Nous vivons heureux dans un pays qui nous plaît beaucoup malgré les déboires réguliers que nous vaut notre situation géographique en aval de Paris depuis près de cent cinquante ans.
Amicalement.
Les ressources de notre sous-sol sont exploitées pour construire Paris
- Les coteaux de l’Hautil ont été minés par l’exploitation du gypse qui a servi à bâtir la capitale. C’est sans doute tant mieux pour la préservation du milieu naturel, mais les riverains condamnés à quitter leur habitation auraient peut-être préféré une autre solution.
- Les plaines qui bordent la Seine d’Achères à Verneuil ont été excavées à grande profondeur pour alimenter les chantiers parisiens en granulats de haute qualité.
- Les coteaux du Mantois approvisionnent aujourd’hui les fours des cimenteries, mais, évolution remarquable, à l’issue de son exploitation, le site est réhabilité... et ses riverains sont associés au projet.
Nos espaces libres servent de décharge aux résidus et aux déblais de la métropole parisienne
- Le train des gadoues nous a apporté les curages des fosses d’aisance parisiennes.
- Après avoir empesté l’air de ses voisins, la station d’Achères a déversé sur les terres agricoles les métaux lourds de ses boues d’épuration des eaux usées - une solution pour garder ces terres, y produire des bio-matériaux d’isolation.
- A la fin de leur exploitation les sablières ont servi à enfouir des déchets ménagers (certains étaient il est vrai de production locale).
- Des étangs aménagés sur d’anciennes sablières sont partiellement comblés par les déblais de grands chantiers parisiens (A 86 - Isséane).
- La Seine sert aujourd’hui de station d’épuration naturelle pendant la durée des travaux d’entretien du collecteur qui alimente la station d’Achères...
Nos espaces naturels constituent de précieuses réserves foncières
- Pour y construire de grands ensembles de logements dits "sociaux" dont d’autres communes ne veulent pas.
- Pour y abriter des usines classées "Seveso" et donc réputées dangereuses - il est vrai qu’elles ne sont pas venues à la ville, mais que c’est la ville qui s’en est rapprochée.
- Pour y établir des infrastructures de transport - sur lequelles les riverains peuvent enfin donner aujourd’hui leur avis, mais que vaut leur avis quand des intérêts supérieurs sont en jeu ?
Il est vrai que nous avons longtemps tiré profit de l’exploitation des ressources naturelles locales, des fruits des vergers d’Orgeval aussi bien que de la piquette des coteaux de l’Hautil qui a abreuvé bien des gosiers parisiens.
Ce n’est pas une raison pour nous narguer maintenant et nous traiter en Indiens
- Nous ne sommes pas informés de notre participation au programme "Haute qualité environnementale" de construction de l’Isséane (centrale d’incinération d’Issy-les-Moulineaux).
- Le moindre déboire de nos élus locaux fait la une des quotidiens quand certains de leurs collègues plus près du "ciel" engagent, sans souci, de l’argent public pour défendre des causes "privées".
- On parle davantage des actes de violence des jeunes des "quartiers difficiles" que des virées "imbéciles" de jeunes des "beaux quartiers" venus "s’éclater" près de chez nous.
- On ne saurait parler d’un jeune entrepreneur issu d’un quartier difficile sans le filmer loin de son entreprise et de ses clients sur un terrain vague proche d’une cité dite "difficile"...
- Quand ils ne prévoient pas de détruire des espaces naturels sensibles, des projets d’infrastructures routières "structurants" toujours repoussés depuis plusieurs décennies prétendent passer sous nos fenêtres à moins que ce ne soit au-dessus de nos toits.
- Le plan de prévention des risques d’inondation (le PPRI) du département des Yvelines a inventé une zone marron d’écoulement des crues dans laquelle aucune construction existante ne pourrait être reconstruite, quelle que soit l’origine du sinistre. Peut-être une expérimentation de terrain pour la nouvelle politique de désengagement de l’Etat de l’indemnisation des catastrophes naturelles.
Après Plaute, Suétone et bien d’autres, Monsieur Jean de La Fontaine l’avait bien dit en son temps, dans Les animaux malades de la peste : "Selon que vous serez puissant ou misérable / Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir."
Nous vivons peut-être dans un pays pauvre, mais nous sommes fiers d’y habiter et d’y construire un avenir durable
Une nouvelle morale de la fable est peut-être en train de s’écrire au fil de la révolution des médias. Nous avons en effet découvert de nouveaux modes d’expression avec lesquels nous essayons de ne pas définitivement devenir un dépotoir spécialisé.
Nos plans d’eau, nos rives, nos plaines inondables et nos coteaux sont charmants. Ils ont longtemps été une villégiature très appréciée et nous souhaitons qu’ils le restent encore longtemps pour toutes les populations qui y ont été implantées depuis près d’un siècle et qui en apprécient le cadre.
Nous avons une obligation, celle de recevoir les eaux pluviales, pas celle d’être le réceptacle des eaux usées, des déblais et des poubelles de Paris, situation qui nous donnerait quelquefois l’envie de boucher un moment le tuyau pour qu’il refoule un peu dans Paris...
Les habitants des zones "pyjama" du schéma directeur sont décidés à prendre leur avenir en main !