Vivre sans écrans : un défi ?
L’exploit réalisé par des enfants de Strasbourg en mai 2008 pourrait inspirer tous les enfants de la France et de l’Europe. Vivement le DÉFI « 10 jours pour voir autrement » !
En mai 2008, 254 élèves de l’école du Ziegelwasser, à Strasbourg, ont relevé un DÉFI peu commun, l’équivalent d’un exploit Olympique : passer 10 jours sans écrans. Ni télé ni jeux vidéo ni ordinateur. Pourquoi ? Parce que la télé utilise de plus en plus de violence pour les attirer, les captiver et abuser des petits humains à une période de leur vie où ils apprennent à distinguer la fiction de la réalité. Un enfant de 14 ans a été témoin de 100 000 agressions et de 8 000 meurtres. Et cela affecte son cerveau.
Plusieurs médias ont rapporté l’exploit des petits Alsaciens. Tous n’ont pas précisé que les enfants s’étaient soigneusement préparés à relever ce DÉFI, notamment en décryptant des messages publicitaires et en découvrant le pouvoir de la télé. Il importe de souligner que tous les enfants participaient au projet sur une base volontaire ; ce DÉFI n’a donc rien à voir avec la soumission à une quelconque forme de censure. Aucune récompense n’a été promise pour faire « marcher » les enfants. Voilà qui rend leur victoire fabuleuse.
L’idée vient d’un organisme québécois à but non-lucratif, Edupax, un idée qui a pris racine en France grâce à ÉCOconseil (institut spécialisé en écologie et citoyenneté) et à la Chambre de consommation d’Alsace. Le DÉFI de la « Dizaine sans télé ni jeux vidéo » a été créé au Québec en avril 2003 et a été relevé dans près d’une centaine d’écoles à ce jour. Le DÉFI québécois s’inspirait d’une expérience réalisée en Californie par le Dr Thomas Robinson et son programme SMART, acronyme de « Student Media Awareness to Reduce Television ». La traversée transatlantique a été une réussite parfaite. Robinson a démontré que la réduction de petit écran permettait de réduire la violence physique et verbale de même que l’obésité.
Certains Français se sont étonnés que des médias de la droite et de la gauche aient louangé ce projet ; ce n’est pas tous les jours que Le Figaro et L’Express se retrouvent du même côté de la barricade que L’Humanité et Libération. Même Le Canard enchaîné n’a pas fait exception en qualifiant l’idée de « géniale ». Il faut se réjouir que ce projet ait été réussi dans un quartier très défavorisé de Strasbourg. Il faut en féliciter et remercier la direction et les profs de l’école du Ziegelwasser pour avoir préparé les enfants à relever ce DÉFI qui les a transformés en vedettes… de la télé. Les parents et les organismes de proximité ont eux aussi joué un rôle déterminant dans la victoire des enfants.
Pour ma part, je trouve que ce DÉFI 10 jours est une belle façon de commémorer le 40e anniversaire de Mai-68 tout en apprenant aux enfants de la France à reprendre la Bastille. Pourquoi ? Parce que la télé est devenue une prison captivante pour les enfants du Québec et de France, une prison qui les enferme dans une vision du monde de plus en plus autodestructrice, intolérante et guerrière, une machine qui les pousse sans cesse à la surconsommation et à l’obésité.
Et c’est sans parler des jeux vidéo violents. Selon le Lieutenant-colonel Dave Grossman qui a travaillé comme psychologue pour l’armée de États-Unis durant vingt ans : « Videogames give kids and teens the skill, the will and the thrill to kill ».
L’utilisation de la violence pour attirer, captiver et amuser des enfants est une façon de les abuser qui coûte cher à leur santé mentale et à celle de la société entière.
C’est un procédé promotionnel comparable à ceux d’abuseurs d’enfants déguisés en amuseurs publics.
Lorsqu’en 1988 les enseignants québécois ont recueilli des milliers de jouets militaires pour construire deux monuments pour la Paix à Montréal et à Québec, ils ont découvert que ces jouets portaient le nom d’émissions de télé ultra-violentes produites par un fabricant de jouets. L’ingrédient commercial utilisé ? 84 agressions à l’heure pour GI Joe et 81 pour Transformers ! Des séries entières bourrées de violence avaient été utilisées comme véhicules publicitaires, en dépit de la loi québécoise interdisant la pub aux moins de 13 ans. Après avoir remonté la filière du marketing, après avoir cherché et expérimenté, durant douze ans, divers moyens pour aiguiser le sens critique des enfants... et des parents, des enseignants ont finalement conçu ce puissant projet de résistance, le DÉFI des 10 jours, un arrêt concerté de consommation médiatique aux vertus hautement bénéfiques.
Si vous connaissez des personnes intéressées à lancer un tel DÉFI dans leur école ou celle du voisinage, il faut leur faire savoir qu’Edupax peut les aider à s’organiser.
Nadine Moreno, secrétaire d’État chargée de la Famille, a déclaré devant la presse
qu’elle souhaitait étendre le DÉFI à la France entière. Et pourquoi pas ?
N’hésitez pas à faire connaître ce projet qui soulève l’enthousiasme des enfants, des parents et des enseignants des deux côtés de l’océan. Si vous avez des enfants ou des petits-enfants, ne serait-ce pas un cadeau original à offrir à la direction de leur école ?
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