Le message de la peur
En RDCongo, les abonnés de téléphonie cellulaire doivent impérativement se faire identifier dans les trois mois qui suivent. Le gouvernement en a ainsi décidé pour parer aux rumeurs largement propagées par le canal des SMS et appels des portables.
Les abonnés des téléphonie cellulaire de la RDCongo sont aux abois. Un message SMS leur est adressé par leurs opérateurs de communication. Il s’agit de Vodacom, Celtel, CCT, Tigo et Standard. Ce message est : "L’identification de tous les abonnés est désormais obligatoire, par décision gouvernementale."
La décision gouvernementale en question est une initiative conjointe du ministère de l’Intérieur, de la Sécurité nationale et de la Décentralisation ainsi que du ministère des Postes et Télécommunications.
Les abonnés s’interrogent sur l’opportunité de cette mesure de nature policière, car la période choisie, après plus de dix ans d’idylle du portable anonyme, coïncide avec les évènement qui désorientent la population congolaise sur leur Etat sécuritaire et sur la défense de leur intégrité morale et physique en craignant surtout pour leur liberté d’expression et d’opinion.
Qui va gérer ces identifications ?
Personne de sensée en RDC n’oublie l’époque de la dictature de Mobutu. De 1965 à 1997, son régime contrôlait étroitement le service des postes et télécommunications. Certaines lettres postées étaient lues avant leurs destinataires par les agents des renseignements. Les communications de certains numéros de téléphone avec les pays étrangers étaient écoutées au nodal de la grande poste. Ainsi donc pour avoir critiqué le régime, on se faisait arrêter pour être sévèrement puni sans jugement. Pour avoir communiqué avec un correspondant jugé critique envers le gouvernement, on subissait des sévices tout bonnement. C’est pourquoi, les postes congolaises ont perdu leur crédibilité face au désintéressement de la population sur la qualité des services et la confidentialité des correspondances.
Cette situation qui semble perdurer a été mise à mal avec l’apparition des agences de courriers express et des téléphones portables dont les cartes sim sont même achetées dans les rues.
Les mobiles ont débloqué un peuple meurtri. Les opérateurs de communication annoncent avoir dépassé chacun les deux millions d’abonnés dans un pays de PPTE où le pouvoir d’achat est dérisoire et les prix des téléphones exorbitants.
Depuis fort longtemps, les abonnés de téléphone des postes n’étaient plus répertoriés dans un bottin. Si actuellement, le ministère de l’Intérieur avec ses services d’investigation prenait possession des noms des personnalités abonnés du portable et leur numéro, que se passerait-il ? Du grabuge en perspective.
La situation sécuritaire du pays
Le pays va de mal en pis. Toutes les provinces ou presque traversent des turbulences. Même le Bas-Congo pacifique est confronté à l’assaut de Bundu Dia Congo. Le Bandundu risque de basculer au cas où Gisenga, le moins brillant Premier ministre, était défenestré.
En plus, il y a comme absence de l’Etat. Les préocupations de la population sont le moindre souci du gouvernement. Les rumeurs folles ont entouré l’existence du chef de l’Etat dont la présence s’est effacée pendant cinq semaines. Même son épouse qui s’est illustrée par un activisme anachronique n’est plus visible sur les écrans de TV pour remettre des dons et recevoir des délégations des pays amis et des représentants des associations de quémadeurs des biens. Et la réalisation des cinq chantiers du président est déjà à l’agonie.
Un flou non moins artistique dans cet espace géographique dégage donc une peur bleue auprès de la population congolaise. Celle qui s’est affiliée à des opérateurs de communication afin de bénéficier du modernisme entend profiter des largesses des frères et sœurs correspondants établis en Occident pour leur survie.
Le gouvernement de la RD Congo, au lieu de sécuriser les peuples qui l’ont porté au pouvoir démocratiquement, profite largement du congé des parlementaires pour intimider radicalement les paisibles citoyens.
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