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Accueil du site > Actualités > Citoyenneté > Ne dites plus Service public de l’orientation, dites SPOT

Ne dites plus Service public de l’orientation, dites SPOT

Le livre vert de la commission de Martin Hirsch, Haut commissaire à la Jeunesse et aux Solidarités actives, est enfin publié. Il confirme la tendance de certains rapports précédents et va même plus loin sur certains aspects. La cohérence globale est loin d’être évidente, le texte étant un assemblage de la réflexion des divers groupes de travail.

Si le terme « fusion » n’est exprimé qu’une seule fois dans le texte, la volonté de faire agir ensemble les organismes qui s’occupent de l’information-orientation des jeunes est patente. Mais fait marquant, qui tranche avec les précédents rapports, aucune structure en charge de l’information-orientation n’est ici stigmatisée.

Au niveau des acteurs de proximité, le rapport cite systématiquement les trois réseaux principaux : les centres d’information et d’orientation, les missions locales et le réseau Information Jeunesse. 

La volonté de confier aux établissements, et donc aux enseignants, la mission d’accompagner l’orientation des élèves est réaffirmée. Chaque élève devrait notamment se voir désigner un référent pour accompagner son parcours. La commission Hirsch affirme la nécessité d’inclure dans la formation initiale et continue des enseignants la « culture de l’orientation. » Les parents, quant à eux, pourraient être sollicités pour faire découvrir le monde de leur entreprise aux élèves, l’employeur des dits parents étant tenu de leur laisser le temps nécessaire pour assurer cette découverte.

Le rôle important des Centres de documentation et d’information dans l’apprentissage du « savoir s’informer » est rappelé. La commission est « consensuelle » quant à la nécessité « de faire évoluer les conditions de recrutement et de formation des conseillers d’orientation psychologues. » C’est bien évidemment la dimension « psychologie » qui est visée, ce mot n’étant pourtant jamais prononcé dans le rapport.

Le livre vert définit un Service public de l’orientation territorialisé (SPOT). L’Etat ne déciderait plus seul. On parle d’un travail en commun entre « l’Etat, les Régions et les partenaires sociaux autour d’un cahier des charges partagé. » Ce service public ne serait pas une « sous-partie » de l’Education nationale.

La commission Hirsch rappelle que « les supports d’information des jeunes doivent profondément se moderniser pour développer des outils interactifs et accessibles. » Le SPOT devra lutter aussi contre la fracture numérique. J’ai eu l’occasion à de nombreuses reprises de m’étonner du peu d’actions de familiarisation aux usages numériques réalisés en direction des publics les plus en difficulté. Chacun sait que les faibles usages d’Internet sont fréquemment constatés chez les publics les moins diplômés. Pour ces derniers, c’est un frein supplémentaire à l’employabilité.

Sur le plan national, deux scénarios sont proposés. Le premier scénario propose un rapprochement de l’Onisep, de Centre Inffo et du Cidj sous forme d’une convention garantissant la mise en synergie de l’offre de chacun des organismes. Le deuxième scénario propose la fusion, en fait la création d’une agence rattachée au premier ministre. Cette agence se verrait confier une mission d’évaluation et d’analyse dans une perspective de mutualisation des bonnes pratiques. Cette agence pourrait même se voir confier la gestion des crédits pour les « réseaux missions locales, centres d’information et d’orientation et Information Jeunesse. » Dans ce deuxième scénario, le livre vert oublie de définir qui sera en charge de produire la documentation nationale, celle-ci ne pouvant être la seule addition des documentations régionales.

Si l’échelon national est celui de la définition des missions, le pilotage de l’organisation des services d’accueil d’information et d’orientation de proximité serait régional. Un pilotage chargé de définir des objectifs et des indicateurs d’évaluation, les conditions de développements des points d’accueil polyvalents, de type « cité des métiers », d’assurer l’animation du réseau Information Jeunesse régional (une mission jusque-là dévolue aux Centres régionaux Informations Jeunesse), d’assurer la labellisation des structures. La commission propose un label unique de qualité défini au niveau national.

Pour assurer le pilotage régional, le livre vert cite le Comité de coordination régional de l’emploi et de la formation professionnelle (CCREFP). Mais là encore, on ignore qui sera en charge de la conception de la documentation et du recueil des données sur le plan régional.

Si les missions locales sont citées à plusieurs reprises dans la partie « Service public de l’orientation territorialisée », elles le sont davantage encore dans la partie « Ne laisser aucun jeune à l’abandon. » Dans ce chapitre, les missions locales ont pour mission d’assurer « la coordination d’ensemble des réponses apportées aux jeunes » au point de reprendre sur certains territoires, les interventions de la Mission générale d’insertion. La Mission locale devient l’interlocuteur principal et le coordonnateur unique des actions menées en direction de tous les jeunes qui sont éloignés de l’emploi et faiblement qualifiés. Dans cette partie, la proposition n° 18 envisage même la possibilité de développer « l’activité d’orientation des missions locales et le cas échéant le rapprochement avec les CIO. » De quel rapprochement s’agit-il puisque ces structures seraient déjà « rapprochées » au sein du SPOT ? Ou alors s’agit-il là d’une fusion qui ne dit pas son nom ?

Au chapitre des questions non résolues : Quelle sera la place des missions locales par rapport aux Maisons de l’emploi ? Dans le réseau Information Jeunesse, quel le sera la mission des Centres régionaux de l’information Jeunesse qui risquent de se retrouver en doublon par rapport aux CCREFP. Luc Chatel acceptera-t-il de ne plus être l’acteur principal de l’information-orientation des jeunes ? Et enfin et surtout, quid du financement de ces acteurs ?

Quant aux conseillers d’orientation-psychologues et à la modification de leur recrutement et de leur formation, rappelons que Richard Descoings affirmait, il y a peu : « Les conseillers d’orientation-psychologues ont un rôle irremplaçable. Ils aident les jeunes en difficulté et sont appréciés pour leurs qualités de psychologues. »

Il n’y a décidément pas que les structures d’information-orientation qui auraient besoin de se coordonner, non ?


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14 réactions à cet article    


  • plancherDesVaches 13 juillet 2009 21:00

    Je n’ai pas bien compris le sens de cet article.

    Les orienteurs-psychologues ne sont là que pour les jeunes en difficulté ?

    Y-a-t’il autre chose que des psychologues, soit des personnes ayant travaillé un jour, pour guider un jeune dans un métier ?

    Je vous remercie par avance de répondre à mes questions.


    • Christian Bensi Christian Bensi 13 juillet 2009 22:37

      Je ne suis pas certain que vous n’ayez pas compris au vu du pseudo que vous avez choisi. Mais bon.

      Non, les Conseillers d’orientation-psychologues ne sont pas destinés qu’aux jeunes en difficulté mais Richard Descoings semble le penser.

      Pour guider un jeune dans un métier, il y a des professionnels avec des histoires différentes. Comme dans tous les métiers du monde, certains sortent de l’université et ne connaissent pas le monde du travail, d’autres ont une expérience professionnelle.

      Mais juste une précision, connaître un, cinq, dix métiers ne sera de toutes façons pas suffisant. Mais aider un jeune à faire son choix n’implique pas d’avoir pratiquer plus d’un millier de métiers. De l’écoute du jeune qu’on a en face de soi, avoir vu des centaines de vidéo, savoir comment accéder rapidement aux bonnes sources d’information est au moins aussi important.


      • jak2pad 14 juillet 2009 00:13

        je ne comprends pas bien votre idée : c’est quoi, les bonnes sources d’information ?

        cette vision de l’information ( et de l’orientation) me paraît totalement à côté de la plaque

        je regrette ces dérives, elles ne font que rendre plus crédible l’imposture des COP’s, qui veulent forcer tout le monde à croire qu’ils en savent plus sur l’orientation que n’importe qui.

        C’est stupide et non crédible.

        Ils en savent plus sur la gestion des flux : comment décrocher une place dans un bac pro quelconque, un CAP délaissé ou une Ecole peu connue.....

        Ils peuvent donner quelques infos sur des manips de dossiers, sur des combines pour se placer dans des filières ignorées et douteuses, mais pour l’Orientation en vrai, les choix profonds et les grandes décisions, ils sont nuls et non-avenus.

        N’en parlons plus, cette profession est morte, bon débarras !

        J’en parle en connaissance de cause, je suis moi-même COP, et depuis 35 ans.

        Bon vent !


        • Christian Bensi Christian Bensi 14 juillet 2009 01:14

          Je ne sais pas où est l’imposture dont vous parlez. Des bons cops, il y en a. Des mauvais aussi comme dans toute profession.

          Je ne suis pas cop donc je ne peux répondre à leur place. Ce que je peux vous affirmer c’est que des professionnels de l’information-orientation permettent à des jeunes d’avancer, la simple « lecture » d’Internet n’est pas suffisante, à moins que le jeune soit prêt à faire lui-même toute la recherche nécessaire, à appeler les établissements, etc.

          J’ai vu trop de jeunes s’étouffer dans la jungle de l’information pour considérer que n’importe quel jeune puisse faire sans difficulté ce boulot, pour considérer que l’information est facilement accessible, pour considérer que l’humain ne sert à rien.

          Je fais régulièrement sur mon blog le point sur des rapports qui se succèdent et qui ne solutionnent rien. Celui-ci est le dernier en date. Je le fais le plus honnêtement possible sans parti pris de départ et surtout sans stigmatiser les équipes de professionnels, ce qui ne servirait à rien. Ce n’est pas en tapant sur les cops ou qui que ce soit d’autre que l’on résoudra le problème.

          Ce qui est incroyable en matière d’information-orientation, c’est que tout le monde sait ce qu’il faut faire... Etonnant non, quand on voit où nous en sommes !


          • jak2pad 14 juillet 2009 10:32

            franchement, la seule chose à faire, ce serait de supprimer tous les services qui s’occupent de près ou de loin de donner des conseils !


            • Alexandre 14 juillet 2009 11:36


               Et laisser l’orientation aux profs, qui malgré leur bonne volonté n’y connaissent pas grand-chose, et aux représentants du MEDEF qui orienteront d’office vers les secteurs qui manquent d’un volant suffisant de chômeurs pour maintenir la pression sur les salariés.
               Vaut mieux lire ça que d’être aveugle, comme on dit.


            • Christian Bensi Christian Bensi 14 juillet 2009 11:24

              Et laisser le secteur privé s’en emparer ! Et tant pis pour ceux qui ne peuvent pas se payer ces coachs dont on nous rebat les oreilles !


              • é-cop-on 14 juillet 2009 15:54

                Eh bien il y a toujours des brebis galeuses dans un corps de métier...Mais là bravo ! On a là affaire à un vieux cop qui rend son tablier (pas très loin de la retraite ?...) et qui n’a jamais su ou pu s’adapter à l’évolution du métier autour du conseil (les techniques d’entretien ce n’est en effet pas donné à tout le monde !!!)...J’ai l’impression de le reconnaître à travers son pseudo ...ce jak2pad... ce qui veut dire que j’ai déjà rencontré malheureusement en tant que COP ce profil de personne qui en effet plombe sérieusement la profession !!!...C’est que maintenant , à l’image de ces soixante-huitards qui attendent la retraite (pas fous !) avant de balancer du « après moi le déluge » , cet élégant personnage cherche tout bonnement à être « le dernier des mohicans »...l’irremplaçable !!!
                Quant à Christian Bensi qui recherche ici tout bonnement et sans parti pris à faire travailler ensemble les bonnes volontés dans ce champ complexe de l’orientation (et il y en a ...des bonnes volontés !!!) il n’a pas à se coltiner ces vieux CO qui se sont toujours refusés à devenir psychologues en 81...Ces propos tenus nous viennent d’une personnalité morbide et arrogante qui « se sent irremplaçable »...Bon vent dit-il !
                 Eh bien moi je dis dégage vite fait !!!
                Quant à accorder les violons sur ce champ professionnel « politiquement » sensible qu’est l’orientation, c’est tout de même symptomatique d’une incapacité à faire travailler ensemble le local, le régional, le national...et le niveau européen !!! le public et le privé !!! l’adéquationniste et l’interactionniste !!! les vieux (surtout ce jak2) et les jeunes ensemble !!!
                On est toujours mal barré... même avec ce M.Hirsch qui posent enfin les bonnes questions sans stigmatiser en effet mais qui n’a pas pour autant encore les bonnes réponses et surtout les bons soutiens politiques...


                • Christian Bensi Christian Bensi 14 juillet 2009 22:19

                  Que dire de plus. smiley


                  • é-cop-on 15 juillet 2009 01:56

                    Dans ma colère après ce vieux CO qui m’en rappelle malheureusement d’autres (...), et qui, avec cette actuelle remise en question de nos compétences de psychologue - alors que « tenir conseil » auprès de personnes en demande... cela semble pourtant évident (!) - se retrouvent ainsi ressortis du placard ...à dire qu’ils avaient raison ces vieux « CO »... de refuser le « P » en 91 en fait (91 et non 81... erreur de ma part dans le post précédent...) , maintenant j’en oublie l’intérêt principal : cet article !!!...
                    Il semblerait que les missions locales seraient confortées dans leur rôle irremplaçable d’observatoire de l’ensemble de la classe d’âge 16-25 et ne seraient plus menacées de fusionner avec le pôle emploi...que par contre les CO-P n’auraient de l’avenir que s’ils sortent du giron de l’éducation nationale (dans laquelle ceux-ci deviennent aussi des boucs émissaires bien pratiques pour régler l’incurie de l’encadrement...) en rejoignant ce SPOT (quid alors des CIO...) et qu’enfin le réseau info jeunes à travers l’implantation des PIJ deviendrait moins dépendant des potentats locaux ... en se rapprochant eux aussi de ce service public territorialisé...
                    Que de paramètres pour faire travailler ensemble des personnels !!!...
                    D’un point de vue management, cela fait plus penser malheureusement à la recherche d’une économie de type ergépépé (...) avec recherche de recouvrement de missions et donc d’élimination dans un 2ème temps des plus « fragiles », qu’à un service enrichi de toutes les composantes professionnelles qui se retrouvent sur le champ de « l’orientation tout au long de la vie »...voir le Bref n°264 du CEREQ à ce propos...
                    Que dire de plus !!!
                    Dans le contexte actuel, je reste pessimiste sur le devenir des services non marchands...


                    • Christian Bensi Christian Bensi 15 juillet 2009 08:57

                      Le Bref n°264 présente surtout à mes yeux l’avantage de mettre à plat la liste des différents réseaux. smiley

                      Pour le reste je craints fort que tu ais raison. D’autant plus que la grande fragilité de ce texte c’est le silence sur les moyens et les articulations. Mener une grande politique de rationalisation du secteur a un coût même si elle produit à terme une stagnation (voire une diminution) des dépenses.

                      Rien de bien nouveau ici ! Quant à l’appel du pied aux collectivités territoriales, il me semble que dans le contexte actuel il a peu de chance d’être entendu. D’où une très grande diversité dans la gestion du service public de l’orientation au niveau local. L’Etat semble s’égosiller dans un contexte qu’il ne contrôle plus.


                      • é-cop-on 15 juillet 2009 11:25

                        Cela mérite un lien : <http://www.cereq.fr/pdf/b264.pdf>
                        Et un petit extrait :
                        "s’il est aujourd’hui délicat d’apprécier les effets d’un décloisonnement des segments de l’orientation sur la qualité, son impact en termes financiers semble assuré, une rationalisation des structures entraînant par définition une réduction des coûts d’ensemble. En outre, la proximité géographique ne s’impose plus comme unique solution avec le développement des nouveaux services à distance, de type plateformes téléphoniques ou portails-Internet. Cette voie ouverte par le développement des TIC et la prise en compte des besoins accrus d’information dans une société de la connaissance interroge la proximité comme garante de la qualité et invite à recentraliser et unifier les services. Cependant, les besoins d’orientation ne se résument pas au seul accès à l’information. Les besoins en conseil et accompagnement personnalisés – indispensables pour les personnes les moins autonomes face à l’information – continuent à nécessiter une différenciation des services, adaptée à la diversité des publics".

                        Même si le Cereq nous met en garde par rapport à la diversité des publics à accompagner et qui demanderait le maintien d’une différenciation des services, ce qui est souligné sera certainement la priorité retenue par les décideurs qui ne pensent actuellement qu’à une économie d’échelle...


                        • é-cop-on 15 juillet 2009 11:37

                          Ce qui est souligné bien sur c’est "une rationalisation des structures entraînant par définition une réduction des coûts d’ensemble"...
                          Voilà ce qui me rend pessimiste dans ce 4 pages !!!... qui par ailleurs se révèle en effet être un très bon état des lieux du champ de l’orientation...


                        • chmoll chmoll 19 juillet 2009 10:35

                          un assemblage de la réflexion des divers groupes de travail. des causettes par çi par là

                          concrètement i a koi dans s’bazard ?

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