Référendum, le mot que veut oublier notre président
« Ce qui est pénible dans une démocratie, c’est le vote des électeurs », proverbe sarkozyste.
Une chose est certaine, Sarkozy n’aime pas les référendums.
Après avoir décidé de faire ratifier le traité de Lisbonne par le congrès, il s’apprête, en catimini et avec l’alibi du comité Balladur, à modifier la constitution pour supprimer le référendum obligatoire lors des futures adhésions à l’Union européenne.
Le débat sur le traité de Lisbonne est discutable, car s’il est effectivement peu démocratique de faire passer par le congrès un texte refusé au préalable par référendum, Sarkozy peut « honnêtement » défendre le fait qu’il avait annoncé depuis longtemps le contenu et le mode de ratification de ce mini-traité lors de son élection.
Bien sûr, il est abusif de déduire que parce que 53 % des Français ont préféré Sarkozy à Royal un beau jour de mois de mai, la majorité des Français est ainsi d’accord, en bloc, à toutes ses propositions, mais néanmoins le débat a eu lieu.
Ce n’est malheureusement pas le cas concernant sa tentative de modification de la Constitution où aucune de ses propositions n’a été présentée au cours de la campagne présidentielle ou législative. Il se trouve qu’ainsi aucun de ces changements n’a reçu, de près ou de loin, l’aval des Français, et pourtant Sarkozy, compte bien éviter de les consulter.
Parmi ces modifications, une est particulièrement scandaleuse. Il s’agit de la suppression du référendum obligatoire pour toute future adhésion à l’Union européenne.
Comment oser, sous le prétexte de démocratie, supprimer le droit de vote du peuple français ?
Comment oser supprimer un droit que le peuple français n’aurait même JAMAIS exercé !
Décidément la leçon du « non » à la Constitution pour la classe politique est de ne plus jamais avoir à demander son avis au peuple...
Mais indépendamment du débat sous-jacent à l’entrée de la Turquie dans l’Europe, et donc du reniement de Sarkozy sur tous ses engagements et discours précédents (les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent), au nom de quel droit un Parlement pourrait-il supprimer une prérogative exclusive du peuple sans en référer directement au peuple !
Autrement dit, à moins de permettre la dérive de notre République vers n’importe quelle dictature eltsinienne ou castriste, un Parlement peut-il, de lui-même, dessaisir le peuple d’un droit que ce Parlement ne possède pas lui-même ?
La suppression du référendum obligatoire ne peut être acceptable que si celle-ci est obtenue par référendum, le peuple acceptant alors explicitement sa perte de souveraineté.
Heureusement, il n’est pas trop tard car Sarkozy ne dispose pas de la majorité parlementaire lui permettant de tripatouiller la Constitution à loisir.
Mais il appartient à tous les sympathisants et adhérents UMP de contacter leurs maires, sénateurs et députés afin d’éviter cette abdication de la souveraineté du peuple français, et d’expliquer le risque lors des prochaines municipales.
Il appartient aussi à tous les militants PS d’expliquer à leurs députés et sénateurs tentés par l’aventure de l’ouverture qu’ils n’ont aucun cadeau à faire à Sarkozy en acceptant ces modifications constitutionnelles anti-démocratiques.
Il appartient à tous les militants du MoDem, fervents partisans du référendum d’initiative populaire, d’expliquer à leurs représentants qu’ils doivent défendre notre République.
Il appartient, enfin, à tous les démocrates d’affirmer que l’on ne peut, a minima, supprimer le droit de vote du peuple sans son accord.
Pour infos :
http://www.comite-constitutionnel.fr
Article 88-5
Tout projet de loi autorisant la ratification d’un traité relatif à l’adhésion d’un Etat à l’Union européenne est adopté selon la procédure prévue aux deuxième, troisième et quatrième alinéas de l’article 89.
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