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Accueil du site > Actualités > Citoyenneté > Témoignage d’avortement pour participer au débat actuel

Témoignage d’avortement pour participer au débat actuel

Je suis née et j’ai grandi dans le Sud Ouest de la France. C’est là que j’ai eu un avortement, en 1980, et je le regrette profondement.

J’aimais mon copain. Quand il a su que j’étais enceinte, il m’a dit : « tu as 3 choix :

  • ou tu gardes le bébé mais je ne pourrai pas t’aider, je ne serai jamais un père de famille,
  • ou tu le donnes à l’adoption,
  • ou tu as un avortement ».

J’attendais sans pouvoir prendre de décision. Je me sentais comme une petite fille qui avait fait une grosse bêtise et allait être punie. Croyant bien faire , ma maman me conseilla l’IVG : nous étions tres proches et elle ne voulait que mon bien. Elle savait que mon copain serait incapable de m’aider. L’IVG semblait être la solution incontournable… Et au fond, si d’autres le faisaient, et si la Loi l’autorisait, ça ne pouvait pas être si terrible !

A contre coeur, je me suis rendue au planning familial : étape préliminaire a l’avortement. La, personne ne m’a parlé : on m’a juste donné un papier a remplir. Deux jours plus tard, j’étais à la clinique : la procédure était celle d’un D et C (dilatage et curetage). Au moment d’être anesthésiée, j’ai ressenti un profond sentiment de malaise, d’incertitude, de honte… Quand je me me suis réveillée, j’avais de fortes douleurs au ventre et de la fièvre. Cela dura deux jours. Je ne me suis pas inquiétée. Je voulais juste en finir vite, oublier tout ça…

Quelques mois plus tard, mon copain et moi avons déménagé dans une autre ville. Là j’ai commencé à avoir des crises de tacicardie : tout d’un coup, mon coeur battait tellement vite que je me croyais au bord de la crise cardiaque. Les crises étaient de plus en plus fréquentes et sévères. Je dus consulter un cardiologue : il déclara que c’était lié au stress ou à l’anxiété, qu’il me faudrait en trouver l’origine… Finalement, je me suis résolue à quitter mon copain, pensant que ce serait la fin de mes problèmes.Je me consacrais a la peinture qui avait toujours été ma passion. Mais les crises d’anxiété continuaient, et malgré quelques bons amis, je voulais partir loin…

Un jour, en rentrant d’une exposition, j’ai vu une vieille église sur la place d’un village avec la porte grande ouverte ! J’y suis entrée et j’ai prié : "Dieu, s’il te plait, fais que je rencontre un garcon qui m’amènera sur les routes d’Amérique !" Incroyablement, quelques mois plus tard, j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari : il travaillait au Canada, et je l’ai suivi !

Notre relation n’était pas toujours facile au début, à cause de nos blessures passées. Lors de ma première grossesse, j’ai fait une fausse couche qui s’est terminée en hémorragie et aux urgences avec quatre transfusions sanguines. Mon docteur soupçonnait des problèmes liés à mon avortement. Je craignais de ne plus pouvoir avoir d’enfant. Mais par bonheur, un an plus tard, mon premier fils est né. Quand je le regardais,si petit, si mignon, je pensais au bébé que j’avais avorté et comme il devait être beau lui aussi… J’ai commencé à avoir des cauchemars où je voyais un tout petit bébé disparaître sous l’eau et j’essayais d’attraper sa petite main tendue vers moi et je n’y arrivais pas ! Ma conscience ne cessait de me tourmenter. Pour contrer mes remords et ma culpabilité, j’ai commencé à témoigner.J’avais cette idée que si je pouvais sauver deux bébés, le mien ne serait pas mort pour rien. Travailler pour défendre la vie, malgré les luttes et les frustrations, m’a aidée à guérir.

En 2002, mon dernier bébé a été diagnostiqué in utero avec un grave problème génétique : trisomie 18. Il pouvait mourir avant la naissance ou juste après. J’ai dit au docteur que je n’avorterais pas une seconde fois. Dieu seul déciderait quand ce bébé allait mourir ! Gérard est né et a vécu 26 heures pendant lesquelles il a été tenu et bercé par ses cinq frères et soeur, et son doux visage restera à jamais gravé dans nos mémoires. Comme j’aurais du protéger ainsi son demi-frère avorté vingt ans plus tôt. J’aurais dû être plus forte et défendre sa vie !

Une retraite post-avortement à la Vigne de Rachel a complété ma guérison morale et spirituelle. C’était une belle expérience ou j’ai rencontré d’autres femmes dans mon cas. Cela m’a donné le courage de témoigner en public, de dénoncer la grande douleur causée par l’avortement, de rompre le silence !

Nancy Garez

Retrouvez ce témoignage (et d'autres) sur le site http://ivg-romprelesilence.fr


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27 réactions à cet article    


  • Aiane Aiane 22 janvier 2014 10:39

    Si ça peut vous soulager de parler de votre expérience, tant mieux. Toutefois, chaque cas étant unique, votre seule expérience ne me semble pas apporter quoi que ce soit au débat actuel.
    Pour ce qui me concerne, j’avais 16 ans et je n’ai jamais regretté de mettre fin à ma grossesse. Mais comme il s’agissait d’un acte illégal à l’époque, j’ai failli mourir et les blessures morales que j’ai traînées derrière moi étaient uniquement dues au traitement que les médecins de l’époque m’ont infligé, me passant « à la question » à peine réveillée de l’intervention chirurgicale que j’ai du subir à la suite de cet avortement clandestin.
    Vous voyez, chaque cas est unique.
    Une chose est sûre, interdire l’avortement ne fait que rajouter des drames à des situations déjà difficiles.
    Je souhaite à toutes les femmes de pouvoir prendre sereinement leur décision et, si nécessaire, de bénéficier, tout aussi sereinement, de la possibilité de l’IVG légalement admis.


    • amiaplacidus amiaplacidus 22 janvier 2014 11:19

      Autre témoignage : le mien !

      Je suis un homme. Il y a 42 ans, je vivais en couple stable avec ma compagne. Un accident de contraception, elle tombe enceinte. Étudiants tous les deux, il ne nous est pas possible d’assumer. Comme nous habitons proche de la frontière franco-suisse, la solution de l’IVG nous est accessible, la décision est prise et l’IVG effectuée.

      Aujourd’hui, marié avec ma compagne de l’époque, nous avons deux enfants et 3 petits-enfants.
      Toujours en couple stable et toujours heureux d’être ensembles.

      Voilà, comme quoi pathos et IVG ne vont pas forcément ensemble.


      • non667 22 janvier 2014 11:42

        et pendant ce temps des milliers de parents sont en attente « interminable » d’adoption et son obligés d’aller à l’étranger !
        y a pas un blème ?


        • joelim joelim 22 janvier 2014 21:57

          C’est triste à dire mais les futurs bébés préfèreraient sûrement être adoptés, peut-on voir les choses autrement ? Et dans ce cas la non-naissance (euphémisme) est entièrement une question de confort intellectuel. Et oui, puisqu’il y a des demandes d’adoption en souffrance. Mieux vaut qu’il soit non-vivant (euphémisme) car c’est plus facile çà gérer en fait... Non ?


        • Furax Furax 22 janvier 2014 12:53

          Merci pour ce témoignage.
          Il s’agit ici non pas de politique, de glapissements haineux mais d’ HUMANITE !


          • Sarah 25 janvier 2014 16:51

            L’auteur de ce témoignage poignant a fait une grave erreur en s’adressant à cette officine nommée \


          • Sarah 25 janvier 2014 17:02

            L’auteur de ce témoignage poignant a fait une grave erreur en s’adressant à cette officine nommée « Planning familial » ; il ne faut rien attendre d’eux pour être informée des risques psychologiques, physiques et autres d’un avortement. Dans un tel cas, il faut s’adresser à son médecin-traitant. Aussi, prendre plusieurs avis, si possible.


            Je connais des femmes qui ont regretté toute leur vie de s’être fait avorter, parfois immédiatement après l’intervention ; certes, c’est moins grave quand elles ont eu d’autres enfants après.


            Mais j’ai connu des cas dramatiques où des femmes se sont fait avorter de leur premier enfant, et n’ont plus jamais pu avoir d’enfant après.


          • Crab2 22 janvier 2014 17:28

            Droits des femmes


            Manifestation en France des anti avortements, se référant à la loi projetée

            par le gouvernement en Espagne, sur la demande de l’église, contre la volonté de 78% des espagnols, destinée à réduire comme une peu de chagrin le droit d’interrompre une grossesse...

            Suites :

            http://laicite-moderne.blogspot.fr/2014/01/droits-des-femmes.html

            ou sur :

            http://laiciteetsociete.hautetfort.com/archive/2014/01/19/droits-des-femmes-5275633.html



            • Corinne Colas Corinne Colas 22 janvier 2014 18:25

              Le gouvernement se débrouille pour nous occuper à regarder ailleurs. En ce moment, il y a des événements graves tels pour les + voyants sur le sol français : dictature qui s’affiche sans vergogne, la fin des cotisations familiales, la misère sociale mais l’on pourrait citer les guerres où la France s’enlise ainsi que ce qui se trame dans l’ombre au niveau européen, l’un se découvrant comme une banquise : le traité transatlantique.

               Tiens et si l’on créait un faux débat cette fois centré sur la loi Weil ; sujet porteur si on le met habilement en relation avec l’Espagne ! Et tout à coup, les idéaux des uns et des autres s’opposent de manière surréaliste... l’armistice a été signé il y a longtemps mais l’on cherche à rejouer une guerre. Déjà hier, l’article plein d’envol de Mr Chalot (et les commentaires à la suite), mettait en état de sidération !

               Aujourd’hui, c’est un témoignage de femme qui soit agace soit est censé prouvé que l’avortement doit être interdit...

              Avec ou sans base légale, avec ou sans caution morale, l’avortement pratiqué depuis toujours, continuera à être pratiqué dans le futur.

              Au lieu de nous fatiguer pour les uns avec les cathos suppôts de l’archaïsme ou pour les autres avec l’éternelle problématique « embryon/sujet », posez-vous une seule question ! (certains, rares, l’on fait ... il faut le reconnaître) 

              Est-ce que nous les femmes avons un problème avec la loi Weil ? En gros, est-ce que la notion de « situation de détresse », empêche des femmes d’avorter aujourd’hui  ? 

              Il faut donc répondre le + simplement possible :

              Si certaines se refusent à « utiliser » ce droit à l’avortement, c’est parce qu’elles le peuvent, le veulent ! Et non spécialement parce qu’elles sont cathos ou demeurées... 

              Si d’autres ont recours à l’IVG, c’est parce qu’elles ne peuvent faire autrement, en bref qu’il leur semble qu’elles n’ont pas d’autre choix ! Et non parce qu’elles sont immorales ou inconscientes...De toute façon, c’est une situation d’échec pour la femme. Aucune ne part se faire avorter en sautillant. L’extrême minorité qui fait plus d’une IVG, a de sérieux problèmes par ailleurs et mériterait une prise en charge car c’est un appel au secours en fait, un symptôme, un cas à part. 

              Faire un choix n’est pas toujours facile... mais si c’est le bon, elles sont toujours soulagées après l’IVG. Dans le cas contraire, la dépression révèle plutôt le regret d’un désir d’enfant qui ne pouvait aboutir à cause d’un contexte précis... Ce sont les conditions de vie qui sont pleurées, elles ne remettent pas en cause le droit d’avorter.

              Dans tous les cas de figure, jamais aucun professionnel ne dira : "oui là c’est bon, vous avez droit à vous faire avorter« ou au contraire : »euh non, là il n’y a pas de détresse, repartez chez vous avec le polichinelle dans le tiroir" ! 

              La réalité c’est que la situation de détresse, c’est la femme qui est seule juge dans les faits, là sur le terrain ! Il n’y a donc pas à défendre le droit à l’avortement ou à l’élargir (? ??), il existe bel et bien sans restriction hormis le fait qu’il faut bien s’entendre sur une date limite. Et chacune en fait ce qu’elle veut et n’a pas à être culpabilisée ! 


              Alors, je vous le dis : pourquoi un faux débat ? 

              Le taux d’avortement s’est stabilisé depuis très longtemps. Le gouvernement pense peut être qu’à défaut de « croissance économique », il peut booster les chiffres à propos de l’IVG. 

              « Ils » font surtout d’une pierre deux coup puisqu’ils tentent de modifier notre système de valeurs en voulant faire croire que l’IVG n’est pas une situation de détresse. Avons-nous le droit encore de réfléchir, voire même de souffrir d’une décision qui s’avérait pénible après coup ? La promesse d’un enfant peut être vécue de façon heureuse, c’est la chance d’un grand nombre de femmes. J’en fais partie mais comme les autres, je sais que l’histoire des amies, des proches montre parfois que l’IVG est la seule solution y compris quand la femme qui y a recours, a un sentiment mitigé sur le principe de l’avortement. Ce sont les aléas de la vie qui nous font grandir, mûrir... Pire c’est parfois une IVG qui va permettre à la femme (voire au couple) de déterminer ce qu’elle veut vraiment... une étape parfois douloureuse mais nécessaire pour certaines. Malheureusement la tendance est plutôt à nous déresponsabiliser, à nous traiter comme des enfants, à nous dicter ce qui est juste ou non, à tout mettre au même niveau, à nous enlever tout repère ! Si rien de ce que l’on fait n’a d’importance y compris sur notre propre corps, il ne faut pas s’étonner de la banalisation de la violence. 

              D’autre part, s’« ils » parlent de supprimer un terme dans la loi, ils ne donneront pas pour autant plus de moyens financiers aux services en charge. Ils s’en moquent de l’efficacité, ce qu’ils recherchent surtout, c’est qu’on perde notre temps à nous affronter les uns et les autres... 

              Diviser pour mieux régner !




              • Furax Furax 22 janvier 2014 20:17

                Commentaire lucide et mesuré , loin de toute idéologie d’un côté ou de l’autre.
                En fait, il n’y aura ni plus ni moins d’avortements après cet amendement qu’avant.

                Mais quand même Monsieur Astus, le chapitre suivant, pour nous faire oublier que ce gouvernement est celui du MEDEF« , après cette joyeuse diversion, sera l’euthanasie. Ce que vous nommez avec beaucoup de poésie »aménagement pour une fin de vie digne« 

                On va nous jurer, la main sur le coeur, que toutes les garanties seront prises, que ce sera une liberté et un immense progrès, enfin les ritournelles habituelles.

                Et, quelques années plus tard, comme pour l’avortement, plus la peine de s’embêter avec la »détresse". Les retraités hollandais fuient en Allemagne, en Belgique, on va euthanasier, les enfants, les handicapés mentaux, on a déjà éxécuté des dépressifs... Avec l’appui de 75% de la population ! presque la même proportion que pour l’avortement. Le pourcentage de ceux qui désirent le rétablissement de la peine de mort en France est aussi de 75 %...

                Vive la liberté démocratique de tuer !

                Viva la muerte !


              • bernard29 bernard29 23 janvier 2014 00:05

                très bon commentaire

                Est-ce que la question de la détresse limitait l’accès à l’IVG ? non et si elle le faisait , il suffisait de dire que les femmes qui avortent sont de toutes façons en état de détresse. et comme vous le dites ; « La réalité c’est que la situation de détresse, c’est la femme qui est seule juge dans les faits, là sur le terrain ! ». 

                cette affaire de loi est une manœuvre politicienne, et Najad Vallaud Belkasem est de plus en plus décevante.


              • Crab2 23 janvier 2014 11:49

                Je constate que le pape ( françois ) des pauvres d’esprits, comme ses prédécesseurs, a encouragé la manif contre l’IVG

                Rappel :

                http://laiciteetsociete.hautetfort.com/archive/2014/01/20/%C2%A0marche-pour-la-vie%C2%A0-5276527.html


              • Furax Furax 23 janvier 2014 11:56

                @Crab
                 Effectivement, c’est un scandale !
                Seules, dans notre république laïque, doivent être prises en compte les saintes paroles du CRIF, du Grand Orient et de « Têtu » !


              • Sarah 25 janvier 2014 17:04

                @Corinne Colas


                « Aujourd’hui, c’est un témoignage de femme qui soit agace soit est censé prouvé que l’avortement doit être interdit... ».


                Nancy témoigne de qu’elle a vécu, ressenti et soufert ; à aucun moment elle ne dit qu’il faut interdire l’avortement.


              • Corinne Colas Corinne Colas 25 janvier 2014 21:12
                @ Sarah
                Ave retard, je vais tenter de mieux me faire comprendre mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas écrit... J’ai parlé du ressenti général, chacun pouvant interpréter ce témoignage dans le sens qui lui convenait. Je ne m’adressais pas à l’auteure. Je ne juge pas, c’est son choix de raconter son histoire douloureuse parce que oui, des fois, le regret est là. D’autres lui répondront que pour elles, ce fut un soulagement. 

                Moi-même, j’ai une amie qui chaque année à date fixe de « l’anniversaire de l’avortement » pense à l’âge qu’aurait son enfant s’il avait vécu, c’est donc un traumatisme pour elle, j’en connais une autre absolument soulagée et qui n’a jamais rien regretté, je me souviens d’une camarade de classe lors de mes (lointaines) années lycée qui avait avorté trois fois et personnellement, je n’ai jamais compris comment elle avait pu en arriver là sans que ses parents divorcés ne courent chez le psy pour essayer de comprendre le problème. Ce n’était pas un manque d’accès à la contraception (le planning familial était au beau fixe) ni d’argent, ses parents étaient plein aux as. J’ai trois autres histoires encore mais cette fois concernant des proches, je n’irai pas plus loin à part pour dire que pour l’une, malgré la solitude, elle a préféré se retrouver « fille mère » comme on dit. Et pourtant celle-ci n’avait pas un radis. Cela fait donc six trajectoires différentes dont cinq ont suivi le même protocole... et ont avorté.

                C’est l’hypocrisie du gouvernement que je dénonçais !

                Rappel de la problématique : est-ce que la notion de « situation de détresse », empêche des femmes d’avorter aujourd’hui ?


                Réponse : toutes ont évidemment le petit entretien obligatoire de circonstance, c’est la procédure normale mais le résultat est le même pour chacune. Qui sommes-nous pour juger de ce que ces femmes doivent faire ? Je le redis : les femmes ne vont pas se faire avorter en rigolant...


                Quelques uns jugent nécessaire par principe ce garde-fou, qu’il paraisse inutile ou pas sur le fond. Au contraire le gouvernement lui veut au moins :

                - faire des économies dans les centres d’IVG en supprimant la notion de détresse

                - promouvoir une certaine idée de « l’émancipation » de la femme -mais personne n’est dupe, il préfère brasser du vent plutôt que d’augmenter les salaires et donner du travail aux chômeuses

                - accélérer un changement sociétal en modifiant nos perceptions


                et cerise sur le gâteau, détourner notre attention des problèmes cruciaux en nous incitant à activer nos « barricades psychologiques » de préférence sur les catholiques, le seul bouc émissaire dont la religion enjoint de tendre l’autre joue quand le croyant se prend une claque. Et il faut avouer que celui-ci plonge à fond dans le piège !


                Quand on regarde ça de l’extérieur, on se dit que l’intox marche très bien. Personne n’a par ex consulté le projet de loi chez les Espagnols mais il fait grimper aux rideaux grâce à des mensonges diffusés partout y compris dans le journal « Le Monde »...

                 

                Bizarre, bizarre ! Si c’est une promesse électorale en France de faire « le mariage pour tous », il faut s’incliner mais si en Espagne, c’est une promesse de campagne qui concerne des modifications sur les conditions de l’avortement par des gens élus en conséquence, celle-là n’est pas légitime ! Je me trompe peut être mais à première vue, il semblerait pourtant qu’en Espagne, le souhait est plutôt d’introduire cette fameuse notion de détresse qui n’existait pas. Et le pays est si peu rétrograde au vu de l’intégration des couples homosexuels qu’on l’imagine mal tombant cette fois dans la régression sur la question de l’avortement... 


                Hé oui dans les faits, l’idée est d’introduire la notion de « détresse morale » jusqu’à 22 semaines de grossesse (wouah, ça c’est rétrograde en comparaison de notre législation ????). En bref, comme la « détresse morale » est le propre de toutes femmes venant avorter, il n’y aura aucun chamboulement chez eux ! 

                 

                En France du coup, c’est l’inverse ! Histoire de faire le buzz (et de nous obliger à écrire des commentaires longs comme le bras), d’égratigner aussi un peu plus l’image des cathos (les ont bien dans le collimateur), ils décident de supprimer la notion de détresse !

                 

                Et que lit-on aujourd’hui partout dans les médias ? Que les méchants intégristes veulent supprimer le droit à l’avortement. Des intégristes il y en a toujours eu mais en général, on ne parle pas d’eux à longueur de temps. En revanche, j’ai cru comprendre que le « combat » des cathos (excusez-moi ce n’est pas une injure mais le terme devient généraliste) portait bien en réalité sur la notion de détresse qu’ils ne veulent pas voir supprimer. Cependant ils sont présentés comme des opposants, les ennemis du droit à avorter... Avouez que c’est radical et empêche tout questionnement y compris pour les laïcs. 


                Sous peine de se voir accusé d’être un réactionnaire même s’il n’a jamais mis les pieds à l’église, le laïc ne doit pas moufter de peur de passer dans « l’autre camp » ! C’est dans ce sens là que je disais que c’est très fatigant de supporter un faux débat car « notion de détresse » ou pas, le résultat est le même depuis toujours dans les centres IVG ! Et le gouvernement le sait mais le transforme en guerre version défense de la république contre la religion comme si tout devait être ramené à ça ! 


                Pendant ce temps, « les affaires » continuent, c’est affligeant de constater que les gens se laissent instrumentaliser aussi facilement !

                 



              • Sarah 26 janvier 2014 10:33

                Merci pour cette longue et intéressante explication.


              • christophe nicolas christophe nicolas 22 janvier 2014 18:50

                Moi, il y a 22 ans mon amoureuse ne m’a pas demandé mon avis et je n’ai pas insisté car j’ai eu peur de la culpabiliser. Ceci dit, bonne nouvelle pour toutes les Françaises car dans « Jésus et les gentils à Béthanie », au §383, Jésus dit  « L’âme n’est pas une brute, Plautina. L’embryon, oui. C’est si vrai que l’âme n’est donnée que quand le fœtus est déjà formé. ». Cela veut dire que jusqu’à environ 12 semaines, l’embryon n’a pas d’âme donc l’avortement n’est pas bien mais ce n’est pas un meurtre.

                Je laisse les spécialistes décider le passage entre embryon et fœtus, ce n’est pas au jour près, l’important est que ce soit fait dans cet esprit, je crois que Dieu sait qu’il n’est pas possible que ce soit au jour près.

                Simone est sauvée de l’enfer... elle n’est pas passée loin... je rigole, les erreurs sont toujours pardonnables car c’est la forme intentionnelle qui est jugée ce qui n’est pas de notre ressort, nous, on a la loi dont l’esprit doit s’accorder aux révélations et je n’ai pas trouvé de mention concernant les radars planqués dans les poubelles qui me semblent relever d’un état d’esprit piégeur ce qui est satanique. Là, je pense que tout le monde est d’accord avec moi.


                • Mortarion 22 janvier 2014 22:15

                  C’est bien beau de dire que le nombre d’avortement est stabilisé, mais n’est-il pas quand même trop élévé ? D’après les stats de l’ined (http://www.ined.fr/statistiques_ivg/) les chiffres sont conséquent : 200 000 avortements par an pour 800 00 naissances...

                  Et 40% des avortements ne sont pas le premier de la femme.

                  Ca fait quand même beaucoup d’accidents, de contraceptifs pas fiables ou de détresse...

                  Vouloir responsabiliser les pères sans leur donner voix au chapitre n’est pas très convainquant. La femme n’a aucune obligation de prévenir le père, ce n’est pas très fairplay de se « contenter d’un c’est bien fait pour sa gueule ». L’inverse est également horrible : dénier le droit à une femme de vouloir garder son enfant n’est pas admissible. Et ne devrait-on pas également permettre au père de se décharger légalement d’une naissance non désiré, par soucis d’égalité des sexes ?

                  Ne pourrait-on pas cesser d’opposer des cas extrêmes (comme à chaque question sociétale) et reconnaître tous les problèmes, toutes les situations ? Ne pourrait-on cesser de justifier une situation inacceptable en réaction à une autre tout aussi inacceptable dont on a été victime ? Il y a des causes et des situations multiples qu’il serait plus sain d’énumérer, d’analyser et d’apporter à chacun d’elle une alternative. Car les pro ivg clame en permanence que ce n’est pas de gaîté de coeur, qu’elles n’ont pas le choix... Alors donnons leurs, c’est notre responsabilité. Et j’arrête tout de suite ceux qui pense à mes filles : on peut être mécontent ET assumer.

                  Essayer de comprendre les motivations d’une femme voulant avorter ce n’est pas un mal, ce n’est pas être un enfoiré de reac catho. Cela permet de vérifier qu’elle n’agit pas sous la contrainte (du conjoint, de la famille ou de n’importe qui), qu’elle comprend la situation et la porté de son acte. Ne serait que les risques inhérents à tout acte médicale.

                  Trouver des aménagements pour les étudiant(es), rembourser les contraceptifs, trouver des solutions de gardes, des aides en tout genre même pour faire les courses ... Tout ça me parait plus judicieux que d’accepter sans broncher un tel taux d’avortement dans un pays développé comme la France. Il faut quand même avouer qu’il y a un échec sociétale : soit dans la contraception, soit dans l’accueil des nouvelles vies, soit les deux...

                  A par ça, rendre obligatoire les autorisations d’absence pour que les pères puissent se rendre au examen puisse se rendre aux échographies est une avancé formidable. 
                  Pour ma deuxième fille, je n’ai pu me rendre qu’à l’échographie durant laquelle la gyneco a annoncé que le petit coeur ne battait plus. Je n’aurai donc jamais eu de souvenir d’elle vivante. L’image de son petit corps lit de vin (car oui, j’ai soutenu ma femme pendant l’horreur que fut cet avortement) me fait bondir chaque fois que j’entends quelqu’un considérer un enfant à naître comme un moins que rien. Car oui, en France on ne tue plus les pires criminels, quelqu’un s’est soucié de les défendre.
                  Alors, à quand les droits de l’Enfant ?

                  • Mortarion 23 janvier 2014 00:03

                    Désolé pour ce tissu de fautes d’orthographe, faut croire que j’étais trop dominé par l’émotion pour faire gaffe...


                  • Bilou32 Bilou32 23 janvier 2014 09:04

                    Très bien quand même !

                    Je partage votre opinion, 200 000 avortements, c’est incompréhensible, et beaucoup trop !


                  • Folacha Folacha 23 janvier 2014 09:07

                    Nier l’humanité de ce qu’on veut tuer est tellement facile...


                  • Mmarvinbear Mmarvinbear 25 janvier 2014 11:43

                    C’est bien beau de dire que le nombre d’avortement est stabilisé, mais n’est-il pas quand même trop élévé ? D’après les stats de l’ined (http://www.ined.fr/statistiques_ivg/) les chiffres sont conséquent : 200 000 avortements par an pour 800 00 naissances...



                    Beaucoup ? Il y a à peu près 20 millions de femmes en France en âge de procréer, une fois enlevées celles trop jeunes et trop vieilles. Avec 200 000 IVG par an, cela fait 1 % des personnes concernées.

                  • Corinne Colas Corinne Colas 25 janvier 2014 21:16

                    Je ne banalise pas les chiffres de l’IVG, désolée d’être passée si vite là-dessus.

                    A mes yeux, la loi Weil a toujours existé, je sortais à peine de l’enfance quand elle est passée et je vous avouerai que personnellement, je n’en ai pas entendu parler à l’époque, peut être qu’on nous protégeait mieux des débats d’adultes. Mais est-ce qu’on connaît le taux moyen des avortements clandestins avant cette loi ? Et à partir de combien, on décide que les IVG légales sont trop nombreuses ? Mais surtout « qui » décide ? C’est ouvrir la boite de Pandore ce genre de discussion ! Le gouvernement agite un chiffon rouge devant les catholiques, ceux-ci déjà bien malmenés foncent tête baissée et le spectacle peut commencer. 

                    Mortarion, vous évoquez l’interruption involontaire de grossesse. Médicalisée ou spontanée, qu’on l’appelle fausse-couche ou avortement, on est néanmoins hors contexte puisque là, une famille était prête à l’accueillir. Je partage votre souffrance (vécue aussi malheureusement) mais reconnaissez qu’on veut vous faire tomber dans l’émotionnel... avec un tel sujet. 

                    On pourrait discuter des moyens permettant d’éviter l’IVG notamment parce qu’il existe aussi les cas (généralement des adolescentes) où malgré un contexte difficile, le bébé à naître sert de pansement au cœur. Heureuses de changer de statut, les femmes franchissent tous les obstacles parce qu’elles sont devenues mères. On voudrait alors nous faire croire que c’est un problème uniquement financier (ou conséquence d’un viol ou d’un défaut d’information sur la contraception) s’il y a tant d’IVG. Bien, plutôt donc que de supprimer la notion de détresse, regardons-là en face et donnons du travail aux parents... mais plus facile à dire qu’à faire ! 

                    L’on sait toutefois que ce n’est pas le seul motif d’une IVG. Il y aura toujours des couples (ou la femme seule) non prêts à accueillir un bébé pour de multiples raisons qui leur appartiennent. Et la contraception, notamment la pilule, n’est jamais fiable à 100 %. Un autre exemple : au-delà des aides financières possibles, est-ce qu’on peut fournir un père à l’enfant quand la mère est seule ? Certains pensent que c’est un accessoire dont elles peuvent se passer mais peut être que ces femmes « assument » plus qu’on ne le croit en pensant qu’un enfant ne peut grandir heureux avec l’ombre d’un homme qui l’a rejeté. 

                    Cela n’a rien à voir avec des cas extrêmes, c’est la vie de tous les jours… et la régression serait de les juger ces femmes.


                  • Mmarvinbear Mmarvinbear 28 janvier 2014 13:53

                     Mais est-ce qu’on connaît le taux moyen des avortements clandestins avant cette loi ? 

                    Par définition, il est très difficile de connaître le chiffre des IVG réalisées clandestinement avant le vote de la loi Veil. Mais en étudiant les registres d’hospitalisation pour des pathologies compatibles avec des IVG clandestines, on estime qu’il y avait à peu près entre 50 et 200 000 IVG par an dans les années 60.

                    http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Naissances_ou_avortement_(France).png


                    Et à partir de combien, on décide que les IVG légales sont trop nombreuses ? Mais surtout « qui » décide ? 

                    Personne ne peut donner un chiffre raisonnable. Mais si par exemple le nombre d’ IVG dépassait celui des naissances, peut-être cela nous forcerait-il à se poser la question.

                    Dans l’excellente série « Battlestar Galactica », la question est ouvertement posée : les survivantes ont-elles le droit d’avorter alors que 99 % de l’espèce humaine a été anéantie et que la survie de l’espèce est en jeu ? La présidente en place, ouvertement en faveur du droit à l’avortement, pèse le pour et le contre et tranche la question : la survie s’ impose avant tout et à tous, et sacrifiant ses propres convictions au bien-être général, impose le gel du droit à l’avortement.


                    Le gouvernement agite un chiffon rouge devant les catholiques, ceux-ci déjà bien malmenés foncent tête baissée et le spectacle peut commencer. 

                    C’est aussi une façon de montrer au public sa détermination à continuer les réformes sociétales alors que la population doute du courage et de la volonté politique du gouvernement en place.

                    C’est aussi une tactique pour montrer l’outrance dans laquelle les milieux religieux peuvent facilement tomber, accélérant le rejet de ces derniers au sein de ceux qui pouvaient leur trouver une certaine forme d’attention.



                    On pourrait discuter des moyens permettant d’éviter l’IVG notamment parce qu’il existe aussi les cas (généralement des adolescentes) où malgré un contexte difficile, le bébé à naître sert de pansement au cœur. Heureuses de changer de statut, les femmes franchissent tous les obstacles parce qu’elles sont devenues mères. 

                    C’est plus poussé aux USA. Les filles membres de gang et qui veulent sortir de la criminalité se font mettre enceinte et usent de ce prétexte pour quitter le milieu du crime sans se faire battre à mort par leurs anciennes amies.



                  • yvesduc 23 janvier 2014 21:21

                    Que l’avortement puisse être une expérience blessante et traumatisante n’étonnera personne. Cependant, quelle aurait été la vie d’un enfant non désiré, né de parents trop jeunes / non préparés / pas encore autonomes ? Quelle aurait été la conséquence d’une grossesse trop jeune et/ou d’un abandon de l’enfant à la naissance ?


                    • TicTac TicTac 24 janvier 2014 09:26

                      Il est curieux de constater que l’abolition de la peine de mort ait pu, comme le droit à l’avortement, être considérée comme une avancée significative.

                      Je m’interroge parallèlement sur ce refus d’accorder aux vivants un droit à mourir dignement.

                      Je peux parfaitement concevoir que des situations douloureuses puissent amener à renoncer à une vie qui s’annonce.
                      Le danger est de considérer cette exception comme un droit.

                      On peut s’offusquer des pratiques chinoises, qui, d’un point de vue sociétal, peuvent parfaitement être « justifiées » mais quelle est alors la différence ?
                      Fruit du viol, chromosomes défectueux, non-désiré...
                      Je ne suis pas catho pour un sou mais je me refuse à banaliser ce geste qui, quand on y pense vraiment, est un geste terrible.

                    • Mmarvinbear Mmarvinbear 25 janvier 2014 12:24

                      En 2002, mon dernier bébé a été diagnostiqué in utero avec un grave problème génétique : trisomie 18. Il pouvait mourir avant la naissance ou juste après. J’ai dit au docteur que je n’avorterais pas une seconde fois. Dieu seul déciderait quand ce bébé allait mourir ! 


                      La trisomie 18 est une affection génétique qui provoque, entre autre, des malformations multiples des muscles, du squelette et du coeur. Les enfants qui ont eu la « chance » de vivre assez longtemps ont tous montré un retard mental important.

                      90 % de ces enfants meurent in utero avant la fin du deuxième trimestre. Les autres trépassent en quelques semaines, victimes de défaillances viscérales multiples.

                      Faire venir un enfant au monde dans ces conditions, c’est je pense faire preuve d’une grande cruauté. 

                      Aimer vraiment quelqu’un, c’est refuser de le voir souffrir. Il est plus humain d’abréger les souffrances importantes et sans espoirs que de le laisser agoniser inutilement.

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