Agences de notation financière : la grande arnaque
On a tous déjà entendu au moins un de ces noms : Standard & Poor’s, Moodys, Fitch Ratings. On sait parfois qu’il s’agit de ces fameuses agences de notation financière qui ont joué un grand rôle (négatif) durant la crise grecque.
A quoi servent ces agences privées ? Peut-on leur faire confiance ?
A quoi servent les agences de notation financière ?
Vous êtes un investisseur (une banque, un fond d’investissement, ou même un particulier) et vous avez envie de prêter votre argent à un Etat, sous forme d’obligations par exemple.
Problème. Comment savoir si cet Etat est viable (pour ne pas utiliser le mot « rentable ») ? Effectivement si vous prêtez cet argent, ce n’est pas par amour du pays emprunteur mais bien parce que vous souhaitez un petit quelque chose en retour : des intérêts.
On a donc créé des agences de notation financière qui notent les Etats sur une échelle de 10 critères allant de la note AAA qui signifie « Sécurité maximale« à la note D qui veut dire « En défaut« (voir tableau de notation financière à la fin).
Ainsi, pensez-vous, vous pouvez prêter votre argent en toute sécurité …
Petit histoire de la notation financière
Jusqu’en 1960, les agences de notation étaient payées par les investisseurs (banques, etc…), ce qui paraît tout à fait normal. Mais ce service coûtait très cher et l’information délivrée devenait de moins en moins transparente. Imaginez une banque débourser des millions pour savoir si un Etat est solvable ou non, et se faire voler cette information par une banque concurrente.
Alors dans les années 70, les agences de notation ont eu la « brillante » idée de faire payer … les émetteurs de titres, donc les Etats.
Mettons nous en situation
Vous êtes étudiant et vous passez un diplôme très important. Chose particulière : c’est vous qui payez le correcteur. Celui-ci sait alors pertinemment que la note qu’il vous mettra dépendra de la rémunération que vous lui donnerez. C’est une relation purement avide, mais c’est humain.
C’est exactement ce qui s’est passé avec la Grèce et les agences de notation. L’Etat grec était prêt à tout pour avoir une bonne note et plus il déboursait meilleure était la note.
Ces agences ont donc un pouvoir considérable car en influençant sur la solvabilité d’un Etat, elles vont aussi influer directement sur les taux d’intérêt demandés par les investisseurs. En effet un investisseur qui va prêter de l’argent à un Etat ayant une mauvaise note, se verra obligatoirement remettre des intérêts plus importants, car la prise de risque est plus grande.
Mais baisser la note d’un Etat peut être aussi un danger pour les agences de notation elles-mêmes. En 2007, Moody’s aurait perdu 70 % de part de marché dans la notation des titres financiers, et cela parce qu’ils notaient de façon plus dure, mais certainement plus réaliste qu’avant. Les clients étaient alors partis vers la concurrence (Standard and Poor’s ou Fitch), de peur de voir l’intérêt des investisseurs diminuer de par cette mauvaise note.
Mais il ne faut pas croire que ces agences ne notent que les Etats, elles sont aussi responsables de la notation des entreprises et des produits financiers des banques.
On a la preuve aujourd’hui que ces agences ne furent pas toutes blanches lors de la crise des subprimes. En effet, elles avaient pour mission de noter les CDO (collateralised debt obligation) : ce sont des produits financiers qui détiennent plusieurs titres, dont les titres pourris liés aux crédits hypothécaires irremboursables. Ces produits créés de toute pièce ne correspondaient à rien sur l’échelle de notation mais eurent tout de même la meilleure note (AAA). Faut-il y voir une pression des banques ?
Ainsi les banques et les agences de notations ont induit en erreur des milliers d’investisseurs qui, se fiant à la sacro-sainte échelle de notation, étaient persuadés de faire une bonne affaire… on sait ce que la crise des subprimes a causé comme dégâts.
Pour résumer le problème : ces agences ont l’immense pouvoir, avec une simple petite note, de donner à une institution (Etat, entreprise, etc…) la possibilité d’accéder facilement au crédit, ou au contraire de lui voir limiter cet accès. Aujourd’hui quel Etat, quelle entreprise ne vit pas à crédit ? Les exceptions se comptent sur les doigts d’une main.
Mais malgré tout leur pouvoir, il est étonnant de voir qu’elles restent indépendantes de tout contrôle. Personne ne peut rien leur dire.
Parfois on entend un ministre ou un chef d’Etat rouspéter contre ces entreprises privés qui notent leurs pays sans aucune autre considération que l’argent, mais la crise de colère est souvent de courte durée… après tout, qui oserait se mettre à dos ces monstres de la finance ?
Peut-on en finir ?
Cela peut paraître étonnant, mais il faut savoir que ces 3 entreprises qui se permettent en toute légalité de noter le monde entier sont américaines.
De plus en plus de personnes souhaitent voir une nationalisation de ces services, voir même une européanisation.
La meilleure solution à mon goût serait de rendre la notation financière en bien collectif globale. C’est à dire que les institutions publiques aient en charge de rémunérer ces agences en instaurant une taxe sur les transactions financières.
Enfin, je pense surtout qu’il faut s’armer de beaucoup de patience face à un tel problème et avec tant de conflits d’intérêts.
Le temps sera de rigueur et comme disait ce bon vieux Benjamin Franklin … « Time is money » (Le temps c’est de l’argent).
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Lire l’article sur mon site : Culture-Monde.com
Sources :
- Notations financière : le marché corrupteur – Alternatives Economiques n°292
- Notations ; ces agences qui font la loi – Alternatives Economiques
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