Ayons peur !
Le message que souhaite transmettre à la presse et aux analystes la communauté financière en ce début d’année 2011 se veut rassurant et sans équivoque. Selon elle, les réformes systémiques auraient été accomplies et les établissements financiers - nettement mieux régulés - travailleraient en provisionnant plus de capitaux. Il est hélas vrai qu’il n’est de pire aveugle que celui qui s’obstine à ne pas voir car les facteurs fondamentaux responsables des tourmentes de ces dernières années font toujours partie du contexte global actuel, quand ils n’ont pas été amplifiés.
Les déséquilibres commerciaux et financiers tout comme la politique monétaire ultra expansionniste ont en effet été portés, depuis 2008, à leur paroxysme… Pire encore : les banques, qui se retrouvent effectivement restreintes par des quotas en capitaux plus stricts, se tournent vers les marchés des matières premières, des marchés émergents et des fonds spéculatifs (Hedge Funds), pas ou peu régulés, afin d’y réaliser des compléments de profits, au risque d’y gonfler une nouvelle bulle ! Occupé à remettre de l’ordre dans les ratios bancaires, le régulateur est donc - une fois de plus - pris de court par des intervenants financiers toujours en avance sur lui parce que motivés par gagner encore et toujours plus. Autrement dit, le système est actuellement menacé d’implosion par une hyper spéculation sur des classes d’actifs très peu réglementées du fait d’une profession qui ne se résout décidément pas à accepter des profits moindres que par le passé. Comment lui faire comprendre que les bénéfices des années 2’000 à 2’007 constituaient une anomalie malsaine et qu’il est impératif - pour la sauvegarde de notre activité économique - qu’une attention particulière soit consacrée à la gestion des risques et à la diminution massive des opérations à levier ?
Notre conjoncture actuelle étant en effet nettement plus fragile et aléatoire que précédemment à l’implosion des subprimes à l’été 2007, notre système se retrouve donc immuno déficient en cas de nouvelle implosion. En effet, les Etats - ayant dépensé des sommes pharamineuses dans le cadre des sauvetages financiers - ne seront plus en mesure, économiquement mais aussi politiquement, de puiser encore dans des caisses désormais vides pour stabiliser et assainir le système. Les banquiers ont certes accompli une oeuvre admirable de lobbying en persuadant nos gouvernements du rôle vital pour nos économies assuré par leurs établissements. Néanmoins, le contribuable est aujourd’hui proprement asséché et les Etats n’ont strictement plus de réserves à même de leur permettre d’autres injections de liquidités rendues indispensables par l’appât du gain de cette profession.
Les conséquences d’une nouvelle méga faillite bancaire seront tout à la fois simples et terrifiantes car la contagion et les dégâts en seraient incalculables et imprévisibles. L’absence de régulation touchant à des pans entiers d’instruments et d’acteurs financiers combinée à des crises souveraines en gestation font que les ingrédients d’une conflagration majeure sont en train de se mettre inéluctablement en place.
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