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Accueil du site > Actualités > Economie > Budget 2010 : la France en commission de surendettement ?

Budget 2010 : la France en commission de surendettement ?

 Dimanche, le Premier Ministre donnait les grandes lignes du Budget 2010 dans le JDD et nous apprenions, horreur ! qu’il offre à la France le Record absolu (jamais inégalé depuis la création de la Vème République) du déficit et de la Dette publique.

L’effet d’annonce (ou d’effroi) passé, comment les grands journaux analysent-ils la politique budgétaire de l’UMP ? Revue de presse partielle avec le Figaro et L’Expansion. Le magasine économique est beaucoup plus percutant que le quotidien de Serge Dassault…décryptage pour les lecteurs d’Agoravox, qui permettra de rappeler qu’en matière de surendettement, l’UMP n’en est pas à son premier galop d’essai.

 

« Un budget de sortie de crise » (Le Figaro)

 L’article du quotidien national met en avant les 3 priorités annoncées par le Gouvernement (emploi, compétitivité des entreprises, soutien à l’investissement) pour ce budget, sans donner de détails.

Pour le reste, il explique qu’on retrouvera la croissance en 2010 (+0.75%), que ce sera une croissance écolo et qu’ « après avoir détruit 580 000 emplois marchands en 2009, l’économie devrait en détruire encore 190 000 en 2010 ».

 On apprend ensuite que le déficit de l’Etat atteindra un « niveau encore jamais atteint de 141 milliards d’euros ». Le journaliste du Figaro conclut en appelant à une politique de relance de la consommation.

L’article est complété par une interview du porte parole UMP pour le Budget, qui martèle : « Ceux qui critiquent le déficit actuel critiquent au fond l’État et son rôle ».

 Mais Le Figaro n’aborde pas les sujets qui fâchent : que ce soit le coût du déficit pour les générations futures…les hausses du forfait hospitalier, la taxation des arrêts de travail, ou encore les réductions de postes à l’Education nationale (16 000 prévues). Bref, le journal de Serge Dassault transmet la « bonne-parole gouvernementale ».

 

« 500 milliards pour éviter la faillite » (l’Expansion)

  A l’inverse, le magasine d’économie fourmille d’informations intéressantes et propose une interview féroce de Gilles Carrez, député UMP qui se révèle très critique du budget Fillon.

 L’Expansion considère clairement que le budget n’est pas soutenable puisqu’il estime qu’ « une thérapie budgétaire s’impose d’urgence ». La rigueur budgétaire, comme le rappelle le magazine, est inscrite dans le traité de Maastricht et conseille un déficit d’au maximum 60% du PIB. Nous sommes déjà à 77% en 2009, et au lieu de rectifier le cap, on s’enfonce ! Puisque nous serons en 2010 à 84%.

 « Bercy s’endette de plus en plus à échéance courte et se retrouve donc à la merci d’une remontée des taux », note Gilles Carrez, décidément très alarmiste.

 Autre information ou rappel utile : Sarkozy a diminué les recettes de l’Etat de 15 milliards depuis 2007 avec ses baisses d’impôts (bouclier fiscal) et de taxes…quelle est cette étrange politique qui réduit les recettes tout en augmentant les dépenses ? D’autre part, l’Expansion nous apprend que le non remplacement d’un fonctionnaire sur 2 ne fait « gagner » que 500 millions d’Euros par an à l’Etat. Effectivement, comme le dit Carrez, « ce n’est pas à la mesure du défi » car il faudrait 500 milliards pour ramener le déficit à niveau.

 

Quel est le plus mauvais économiste ? 

Retour en arrière. Dans les années qui ont précédé l’élection de Sarkozy à la présidence, il était courant d’entendre, de la part d’économistes de Droite comme Nicolas Baverez, ou de cadres UMP, des louanges sur le modèle anglo-saxon et des attaques contre l’intervention de l’Etat dans l’économie. Baverez, auteur de « La France qui tombe » et fervent défenseur du candidat Sarkozy, n’a cessé en particulier de vanter la déréglementation américaine.

Un des « dada » de Baverez puis de Sarkozy, puisque ce dernier en fit un slogan phare de sa campagne présidentielle, fut le projet de la « société de propriétaires ». Rappelons que ce projet politique a été imaginé par les équipes de Reagan et Thatcher, avant d’être poursuivi par Bush et Blair. Il consiste à augmenter fortement le nombre des ménages qui sont propriétaires de leur logement…en facilitant leur recours à l’emprunt. Pour la petite histoire, Karl Rove, ex conseiller de Bush junior, défendait la « société de propriétaires » en expliquant entre autres qu’un propriétaire prend mieux soin de son logement qu’un locataire…

 Nous étions plusieurs, à l’époque (il ne fallait pas être sorcier) à rappeler que le modèle anglo-saxon de « société des propriétaires » entraînait un endettement faramineux des ménages Depuis, l’endettement des ménages anglais et américains a engendré la crise des subprimes, à l’origine (entre autres facteurs) de la crise globale actuelle, et la déréglementation anglaise a fait place à la nationalisation des banques !

 Sarkozy a bien sûr changé de discours, de veste et de programme tout en rangeant sa rolex dans un tiroir. Vanter la société des propriétaires aujourd’hui, ce serait un peu comme invoquer les mérites du « travailler plus pour gagner plus » : quand le chômage est massif, c’est has been voire…indécent.

En 2009/2010, à défaut de pousser les foyers à s’endetter individuellement comme le firent Thatcher et Reagan, le gouvernement nous endette collectivement à un niveau jamais atteint. Etrange époque, décidément, où le surendettement devient une marque de fabrique de la Droite au pouvoir !

 

Sources : www.lefigaro.fr et www.lexpansion.com


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10 réactions à cet article    


  • savouret 30 septembre 2009 22:37

    article intéressant qui met bien en exergue l’inefficacité de l ’ump et de son hyperprésident pour gérer le budget de l’etat.
    de plus, cet échec patent dans le domaine budgétaire, que l’on ne peut nullement imputer entièrement à la crise s’accompagne bien entendu d ’une politique totalement inique sur le plan social.
    il convient donc d ’espèrer que l’impéritie manifeste du gouvernement à mettre en oeuvre une politique cohérente et équitable socialement se traduira par des échecs électoraux pour l’ump lors des prochaines écheances.
    toutefois, j ’en doute, en raison des difficultés structurelles de la gauche à batir un projet alternatif(du moins en ce qui concerne son parti le plus influent),mais également parce que l’ump conserve un noyau dur de partisans , ce qui se traduit par un taux de popularité qui demeure acceptable pour sarko dans un contexte de crise polymorphe.
    sinon, je trouve pertinente votre réflexion sur le manque total de pertinence des analyses faites par certains économistes comme baverez.ceci nous démontre bien, qu’en dépit de de la légitimité croissante qui leur a été conférée au détriment d ’autres scientifiques telles les philosophes ou les sociologues,les économistes peuvent commetre de graves erreurs de prévisions, en raison notamment selon moi d ’un manque de mise en perspective historique ou sociologique de leurs travaux et aussi parce que leur raisonnement ne prend pas suffisament en compte le long terme.


    • BA 1er octobre 2009 01:07

      Selon le projet de loi de finances 2010 présenté mercredi 30 septembre en conseil des ministres par Christine Lagarde (Economie) et Eric Woerth (Budget), la dette publique devrait passer de 67,4 % du PIB en 2008 à 77,1 % en 2009.

      Le budget 2010 prévoit que la dette publique atteindra 84 % l’an prochain, et continuera de progresser jusqu’à 90 % en 2012, ont annoncé Mme Lagarde et M. Woerth lors d’une conférence de presse à Bercy.

      http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=acb79dc97bacf58549ce5d520cdd28d8

       

      Etant donné que dans les autres pays industrialisés, la dette publique atteint les mêmes pourcentages, voire davantage, la question 1 est :

      «  LES ETATS OCCIDENTAUX POURRONT-ILS UN JOUR REMBOURSER LEUR DETTE PUBLIQUE ?   »

      Réponse : non.

      Les Etats occidentaux ne pourront jamais rembourser leur dette publique. Leur dette publique va même continuer à augmenter (dépenses de santé qui explosent, vieillissement de la population, énergie qui va devenir de plus en plus chère, etc.)

      Question 2 : quelle solution les Etats occidentaux vont-ils choisir pour ne pas mourir asphyxiés par leur dette publique ?

      1- Première possibilité : la guerre (envahir les pays musulmans pour leur voler leur pétrole, etc.)

      2- Deuxième possibilité : l’inflation. Faire tourner la planche à billets à plein régime. Monétiser la dette. Dommages collatéraux : l’inflation à deux chiffres, l’euthanasie des créanciers et des rentiers.

      3- Troisième possibilité : la répudiation de la dette. Certains Etats occidentaux pourraient dire à leurs créanciers : « Désolé, mais nous ne pouvons pas rembourser notre dette. Nous ne vous devons plus rien. Nous remettons les compteurs à zéro. Et merci encore. »

      Un exemple d’actualité : l’Islande.

      Lisez cet article :

      http://www.cadtm.org/Islande-Si-la-dette-ne-peut-pas


      • faxtronic faxtronic 1er octobre 2009 14:54

        Pas qu occidentaux, tu oublie le Japon.
        et bien ce sera la 3 proposition, car qui possedent les dettes ?? d autre etats occidentaux et des fonds d investissement prive. Puis cela ne sera pas la premier fois. Un etat n est pas un particulier, n oubliez jamais.
         
        Je te tiens , tu me tiens, par la barbichette, le premier qui rira aura une tapette !


      • savouret 1er octobre 2009 09:25

        vous avez certes raison lorsque vous évoquez les facteurs structurels qui contribuent à l’accroissement permanent de la dette.ceci , dit si l’intensification des dépenses liées au vieillissement semble inéluctable je pense qu’en ce qui concerne l’enérgie, il est possible de minimiser significativement son poids dans l’augmentation de la dette a condition bien entendu de remettre en cause significativement nos modes de vie.
        sinon, il me semble qu’il y a également une autre solution pour enrayer quelque peu l ’essor de la dette, il s ’agit d’augmenter les impots sur le revenu, et bien entendu de supprimer le bouclier fiscal.ceci impique neanmoins, une rupture avec les dogmes néolibéraux, et de plus cela requiert un courage politique qui fait cruellement défaut aux partis qui gouvernent les pays européens, ce dont témoigne l ’attitude des partis sociaux démocrates qui dans une logique électorale ont eux aussi prone ou mis en oeuvre une baisse des impots lorsqu’ils étaient au pouvoir.


        • Thierry LEITZ 1er octobre 2009 12:29

          Les mesures annoncées ne sont jamais en rapport avec la gravité des déficits. Les seuls intérêts de la dette qui étaient de 40 milliards €/an avant la « crise » vont logiquement doubler !

          Lever 40 milliards d’impôts supplémentaires ? Pas facile. Réduire les dépenses de l’Etat d’autant ? Pas facile non plus. Surtout pour ne faire que revenir à une situation déjà pas rose avec une croissance structurellement modeste pour les décennies à venir.

          Supprimer le bouclier fiscal serait un premier pas. La tva 5,5 sur la restauration et l’artisanat un second. Remettre de la progressivité dans l’impôt direct un troisième. Etendre cet impôt à TOUS sans autre exception que les exclus du système dont le sort n’est de toute façon pas enviable. Augmenter les taxes sur les carburants de façon conséquente, et instaurer la taxe financière mondiale au plus vite. Imposer une taxe climat aux pays producteurs de pétrole, prise sur leurs recettes et alimentant un fonds écologique mondial. Renationaliser les entreprises publiques rentables. Réduire drastiquement les dépenses militaires et cesser tout programme d’armes atomiques. Supprimer le plafond de la sécurité sociale. Accepter une certaine dose d’inflation. Moratoire sur les intérêts des bons du trésor. Mettre un terme définitif au cumul des mandats électifs pour partager le travail ET les revenus. Lutter contre les dépenses de prestige inutiles. Stopper les projets sans intérêt objectif tels ITER ou le LHC ou encore la Station spatiale. Casser les niches fiscales sans craindre les aboiements des chiens qui les occupent pour leur seul intérêt... etc. etc.

          Un programme pas du tout populaire en fait, mais tellement nécéssaire...


          • W.Best fonzibrain 1er octobre 2009 14:18

            ils vont nous faire le coup des subprimes mais avec les bons du trésor !!!!!!

            s’endétter autant alors que les taux des banques centrale n’ont jamais été si bas ! c’est un suicide programmé !

            les pauvres qui ne pourront plus rembourser ne sont plus des noirs abusés mais les états complices.


            nous devons arreter ces gens et les juger,c’est la seule alternative


            • BA 1er octobre 2009 14:32

              La crise actuelle N’est PAS une crise comme les crises précédentes.

              La crise actuelle est la fin d’une civilisation : la civilisation de l’énergie abondante et de l’énergie pas chère.

              La crise actuelle apparaît au moment où tous les Etats occidentaux sont asphyxiés par leur dette publique. Mercredi 30 septembre, le gouvernement a annoncé que la dette publique de la France sera de 90 % du PIB en 2012 ! Dans tous les autres Etats occidentaux, c’est pareil, et c’est même souvent pire !

              Cette dette publique ne pourra JAMAIS être remboursée en raison de plusieurs nouveautés historiques (dépenses de santé qui explosent, vieillissement de la population, énergie qui va devenir de plus en plus chère, nécessité d’investissements colossaux pour remplacer les combustibles fossiles en voie de disparition, etc.)

              Quelle solution les Etats occidentaux vont-ils choisir pour ne pas mourir asphyxiés par leur dette publique ?

              1- Première possibilité : la guerre (envahir les pays musulmans pour leur voler leur pétrole, etc.)

              2- Deuxième possibilité : l’inflation. Faire tourner la planche à billets à plein régime. Monétiser la dette. Dommages collatéraux : l’inflation à deux chiffres, l’euthanasie des créanciers et des rentiers.

              3- Troisième possibilité : la répudiation de la dette. Certains Etats pourraient dire à leurs créanciers : « Désolé, mais nous ne pouvons pas rembourser notre dette. Nous ne vous devons plus rien. Nous remettons les compteurs à zéro. Et merci encore. »

              4- Quatrième possibilité : taxer les transactions financières. Je n’y crois pas. J’imagine mal Sarkozy instaurer une taxe sur les transactions financières. J’imagine mal Dominique Strauss-Kahn instaurer une taxe sur les transactions financières. Nos dirigeants politiques continueront à nous répéter : « Si nous taxons les transactions financières, les investisseurs partiront à l’étranger, et patati, et patata… »

              5- Cinquième possibilité : augmenter les impôts, c’est-à-dire détruire le peu de demande qui reste. Augmenter les impôts, c’est-à-dire continuer à affaiblir la demande et la consommation. Augmenter les impôts, c’est-à-dire vider encore plus les carnets de commande des entreprises.

              Est-ce qu’il y a d’autres possibilités ?

              En tout cas, tous les chefs d’Etats occidentaux vont devoir choisir.


              • DG. DG. 2 octobre 2009 00:55

                au choix la 2 et/ou la 5 avec la 1 en cadeau.
                la 3 est la meileurs et la seule légitime,
                 la 2 si on aime la comptabilité et l’humour et les augmentation de salaire.
                 la 4, juste rire, ou pour faire semblant mais on arrivera fatalement a la 2 alors, ce qui aura pour effet d’enclencher la 5 : on aura alors le choix entre la 1 ou la 2
                si c’est la 1, alors on retombe directement sur la 2,
                si c’est la 2, retour a la 5, peut-être en passant par la 1.


              • manusan 1er octobre 2009 16:36

                Voila le cadeau pour l’équipe d’après 2012. Et là pas le choix, taxe Tobin sur les transac financières.


                • dupual 8 octobre 2009 11:33

                  Honte à tous ces gouvernements successifs depuis Mitterrand qui dépensent sans compter le racket organisé par Bercy des classes moyennes, et qui ont transformé des millions de gens en assistés perpétuels et qui ont appauvri les classes moyennes encore actives qui doit subvenir aux besoins de plus 50% d’inactifs !
                  Nous n’avons jamais autant payé de taxes et d’impôts à la source.
                  Reste plus qu’à émigrer aux states ou mieux en Chine, là-bas quand on bosse bien on s’enrichit vraiment !

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