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Accueil du site > Actualités > Citoyenneté > La corde de Saddam Hussein

La corde de Saddam Hussein

« La passion criminelle n’est pas plus arrêtée par la peur de la mort que d’autres passions. (…) Partout, dans le monde, et sans aucune exception, où triomphent la dictature et le mépris des droits de l’Homme, partout vous y trouverez inscrite, en caractères sanglants, la peine de mort. (…) La vraie signification politique de la peine de mort, c’est bien qu’elle procède de l’idée que l’État a le droit de disposer du citoyen jusqu’à lui retirer la vie. C’est par là que la peine de mort s’inscrit dans les systèmes totalitaires. » (Robert Badinter, le 17 septembre 1981 au Palais-Bourbon, à Paris).



L’ancien dictateur irakien Saddam Hussein a été exécuté il y a dix ans, le 30 décembre 2006, à l’âge de 69 ans.

Devant un tribunal d’exception, le premier (et seul) procès de Saddam Hussein a commencé le 19 octobre 2005 pour le massacre de 143 chiites à Doujaïl en 1982 à la suite de l’attentat manqué contre Saddam Hussein du 8 juillet 1982 (Jacques Vergès et Roland Dumas lui proposèrent de le défendre).

Saddam Hussein refusa de reconnaître l’autorité du tribunal et refusa de reconnaître la Constitution ratifiée par référendum le 15 octobre 2005, se prétendant encore Président de l’Irak. Il n’y a pas eu de défense véritablement réelle et le procès a connu de nombreuses irrégularités. Le 19 juin 2006, le procureur général a requis la peine de mort. Le 5 novembre 2006, le tribunal a condamné Saddam Hussein à la peine de mort par pendaison pour crime contre l’humanité. Le 26 décembre 2006, la cour d’appel a confirmé la sentence.

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L’exécution a eu lieu très vite après la confirmation de la condamnation. Pourtant, il devait y avoir d’autres procès qui le concernaient également. Le 30 décembre 2006, tôt le matin, au nord de Bagdad, ce furent des Irakiens chiites qui exécutèrent Saddam Hussein. Une vidéo (qui avait été illégalement tournée) a fait le tour du monde.


Un dictateur incontestable

Après d’autres opérations militaires, Saddam Hussein a participé activement au coup d’État baasiste du 17 juillet 1968 qui donna le pouvoir à Ahmad Hassan Al-Bakr, ancien Premier Ministre du 8 février 1963 au 18 novembre 1963, devenu Président de la République du 17 juillet 1868 au 16 juillet 1979 tout en cumulant les fonctions de Premier Ministre. Le 30 juillet 1968, Saddam Hussein prit la tête des services de sécurité, puis fut nommé Vice-Président de la République à partir de 1971 et s’imposa tellement dans le gouvernement qu’il a contraint Ahmad Hassan Al-Bakr à donner sa démission le 16 juillet 1979. Dès le milieu des années 1970, Saddam Hussein était incontournable pour toutes les affaires importantes du pays.

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À 42 ans, Saddam Hussein a atteint le pouvoir suprême en Irak, Président de la République et Président du Conseil de commandement révolutionnaire du 16 juillet 1979 au 9 avril 2003 et Premier Ministre du 16 juillet 1979 au 23 mars 1991 et du 29 mai 1994 au 9 avril 2003.

Pour renforcer son autorité, juste après sa prise de pouvoir, il a rassemblé des milliers de responsables du parti Baas au cours d’une assemblée qu’il a présidée en fumant le cigare et a accusé de haute trahison 22 des cadres présents, qui furent arrêtés en pleine assemblée et exécuté immédiatement à l’extérieur.

Durant le quart de siècle de dictature, il a massacré des chiites, des Kurdes, fait la guerre contre l’Iran et annexé le Koweït (précipitant une intervention militaire internationale en 1991).

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Après les attentats du 11 septembre 2001, à tort notamment pour la France, les troupes américaines et britanniques (entre autres) ont attaqué l’Irak le 20 mars 2003 et ont conquis Bagdad le 9 avril 2003. Comme d’autres responsables du parti Baas, Saddam Hussein se réfugia dans la clandestinité, se cachant dans un abri sous terre pendant huit mois. Barbu, fatigué, en possession de 750 000 dollars et de deux kalachnikovs, il fut découvert et arrêté à Tikrit le 14 décembre 2003.


Peine de mort et exécution

Au cours de ce procès, trois autres personnes furent condamnées à mort : Taha Yassine Ramadan, chef de l’armée de 1974 à 1991, Vice-Président de la République de mars 1991 à avril 2003, Barzan Al-Tikriti, chef des renseignements et ancien ambassadeur, et Awad Hamed Anadar, président du tribunal révolutionnaire de Doujaïl, furent exécutés le 20 mars 2007 pour le premier, et le 15 janvier 2007 pour les deux autres.

Ce procès fut une véritable mascarade puisque les droits élémentaires de la défense n’ont pas été accordés (des témoins de la défense ont même été mis en prison pour faux témoignage). Certaines organisations de défense des droits de l’Homme ont protesté contre ce procès. Un procès qui était un peu plus rigoureux que celui des époux Ceausescu le 25 décembre 1989 et aussi (évidemment) que le lynchage de Mouammar Kadhafi le 20 octobre 2011 mais qui aurait dû être plus régulier, notamment en mémoire des victimes de Saddam Hussein (son exécution a empêché de le juger sur d’autres crimes contre l’humanité).

Indépendamment de cela, même si le procès s’était déroulé dans les normes admissibles, la condamnation à mort de Saddam Hussein poserait encore aujourd’hui un problème réel. On aurait pu le dire aussi pour la condamnation et l’exécution d’Ali le Chimique (exécuté le 25 janvier 2010). On aurait pu également l’imaginer pour un procès contre Adolf Hitler ou le penser pour celui, réel, contre Pierre Laval (exécuté le 15 octobre 1945).

Ministre de la Justice lors du procès de Pierre Laval, Pierre-Henri Teitgen (MRP) a reconnu que le procès comportait de graves irrégularités : « L’affaire Laval a été abominable, abominable en ce sens que l’instruction a été bâclée au vrai sens du mot. Le procès a été mal conduit. Il n’a pas disposé des garanties nécessaires : je suis le premier à le reconnaître. Mais cela ne veut pas dire que Laval était un innocent. ».

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Personne ne s’apitoiera sur le destin de Saddam Hussein car il fait partie de ceux qui ont couvert la terre du sang de ses victimes. Il reste que justement, parce qu’il a été cruel, l’idée que je me fais des droits de l’Homme et de la démocratie impose que les ennemis de ces assassins n’utilisent pas les mêmes méthodes pour assurer la justice. On ne compense jamais une barbarie par une autre barbarie. C’est même le contraire : en usant de procédé barbare, on conforte la barbarie qu’on avait eu la prétention de condamner.

Certes, on pouvait imaginer que la mort de Saddam Hussein avait un objectif politique dans un pays en pleine confusion et en guerre civile. Dix ans plus tard, l’Irak a oublié Saddam Hussein mais sa situation reste encore très confuse politiquement et militairement. Une grande partie de son territoire a été occupée par Daech. Depuis le 17 octobre 2016, des troupes de la coalition internationale tentent de reprendre le contrôle de la (grande) ville de Mossoul. Cette reprise va sans doute être un massacre comme à Alep.

Dans ce désastre sanglant qu’a été la guerre en Irak, les États-Unis, qui auraient pu modifier le cours des événements concernant le sort de Saddam Hussein, n’ont pas forcément gagné la guerre de civilisation qu’ils ont cru mener au Moyen-Orient. La barbarie a cette méchante caractéristique de pouvoir s’étendre rapidement…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (30 décembre 2016)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Saddam Hussein.
L’exécution de Saddam Hussein (30 décembre 2006).
Mary Jane Veloso.
Quatorze exécutions pour le 29 juillet 2016 ?
Un nouveau sursis pour Serge Atlaoui (13 juillet 2016).
La Turquie d’Erdogan.
Encore un espoir ?
Pierre Bas, le député de l’abolition de la peine de mort.
François Mitterrand, pas si abolitionniste que sa réputation…
Compte à rebours ?
L'insoutenable légèreté de son avenir.
Les droits de l'Homme.
Vers un moratoire en Indonésie ?
Le pape résolument contre la peine de mort.
Les valeurs de la République.
Le rejet du dernier recours de Serge Atlaoui.
Serge Atlaoui échappe de peu à l'exécution.
Encore la peine de mort.
Chaque vie humaine compte.
Rapport d’Amnesty International "Condamnation à mort et exécutions en 2014" (à télécharger).
Il n’y a pas d’effet dissuasif de la peine de mort (rapport à télécharger).
Peshawar, rajouter de l’horreur à l’horreur.
Hommage à George Stinney.
Pourquoi parler des Maldives ?
Maldives : la peine de mort pour les enfants de 7 ans.
Pour ou contre la peine de mort ?
La peine de mort selon François Mitterrand.
La peine de mort selon Barack Obama.
La peine de mort selon Kim III.
La peine de mort selon Ali le Chimique.
Troy Davis.
Les 1234 exécutés aux États-Unis entre 1976 et 2010.
Flou blues.
Pas seulement otage.
Pas seulement joggeuse.
Nouveau monde.
Le 11 septembre 2001.
Chaos vs complot.

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17 réactions à cet article    


  • Sergio Sergio57 30 décembre 2016 13:24

    Et oui,


    • Les lendemains de révolution
    • Les lendemains de guerres civiles
    • Les lendemains quand a été laché Kadhafi par Sarkosy
    • Les lendemains quand a été laché Sarkosy par lui même
    • Les lendemains quand sera laché Bachar El Assad par les russes
    • Les lendemains quand sera laché Serge Atlaoui par les médias qui trouvent que cela traîne depuis trop en longtemps et que vivement que ça cesse
    • Les lendemains de ceux qui disent « Celui qui a dit la vérité, il doit être exécuté », bonjour Sylvain
    • Les lendemains de ceux qui ont jeté la première pierre car ils étaient innocents
    • Les lendemains des exécutés pour des idées 
    • A quand les lendemains qui chantent ?

    • Kostic 30 décembre 2016 16:48

      C’est quand même effarant de lire qu’il suffirait d’interdire la peine de mort pour qu’un système politique cesse d’être totalitaire !
      Si ce n’est l’argument des partisans de ce système qu’ils utilisent pour cautionner leurs propres (lire ’’sales’’ !) pratiques ...
      Décidément la propagande bouillie-de-chat a encore de beaux jours devant elle ! 
      C’est aujourd’hui le positionnement politique des démocrates d’opérette, leur prêt-à-penser hypocrite suintant la haine qu’ils ont de ceux qui ne se conforment pas à leur totalitarisme rampant, lequel se matérialise dans leurs lois liberticides destinées à ’’exécuter’’ civilement leurs opposants par l’entremise d’une magistrature aux ordres.
      L’expression fielleuse de Sylvain Rakotoarison en étant une bonne illustration, toute honte bue ... 


      • Sergio Sergio57 30 décembre 2016 18:00

        Je trouve que la nature des ’post’ est dramatique, au niveau du ton et du contenu, c’est même insultant, cela va trop loin


        • Olivier Perriet Olivier Perriet 30 décembre 2016 18:52

          @Sergio57

          je pige pas trop non plus ;

          mais il faut dire que nos tiers mondistes mondains (futurs cocus) fondent en ce moment pour Bachar et Vladimir. Ce rappel historique pas assez hystérique leur semble donc un peu fade et décalé.


        • baldis30 30 décembre 2016 18:04

           L’arrestation et la mort de Saddam Hussein ne sont que des étapes d’un parcours de violence initié par les Bush et consorts pétroliers. Rien de constructif dans ce parcours....

          Personne ne doute que Saddam ne fut un dictateur ... Mais ce que cela a déclenché n’était pas prévu puisque la famille Bush devait emmener la démocratie en Irak ...


          • kitty-cat kitty-cat 30 décembre 2016 18:22

            @ l’auteur. Je vous plains, vous êtes complètement niez, ridicule et inculte. En plus, vous osez à écrire les articles. A chaque fois, vous êtes à la ramasse, mais vous persistez. Séreux, la question que je me pose, êtes-vous maso ? 

            Vous connaissez l’histoire de l’assassinat de Saddam Hussein ? 
            voici, cultivez-vous un peu, cela ne serait pas en trop dans tous les cas !


            • Laulau Laulau 30 décembre 2016 18:22

              L’exécution de Saddam Hussein n’est qu’un détail (pas pour lui, bien sûr). Ce qui est important de souligner, c’est que l’intervention des USA, sous un prétexte complètement fallacieux, a provoqué bien plus de dégâts (et ça n’est pas fini) que n’en a entrainé la dictature de Saddam.
              Mais, j’y pense, la peine de mort est appliquée aux USA, pourquoi ne pas juger G.W. Bush ? Pour la morts de centaines de milliers de gens, je propose une exécution à la lime à ongle.


              • non667 30 décembre 2016 19:13

                à l’heure des preuves génétiques l’argument de l’erreur judiciaire contre la peine de mort ne tiens
                plus
                par contre a contrario l’argument que la peine de mort empêche la récidive tiens toujours et n’est pas prêt de tomber  !

                à propos de dictateurs qui tuent des civils  ? motus sur ceux qui ont ordonné le bombardement de Dresde ... hirishima , nagazaki ...... ??????????????? 



                  • julius 1ER 31 décembre 2016 09:47

                    Pour renforcer son autorité, juste après sa prise de pouvoir, il a rassemblé des milliers de responsables du parti Baas au cours d’une assemblée qu’il a présidée en fumant le cigare et a accusé de haute trahison 22 des cadres présents, qui furent arrêtés en pleine assemblée et exécuté immédiatement à l’extérieur


                    @l’auteur, 
                    c’est presque un dénominateur commun à tous les vrais dictateurs ... faire table rase de toute opposition ou rivalité en premier à l’intérieur même de son parti !!
                    quand à la peine de mort les propos de Badinter sont toujours à méditer tellement ils sont pertinents !!!

                    • François Vesin François Vesin 31 décembre 2016 11:48

                      « Personne ne s’apitoiera sur le destin de Saddam Hussein car il fait partie de ceux qui ont couvert la terre du sang de ses victimes. »


                      Les pitoyables G.W.Bush, J. Major, N. Sarkozy, A. Merkel, B. Obama, D. Cameron, F. Hollande et la clique de leurs conseillers dont le Président du Conseil Constitutionnel de la France Laurent Fabius seront-ils froidement exécutés prochainement, ou peut-on compter sur des procès équitables ?
                       

                      • howahkan 31 décembre 2016 11:52

                        Cet auteur que je ne lis plus n’a jamais eu un seul article de refusé en modération depuis que j’observe ce qui s’y passe , alors que il fait une unanimité proche de 100 % contre lui ....de plus entre mise en modération et publication c’est du quasi instantané..

                        cela dit en ce moment il y a par exemple en modération un article sur l’éloge de la circoncision par un auteur de revendiquant gay...que je n’ai pas lu..un article en Italien , il y a aussi Hitler s’est il réincarné en chien etc...

                        A ce stade je serais carrément pour tout passer....même le pire...c’est comme quand on débouche les chiottes...

                        la pseudo liberté de parole après tout c’est çà, droit de tout dire, même si c’est faux, même si c’est des mensonges volontaires, même si ça fait du mal, même si c’est dément etc

                        c’est justement cette tolérance à la bêtise absolu qui est un des éléments parmi d’autres du désastre humain....chaque parole en vaut une autre....mais où est le vrai, la vérité alors ?

                        on s’en fou.... smiley


                        • BOBW BOBW 31 décembre 2016 12:44

                          @howahkan C’est bien plus sérieux et important d’ignorer et d’oublier totalement ce qui est déchet (comme une crotte de chien sur le trottoir) smiley ,que de lui donner une certaine audience en lui opposant un refus !!...
                           


                        • howahkan 31 décembre 2016 14:13

                          @BOBW

                          salut..juste pour préciser je n’ai jamais voté d’article négativement,

                           smiley


                        • Eric F Eric F 1er janvier 2017 12:06

                          La politique internationale peut difficilement conduire au meilleur, elle doit du moins s’efforcer de préserver le moins pire.
                          En 2001, le régime de Saddam Hussein faisait l’objet de sanctions internationales et était sous contrôle (par exemple la région kurde semi autonome était interdite de survol par l’aviation du régime). Le pays et la proche région était dans une situation de relative stabilité, après les guerres encore récentes Iran/Irak et première guerre du Golfe, il n’y avait pas de menace imminente de conflit ni emprise terroriste significative dans la région.
                          En résumé, Saddam Hussein, affaibli et sous contrôle était alors un facteur de stabilité et garant du pluralisme dans son pays -fut-ce sous une botte de fer-. La seconde guerre du golfe a donc été une faute (GW Bush l’a reconnu dans ses mémoires).
                          Les leçons n’ont pas été tirées, la même faute a été commise quelques années plus tard contre Khadafi, et a manqué de peu de l’être contre Assad.


                          • zygzornifle zygzornifle 1er janvier 2017 14:36

                            Haaa l’Europe-USA ont de quoi être fier de l’avoir remplacé par tous ces terroristes fanatiques et l’histoire ne fait que commencer .......


                            • Eric F Eric F 1er janvier 2017 16:08

                              @zygzornifle
                              il faut dire que l’autocrate irakien n’était pas non plus en odeur de sainteté chez ses proches voisins, ceux qui bombardent aujourd’hui le Yemen, financent les mouvements salafistes dans le monde et des rebelles takfiristes.

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