Le Gadgetogramme
Proposition N° 73 « Des citoyens ayant recueilli un million de signatures pourront demander au Parlement l’examen d’une proposition de loi ».
Lorsque j’ai lu la proposition N° 73 du programme de Madame Royal, je me suis pris à rêver :
« Des citoyens ayant recueilli un million de signatures pourront demander au Parlement l’examen d’une proposition de loi ».
Ca avait l’odeur du référendum d’initiative populaire, le goût du renouveau démocratique, la couleur de la participation citoyenne.
Avide, je relisais alors cette proposition et je m’étouffais. Il ne s’agissait que d’un simple examen d’une proposition de loi, donc soumise à l’approbation du Parlement.
Cette N° 73 s’avérait être tout simplement une pure escroquerie intellectuelle, un gadget.
Finalement, si un million de citoyens se mobilisait, la présidente, dans sa grande bienveillance, octroierait le droit insensé à l’assemblée plénipotentiaire d’examiner l’opportunité de se pencher sur ce texte...
Une pétition d’un million de personnes aurait ainsi quasiment le même pouvoir constitutionnel qu’un e-mail envoyé à son député ou à un journaliste...
Les citoyens français ne demandent pas l’aumône démocratique.
Entendons-nous bien, un véritable référendum d’initiative populaire serait une quasi-révolution en france. Le risque de populisme et de lois démagogiques serait patent.
Qui de sa loi pour une prison à vie des multirécidivistes au prochain fait divers, à l’indépendance de la Corse à la prochaine nuit bleue, au fichage ADN intégral, ou au contrôle des frontières au premier Johnny qui s’enfuiscale !
Peut-être suis-je pessimiste, mais je crains qu’une telle possibilité n’offre pour l’opposition ou les extrêmes des moyens d’entraver le travail gouvernemental et de plonger la république dans une polémique permanente. Et reconnaissons que la politique a besoin de temps, et qu’il faut laisser à ceux ou à celles que nous avons élus le bénéfice du doute et de la durée.
Soulignons aussi que la défunte constitution européenne proposait un référendum d’initiative populaire, mais les modalités et le champ d’application étaient inexistants, interdisant d’en évaluer réellement la portée.
Pourtant, il semble qu’au moins un pays voisin expérimente une solution intéressante, c’est l’Italie, avec son « référendum abrogatif ». En résumé, un référendum peut être demandé par 500 000 citoyens pour abroger une loi existante, mais pas pour en proposer de nouvelles.
Cette idée pourrait vraiment nous être utile.
Combien de fois a-t-on vu en France une épreuve de force dans la rue entre le gouvernement et les Français ? Ces crises qui paralysent le pays pendant des semaines, et qui finalement, quelle qu’en soit l’issue, frustrent les deux camps, pourraient être évitées par cette sortie de secours. Au lieu de se dérouler dans la rue, le dialogue social reviendrait dans les urnes.
Aujourd’hui, comme l’indiquait déjà Franck Vautier dans un précédent article sur AgoraVox, la position des partis politiques est variable. Le PS et L’UMP ont dorénavant enterré cette idée et l’UDF l’indique pleinement dans son projet de VIe république.
En cette période de bienveillante démagogie politique, la fenêtre est encore ouverte pour que nous fassions pression pour obtenir cette modernisation nécessaire de la vie démocratique.
http://www.senat.fr/lc/lc110/lc110_mono.html#toc0
http://www.rajf.org/article.php3?id_article=64
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