Bear Stearns, ou le risque sans risque
Le sauvetage de la banque américaine Bear Stearns par les autorités publiques fait comprendre aux autres banques d’affaires que quels que soient les risques qu’elles prennent, elles seront sauves en cas de problème : un présage inquiétant pour l’avenir.
Comme la banque Bear Stearns, de nombreuses banques américaines, et européennes, sont au plus mal, incapables de rétablir l’équilibre de leurs comptes. Trop de risques pris et maintenant l’éclatement de la bulle immobilière et l’effondrement des produits financiers associés les mènent à leur perte. Mais, heureusement, les gouvernements envisagent de les sauver toutes en cas de gros problème. Comme toujours, les banques font des erreurs que les contribuables paient.
Ce faisant, les gouvernements donnent un signe fort aux banques : « vous pouvez faire n’importe quoi, de toutes façons, nous vous sauverons ». Ce phénomène d’aléa moral est inquiétant : il signifie aux banques qu’elles tirent les bénéfices des risques pris, mais jamais les pertes. Alors qu’il n’a jamais été aussi facile de spéculer et de prendre des risques, un tel message est inquiétant pour l’avenir et explique en partie, que les autorités publiques répugnent à intervenir trop rapidement, sauf en cas de gros problème. Mais, aujourd’hui, toutes les mesures de la Fed, baisse brutale des taux et politique d’open market (la Fed rachète les dettes des banques), n’ont pas réussi à enrayer la crise, en partie parce que le système financier est aujourd’hui suffisamment "désintermédié" et autonome pour ne plus dépendre de la politique monétaire des banques centrales. La mission de sauvetage ressemble de plus en plus à celle du soldat Ryan.
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Une économie a besoin d’un système financier pour fonctionner : pour faire circuler l’argent. Faute de quoi plus personne ne peut emprunter et investir. Une faillite du système financier entraîne celle de l’économie réelle. Déjà qu’une contraction du crédit entraîne une récession, imaginez ce qu’une vraie faillite amènerait. Les gouvernements sont donc obligés de faire quelque chose pour éviter ça. Une solution, la plus hollywoodienne, est d’envoyer les services publics au secours des banques en perdition. Car n’oublions pas que la Fed peut imprimer autant de billets qu’elle veut : donner 3 000 milliards de dollars ne lui coûte que quelques clics de souris : ce n’est pas l’argent du contribuable. Par contre, en injectant autant d’argent, elle prend le risque de provoquer des bulles et de réduire la valeur de la monnaie : c’est donc l’économie réelle qui doit supporter cette injection et, au final, les contribuables qui trinquent. Ils ne devront payer « que » 500 milliards des 3 000 milliards injectés.
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