semblait en mauvaise posture : un malaise sans doute … Dans le même temps arrivèrent à bord d’une voiture de gendarmerie, deux individus en treillis militaire qui n’avaient que leur tenue guerrière pour unique réponse.
Ils ne disposaient ni de couvertures ni de vêtements chauds. Les armes sont parfois de peu de secours quand il s’agit de porter aide et réconfort à quelqu’un, état d’urgence ou pas. Ce n’est qu’une vingtaine de minutes plus tard que les pompiers arrivèrent pour enfin se montrer plus utiles que les hommes en arme. Je m’éloignai, sachant désormais que le plus mal en point avait repris un peu de vigueur.
Je décidai de changer de lac pour vivre plus tranquillement cette belle fin de journée printanière. Là, une pirogue tahitienne me tendit son balancier unique. Une charmante guide nature s'offrit de me faire découvrir la faune et la flore de son lac. Je ne peux résister à l’appel de l’eau pour peu que ce soit sur un bateau. Les oiseaux migrateurs et aquatiques s’étaient donné le mot et j’assistai à un merveilleux ballet aérien.
J’appris que des plantes invasives, nous venant de fort loin, colonisaient nos plans d’eau parce que des individus les avaient fait venir pour faire joli. Pire, de tous petits poissons : les gambusis, avaient été implantés pour limiter la population de ces affreux moustiques qui perturbent tant les touristes au torse nu. En l’espace de dix années seulement, les chers petits gobeurs de « caquesiaux » proliférèrent tant que les moustiques ne suffisent plus à leur appétit et que désormais ces petits monstres mangent les œufs des autres poissons.. L’homme restera éternellement stupide tant qu'il viendra interférer dans les choses de la nature.
Mes histoires d’eau avaient comblé ma journée. Je la finis en ouvrant une bouteille de Sancerre. Il est parfois prudent de changer de milieu. Je vous laisse juger de ces récits sans queue ni tête. Tout n’est, hélas, que rigoureusement exact. Je ne suis pas de ceux qui aiment à vous mener en bateau.
Aquatiquement vôtre.
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