Le Don Quichotte moderne
Le lien social ou le chaos.
Jean-François Chalot croit sans doute au père Noël. Dans une époque résolument moderne, totalement vendue au libéralisme et aux doctrines religieuses, il croit encore au pouvoir de la laïcité, du lien social et du bénévolat. Il croit et se débat sans trêve ni repos afin de faire valoir des droits pour les plus faibles, les démunis, les laissés-pour-compte. En ce sens, son combat, pour désespéré qu’il soit, en est magnifique et exemplaire. Il est heureux que quelques hommes ne désarment pas devant l'inéluctable et l'irréversible ; des hommes qui croient encore qu’il est possible d’inverser le cours des choses, des hommes qui pensent qu’un autre monde est possible, plus humain, plus solidaire, plus vivable. Jean-François est de cette noble et glorieuse minorité agissante.
Et le bougre écrit, se bat, pourfend, ce qui lui vaut des inimitiés, des insultes, des attaques, du mépris émanant des gens importants, des rois du pragmatisme, des chantres de l’économie et des indicateurs conjoncturels. Quand ceux-là parlent chiffres, lui évoque l’individu, sa réalité, ses souffrances. Autant de données que les gens sérieux ne peuvent mettre en équations, planifier et passer à la moulinette des dividendes.
Jean-François passe alors pour un utopiste, le dernier des Mohicans, un dinosaure de la lutte sociale. Il est vilipendé, injurié, montré du doigt. Il est moqué par le petit monde des valets et des vassaux d’un libéralisme inhumain et impitoyable. Il est traîné dans la boue sur les réseaux sociaux où il défend une posture éthique, une société humaine.
Il ne baisse pas la garde. Il écrit au quotidien, il défend ses idées : une éthique sociale dans un monde qui ignore tout de cet étrange concept. Il multiplie les erreurs, se fourvoie sans cesse dans les impasses et les illusions qui, jadis, ont construit les utopies et les grands mouvement sociaux. Il croit au pouvoir du bénévolat quand des brigands vivent du simple commerce de l’argent dans ce qu’on nomme la Bourse. Il espère ouvrir les yeux des victimes, des forçats du quotidien alors que ceux-là sont manipulés, trompés, malmenés par des médias au service d’un libéralisme sans âme ni morale.
Il défend l’accès aux soins, la justice sociale, l’équité et le respect dans la dignité et la considération. Il trouve face à lui des institutions sourdes aux détresses, aveugles aux malheurs, des élus qui ne sont comptables que des voix à venir sans autre considération que la projection des sondages et des notes de conjoncture. Il est le défenseur des causes perdues dans un univers où le pauvre, le démuni, l’autre, le faible, le délaissé sont des pions à abattre.
Jean-François croise le fer ; il espère que son prêche dans le désert sera un jour entendu. Il trouve parfois des compagnons d’armes, des doux rêveurs, des inconscients qui pensent que nous ne pouvons continuer ainsi, que nous détruisons à la fois la planète et le lien social. Perché sur mon âne, je le suis à distance, je l’admire et je lui donne parfois la main.
Puis, de guerre lasse, je le laisse affronter des forteresses imprenables, je l'abandonne dans son combat du pot de terre contre le pot de fer. C’est lui qui prend les coups quand je préfère jouer avec les mots, fabriquer de la fiction pour que mes frères, les humains, accèdent à un peu plus de lucidité. L’urgence de l’heure, la déliquescence de notre société, la déchéance collective me poussent à venir le rejoindre car bientôt, il sera trop tard. Jean-François est l’une de ces dernières consciences qui se dressent et portent haut et fort une parole de vérité. Son plaidoyer pour les associations est plus qu’un cri du cœur ; c’est sans doute une ultime bouteille à la mer pour sauver ce qu'il est encore possible de sauver.
Nous ne pouvons rester passifs devant ce naufrage collectif. Jean-François Chalot, avec d’autres, nous montre la voie.
Admirativement sien.
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