Qu’attendre du débat sur « l’identité nationale » de MM. Besson/Sarkozy ?
Définir philosophiquement l’identité est malaisé. L’identité d’un être renvoie à son ipséité, aux caractéristiques qui le rendent irréductible à un autre. Elle désigne aussi la parfaite ressemblance d’une chose avec une autre. Appliquée à l’identité française, un français devrait à tout jamais ressembler à un autre ; la France, identique à elle-même dans l’éternité.
Ainsi que l’indiquait Michel Serres, dans l’éditorial remarquable de Libé du 19/11/09, l’équation « A=A » est possible en mathématique mais irrecevable en politique. L’appartenance à la communauté nationale n’est pas une identité, car elle en déborde toujours. On oublie, en effet, qu’être français fait de nous automatiquement un citoyen européen. Si l’identité française est de facto européenne, on se rend compte de l’absurdité du thème du débat actuel.
Indépendamment de l’imprécision des problématiques, on peut s’interroger sur l’opportunité même d’un débat sur l’identité nationale, aujourd’hui. Quels sont les faits sociopolitiques qui en justifient la nécessité ?
Quand l’identité de la France était en questionnement à la fin de l’Ancien régime (1789), en 14-18 ou 39-45, c’était parce que la patrie était en danger. Quelle est la menace aujourd’hui ? La République n’a jamais paru plus forte et sûre de ses valeurs.
On me dira : « Mais cela empêche-t-il pour autant de se poser la question de l’avenir national ? » Certes, non ! Encore faut-il trouver un angle plus propice pour poser la question. Quel avenir pour la nation française au regard de la mondialisation, au sein d’une Europe politique effective, au vu de la régionalisation qui découlera de l’Europe, ou, enfin, à l’aune des vagues nouvelles d’immigration changeant le visage de la France ? Ce sont des vraies questions. On pourrait aussi plancher sur comment faire en sorte que les Français des quartiers déshérités, abandonnés, se sentent entièrement enfants de la République.
La question pertinente serait alors celle des « identités » : ou comment favoriser leur expression au sein de la République, qui cessera de les jalouser pour leur offrir un cadre de coexistence pacifié.
C’est pourquoi, on peut dire que tous ceux qui profitent du débat actuel pour enfourcher les vieilles rengaines de la France civilisatrice et assimilationniste sont à côté de la plaque. Imaginons, en effet, la France assimilant des Anglais, des Allemands, des Italiens installés, ici, à la faveur de l’Europe.
L’identité est toujours un mixte qui se nourrit de l’altérité. Par exemple, la langue française, loin d’être menacée, aujourd’hui, par les langues et cultures particulières, régionales, en tire au contraire une source supplémentaire de vitalité. On sait qu’un enfant qui parle, très tôt, une autre langue, régionale ou d’origine étrangère, apprendra très vite d’autres langues, par conséquent le français, langue unique de notre école.
Est-ce important de parler de l’identité française ? Oui ! Mais pas pour les mêmes raisons que MM. Besson et Sarkozy. Pas pour savoir qui est plus français qu’un autre, ni qui aime plus son pays qu’un autre. Comme la nation chez Renan, la République doit être « un plébiscite de tous les jours ».
Il est plus que nécessaire, aujourd’hui, d’interpeller le pays en vue de réactualiser les conditions du vivre ensemble, afin que les Français de toutes origines, de toutes confessions et obédiences philosophiques et politiques puissent continuer à vivre ensemble.
La situation nouvelle, quoiqu’on dise, est liée à la nature des migrants actuels. Par le passé, les immigrés étaient, sur bien des plans, proches des Français « originaires ». Polonais, Italiens, Espagnols et Portugais étaient tous blancs judéo-chrétiens. Ceux d’aujourd’hui sont « basanés » et parfois musulmans. Même lorsqu’ils sont français, ils ne sont pas perçus comme tels ni par les élites ni par le commun des Français de « souche ». Qu’ils soient de deuxième, troisième ou quatrième génération, ils sont vus comme des citoyens de seconde zone, sinon comme des envahisseurs. C’est sans doute un des motifs cachés du débat actuel. Et pourtant, ces immigrés ne viennent pas d’une quelconque génération spontanée. C’est la nation elle-même qui, par ses ambitions civilisatrices, a posé les fondements et de l’immigration et de son propre devenir multiethnique et culturel. N’en déplaise aux tenants d’une France blanche, catholique et apostolique.
Le racisme, les discriminations à l’embauche, au logement, aux loisirs, dont beaucoup sont victimes, expliquent les frustrations et, parfois, les rancœurs envers l’État. C’est le sens des sifflements contre la Marseillaise lors de matchs contre les pays du Maghreb. Ils ont été vite assimilés à l’anti France, à l’expression d’une sorte de cinquième colonne. Mais, ceux qui ont sifflé la Marseillaise sont des Français qui se sentent juste abandonnés, depuis des décennies, par les pouvoirs politiques, prompts à leur appliquer l’égalité pénale mais jamais l’égalité tout court.
Pour ceux-là, les discours lénifiants sur la République généreuse, la France égalitaire et fraternelle, ne riment plus à rien. Ils les reçoivent comme autant de « foutage de gueule » et de signes de cynisme des autorités à leur égard. C’est une situation intenable à terme et qui peut même finir mal. Les accès de fièvre, dans les cités, en 2005 et 2007, sont autant de signaux qui montrent qu’on ne peut laisser les choses en l’état. D’autant plus que des extrémistes ne se priveront pas de souffler sur les braises.
Aussi, je pense qu’il est crucial de revisiter notre pacte social afin que la République puisse donner les mêmes chances, les mêmes droits à chacun concurremment aux devoirs exigés de tous. Or, il semble que MM. Besson et Sarkozy n’évoquent pas ces questions lancinantes des discriminations et des inégalités, qui frappent des millions de citoyens.
M. Sarkozy n’avait-il pas dit, après les émeutes de Villiers-le-Bel, qu’il n’y avait pas de problèmes sociaux mais de la « voyoucratie » ?
Raison de plus pour dire que « l’identité nationale », à la Besson/Sarkozy, est la pire façon de poser le problème du devenir de la France et est même dangereuse pour la paix sociale. Il n’y a qu’à voir comment certains élus et ministres UMP se lâchent parfois en parlant de ces Français-là.
Vouloir déterminer quel Français est plus pur qu’un autre, en raison d’une définition étriquée qu’on aurait de l’être français, est une trahison envers la République.
Il ne s’agit aucunement de procès d’intention contre les initiateurs du débat mais de faits. « A celui qui veut devenir Français (…) je veux qu’elle [la France] offre l’égalité des droits et des devoirs et la fierté d’être Français. Mais je lui dis aussi qu’il doit prendre en partage l’histoire de France, qu’il doit accepter que le pays dans lequel il vient soit un vieux pays qui a commencé d’exister bien avant lui. Il doit comprendre que ce pays est un pays de liberté qui demande simplement qu’on le respecte et qu’on l’aime... ; d’ailleurs si y en a qu’ça gêne d’être en France… (Rires) qu’ils ne se gênent pas pour quitter un pays qu’ils n’aiment pas (rires) » (Toulon, 07/02/07).
Cette dernière phrase, singe le parler vrai mais se révèle franchement démago et populiste. Si cette phrase avait été prononcée par un candidat à « l’immigration choisie », elle aurait valu, à son auteur, une remise à niveau linguistique ou une reconduite à la frontière pour non maîtrise du français.
Le 27/10/09, le Président faisait de l’identité nationale « un lien charnel… avec la terre », sous-entendu avec le terroir et les ancêtres. Cela fait de millions de Français, sans ce lien à la terre, des Français plus ou moins authentiques. Y compris le Président, lui-même, mais son zèle de « néo », occupé à donner des gages, l’empêche sans doute de s’en rendre compte.
Par ce débat, M. Besson voudrait répondre à cette question : "Qu’est-ce qu’être français, quelles sont les valeurs qui nous relient, quelle est la nature du lien qui fait que nous sommes français et que nous devons être fiers ? » et bouter « la burqa », indirectement l’islam, hors de l’identité nationale. Le 12/11/09, M. Sarkozy lui emboîtait le pas, en rappelant les origines chrétiennes de la France, où l’étrangère « burqa n’est pas la bienvenue ».
Le site du débat donne le sentiment que les conclusions sont déjà tirées. La question est posée « au peuple français » pour la forme. Le plus grave est l’accent populiste qui transpire des interventions du Ministre. Les élites, l’anti France, sont opposées, à cause de leur excès de républicanisme, laïcisme et droit de l’hommisme au « peuple français qui s’est déjà saisi du débat ». Tout cela, sur la foi d’un sondage qui indique que les Français considèrent, à 60%, que la question de l’identité nationale est une question importante. Même si le ministre, de façon subjective, promeut un peu excessivement cette photographie de l’opinion comme un verdict référendaire, oubliant par contre d’évoquer le fait que les mêmes sondages indiquent, à 70%, que les Français pensent que ce sont des arrières pensées électoralistes qui motivent le lancement du débat.
Idéologiquement, ce débat semble inspiré par les néo-réactionnaires qui ont le vent en poupe depuis l’élection de N. Sarkozy. Imbus de leur complexe de supériorité, ils prétendent aimer et défendre la France. Mais, ils n’aiment qu’eux-mêmes. Ce sont tous ceux qui insinuent, à travers les médias, que les Reubeus et les Blacks obscurcissent la pureté raciale et culturelle de la France. Convaincus qu’il y a des civilisations supérieures et d’autres inférieures, des hommes plus égaux que d’autres, ils dénoncent le multiculturalisme comme un abâtardissement de leur patrie. C’est du racisme rentré. Ceux-ci nient l’existence du racisme contre les populations issues de l’immigration. Renversant même la situation, ils tiennent l’antiracisme, antichambre du racisme anti-blanc et de la détestation de la France, selon eux, comme le mal absolu qui menace la France. Ce sont, entre autres : H. Guaino, M. Gallo, E. Zemmour, É. Lévi, A. Finkielkraut. Les trois derniers sont des communautaristes fieffés voulant sacraliser les valeurs nationales pour les autres.
Aussi, si le débat sur l’identité française se résumait à exhumer les vieux clichés des bons français contre les mauvais, à opposer ceux qui aiment à ceux qui détestent la France, à opposer Français de souche et de branche ; si le but était de redonner du lustre aux symboles de la République, faire chanter la Marseillaise, amener les Français à mettre un petit drapeau tricolore à leur fenêtre, la montagne accoucherait d’une souris. A moins que l’objectif poursuivi ne soit simplement d’exalter les bas instincts du peuple à la veille des régionales. Lorsqu’on voit M. Besson valoriser le concept de nation au détriment de ceux de démocratie et de république, qu’il voit comme trop consensuel ou l’expression du politiquement correct, on peut s’inquiéter.
L’urgent, c’est : que faire pour perpétuer la République et ses valeurs ?
La France est avant tout une République, une et indivisible. C’est une dimension importante de son identité ; s’y rajoute la devise qui définit les conditions du vivre ensemble : « Liberté Egalité Fraternité ». Liberté de tous de vivre, penser et entreprendre dans le respect des lois, égalité de tous devant la loi, égalité de chances pour chacun d’affirmer ses talents et enfin fraternité entre les mêmes enfants, naturels ou légitimes, de la même patrie. Aucune définition nouvelle ne vient à bout de celle-là. Ce qu’on peut faire de mieux c’est traduire ces principes dans la réalité sociopolitique. Pour le reste, qu’il faille faire connaître, aux jeunes français, la Révolution, la Constitution, la Devise ainsi que le sens du texte de la Marseillaise, qu’il faille même faire des valeurs de la République l’objet d’un enseignement, c’est légitime.
Au demeurant, c’est la mission dévolue à notre école depuis Condorcet.
Au lieu de la notion équivoque de nation, parlons de République et de citoyenneté et chacun comprend aisément de quoi il s’agit. La République c’est, au départ, la Res publica latine, la chose publique, l’affaire de tous. Entendu ainsi, pas besoin d’être de sang, de terroir ou de souche pour se sentir français. Adhérer aux principes qui gouvernent la République suffit. Sous la France révolutionnaire, il fallait juste présenter, aux autorités, deux parrains si on voulait la nationalité. D’ailleurs, au bout de cinq ans de vie sur le territoire on était automatiquement naturalisé.
La question républicaine n’est donc pas, comment retrouver la France éternelle, mais pourquoi existe-t-il, sur le territoire national, des citoyens qui ne croient plus en la République ?
Une chose est sûre, l’identité de la France n’est plus ce qu’elle fut du temps de sa grandeur. Par le passé, la France était définie par son ouverture plutôt que par son repli nationaliste. C’est ainsi que Goethe et Benjamin Franklin ont pu écrire, à leur époque respective, ce qui reste un des meilleurs hommages au génie français, à savoir que : « Tout homme a deux patries, la sienne puis la France ».
La meilleure façon de redéfinir l’identité française serait donc de réinscrire, dans notre contemporanéité, le fait qu’en 1789, les Révolutionnaires, par la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, faisaient de la France un pays unique dans sa responsabilité historique. Ils en ont fait une entité nationale tendue vers l’universel. En ce sens, la France n’a pas pour vocation d’être une nation au sens du XIXe ou de la première moitié du XXe siècle, à savoir une nation ennemie de toutes les autres. Les deux « guerres mondiales » n’ont été, en effet, que des guerres nationalistes, « des guerres civiles européennes », selon George Steiner, imposées aux autres peuples. La France mérite mieux qu’un renouveau nationaliste.
C’est pourquoi, pour moi, si la gauche a raison de dénoncer l’opportunisme électoraliste et le populisme du régime, dans ce faux débat, elle aurait tort de refuser de se saisir de l’occasion pour parler des problèmes cruciaux du vivre ensemble dans la France de ce début du XXIe siècle. Elle a déjà raté deux occasions de soulever ces difficiles questions. Une fois lors des présidentielles, la deuxième fois en perdant l’élection. La VIe République ayant été une promesse électorale de la gauche, on eut mal imaginé que le passage à cette nouvelle République ne se fît pas à la suite de débat national impliquant l’ensemble de la société.
Puisque M. Sarkozy n’a pas trouvé bon de lancer ce débat au début de son mandat (le bouclier fiscal était plus urgent !), la gauche doit lui en savoir gré d’enfin se rendre compte que sa République n’est pas si irréprochable que cela. A elle de définir les termes du débat, les bons lieux où les tenir, les institutions idoines pour les conduire…
Je pense que si N. Sarkozy avait pris la décision, à l’occasion de sa réformette constitutionnelle, de poser la question de la refondation du pacte républicain au pays, ce put même être celle de l’identité nationale, personne ne lui aurait soupçonné des desseins cachés. Et comme il semble, depuis peu, qu’il avait prévu ce débat, de même qu’il avait promis de consulter souvent le peuple français, à la fin de ce débat national, il aurait pu faire un référendum sur cette question et sur d’autres comme, par exemple, la nouvelle ratification du Traité constitutionnel européen. Un tel débat aurait eu de la « gueule » et se serait passé dans l’euphorie générale et dans un climat apaisé. C’eut été l’occasion belle pour N. Sarkozy de rentrer dans le cercle des grands Présidents de la République. Hélas !
On aurait, ainsi, évité la situation actuelle, où presque toutes les institutions républicaines sont mises entre parenthèses, au profit exclusif de la personne du Président, dont les injonctions suffisent à faire loi. Sommes-nous réellement en République, quand le Président de tous les Français parle, non plus, au nom du peuple français ou de l’État, mais en son propre nom et au nom de son camp politique ? « L’État c’est moi » ça n’a jamais été une devise républicaine.
L’autre objectif du débat serait de restaurer « la fierté d’être français ». Un objectif des plus nationalistes se parant du manteau patriotique. Ca sous-tend, en effet, qu’être français, américain ou chinois, naître d’ailleurs, n’est pas le fruit du hasard, mais une prédestination. En quoi peut-on être fier d’être né à Manille ou à Paris ? Que cette fierté puisse être inconditionnelle et sans nuance montre à quel abandon de la raison on invite le peuple français. J’aime mon pays quand il est aimable, quand il est digne et juste. Quand il agit injustement, il ne me paraît pas aimable. Aimer son pays avec déraison, c’est témoigner une confiance aveugle à ses dirigeants du moment et leur donner un blanc seing pour agir, bien ou mal, en notre nom. Or, « [l]’âme républicaine qui conserve la République, disait Alain, sera donc justement la négation de la confiance. A partir du moment où les citoyens approuvent, les yeux fermés, tous les discours et tous les actes d’un homme ou d’un groupe d’hommes, à partir du moment où l’électeur laisse rentrer le dogme dans la politique et se résigne à croire sans comprendre, la République n’existe plus que de nom (…). Comme la confiance est la santé de la monarchie ainsi la défiance est la santé des Républiques ».
Contrairement à l’esprit de cour prédominant dans le régime actuel, l’esprit républicain commande de se libérer de toutes tutelles, celles des prêtres, des princes et des maîtres penseurs. « La raison, dit Pascal, nous commande plus impérativement qu’un maître, car en désobéissant à un maître on est malheureux, et en désobéissant à la Raison on est sot ».
L’amour de la patrie peut et doit être lucide et le patriotisme a besoin d’être inspiré. On peut être fier des périodes fastes de son pays, du courage et de la justesse de jugement de ses élites. J’ai de la fierté à considérer l’œuvre de la Révolution, à lire Rousseau ou Victor Hugo, à me remémorer l’action humaniste d’un Abbé Grégoire, protecteur des Juifs et pourfendeur de la Traite négrière, au siècle des Lumières. Joyeux compatriote, je le suis, de Lafayette, ami des Noirs en France et frère combattant pour la liberté des révolutionnaires américains.
La France est grande et belle quand elle inspire positivement d’autres contrées du monde (Chirac/De Villepin contre la guerre en Irak).
Par contre, j’ai honte d’être le compatriote des codificateurs du code Noir, du Comte de Gobineau, prophète de l’inégalité des races, des capitaines Voulet et Chanoine, bourreaux des peuples du Sahel pendant la France coloniale, des collaborationnistes de 39-45.
Je n’aime pas une certaine France même de nos jours.
La cupidité, les calculs cyniques, la démagogie, l’arrogance, l’injustice et la traîtrise n’ont de faveur à mes yeux.
Si être bon français, c’est s’aliéner à un Président qui, hier, promettait une République irréprochable, mais aujourd’hui promeut une République de classes à tendances autocratiques et népotiques ; qui s’accoquine avec les pires dictateurs alors qu’il y a deux ans, il proclamait vouloir : « … être le Président d’une France qui défende partout les droits de l’homme… qui s’oppose aux dictatures et combat le totalitarisme… », alors je n’en suis pas un.
Je ne me sens pas non plus compatriote du zélé ministre de l’identité nationale qui, non content de déserter son camp en pleine bataille, n’a rien trouvé de mieux que d’aller combattre dans le camp d’en face, oubliant l’élémentaire éthique du soldat. Comment ne pas vomir ce type qui, en 2007, qualifiait son futur mentor de « néo conservateur américain à passeport français », de populiste xénophobe et anti-immigrés, devient le défenseur zélé de son régime aujourd’hui ?
Le même Besson, qui disait que la politique de l’immigration de Sarkozy était de la gesticulation démagogique, que « [s]a politique de reconduite à la frontière conduit à des situations inextricables et humainement bouleversantes" est, pourtant, celui qui expulse vers l’Afghanistan, le Mali… ; allant même jusqu’à inventer le concept horrible de « mariage gris » pour remettre en cause les mariages entre français et étrangers. Un tel personnage ne m’inspire que honte et dégoût.
Si être bon français, enfin, c’est être comme tous ceux, à droite (conseillers, élus, militants et même intellectuels), qui, dans l’affaire Jean Sarkozy ou dans les mensonges du Président quant à sa présence à Berlin, le 9 octobre 89, ou dans les autres bavures élyséennes, défendaient l’indéfendable, mentant à leur tour sans vergogne, alors je préfère être un mauvais français.
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