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La nouvelle vient de tomber, selon le rapport OXFAM, l’inégalité du partage des richesses vient de faire un bond en avant : le monde vient de connaitre le « boom des milliardaires », 82% de la richesse crée en 2017 a terminé sa course dans les mains des 1% les plus riches de la planète.
Au moment où Macron 1er invite en grande pompe les grands patrons du monde entier dans le palais présidentiel de Versailles
juste avant la rencontre de Davos, cette nouvelle n’a pas réjoui Winnie Byanyima, directrice de l’O.N.G. « OXFAM International » : « le boom des milliardaires n’est pas le signe d’une économie prospère, mais un symptôme de l’échec du système économique (...) on exploite les personnes qui fabriquent nos vêtements, qui assemblent nos téléphones portables et cultivent les aliments que nous mangeons, afin de garantir un approvisionnement constant en produits pas chers, mais aussi pour grossir les profits des entreprises et leur riches investisseurs ».
Winnie Byanyima vient tout juste de commencer son second mandat à la tête de cette ONG le 4 décembre 2017. lien
Cette ougandaise, élue à 3 reprises dans le parlement ougandais, a dirigé le 1er groupe de femmes parlementaires de son pays, elle a aussi fondé le FOWODE (FOrum for WOmen in DEmocracy), et il n’est pas surprenant qu’elle milite aussi en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes dans son pays, et pas seulement. lien
En effet, la révélation faite dans son rapport publié le 22 janvier 2018, risque de faire des vagues, d’autant que ce sont les femmes qui en sont les premières victimes : « dans le monde entier, les femmes gagnent moins que les hommes et elles sont surreprésentées dans les emplois les moins bien payés, et les plus précaires. De la même manière, sur 10 nouveau milliardaires, neuf sont des hommes » a-t-elle déclaré. lien
Voilà qui tombe bien mal, au moment où les médias ont largement évoqué les scandales de harcèlements sexuels, depuis « l’affaire Weinstein », qui après avoir touché le domaine du cinéma, font tache d’huile s’étendant au monde des médias, de la politique, des entreprises... lien
Le FMI constate lui aussi que la part des salaires dans le PIB (produit intérieur brut) a baissé de 5,8% entre 1983 et 2006...et cette baisse continue, semble-t-il, inexorablement...
D’après la commission européenne, la part du travail a chuté de 8,6% en Europe, et de 9,3% en France.
D’après Jacky Fayolle, ancien directeur de l’IRES (Institut de Recherche Economique et Social), dans cette même période, la part des dividendes dans la valeur ajoutée est passée en France de 3,2% à 8,5%, ce qui correspond à 160 milliards d’euros par an qui sont passés du travail au capital. lien
De 2009 à 2014, les dividendes ont augmenté de 58% alors que le salaire net médian stagne autour de 1700 €.
Depuis la crise de 2008 les entreprises cotées au CAC 40 ont versé, en 2016, 55,7 milliards aux actionnaires, soit 13 milliards de plus que l’année précédente.
On compte un nouveau milliardaire tous les 2 jours. lien
La théorie du ruissellement s’effondre donc un peu plus, tout comme celle du « 1er de cordée », chère à Macron.
On se souvient des milliards offerts généreusement par l’ex-président français, en direction du patronat, lequel s’était engagé, par la voix du grand patron du Medef, Pierre Gattaz, à fournir en échange un million d’emplois... que l’on attend encore...même si ce dernier nie avoir fait pareille promesse, affirmant que c’était à condition que des réformes adéquates aient été décidées. lien
Pourtant, malgré ses dénégations, une vidéo existe prouvant l’engagement de Gattaz.
Les dernières mesures prises par le nouveau président vont dans le même sens, puisqu’elles sont surtout des cadeaux faits au « plus riches », en puisant dans les poches des « moins riches », et jusqu’à présent on n’en a pas observé beaucoup d’effets positifs...
Rappelons qu’au-delà de la réduction de l’impôt sur les sociétés, des rémunérations des patrons non encadrés, du droit du travail déjà raboté, il y a eu surtout le pacte de compétitivité, qui a couté au pays 20 milliards d’euros par an, soit finalement 100 milliards d’euros sur toute la durée du quinquennat précédent. lien
Or Macron est allé, comme on le sait encore plus loin... sans qu’il y ait pour l’instant de retombées visibles...
Au sujet de l’égalité salariale entre femmes et hommes, la ministre du travail, Muriel Pénicaud, pourrait rassurer la directrice d’OXAM, puisqu’elle a déclaré vouloir « prendre le mal à la racine », afin de supprimer l’écart de salaires entre les femmes et les hommes...sauf qu’elle promet d’y mettre un terme...d’ici la fin du quinquennat. lien
Le citoyen pourrait avec lucidité se demander pourquoi attendre si longtemps, alors que d’autres décisions, notamment celles sur la loi travail, ont été prises en quelques semaines.
Nul doute que la procédure des ordonnances ne serait, pour une fois, pas jugée inadaptée...
Mais revenons aux autres inégalités.
y a-t-il un, ou plusieurs, moyens de les effacer ?
Dans un blog, paru dans « Le Monde », un internaute, Guy Valette, sous le titre « pourquoi il faut redistribuer les cartes que l’on a mal distribuées » explore une piste en tentant de résoudre l’équation « dividendes, profits, salaires » et sa proposition mérite le détour.
Constatant que le système économique n’intègre plus, et qu’au contraire il exclut et marginalise, il affirme que toutes les tentatives de l’état, soit par les aides aux plus démunis, aides aux familles, aides à l’emploi, sont restées vaines, et qu’alors qu’on continue à se chamailler sur des « petites inégalités », les ultra riches jouissent sans vergogne de leurs privilèges et vivent dans la démesure, sans imaginer un seul instant que cela puisse déboucher un beau jour sur un chaos prévisible, ces privilégiés s’en prenant à ce qu’ils appellent « le monde des assistés », prônant le concept de « travailler plus pour gagner plus ».
Ce que l’on peut mettre en résonnance avec l’analyse de l’économiste William Brian Arthur, lequel, constatant que l’économie est arrivée à un point ou la production est largement suffisante pour satisfaire les besoins de tous, mais où les emplois générateurs de revenus suffisants pour accéder à toute cette richesse produite, il est temps de répartir mieux la richesse crée au lieu de songer à produire toujours plus, et donc de passer à une économie de la répartition, au lieu d’une économie de la production. lien
En bref, le bloggeur du « Monde » reprend tous ces arguments, rappelant que toutes les réductions de charges offertes aux entreprises n’ont pas permis de faire chuter le chômage, et que les multiples aides aux familles n’ont pas empêché que 9 millions de pauvres vivent aujourd’hui avec moins de 1000 € mensuels, et affirme qu’il faut songer à d’autres solutions.
Actant le « principe de solidarité », et « le principe d’universalité », il reprend à son compte la solution de la « contribution universelle », celle que d’autres appellent le « revenu universel », ou le « revenu de base ».
Son financement ne poserait pas de problème puisqu’il suffirait de substituer à la CSG et à l’impôt sur le revenu, une cotisation universelle, à laquelle s’ajouterait une taxe sur les patrimoines privés, et une cotisation sur l’excédent brut d’exploitation, (ce qui permettrait de mettre à contribution les machines), allégeant du même coup le fardeau qui pèse sur les salaires par la suppression de la cotisation des allocations familiales devenue inutile. lien
Mais encore aujourd’hui, cette solution, ne semble pas faire l’unanimité dans le pays, y compris peut-être pour les moins nantis, et en tout cas, elle ne remporte pas le suffrage de la « classe dirigeante »...
Mais finissons par une touche d’humour grinçant par cette tribune proposée par Alex Visorek, sur l’antenne de « France Inter », le 23 janvier, dans le journal de Nicolas Demorand/Léa Salamé, lequel Visorek prend un impertinent contre-pied, en défendant ce 1% montré du doigt, s’attristant de leur souffrance devant la stigmatisation populaire.
Extraits : « c’est toujours les mêmes qu’on stigmatise (...) évoquant le cynisme de ces pauvres qui citent ces chiffres, et qui sans la moindre pudeur continuent à mettre en avant leur échec ! (...) a l’heure où le pauvre se goinfre de babybel, faisant le jeu de la grande consommation (...) On en voit beaucoup des soudanais prendre leurs vacances à Wall Street pour comprendre l’autre ? Découvrir sa façon de vivre ? Se rendre compte qu’il a de la chance de se lever avec le soleil, et de ne pas s’angoisser pour le seul repas de la journée ? (...) alors qu’ils regardent plutôt le gros manioc qu’ils ont dans leur assiette plutôt que de juger notre petit grain de caviar (...) tout porte à croire que le pauvre semble satisfait de son statut puisque chaque fois, il vote pour un riche ! ». lien
On peut aussi se régaler de cette courte vidéo terriblement caustique, qui s’en prend, dans un périlleux second degré, à la « France Insoumise », en choisissant le camp de « la France en marche », sur l’air de « maréchal nous voilà »... un petit régal.
Comme dit mon vieil ami africain : « le putois ne sait pas qu’il pue ».
On peut signer une pétition sur ce lien
Le dessin illustrant l’article est de Tignous
Merci aux internautes pour leur aide précieuse.
Olivier Cabanel
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