Le tueur était une femme
Non, il ne s’agit pas du titre d’un roman d’Agatha Christie. L’actualité récente nous porte à réfléchir à la place des femmes dans notre société. Leur accès au pouvoir politique tout comme leur participation aux violences criminelles semblent se développer.

En décembre, Joël de Rosnay écrivait, en conclusion d’un article paru le 15 décembre dernier sur AgoraVox :
L’intégration des valeurs féminines dans un monde de pouvoirs et de conflits créé par les hommes peut en effet contribuer à renouveler radicalement l’imagination politique. Les valeurs féminines peuvent aider à dégager le leadership politique de la concentration de puissance ou de richesse sur lesquelles il fonde généralement sa légitimité à affranchir le pouvoir politique de l’utilisation de la violence en tant que manifestation de son autorité ; à le séparer du contrôle de moyens destructeurs, technologiques ou militaires.
En arrivons-nous réellement à ce scénario où des valeurs féminines se développeraient et pèseraient ? Je n’en suis pas sûre. En France tout du moins, j’ai plutôt l’impression que les femmes ne sont toujours pas reconnues pour leur valeurs féminines mais contraintes de viriliser leurs comportements, parfois par l’usage de la violence, sinon pour accéder au pouvoir, du moins pour gagner une reconnaissance sociale. Certains faits récents relatés dans la presse, les casseuses, les complices des barbares, la tueuse, poussent à croire que des comportements de plus en plus violents se développent chez les femmes, et que les fantasmes des Nikita ou autres Lara Croft deviennent réalité. Certes, Mary Shelley avait seulement vingt ans lorsqu’en 1817 elle achevait Frankenstein, ce roman qui décrit la défaite d’une créature sans mère, devenue violente par manque d’amour. Ce n’est pourtant pas ce message originel que la majorité aura conservé.
Je pense qu’il y a confusion de genres, le pouvoir ne s’acquiert pas nécessairement par la violence, en particulier pas par la violence verbale.
Récemment, quelques pays ont vu l’avènement de femmes au pouvoir.
En Nouvelle-Zélande, premier pays à accorder le droit de vote aux femmes en 1893, Margaret Wilson a été nommée présidente de la Chambre des représentants en mars 2005. Non seulement elle devenait la première femme à atteindre ce poste, mais elle permettait en outre à des femmes de tenir tous les postes gouvernementaux les plus importants.
Gouverneur-général, Première ministre, "Chief Justice" de la Cour suprême et présidente de la Chambre des représentants. En 2005 encore, Ellen Johnson-Sirleaf est élue à la présidence du Libéria le 8 novembre, elle devient ainsi la première femme chef d’Etat en Afrique. Le 22 novembre, Angela Merkel est la première femme élue chancelière allemande. Michelle Bachelet a remporté la présidentielle le 15 janvier au Chili. En Finlande, Tarja Halonen a été réélue présidente le 29 janvier dernier. Les femmes finlandaises ont le droit de vote depuis 1906. N’oublions pas de mentionner Gloria Macapagal-Arroyo, présidente des Philippines, élue en 2001, puis réélue en 2004.
Euphorie de suffragette ?
Dans le même temps, en France, Safia Otokoré, élue auxerroise, s’est vu retirer ses délégations d’adjointe au maire, et certaines dissensions au sujet de la place des femmes et de la parité dans les partis français sont apparues au premier plan de la scène politique. Ainsi, en 2005, la France restait au 74e rang des pays pour la représentation des femmes au Parlement (21e sur 25 en Europe). Moins de 7% des maires de communes de plus de 3500 habitants sont des femmes.
Le pouvoir n’est donc plus nécessairement masculin ; pourquoi la France est-elle si en retard ?
Tout d’abord, on peut essayer de cerner les valeurs spécifiquement masculines. Le terme vir en latin signifie « adulte mâle » , il a donné en français les termes virilité et vertu .
Sur Wikipedia on lit :
La virilité par excès : la violence (et non l’agressivité ce qui est différent), la bêtise dans les actes et la lourdeur de pensée, la vanité masculine de dominer, d’être le plus fort, etc., l’incapacité à reconnaître ses erreurs, surtout devant une femme, et le refus d’admettre quelque aspect que ce soit de sa personnalité qui pourrait être "faible" (absence de pitié, d’indulgence, dureté inhumaine, etc). L’excès de virilité rapproche ainsi l’homme de la bête, lui confère un caractère proprement bestial.
La vertu signifie la force, le courage, la résolution appliquée au bien. Cette question des formes d’expression de la force, vertueuses ou violentes, est essentielle. Elle est induite par nos valeurs, et principalement véhiculée par le langage.
En allemand, la notion de puissance, rapport de force ou plus exactement d’énergie/temps, est effectivement utilisée, mais on a préféré l’usage du terme power (plus proche du sens du pouvoir politique) au terme Leistung qui décrit la performance physique. Ainsi est né le terme Powerfrau
(Kraftfrau, ça fait un peu « femme de trait » !).
L’accès au pouvoir est certainement conditionné par le « sexisme » du langage. Ce sexisme s’exprime non seulement dans les règles du langage -en finnois, les deux genres, féminin et masculin, sont désignés par un même pronom - mais aussi dans la fréquence d’usage des propos machistes, ou, à l’inverse, de néologismes qui confèrent une force, une puissance à certaines femmes qui, étymologiquement parlant, n’en ont pas ou que peu. Bien sûr, ces raisons linguistiques ne sont pas les seules en cause.
Comment ne pas remarquer également une certaine corrélation entre l’accès au pouvoir et l’ancienneté de l’obtention du droit de vote des femmes ?
Les Françaises de plus de 80 ans, ayant obtenu le droit de vote en 1944, représentent 7% environ des électeurs en France. Bien que ces femmes votent assez peu, on peut imaginer que certaines soient particulièrement motivées par l’élection d’une présidente en France. Quant aux plus jeunes, elles pourraient elles-mêmes être tentées. Le développement de leur présence sur Internet pourrait jouer un rôle majeur dans la campagne présidentielle. Elles constituent d’ores et déjà 54% des blogueurs .
Espérons alors que les avancées tant recherchées dans l’égalité des sexes se réaliseront au travers de valeurs pacifiques et démocratiques, et non par l’adoption de valeurs masculines par une minorité de femmes devenues puissantes.
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