La perversion de la liberté de penser
En direct de ma Segpa

Un cas d'école.
« Z » est un garçon qui brille par sa tolérance, son ouverture d'esprit et ses opinions tranchées. Il véhicule des idées sorties de l'obscurantisme le plus abject, fort de la certitude de détenir une vérité indiscutable puisqu'envoyée directement par Dieu. « Z » est également capable de provocations odieuses, c'est le privilège de cet âge particulièrement bête qu'on nomme l'adolescence. Il est toujours prudent de faire la part entre le Diable et Satan !
Z » lors de rencontres avec des intervenants a toujours défendu des positions radicales. Il se pose comme le défenseur d'un extrémisme qui n'est pas sans me rappeler quelques postures intégristes qui fleurissent ici ou là. Il se trouve toujours à rebours des valeurs de notre république bien qu'il réclame sans cesse son droit inaliénable à la liberté de penser. Nous serions donc pris au piège de ce petit monstre !
Z » soutient sa liberté de refuser les prises de sang, de ne pas passer un contrôle médical pour trouver un travail. Il est libre de faire ce qu'il veut de son corps, liberté qu'il s'empressera de réfuter quand d'autres souhaitent s'aimer à leur manière. C'est d'ailleurs son mode de fonctionnement, toutes ses pensées passent par le prisme exclusif de son importante personne.
Z » dans un débat occupe toute la place. Il coupe, parle plus fort, interrompt camarade, intervenant ou professeur. Il commence chaque intervention par « Moi je ... » ou une formule analogue. Il n'écoute pas la réponse, se retourne, discute avec son voisin avant que de resurgir subitement dans la conversation par un propos totalement décalé.
Z » a toujours raison. C'est la règle incontournable que nous ne parvenons pas à comprendre. Il est vrai que nous sommes si stupides … Son opinion a valeur d'universalité. C'est une loi d'airain, un précepte gravé dans le marbre. Patrons, professeurs, médecins, juges ou policiers sont tous des mauvais, des êtres qui sortent de la seule pensée qui s'impose à tous, la sienne !
« Z » trouvera du travail quand il voudra à moins qu'il ne s'inscrive dans un lycée professionnel en dépit d'un dossier famélique. Il échappera au chômage, gagnera sa vie largement, emmerde la police et n'aura jamais affaire à la justice. Point n'est besoin de parler convenablement à tous ces représentants des pouvoirs ni même de les respecter. Il ne s'embarrasse pas de grimaces et de faux semblants.
Z » n'a nul besoin de justifier ses absences ou ses retards. Il vient quand il veut, il n'a de compte à rendre à personne. Ses parents le soutiennent (c'est du moins ce qu'il prétend). Il est libre et personne n'a à décider pour lui. Il ne supporte pas les contraintes et gare à celui qui lui fait une remarque, il sera taxé de xénophobie, de discrimination ou affublé d'un nom d'oiseau.
Z » est le plus tolérant des garçons. Pourtant, les homosexuels ne méritent que la mort. Sur ce point, il n'y a aucune nuance envisageable. Si la destinée venait à lui donner un fils PD, il lui fracasserait la tête contre un mur. Je vous assure qu'il est parfaitement sérieux quand il tient ce propos. Je lui rappelle alors que l'homophobie est un délit, le meurtre un crime, il répond que nul ne peut venir dans sa tête pour penser autre chose !
Z » aime les méthodes musclés. Il trouve parfaitement légitime qu'un père frappe ou tue son enfant. Cependant, il ne supporte absolument pas d'être touché par ces adultes qui se permettent de vouloir lui imposer des règles de vie commune. Malheur à celui qui lui pose, ne serait-ce qu'un main bienveillante sur l'épaule pour qu'il se calme. C'est une déclaration de guerre !
Z » méprise les femmes. De cela, il n'y a pas à discuter. Elles méritent de gagner moins, elles ne devraient pas travailler ni se montrer en public. Elles n'ont pas à décider de leurs amours ni de leurs désirs. Ce sont des bêtes au service de ses désirs. C'est du moins ce qu'il laisse entendre. Sa vérité est sans doute tout autre. Mais, de sa misère affective, il n'y a rien à dire …
Z » fut pour moi un cauchemar journalier. Je suis payé pour supporter de tels personnages et je n'ai pas à m'en plaindre. Il fut surtout une plaie pour ses collègues de classe (je ne peux user du vocable camarade qui lui va si mal). Il a tenu la première place, rendu les cours difficiles, imposé ses caprices et ses délires. Il fut un perturbateur quotidien sans jamais commettre l'irréparable. Je n'aurai aucun regret à son départ ni même l'envie de le revoir. J'ai moi aussi le droit de penser beaucoup de mal de ce garçon !
Librement sien.
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