Le mandat impératif
Le mandat impératif est explicitement interdit dans la Constitution. Pour être plus précis, il y est déclaré comme nul. On peut se demander pourquoi.
Car en fait il y a beaucoup de monde qui trouve que le mandat impératif serait un moyen efficace pour garantir que les politiciens tiennent leurs promesses. L'idée serait que chaque candidat digne de ce nom rédige son programme, et contracte littéralement avec les électeurs, au sujet de la bonne réalisation de ce qui était prévu.
Alors évidemment cela n'a pas grand sens de contracter avec un électorat, d'autant plus que le vote est anonyme. Or pour contracter il faut que les parties soient bien identifiées...
Donc en fait le mandat impératif ne pourrait être effectif que s'il avait la force de la loi. Bref, si tous les candidats étaient à la même enseigne, une loi, éventuellement constitutionnelle, obligerait les élus à tenir certaines promesses de campagne, sous peine révocation par exemple.
Le problème, c'est comment peut-on juger qu'une promesse n'a pas été tenue ? Il faut une nouvelle chambre de contrôle, une nouvelle bureaucratie, et pour quel résultat au final ? Il faudrait d'ailleurs aussi un nouveau droit. Car s'il existe un code électoral, celui-ci s'applique pour décider de la validité d'une élection, pas pour évaluer la pratique du mandat qui en résulte.
Et puis, au niveau cybernétique, quel serait la signification du mandat impératif ? Tout simplement le gouvernement par les robots. Car un robot, une fois qu'il est programmé, vous êtes sur qu'il ne va pas dévier de la route qui lui a été tracée. Les progrès de l'intelligence artificielle font que cette éventualité est assez probable.
Alors, dirons-nous, on pourrait se baser sur une certaine éthique de l'informatique, pour faire en sorte qu'elle se contente d'assister les humains sans s'y substituer, hors des cas où c'est pertinent : pour les métiers dangereux, manipulation de produits chimiques notamment.
On remarque au passage que politicien est un métier dangereux, mais pas pour les même raisons. Je ne parle pas de la responsabilité des maires sur la sécurité des équipements collectifs par exemple, mais du fait que les candidats aux grosses élections sont assez exposés. D'ailleurs ce risque aggravant est parfois pris en compte dans les contrats d'assurance.
Donc comme ils sont exposés ils souhaitent que la presse ne disent pas trop de mal d'eux, qu'elle ne dévoile pas leur vie privée. Donc ils sont dans la main de ceux qui possèdent les médias, ils sont dans la main du capital.
Donc le robot serait vraiment une bonne alternative au politicien, puisqu'il n'a pas de vie privée à préserver, il est plus efficace, il tient ses promesses, on ne doit lui payer sa retraite, sa maladie, il est incorruptible s'il a été programmé pour ça, il ne dit pas de bêtise s'il a été programmé pour ça, etc.
Alors évidemment, certains vont plus loin et disent que dans ces conditions le mieux serait de vivre en démocratie, sans représentant, les citoyens votant directement les lois sans passer par aucune médiation, si ce n'est celle, comme d'habitude de la machine.
Le problème, c'est que la démocratie est impossible en France, car le peuple n'a pas les moyens de faire respecter ces choix. On l'a vu le 4 février 2008, lorsque le référendum du 29 mai 2005 n'a pas été respecté. Le problème de fond, ou plutôt de forme, étant que les citoyens ne sont pas armés, donc ils ne peuvent pas faire respecter grand chose de politique.
On le voit d'ailleurs dans les pays qui pratiquent le RIC (référendum d'initiative citoyenne), les citoyens ont un accès privilégié aux armes. En Suisse, puisque les citoyens peuvent être appelés à défendre le pays, et aux États-Unis d'Amérique dans les états fédérés, du fait d'un amendement de leur constitution.
Alors maintenant ce qui y rageant, c'est que les puissants font un usage assez étendu du mandat impératif, même en France : cela s'appelle la corruption. Cela prend la forme de renvois d’ascenseur. Il s'agit dirons-nous d'impératif moral : si quelqu'un nous aide à accéder au pouvoir, il est normal de lui rendre quelque service de temps en temps.
La corruption pourrait pourtant être minimisée en changeant la manière dont les gens votent. Mais force est de constater que Macron préfère une amplification de la corruption plutôt que sa diminution. Il a mandaté Jean-Louis Bourlanges pour changer les règles électorales concernant les législatives, et ce dernier n'a rien trouvé de mieux que d'ajouter des scrutins de liste, qui permettent aux partis de faire passer des apparatchiks toxiques derrière la vitrine de figures médiatiques toutes propres sur elles. Cela coûte moins cher aux médias car il n'y a qu'une personne à promouvoir,et les financiers sont en position de force face à ceux qui ne doivent leur élection qu'à leur parti, donc à la main qui les a financés.
Bref le mandat impératif me semble être une mauvaise idée, mais c'est un bon point de départ pour la réflexion citoyenne. Car si le mandat impératif serait une chose dangereuse pour le citoyen, on remarque cependant que les puissances financières en font un usage étendu pour accroître la pression sur les populations. Et ce, sans qu'il ne soit nécessaire que ce fût écrit dans la constitution.
Donc au contraire, l'article qui déclare nul le mandat impératif est plutôt de nature à protéger le citoyen des abus de pouvoir, car le politicien corrompu ne pourra pas lui exhiber le contrat qu'il a passé avec autrui pour justifier ses actions douteuses.
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