Tsonga, un vrai Français empreint de valeurs civiques
Fan de tennis, je m’étais levé tôt, fait inhabituel chez moi pour un dimanche matin, et ce n’était pas pour gagner plus comme le conseillait notre cher président, grand ami d’un ex-habitant de Gstaadt. Dimanche matin, j’ai vibré lors du match Djokovic-Tsonga, espérant la victoire du jeune Français, nouvelle pépite que la FFT s’enorgueillissait d’avoir gardé contre les appétits du Team Lagardère - autre grand ami de Vous-Savez-Qui.
Je viens d’apprendre, sans grande surprise tant c’est devenu habituel, mais avec une désolation mêlée d’une amertume qui ne fait que débuter, que Jo Wilfried Tsonga prépare derechef son installation en Suisse : cette annonce, confirmée à Roland-Garros, n’est que le dernier avatar de la fuite des « cerveaux » sportifs ou artistiques.
La décision était-elle déjà prise avant de rentrer sur le court, l’esprit étoilé par la perspective du chèque minimal de 640 000 $ qu’il allait encaisser quelques heures plus tard ?
On nous vantait, il y a encore quelques heures, sa capacité à digérer la pression de l’événement, considérable reconnaissons-le, et la fidèle solidité d’un jeune homme imprégné d’un bon sens quasi-campagnard, plus « rillettes que paillettes » pour reprendre les commentaires de ses proches.
Encore un peu, et si ce n’est la taille du bonhomme, j’aurais visualisé une incarnation de Sam Gamegie, le valeureux hobbit jardinier du Seigneur des anneaux, parti défier les puissances du mal aux antipodes, et revenu, heureux, finir ses jours dans son village natal.
En matière tennistique, la réussite obtenue aux antipodes est très loin d’être synonyme de conscience nationale et, pour la plupart de ces joueurs expatriés, les rillettes du Mans n’ont aucune saveur, leurs papilles n’étant excitées que par les odeurs du chocolat ou du fromage helvètes.
En continuant dans le registre sarthois, je me demande ce que pensent les divers habitants de ce petit département de la défection du dernier poulain local ?
Par opposition, le civisme d’un immense nom du tennis français, dernier vainqueur d’un tournoi du Grand Chelem, et à qui la nouvelle starlette du tennis français fut bien trop rapidement comparée, n’en a que plus de résonance morale, a fortiori eu égard à son combat au sein d’un organisme social, spécialité alimentaire française aux implications autrement plus généreuses.
La solidité mentale du récent finaliste de l’Open d’Australie est ainsi surtout financière et il semble encore mieux gérer son compte en banque en « bon père de famille », qu’il n’a géré cette finale.
Le comble dans cette histoire est que la convocation dans l’équipe de la coupe Davis, dirigée par un autre exemple du civisme fiscal, remplit de fierté la nouvelle coqueluche gauloise : je respecte plus une joueuse comme Marion Bartoli, qui assume jusqu’au bout son individualisme, que l’hypocrisie dont font preuve les Forget, Gasquet ou autres Tsonga.
J’en viens a posteriori à bénir la victoire de Djokovic et, a priori, à soutenir la Roumanie, eux qui ne doivent rien à la Fédération, et donc à l’Etat français.
Nous n’avons vraiment pas les mêmes valeurs.
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