Résolutions 2006
En période de vœux et de bonnes résolutions, il est toujours important de jeter un œil critique sur son passé pour pouvoir imaginer son avenir. Commençons donc par un bref récapitulatif des effets du dérèglement climatique.
À ce jour (les chiffres officiels ne seront publiés qu’en février), 2005 se place au deuxième rang des années les plus chaudes depuis 1861, selon l’Organisation météorologique mondiale (lire le communiqué), ce qui fait que les 9 dernières années (de 1997 à 2005) sont les 9 années les plus chaudes jamais enregistrées. Pour être très précis, "2005 présente actuellement une anomalie positive de 0,48°C par rapport à la normale calculée pour la période 1961-1990 [..] Les températures de surface de la mer en 2005 dans l’Atlantique Nord pulvériseront probablement tous les records."
Pour prendre un peu de recul, il faut savoir que la température moyenne à la surface du globe a accusé une hausse comprise entre 0,6 et 0,7°C durant le XXe siècle, mais que cette progression n’a pas été continue. Depuis 1976, la hausse s’est nettement accélérée, atteignant 0,18°C par décennie. Les années 1990, marquées par une anomalie positive moyenne de 0,38°C dans l’hémisphère Nord et de 0,23°C dans l’hémisphère Sud, représentent la décennie la plus chaude qui ait été observée. Mais que représentent ces "petits" changement de température au niveau local ?
Morceaux choisis du communiqué de l’OMM :
- Chaleurs : "En Australie [..] les températures moyennes ont été supérieures à la normale sur environ 97 % du continent. [..] En Inde, au Pakistan et au Bangladesh, les températures ont connu des pics compris entre 45 et 50°C [..] En Algérie, la température a atteint 50°C en juillet."
- Froids : "La région des Balkans a connu des températures extrêmement basses durant la première quinzaine de février, et au Maroc, les températures ont plongé à -14°C durant la vague de froid qui s’est abattue sur ce pays en janvier."
- Sécheresses : "Le Zimbabwe, le Malawi, l’Angola et le Mozambique n’ont connu que des pluies sporadiques lors de la saison humide 2004/05 [..] Entre octobre 2004 et juin 2005, les précipitations ont été inférieures de plus de 50 % à la normale dans certaines régions du Royaume-Uni, de la France, de l’Espagne et du Portugal. [..] Le déficit pluviométrique que connaît le sud du Brésil depuis décembre 2004 a entraîné une grave sécheresse qui a mis à mal les cultures de maïs et de soja."
- Pluies : "La mousson du sud-ouest [..] a déversé des quantités de pluie sans précédent sur l’ouest et le sud de l’Inde et causé des inondations très étendues qui ont touché plus de 20 millions de personnes et fait plus de 1800 victimes. [..] Le 27 juillet, 944 mm de pluie se sont déversés en 24 heures sur la ville de Mumbai (Bombay) [..] Durant la troisième semaine de juin, les tempêtes de pluie qui se sont succédé dans certaines régions de Chine méridionale ont touché quelque 21 millions de personnes et fait au moins 170 victimes. [..] Les fortes pluies qui ont persisté de mai à août ont entraîné des inondations destructrices en Europe orientale, en particulier en Roumanie, en Bulgarie et en Hongrie, où les infrastructures et l’agriculture ont notamment beaucoup souffert. [..] Au début du mois de janvier, des tempêtes hivernales ont entraîné des chutes de pluie et de neige et des inondations d’une ampleur exceptionnelle dans le sud-ouest des États-Unis d’Amérique."
- Ouragans : "En 2005, la saison des ouragans dans l’Atlantique a été marquée par un nombre record de tempêtes tropicales ayant reçu un nom - 26 au total - qui ont semé la dévastation en Amérique centrale, dans les Caraïbes et aux États-Unis d’Amérique. [..] On constate [..] depuis 1995, une augmentation sensible du nombre annuel de tempêtes tropicales dans le bassin de l’Atlantique"
- Glaces : "Le recul des glaces de mer dans l’Arctique s’accélère [..] À la fin du mois de septembre 2005, l’étendue des glaces de mer était bien inférieure à la moyenne calculée pour la période 1979-2004, et ce pour la quatrième année consécutive. [..] D’après les données satellitaires, l’étendue des glaces de mer dans l’Arctique à cette période de l’année aurait accusé un recul général d’environ 8 % au cours du dernier quart de siècle."
Ensuite, revenons sur les études publiés ces 12 derniers mois.
- Point de non-retour dans 10 ans ? (janvier 2005) : le rapport intitulé "relever le défi du climat", rendu public à
Londres par un groupe de scientifiques de 9 pays, estime qu’un accroissement de plus de 2° C de la température moyenne
mondiale (par rapport à l’ère pré-industrielle, soit 1750) rend l’arrêt du dérèglement climatique impossible.
"Pour eux, la Terre aura atteint ce point de non-retour lorsque son atmosphère contiendra 400 parties de CO2 par million (ppm). Aujourd’hui, elle en contient déjà 379 ppm, un niveau augmentant de 2 ppm chaque année, souligne l’étude." (LaLibre.be) - Remise en cause des puits de CO2 (août 2005) : les auteurs d’un projet de la Communauté européenne estiment que la sécheresse transforme les puits à carbone terrestres en sources. La dégradation de la couverture végétale lors de l’été 2003 serait la cause de l’émission de quelque 500 millions de tonnes de CO2 supplémentaires. (Futura-sciences)
- Les villes d’Europe s’échauffent (août 2005) : Un nouveau rapport du WWF, analysant les températures estivales de 16 grandes villes européennes, révèle que les villes du vieux continent connaissent des étés de plus en plus chauds, les températures moyennes ayant grimpé parfois de plus de 2°C au cours de ces 30 dernières années. (WWF.be)
- Le permafrost dégèle ! (août 2005) : L’hebdomadaire britannique New Scientist annonce, dans sa parution de la seconde semaine d’août, un dégel important du permafrost (terres gelées en permanence) de Sibérie occidentale. Cette tourbière, grande comme la France et l’Allemagne réunies, a commencé à fondre depuis 3 ou 4 ans, ce qui va entraîner un dégagement massif de méthane (elle en contient 70 milliards de tonnes), gaz à effet de serre 23 fois plus puissant que le CO2 ! (LaLibre.be)
- Remise en cause des puits à CO2 (bis) (septembre 2005) : les premières études sur la capacité des arbres à absorber les surplus de CO2 sont décevantes. (Université Laval)
- Remise en cause des puits de CO2 (ter) (septembre 2005) : De 1978 à 2003, les chercheurs britanniques de l’Université de Cranfield ont testé des milliers d’échantillons de sols à travers l’Angleterre et l’Ecosse. Cette étude, publiée dans la revue Nature [revue scientifique à comité de lecture], indique que le taux de CO2 dans le sol a baissé à travers tout le pays. Cela signifie que le réchauffement de la Grande-Bretagne (en moyenne un demi-degré entre le début et la fin de la période) a provoqué 8% d’émissions supplémentaires. (20 minutes)
- Le permafrost dégèle ! (bis) (décembre 2005) : selon une étude publiée la semaine du 19 décembre par le US National center for atmospheric research (NCAR) - dans laquelle, pour la première fois, un modèle prévisionnel génère une interaction entre l’atmosphère, l’océan, la surface terrestre et le couvert de glace ainsi qu’avec les phénomènes de gel et dégel saisonniers - 90% de tout le pergélisol pourrait fondre d’ici 100 ans. (Le devoir.com)
Puis finissons en apothéose avec les réactions humaines.
- Le grand retour du charbon ! Véritable vétéran de la préhistoire industrielle, le bon vieux roi charbon reprend du service un peu partout dans le monde, jusqu’en Allemagne, pourtant championne intransigeante des énergies propres. (WWF.be)
- Augmentation de nos rejets de 1,5% entre 2002 et 2003 ! Dans une déclaration du 21/06/05, on apprend que l’Agence européenne pour l’environnement (AEE) donne les chiffres suivants : "Par rapport à 2002, les émissions de dioxyde de carbone (CO2) et d’autres gaz à effet de serre ont augmenté de 1,5 % en 2003 dans l’UE-25. La progression des émissions a atteint 1,3 % dans l’UE-15." Cette augmentation est liée à l’augmentation de la consommation de charbon pour la production d’électricité. (Commission Européenne)
- La Chine nous dépasse ! Envisat, le satellite de l’ESA, a révélé que la pollution au CO2 la plus importante jamais
observée se situe au-dessus de la Chine. (techno-science)
[Avec sa croissance à 2 chiffres (9,5% en moyenne depuis une vingtaine d’années, source OCDE), et son passage progressif au charbon (qu’elle possède en quantité) du fait de la diminution de ses ressources pétrolières, la Chine n’aura bientôt plus rien à envier aux USA.] - Record d’émissions de CO2 aux Etats-Unis en 2004. "Les émissions de gaz à effet de serre (GES) des Etats-Unis ont atteint en 2004 un niveau record, selon un rapport du Département américain de l’énergie rendu public cette semaine. Ces émissions ont augmenté de 2% par rapport à 2003, passant de 6.98 millions à 7.12 millions de tonnes d’équivalent CO2. Ce taux de 2% est supérieur à la moyenne enregistrée depuis 1990 pour la progression annuelle des émissions de GES, qui est de 1,1%." (NouvelObs)
- Conférence de Montréal. Est-il besoin d’en parler ?
Dois-je rappeler qu’une différence de 4°C, au niveau de la température mondiale, équivaut à un changement climatique, et que les changements climatiques, bien qu’étalés sur 10 ou 20.000 ans, sonnent toujours le glas de très nombreuses espèces ?
Alors, je ne sais pas pour vous, mais moi, mes résolutions pour 2006 seront les mêmes que celles de 2005 : réduire mes rejets en gaz à effet de serre, quitte à changer mon mode de vie et celui de ma famille.
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