Islamisation de la France : la deuxième phase est engagée
L'islam est en France depuis des dizaines d'années. Mais l'on peine à reconnaitre chez le paisible chibani le même islam que celui que ses militants portent en étendard de nos jours. Que s'est-il passé ? Comment expliquer que l'islam "religion" soit devenu une revendication politique ?
En matière d’islamisation de la France, l’actualité débite son torrent de nouvelles et de polémiques à une vitesse de plus en plus effarante. Au point que le public, hébété, en perd toute capacité de recul et d’analyse du phénomène.
Les violences semblent aller ainsi crescendo dans les quartiers islamisés. On ne compte plus les règlements de comptes au son de « Wallah, j’vais t’fumer [Wallah : au nom du Dieu de l'islam] », les morts, maintenant presque au quotidien, les passants agressés, parfois massacrés soi-disant gratuitement. On parle de mauvais regard, de cigarette refusée, mais au réel, il s’agit d’imposer la soumission, le respect à ceux qui l’estiment dû au nom de leur « religion », ou plutôt d’un vague environnement socio-moral dérivé de l’islam et de la culture de cité (argent, shit, rap, islam, ressentiment anti-français). S’agit-il vraiment des seuls fruits de l’islamisation ? Non, évidemment, même si celle-ci y joue un grand rôle. Osons plutôt l’analogie suivante : l’islam est à ces violences, à cette culture de cité, à son imprégnation dans leurs populations ce que le capital selon Marx était au « lumpen ».
Et au-delà, dans l’ensemble de la société française, les polémiques liées à l’islam, les indignations des belles-âmes, les attentats de déséquilibrés et les revendications politiques islamiques ne cessent de surgir, à un rythme infernal. On ressent bien une sorte d’intensification, de changement de degré, voire de nature des revendications islamiques. Les récentes marches contre l’islamophobie au cri de « Allahu akbar », par exemple, sont bien loin de ce qu’on a pu connaitre auparavant. Nous sommes à des années lumières de la « Marche des Beurs » de 1983, qui ne réclamaient alors que leur intégration comme français - nous étions alors juste avant la grande manipulation de SOS Racisme, le grand père de l’islamo-gauchisme d’aujourd’hui. Nos élites se sont engagées dans cette pente, jusqu’à la débarouler complètement depuis quelques temps. On assiste en effet à un changement de plus en plus net du discours de nos belles âmes, de moins en moins « Charlie », de plus en plus « Charlot ».
On ne pourra pas comprendre ce phénomène sans entrer dans la compréhension fine du mécanisme de ré-islamisation et de sur-islamisation qui est l’œuvre depuis une vingtaine d’années en France. Il est évidemment lié aux bascules démographiques, celles de la natalité (désormais près de 20% de naissances à prénom « arabo-musulman », selon Jérôme Fourquet[1]) et celle d’une immigration que l’Etat a renoncé à maîtriser. Mais plus encore, elles sont liées aux logiques propres à l’islam, en particulier à ses obligations communautaires, qui font émerger un « être collectif musulman » - comme on peut d’ailleurs en constater l’existence dans les pays musulmans.
On connait bien peu ces obligations communautaires et leur emprise sur les musulmans. On n’apprend de l’islam en effet aux Français que ses apparences, ses « cinq piliers » de la pratique individuelle par exemple, qui pourraient l’apparenter, à tort, à ce que nous désignons en Occident comme « une religion », sur le modèle du christianisme. La charia est pourtant des plus explicites quant à la réalité de ces obligations communautaires : c’est écrit noir sur blanc dans ses manuels.
« Une loi communautaire obligatoire (fard al kifaya) est ce que le Législateur [Allah] exige de la communauté, et non de chacun d’entre ses membres, de sorte que si l’un d’eux lui obéit, l’obligation s’en trouve remplie et que le péché et sa punition en sont levés pour le reste de la communauté, tandis que si personne ne la remplit, tous se retrouvent alors coupables du péché grave de négligence de l’obligation. (…) Si la loi est obéie, tous sont absous du péché, et si elle n’est pas obéie, tous sont coupables d’un grave péché »[2]
Que trouve-t-on parmi ces obligations communautaires ? Par exemple apprendre le Coran et les hadiths par cœur[3], enterrer les morts selon le rite funéraire islamique[4], faire collectivement et publiquement les cinq prières quotidiennes pour les hommes de la communauté[5] (la prière du vendredi étant quant à elle une obligation personnelle pour tous les croyants en âge). Mais on trouve aussi des commandements de morale publique et de politique : ordonner le convenable et interdire le blâmable[6], selon les définitions qu’en donne la charia, et ce jusqu’à l’usage de la force ; se doter de chefs et juges musulmans, pour vivre selon la justice musulmane[7] ; avoir un calife[8] ; mener le jihad, c’est-à-dire, textuellement, selon le manuel de référence, « la guerre contre les non-musulmans, dont l’étymologie provient du mot mujahada signifiant la guerre pour établir la religion »[9]…
Ceci éclaire bien des comportements que l’on nous présente comme ceux de déséquilibrés, isolés et n’ayant rien à voir avec l’islam. Peut-être faut-il aussi y lire la réponse d’exaltés à une obligation communautaire qu’ils se désolent de voir délaissée. Ceci pour comprendre la force et la prégnance de ces obligations communautaires, à la fois sur ceux qui les mettent directement en œuvre, et aussi sur toute la communauté dans une forme de chantage collectif pour enjoindre à les respecter, pour faire en sorte de, et, a minima, pour ne pas s’y opposer.
Il s’agit bien entendu de règles formelles. Elles n’en gouvernent pas moins les musulmans depuis des siècles, procédant de la vision conquérante, du sens de l’histoire, de la foi messianique au cœur de l’islam, dont elles formulent le projet. Ne prétendons pas pour autant que tout musulman serait ainsi dirigé à distance par son code de loi, comme une marionnette, mais comprenons plutôt comment la constitution de communautés musulmanes de plus en plus nombreuses fait naturellement surgir en leur sein des chefs religieux, des savants, des musulmans plus pieux que les autres qui, du fait de l’islam lui-même, vont être amenés à prendre le dessus sur la communauté et à la transformer en un être collectif, parfois au corps défendant de certains de ses membres. Il se constitue ainsi des communautés en cercles concentriques selon leur niveau d’imprégnation religieuse : un noyau très religieux, qui peut être lié à un centre d’enseignement (une mosquée, par exemple), et des couches animées à partir de ce noyau, mues par leur propre religiosité, aiguillonnées par la coercition du groupe, alimentant cette coercition, et au-delà, gravitant plus ou moins autour, des musulmans en phase de rupture.
Car il existe bien entendu des musulmans qui refusent ces logiques coercitives, même si on veut les leur imposer au nom de leur bien et de leur salut, et au nom de ceux de la communauté toute entière. Il leur est cependant très difficile d’échapper à la logique du groupe, à la logique surtout de leur propre religion qui manipule des ressorts touchant au plus profond des psychologies humaines : esprit de corps, victimisation (islamophobie), incertitude quant à son sort dans l’au-delà, peur de l’enfer, mais aussi exaltation, confort intellectuel d’une vision binaire du monde et d’une vie à sa « juste » place, fierté d’appartenir à la « meilleure des communautés qu’on ait fait surgir parmi les hommes »[10], et de travailler dans le sens de l’histoire. Les quelques musulmans libéraux, défenseurs par exemple d’un « islam des Lumières » qu’on opposerait alors à l’islam des pays musulmans (qui comptent, rappelons le, pour 97% environ de la population musulmane mondiale), sont ainsi bien souvent rattrapés par la patrouille, lorsqu’ils ne sont pas eux-mêmes encore travaillés plus ou moins par ces mêmes ressorts psychologiques.
A cela s’ajoutent les influences très importantes des courants réformistes salafistes de l’islam, principalement les Frères Musulmans, qui visent à relancer le projet d’islamisation mondiale auquel le développement de l’Occident et son impérialisme avaient donné un terrible coup d’arrêt depuis plus de deux siècles, et qui a fait entrer l’islam mondial dans une profonde crise existentielle[11]. On en a bien peu conscience en Occident, du fait que celui-ci constitue sans doute la ligne de front principale dans le projet d’islamisation, ce qui y anime les religieux d’une ferveur toute particulière : ils y retrouvent le « vrai » sens islamique de l’histoire, que cette crise a bien souvent fait perdre aux musulmans dans leurs pays. Les Frères Musulmans sont à l’avant-garde de ce nouveau combat[12], et, avec l’aide des pays musulmans[13], ils manœuvrent les logiques collectives de l’islam et participent de l’entrée de la France dans une nouvelle phase de son islamisation, selon leurs plans : après avoir islamisé la jeunesse et ré-islamisé les communautés, il s’agit désormais de porter des revendications de plus en plus ouvertement politiques, appuyées par un nouveau terrorisme intellectuel, judiciaire et médiatique, exploitant les aberrations idéologiques du système français et occidental[14], ainsi que le montre l’effarante séquence d’événements depuis les vagues d’attentats jihadistes qui ont frappé la France.
Voilà où en est la France aujourd’hui.
[1] Jérôme Fourquet, L’archipel français, Seuil, 2019
[2] Ahmad ibn Naqib al-Misri, Reliance of the Traveller, a classic manual of Islamic Sacred Law [« L’assise du voyageur, un manuel classique de la Loi Sacrée Islamique »], 1994, réédition Amana Publications 2017, Etats-Unis, p.33 (traduction Odon Lafontaine). Il s’agit d’un manuel de charia sunnite (école chaféite), un « grand classique » remontant au XIVe s., validé par les autorités musulmanes contemporaines (dont l’Université d’al Azhar, au Caire).
[3] Reliance of…, op. cit. p.13
[4] Reliance of…, op. cit. p.220
[5] Reliance of…, op. cit. p.170
[6] Reliance of…, op. cit. p.714
[7] Reliance of…, op. cit. p.624
[8] Reliance of…, op. cit. p.639 ; la justice musulmane est un concept central de l’islam, qui, lui-même ne se considère pas comme une religion au sens occidental, mais comme une justice (dîn), un jugement entre les justes et les injustes, les croyants et les mécréants, comme le manifestera de manière éclatante le « Jour du Jugement » (yawm al dîn), prolongement de ce concept clé et point focal du sens islamique de l’histoire
[9] Reliance of…, op. cit. pp.599-600. La lecture d’un manuel de charia ne laisse aucune ambigüité quant à la nature du jihad. Il s’agit bien de guerre contre les non-musulmans, et non « d’effort personnel sur soi-même », lequel est certes évoqué mais ramené à d’autres considérations, étrangères aux obligations communautaires.
[10] Selon le verset S3,110
[11] Cf. Michel Viot et Odon Lafontaine, La Laïcité, mère porteuse de l’islam, préf. Rémi Brague, Ed. Les Unpertinents, 2017
[12] Cf. Alexandre Del Valle et Emmanuel Radavi, Le Projet, la stratégie de conquête et d’infiltration des Frères Musulmans en France et dans le monde, L’Artilleur 2020
[13] Les 57 pays musulmans du monde, réunis au sein de l’Organisation de la Coopération Islamique ont élaboré et mettent en œuvre collectivement depuis 2002 une « Stratégie pour l'action islamique culturelle en dehors du monde islamique », qui est en fait un plan d’action pour prévenir les diasporas musulmanes de la « contamination » occidentale et mettre en œuvre une politique de ré-islamisation, à commencer par la jeunesse, et politique d’entrisme dans les structures des pays d’accueil.
Lire en particulier Jean-Frédéric Poisson, L'Islam à la conquête de l'Occident : la stratégie dévoilée, Éditions du Rocher, 2018
[14] Citons Youssef al-Qaradâwî, éminent théologien des Frères Musulmans, président de l'Union internationale des savants musulmans, membre du Conseil Européen pour la Fatwa et la Recherche (fondation de l’Union des Organisations Islamiques en Europe, UOIE, à laquelle est affiliée l’UOIF française) : « Avec vos lois démocratiques, nous vous coloniserons, avec nos lois coraniques nous vous dominerons »
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