Loïc Le Meur, Loïc se leurre (-t-il) ?
Loïc Le Meur, que l’on ne présente plus, semble traverser une période de turbulences. Les critiques à son encontre fleurissent ici et là. Fin de l’état de grâce pour une des stars de l’Internet nouvelle génération ? La cause de ses malheurs ? Son ralliement à Nicolas Sarkozy. Loïc Le Meur, Icare de la blogosphère ?
Inutile de présenter Loïc le Meur, un des pionniers de la blogosphère, et qui peut se targuer d’avoir sur la Toile, sans aucun doute, un des meilleurs scores de popularité, autrement dit, un nombre hallucinant de liens renvoyant vers son site (pour combien de temps encore ?).
Depuis quelque temps, sur ce héros des temps modernes, je peux lire par-ci, par-là, des critiques, des piques, de la gentille à la plus acérée, voire de véritables attaques frontales ! Naturellement le buzz fait son chemin. Il est toujours de bon ton (et humain) d’être un thuriféraire du roi couronné et un adversaire du roi déchu !
Mais que se passe-t-il ? Intouchable il y a encore peu, même adulé par certains, car perçu comme un des pères fondateurs de cette nouvelle ère de l’Internet couramment appelée Web 2.0, et un de ses meilleurs promoteurs ou marketeurs (affirmer le contraire, c’est être de mauvaise foi), Loïc descendrait-il de son piédestal numérique ? Début de la fin de l’état de grâce ?
C’est la rançon, inévitable, d’une (sur) exposition croissante ! Or, s’exposer au vent a toujours un effet décoiffant.
La raison de ce coup de griffe à son image, devrions-nous écrire à l’icône, étant donné la place qu’il occupera désormais au Panthéon des grands hommes du Web 2.0, est son soutien officiel apporté au candidat à la présidentielle Nicolas Sarkozy. La question de sa pertinence n’est pas mon propos, et ne se discute pas dans une démocratie où chacun est libre d’exprimer ses idées politiques.
En tout cas, un geste courageux.
D’une part, ce n’est jamais facile de franchir le Rubicon en affichant publiquement ses opinions politiques, car c’est un sujet hautement sensible, donc à très hauts risques. L’initiative vous vaut en général plus de claques savamment (parfois sournoisement) envoyées que de poignées de mains chaleureusement (et sincèrement) serrées. Vous attire plus de réprobations que de félicitations ! Loïc en est la énième preuve.
D’autre part, son choix est d’autant plus osé que Nicolas Sarkozy cristallise les opinions. Les gens ne font pas, en effet, dans la demi-mesure. Soit on aime. Soit on déteste. Donc, c’est prendre le risque de voir une partie de ses fidèles tourner les talons ! Bref, de voir son blog se faire éjecter des favoris, des blogrolls, des nuages de tags and co !
La polémique a pris un tour nouveau avec la visite "surprise" de Nicolas Sarkozy à la conférence Web 3. Règlements de compte, par blogs interposés ! Voilà qui a gâché la fête et jeté une ombre sur cet évènement pourtant pertinent et indispensable.
Au lecteur des notes sur son blog, Loïc Le Meur donne l’image d’un homme pressé. D’ailleurs, l’emploi du mot note relève, parfois, de l’usurpation lexicale. Post’it conviendrait mieux, car nombre d’entre elles, ces derniers temps, sont (ultra)courtes (bâclées ? Je n’irai pas jusque-là). Ce qui ne veut pas dire sans intérêt. Loin de là ! Car, parfois, mieux vaut un bon schéma qu’un long discours.’ Toutefois, exit la profondeur, la densité et la réflexion. Dommage.
Sur un blog, il faut savoir alterner légèreté (actualiser un blog doit rester avant tout un plaisir, un violon d’Ingres) et densité (un contenu consistant), sur fond d’originalité (un style propre et un angle personnel qui suscitent la curiosité) pour éviter toute indigestion chez les lecteurs, comme le fait admirablement Nicolas Voisin sur nuesblog.com. Inutile de présenter également !
Loïc Le Meur se laisserait-il, sans s’en apercevoir, séduire par les sirènes, aux chants si maléfiques, du pouvoir ? Entre hommes communicants, lequel des deux (Loïc / Nicolas) a le plus d’influence sur l’autre ?
Loïc Le Meur doit redresser la barre. Pour ce faire, je lui recommande de suivre le sage et très judicieux conseil d’Henri Kaufman, sur son excellent blog "Et si on parlait marketing" : Deux blogs, oui (un promouvant la blogosphère et typepad, et un autre sur ses engagements politiques), un seul (mêlant les deux thèmes), non.
Soit : dissocier un blog politique d’un blog général où on exprime ses passions, ses coups de cœur, ses coups de gueule sur des thèmes généraux ou en rapport avec son centre d’intérêt, en l’occurrence l’actualité des nouvelles technologies. Le cerveau humain n’est pas fait pour la confusion des genres. Encore moins peut-être celui du Français, marque de son cartésianisme ? Ainsi, quand vous êtes artiste, vous seriez de facto inapte à la politique. Et vice versa ! Ou encore, quand vous êtes entrepreneur, impossible d’être un honnête mécène ! Pas de vase communicant, que des vases clos !
C’est petit de tirer à boulets rouges sur Loïc pour la simple raison qu’il soutient un candidat. D’autant que ce positionnement politique n’enlève rien à son mérite ni à son talent. Mais, d’une certaine façon, il a le retour de flammes de sa confusion des genres.
La France a besoin de ce type de personnalité qui fait bouger les lignes, entrepreneurs, volontaires, novateurs, parfois grandes gueules et inclassables. Mais ce dernier trait, justement, n’est-il pas ce qui fait une individualité sortant du commun ? Donc la cible (privilégiée) des snippers (dont le but est de vous dégommer au moindre faux pas) et des Lucky Luke de la critique qui dégainent plus vite que leur ombre ! Mais souvent Homme invisible de (dans) l’action !
Au fait, dans ces critiques, ne percerait-il pas de la jalousie envers une personne ayant réussi, et si médiatique ? Donc sollicitée ! On a la désagréable impression que l’envie et le retournement de veste sont des spécialités nationales.
Cependant, Loïc, la balle est dans ton camp, re-agis ! ( A moins que tu n’en aies rien à cirer !).
Dans ce monde où les nouvelles technologies sont reines, monde du tout-numérique, à vous donner de sérieux vertiges face à la folle vitesse d’évolution et d’innovation, un retour au classique (aux sources ?) permet de prendre ses distances, de s’élever d’un quotidien mené désormais la main collée à la souris, l’oreille incrustée dans son i-pod ou téléphone portable dernier cri (où est le temps du coquillage dans lequel on entendait l’océan ?), et les yeux scotchés (et à force, brouillés ?) à l’écran de son ordinateur ou autre PDA. Donc permet d’y voir plus clair, de se refaire (une santé). Avant l’irréparable.
Loïc, tout simplement, souviens-toi d’Icare...
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