Ce que les néolibéraux réservent aux classes moyennes
On pourrait croire que la suppression annoncée de la première tranche d’imposition du revenu est favorable aux classes moyennes. Il n’en est rien.
Avec l’annonce de la suppression de la première tranche d’imposition de l’impôt sur le revenu, Nicolas Sarkozy ne fait pas que répondre aux inquiétudes des "petites classes moyennes". Il approfondit une logique néolibérale qui contribuera paradoxalement à renforcer la crise que connaissent ces classes intermédiaires.
En effet, le néolibéralisme exige la remise en cause d’un modèle socio-fiscal hérité des trente glorieuses que l’on peut considérer comme une véritable "machine à fabriquer des classes moyennes". Son fonctionnement repose sur une structure particulière des taux marginaux d’imposition. Le taux marginal d’imposition désigne la part d’un euro de revenu supplémentaire qui est prélevée sous forme d’ impôt, de taxes et de charges sociales. Son évolution indique la vitesse à laquelle augmente la pression fiscale et sociale à mesure que l’on s’enrichit. On observe que ces taux sont particulièrement élevés aux deux extrêmes de la hiérarchie des revenus. Ceci est bien connu dans le cas des plus aisés qui sont exposés à la progressivité de l’impôt, mais le même phénomène existe lorsque des ménages titulaires d’un mimimum social en perdent une partie à l’occasion d’une reprise d’activité. Il n’y a rien de plus contraire aux préceptes néolibéraux dont l’objectif est non pas de minimiser les mécontents de l’impôt mais de maximiser les bonnes incitations en matière de travail et d’épargne.
Il est très éclairant de revenir sur la justification économique de ce modèle "égalitaire" : ’"il faut des taux marginaux d’imposition très élevés « en bas », parce qu’il y a beaucoup de monde « en bas » de la répartition des revenus mais, comme ces individus ne sont pas très productifs, il n’est pas très grave de les dissuader de travailler, du moins du point de vue de la production nationale. C’est la même chose « en haut », mais pour la raison opposée : il y a très peu de monde, mais les individus concernés sont très concernés. Cela ne coûte donc pas très cher non plus de les dissuader. Globalement, il faut donc imposer relativement peu tous ceux qui se trouvent au milieu, où les individus sont nombreux et relativement productifs, et assez fortement ceux qui se trouvent en haut et en bas de la fourchette" Jacques le Cacheux (2006)
C’est donc par leur nombre que les classes moyennes ont été jusqu’à présent en mesure d’imposer des choix fiscaux qui contribuaient à renforcer leur cohésion. Or depuis vingt cinq ans, on observe un "amaigrissement" numérique des classes moyennes, ce qui incite l’Etat à alléger la pression fiscale sur les plus modestes comme les plus riches désormais plus nombreux ou mobiles. C’est ainsi que la prime pour l’emploi et la diminution progressive du taux d’imposition maximal mis en oeuvre par les socialistes n’ont fait que préparer le terrain à des mesures plus tranchées comme le RSA et le "paquet fiscal". Comme la gauche ne pouvait sabrer dans les dépenses publiques, le poids du "modèle social français" a été reporté sur des classes moyennes de plus en plus mécontentes et attirées par les promesses anti-fiscalistes des néolibéraux. Les réformes en cours sont un premier pas dans la remise en cause de la progressivité de l’imposition. Demain, nous courons le risque que le slogan d’une "flat tax" (impôt proportionnel) ne fasse une entrée fracassante dans le débat politique français. Un tel impôt, payé par tous et de façon modéré, existe déja dans de nombreux Etats de l’ex europe de l’est. S’il constitue le stade suprême du néolibéralisme, il marquerait le stade terminal de l’idéal égalitaire républicain et probablement la "fin" des classes moyennes en tant que groupe social organisé.
40 réactions à cet article
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Bon article, on voit que les 2 extremes sont tres aides et que le milieu ( classe moyenne ) subit toutes les charges.
merci mais pourriez-vous detailler un peu + la fin :
? - en quoi les socialistes avec la prime pour l’emploi et la diminution progressive du taux d’imposition maximal on preparaient le terrain ?
? - Quel difference entre la progressivite de l’imposition et un impot proportionnel ? Quel mal ? Pourquoi c’est le stade supreme du neoliberalisme ?
Bonne journee.-
Un impot progressif augmente avec le revenu de l’individu ou du ménage. C’est le cas de l’impot sur le revenu. Son but est d’atténuer les inégalités de revenus que produit spontanément l’économie. Un impot proportionnel taxe à l’identique tous les revenus ou tous les actes économiques (ex la TVA) A priori il est neutre en termes d’échelle des richesses.
C’est justement ce qui convient aux néolibéraux dont le souci est de permettre aux individus de récolter le bénéfice de leur effort, de ne pas être découragés par l’Etat. Pour reprendre une belle expression de se courant de pensée, lutter contre la progressivité de l’impôt c’est permettre à chacun d’être l’entrepreneur de lui même...Cela passe , dans un premier temps, par une "activation’ des aides sociales puis par le bouclier fiscal
Ex : un rmiste qui accède à un smic paie des taxes nouvelles et perd des aides ...il n’est plus incité à travailler donc on le subventionne via la PPE (s’il est à temps plein). Pour aller plus loin on met en place le RSA qui est plus universel et touche un plus vaste public parmi les plus modestes.
Pourquoi "stade suprême du néolibéralisme" ?
Le but de ce genre de réforme est de lisser la façon dont les taux d’imposition augmentent avec le revenu et même de fixer un plafond ,le plus bas possible (ex : bouclier fiscal à 50%) Dans l’idéal néolibéral tout le monde devrait imposé au même taux. C’est l’impôt proportionnel. L’idée est qu’il vaut mieux que tout le monde paye un pourcentage modeste de son revenu que concentrer l’impot sur une minorité de "riches" tellement préssurés qu’ils cherchent à frauder, à explorer des niches fiscales ou se délocaliser. .
L’impôt proportionnel est aussi le plus transparent car facile à comparer entre lespays.
Le vieux libéralisme prenait acte du souci des société démocatiques de combattre les inégalités de revenu. Le néolibéralisme s’en sépare totalement. Ce qui compte c’est de donner aux individus de bonnes incitations ...le marché rémunérant les résultats et non pas les bésoins ou les mérites. A la limite on aidera les plus démunis à condition qu’ils travaillent et on préfèrera le RSA a" l’assistance".
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ronchonaire 17 février 2009 19:22C’est justement ce qui convient aux néolibéraux dont le souci est de permettre aux individus de récolter le bénéfice de leur effort...
Et alors ?! Vous n’avez pas envie de récolter le fruit de vos efforts, vous ? Vous préférez que ce soit un autre qui le récolte pour vous ? A moins que vous ne vouliez pas faire d’effort du tout ? J’ai vraiment du mal à comprendre les mecs qui poussent leurs études d’économie jusqu’au Doctorat sans adhérer une seule seconde aux hypothèses de base du raisonnement économique (rationalité individuelle, comportement maximisateur, etc.) Je crois comprendre que vous être Maître de Conférences : comment pouvez-vous enseigner des concepts auxquels vous ne croyez pas du tout ?
Enfin, il me semble que l’évolution de la recherche en économie publique contredit vos affirmations sur le "vieux libéralisme" et le néo. Les recherches sur le sujet se sont d’abord focalisées sur les questions d’efficacité de l’impôt (cf. la règle de Ramsey notamment) sans se soucier le moins du monde de la question de l’équité fiscale ; ce n’est que depuis une trentaine d’années que cette deuxième contrainte a été introduite dans les modèles (cf. Mirrlees, Stiglitz, entre autres). Aujourd’hui, presque plus personne ne travaille sur les questions d’efficacité fiscale car le domaine est relativement bien couvert ; en revanche, l’équité fiscale est un domaine de recherche encore très actif.
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Il me semble qu’il ne faut ni sacraliser ni éradiquer les notions de récompense individuelle et d’incitation à l’effort. Ce serait réduire l’économie à une science des choix individuels et des incitations qui repose sur une conception erronée du comportement humain. Le passage aux travaux pratiques est plus inquiétant encore. On sait par exemple le succès de la "courbe de Laffer" auprès de certains gouvernements (alors qu’elle est invérifiable) et on observe partout que l’ Etat "bienveillant" ambitionne d’ exercer un contrôle optimal sur les pauvres et les chômeurs au moyen du calcul adéquat de leurs prestations.
Votre remarque m’a permis de constater que j’ai cédé moi même à ce pecher mignon de la confrérie puisque vous constaterez que j’ai repris à mon compte la théorie (citée en italique) de la fiscalité optimale qui repose justement sur la vision d’un Etat parfaitement cynique qui à l’image d’un individu maximise tel son seul intérêt particulier. Indécrottables économistes...
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Personne ne fait référence à la partie imposable de la CSG qui est un impôt sur l’impôt, celui grâce à qui nous payons l’impôt sur le revenu sur une part de la CSG (d’où la différence entre revenu net et revenu imposable sur la fiche de paie). La paternité de cet inique dispositif en revient à Rocard ! Les Rocardiens qui se disent socialistes mais sont en fait des libéraux. -
Vous venez de découvrir que nous allons vers un système américain de suppression de classe moyenne.
Et que Notre Président maintient une politique libérale par temps de crise néo-libérale.
Vous êtes sur la bonne voie pour comprendre et apprendre.
Attention, ça fait mal, parfois...les envies de vomir.-
j’ai bon alors
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Non, vous n’avez pas "bon". Et personne ne peut avoir "bon".
Pour votre info, je fais partie de la "classe moyenne". En gros, aprés avoir touché le smic pendant 3 mois, j’ai décidé de changer. Même pas par amour du fric, mais des responsabilités.
Et c’est allé trés vite. C’est ainsi que l’on finit par cotoyer des gens riches. Qui ont du pouvoir (car nous sommes dans le capitalisme). Et c’est là qu’on découvre, lorsqu’on a un esprit ouvert un minimum, qu’en gagnant plusieurs smic, on est tout de même pauvre. Si vous saviez ce que j’ai vu... Mais ça n’est pas une question de jalousie, juste la constation de trop de déséquilibre. Quand on est au milieu, on le perçoit mieux.
Mais bref... ma petite personne : on s’en fout !!! (sauf que je suis salarié et que contrairement aux professions libérales (tiens : libérales...le mot m’amuse), je ne peux pas faire d’évasions en liquide...)
Vous auriez "bon" si une règle de bon sens pouvait être appliquée au niveau mondial.
- un taux d’imposition minimum dans chaque pays (supprimer l’attrait des PFCO (paradis fiscaux et centres off-shore) .
- une imposition en courbe assymptotique . Avec suppression de toute niche et réduction des déductions sur les dons. (là aussi, j’ai vu du truandage).
Bref, sachant que l’humain est une machine à corruption et assoiffée de fric, car de pouvoir, de la justice, tout simplement.
Si on veut transgresser les règles, on prend ses responsabilités, mais faut pas venir se plaindre aprés...
Vous remarquerez que mes propos ne parlent nullement d’humains parfaits ou de société parfaite, ça, je le laisse aux illuminés et aux libéraux enfumeurs. -
http://fr.wikipedia.org/wiki/Imp%C3%B4t_sur_le_revenu_des_personnes_physiques_(France)#Revenu_imposable
5687€ c’est la premiere tranche
ca concerne donc presque personne-
Voici ce que l’on trouve dans un article de Médias libres 17/02/09 :
"Il y a en France 33 millions de contribuables, parmi eux 10 millions de foyers se trouvent dans la première tranche c’est-à-dire dont le taux d’imposition est le plus faible. Aujourd’hui pour un contribuable qui gagne jusqu’à 5800 euros son taux d’imposition est de 0% et ne paiera donc pas d’impôts.
Entre 5800 et 11 700 euros, le taux passe à 5.5 % ce qui correspond à 320 euros d’impôts maximum. De 11 700 à 26 000 euros le taux passe à 14% et ainsi de suite.
Si on supprime la première tranche les revenus inférieurs à 11 700 euros ne seront plus imposés, les contribuables concernés gagneront jusqu’à 320 euros. Pour tous les contribuables des tranches supérieures ce gain de 320 euros est aussi valable, seuls les revenus supérieurs à 11 700 euros restent imposés toujours à 14%.
Tous les foyers qui payent l’impôt sur le revenu pourraient donc y gagner, en revanche ceux qui déjà n’en payent pas c’est-à-dire la moitié des foyers fiscaux n’y gagneront rien, ce sont pourtant les plus modestes. "(...)
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Il ya une belle histoire pour illustrer cette situation :
Supposons que chaque jour, dix hommes va pour un dîner. L’addition de l’ensemble des dix est de 100$. S’ils paient leurs addition notre façon de payer nos taxes, ca seraient quelque chose comme ceci :
* Les quatre premiers hommes (les plus pauvres) ne paieraient rien.
* Le cinquième paierait 1$.
* Le sixième paierait 3$.
* Le septième 7$.
* Le huitième 12$.
* Le neuvième $18.
* Le dixième homme (le plus riche) paierait 59$.
Donc, c’est ce qu’ils ont décidé de faire.
Les dix hommes mangeaient le dîner au restaurant tous les jours, et semble assez satisfaite, jusqu’à qu’un jour, le propriétaire leur a dit :
"Puisque vous êtes tous les bons clients", dit-il, "je vais réduire le coût de votre repas quotidien de 20$."
Donc, maintenant le dîner pour les dix seul coût de 80$. Le groupe a toujours voulu payer leur facture de la façon dont nous payons nos impôts.
Ainsi, les quatre hommes ne sont pas affectés. Ils auraient tout de même manger gratuitement. Mais les six autres ? Comment pourraient-ils diviser les 20$, afin que chacun puisse avoir sa "juste part" ?
Les six hommes réalisé que 20$ divisé par six est 3.33$. Mais si on déduit 3.33$ de tout le monde, le cinquième et le sixième homme finissent par être payés pour manger leur repas.
Ainsi, le propriétaire du restaurant a indiqué qu’il serait équitable de réduire la facture de chaque homme par à peu près le même montant, et il a procédé à travailler sur les montants de chaque devrait payer.
Et donc :
* Le cinquième homme, comme les quatre premiers, maintenant rien payé (100% d’économies).
* Le sixième maintenant payé 2$ au lieu de 3$ (33% d’économies).
* Le septième maintenant payé 5$ au lieu de 7$ (28% d’économies).
* La huitième versé 9$ au lieu de 12$ (25% d’économies).
* Le neuvième versé 14$ au lieu de 18$ (22% d’économies).
* La dixième maintenant payé 49$ au lieu de 59$ (17% d’économies).
Chacun des six est mieux qu’avant. Et les quatre premières ont continué à manger gratuitement.
Mais une fois à l’extérieur du restaurant, les hommes commencèrent à comparer leurs économies.
"J’ai eu un seul dollar sur les 20$," a déclaré le sixième homme. Mais le dixième homme, "il a obtenu 10$ !"
"Ouais, c’est ça", exclame le cinquième homme. "J’ai sauvé un seul dollar, aussi. Il est injuste qu’il a fait dix fois plus que moi !"
"C’est vrai !" cria le septième homme. "Pourquoi devrait-il obtenir 10$ de retour quand je suis arrivé seulement 2$ ?"
"Attendez une minute", ont crié les quatre premiers hommes à l’unisson. "Nous n’avons rien reçu du tout. Ce système exploite les pauvres !"
Les neuf hommes, entouré le dixième homme et le frapper.
La nuit suivante, le dixième homme ne s’est pas présenté pour le dîner. Les neuf mangé sans lui. Mais quand est venu le temps de payer la facture, ils ont découvert quelque chose d’important. Ils n’ont pas assez d’argent entre eux, même pour la moitié de la facture ! -
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ronchonaire 17 février 2009 19:22Votre raisonnement est faux, pour la bonne et simple raison que vous vous limitez à l’impôt sur le revenu. Or, c’est loin d’être le premier poste fiscal pour un ménage, la TVA (qui n’est finalement qu’une "flat tax" sur la consommation) représente bien plus ; sans parler des nombreux petits entrepreneurs, qui appartiennent eux aussi à ce que vous appelez la "classe moyenne" et qui paient eux aussi leurs impôts via une "flat tax" (en l’occurrence l’impôt sur les sociétés, dont le taux est le même quelle que soit la taille de l’entreprise). Voir un complot anti classes moyennes dans un impôt qui ne représente même pas 10% de la fiscalité du pays a dû vous demander une sacrée dose d’imagination (et/ou de mauvaise foi).
Enfin, je vous rappelle que le taux de prélèvements obligatoires en France est de l’ordre de 54% ; les "néolibéraux" ont du boulot avant de venir à bout de votre sacro-saint "modèle socio-fiscal". Que pensez-vous, par exemple, de la CSG et la CRDS non-déductibles et donc soumises à l’impôt sur le revenu ? Un impôt payé sur une taxe, c’est fort quand même ! Vous ne pensez que cela pénalise les classes moyennes largement plus que la (non-)progressivité de l’impôt sur le revenu ?-
Comme vous y allez.
Ainsi qu’il est mentionné dans l’article, je tiens compte de de tous les prélèvements et de l’ensemble des prestations.
Il est vrai que la France a une structure fiscale étonnante : peu d’impot direct (comme dans les pays du sud de l’europe) et un niveau de prestation élevé. Il en découle une tendance à la fiscalisation croissante de la protection sociale (par un prélèvement à la source comme la CSG) qui a d’ailleurs un impact progressif bien que faible.
La tendance au recul des classes moyennes dans la répartition du revenu disponible et en partie à des réformes successives de l’etat providence (par exemple la concentration des aides sur les plus pauvres avec la montée des minimas sociaux) , comme le montre de nombreux travaux.
http://www.lexpansion.com/economie/actualite-economique/la-classe-moyenne-en-france-parent-pauvre-de-la-redistribution-socio-fiscale_136053.html
Je ne mentionne aucun complot mais une certaine utilisation par les libéraux du malaise de ces français du milieu de la hiérarchie sociale. Ces français auraient tout à perdre au démantelement de l’Etat providence, même s’il les protège moins. De plus en plus constitués de salariés, ces groupes doivent la conservation de leur position à une forme de propriété sociale (école, santé, retraite..) que ne saurait leur procurer un modèle libéral (que sont devenues les classe moyennes aux Etats-Unis ?) La destabilisation de ces classes nourrit un climat propice à la démagogie ("on dépense trop pour les pauvres" etc...) et à la crispation ("touche pas à mes avantages acquis") qui rend la vie politique française particulièrement instable.
Il y aurait beaucoup à dire sur le taux de prélèvement obligatoire de 54% . L’utilisation politique de cette statistique dispense d’une analyse un peu plus complexe. Par exemple, si on enlève les fonds qui sont redirigés vers d’autres administrations publiques (ex : charges sociales des fonctionnaires versées à la securité sociale) on dégringole vite à 40%. D’autres corrections de ce genre conduisent à penser que la France a un taux de prélèvement plutôt dans la moyenne des pays de développement comparable. Je pourrais vousindiquer ce genre de travaux qui gagneraient à être connus. C’est la composition des prélèvements qu’il est plus pertinent de discuter me semble-t-il.
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Très intéressante discussion sur ce chiffre de 54% de prélèvements obligatoires. Vous notez, à jute titre , que l’on peut en soustraire les charges sociales des fonctionnaires (et les impôts donc aussi j’imagine).
Je ne suis pas très bon en calcul, aussi je vais simplement faire l’expérience de pensée suivante : imaginons qu’il n’y ait que des fonctionnaires en France. En suivant votre raisonnement, le taux de prélèvement obligatoire devient donc................ 0....... la tête à toto.
Bravo pour cette démonstration qui me convainc tout à fait.
Il nous faut donc fonctionnariser toute la France. C’est où pour s’inscrire ? -
Je redoutais que quelqu’un découvre la "supercherie", bravo.
Ou comment, l’instant d’un moment volé, le socialisme devient un cas d’école. -
je signe des deux mains
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C’est l’ensemble des prélèvements nets de prestations qui désormais pèsent relativement plus sur le revenu des classes moyennes
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Pour revenir sur ces 54% (très exagérés) , on pourrait s’interroger sur "le retour "....c’est -à -dire sur les 30% de PIB qui sont redistribués sous formes diverses (prestations d’assurance sociales et de solidarité). Il reste 15% qui correspondent au financement des depenses publiques (paiement des fonctionnaires, investissement , intérets de la dette) que l’on doit juger à l’aune de leur retombées économiques.
Les prélèvement obligatoires nous permettent d’acheter une production de services collectifs qui s’ajoutent à la richesse nationale plus qu’ils ne s’y substituent.
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ronchonaire 19 février 2009 18:07OK, alors parlons rendement.
La plupart des évaluations donnent un coût marginal des fonds publics de l’ordre de 1,2 ; en somme, un euro prélevé sous forme de taxe coûte en fait 1,2 euros à l’économie à cause des distorsions introduites par la taxe. Il faut donc que vos dépenses publiques dégagent un rendement supérieur à 20% pour que l’opération soit rentable ; personnellement, je doute fort qu’il y ait beaucoup de postes budgétaires dégageant un tel rendement.
Pour que l’évaluation soit vraiment complète, il faut également comparer le rendement de l’euro taxé et dépensé par l’Etat avec le rendement du même euro qui n’aurait pas été taxé mais dépensé par le secteur privé. Là aussi, je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de dépenses publiques dont le rendement soit supérieur aux dépenses privées.
Bref, la "rentabilité" des dépenses publiques ne devrait pas trop être évoquée comme un argument en faveur de l’interventionnisme car clairement, elle n’en est pas un. Il vaudrait mieux se focaliser sur la question de l’équité et de la redistribution, qui sont des motifs beaucoup plus valables pour dépenser l’argent public.
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Les travaux microéconomiques montrent qu’en cas de concurrence fiscale, lorsque le capital est mobile (délocalisation par exemple) les Etats surestiment le cout marginal des dépenses publiques...et chacun attend que le voisin procède à des dépenses à sa place. je ne sais si votre estimation en tient compte. En tout cas, on peut réduire le cout marginal des dépenses publiques en procédant à une coordination de celles ci au niveau européen
http://74.125.77.132/search?q=cache:er6jUSJdL-QJ:www.senat.fr/rap/r98-483/r98-48320.html+co%C3%BBt+marginal+d%C3%A9penses+publiques&hl=fr&ct=clnk&cd=4&gl=fr -
Bonsoir,
Merci pour cet article de synthèse clair... et engagé un p’tit peu (si, si... j’insiste !), juste ce qu’il faut, permettant le débat.
Avez-vous des propositions sur la composition des prélèvements comme vous le dites dans une réponse à Ronchonnaire ?
Bonne continuation.
Matéo 34-
Je vous remercie et je vous donne rendez-vous très prochainement sur ce point.
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bonjour lpde
nous avons hérité d’un impôt progresif qui se voulait par esprit d’équité faire participer à l’effort national en fonction de la croissance du revenue, et en solicitent plus ceux qui on le plus de moyen de le faire.
il y a une certaine logique, que contre la disponibilité des biens nécessaires ou obstentatoires les hauts salaires sont plus avantagés proportionellement à la dépense rapporté à chaque tranche de revenus.pour une iquité absolu il faudrait que chacun paie un kilo de viande en fonction de ses resources, ainsi la viande serait moins chère pour le plus pauvre et plus chère pour le plus riche.
il en est de même quand c’est par le concourt de son intelligence que l’on sert l’état, le service que rendra quelqu’un qui ne sait rien au service e l’état sera moindre que celui qui sait et nous ne trouvons pas cela injuste. dans les négociation salariale les augmentations de salaires était en pourcentage dégressif faire à mesure que les qualifications sélevaient.
c’est une erreur que de considérer qu’un pourcentage définie une contribution égalitaire.
si la pârticipation de chaun à la contribution nationale est une bonne idée elle doit l’être en fonction des resources, car il me semble évident que ceux qui ont la capacité d’épargner ont plus les moyens de contribuer que ceux qui ne le peuvent pas.
il n’y a aucune formule équitable, l’appréciation est fonction de l’idée et de la place que l’on accorde a chaque citoyens dans le libéralisme et à partir de quand l’on considérent que les intérêts des uns lèsent ceux des autres, et en cela le "capitalisme a montré depuis des siècles que croire préserver la richesse des puissants de leur contribution épargnait des difficultées, c’est encore là une erreur dogmatique.
cordialement.-
@ l’auteur
J’aurai une question à vous poser puisque vous êtes économiste.
Moi qui croyait que les thèses de Marx avaient été démontées, je me rend compte que ce qui s’est passé ces derniers mois en est l’illustration :
- La montée des inégalités a entrainée dès la fin des années 80 une crise de surproduction virtuelle ou potentielle cachée par le crédit qui a fini par exploser puisque les inégalités se sont aggravées depuis et qui a aboutit à une crise de surproduction réelle cette fois-ci (ou de sous-consommation ou d’insolvabilité globale ce qui est la même chose).
La question est donc la suivante :
- dans le conte de fée voulu par les neo-libéraux, ces derniers vont donc gagner de plus en plus d’argent (ils paireont moins d’impôts, plus du tout dans les paradis fiscaux) qui ne pourront réinvestir dans le secteur productif puisqu’il n’y aura plus un client solvable (même si c’était le cas ça serait pareil puisque la demande serait inexistante par annihilation de la classe moyenne). Il vont donc l’investir dans des actifs virtuels qui seront détruits quand la machine recommencera à s’effondrer faute de joueurs.
Donc, dans cette logique ne sommes nous pas condamné à subir de plus en plus de crise de surproduction ?
La logique des neo-liberaux n’est-elle au final une logique économique dépressive ? (on réduit les impôts donc les services publics, donc les fonctionnaires, donc la recherche, donc la productivité etc,etc dans une boucle de rétroaction négative permeanente)
P.S. : M’est d’avis que si on abliquait totalement leur programme on se retrouverait en deux générations...au néohilitique.
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Bonjour,
Mais n’hésitons pas à réveiller le vieux Marx.
Je vous répondrai plus longuement plus tard mais vous devriez chercher du coté de Michel Husson, économiste qui a des idées sur ce que vous dites et a réflechi sur l’anomalie quevous mentionnez
Cordialement -
Merci, j’attends infiniment votre réponse parce que qu’elle que soit la manière dont je réfléchis au probème je me retrouve toujours avec ce problème de l’extaction de la plus value qui finit en actifs virtuels. C’est comme si le surplus extrait de la production, une fois l’investissement amorti bien sûr, finissait donc soit par disparaitre (bulles) soit en dépenses ostentatoires (et là on retombe dans les tares de l’économie de l’empire romain dont l’évergétisme -qui avait plus d’ultilité publique que l’achat d’un yacht toutefois- était un exemple).
C’est comme si le neo-libéralisme, au niveau global, finissait par faire disparaitre une partie de la richesse crée et devenait ainsi moins efficace que le socialisme (bien sûr à postulats de départ équivalents : marché efficient d’un côté et gouvernance honnête de l’état socialiste de l’autre).
Merci de m’éclairer si mon raisonnement est vicié ou manque d’éléments de jugement. -
Il y a certainement, dans les pays anglosaxons, un part d’évergétisme (fondations etc...) On conseillerait à Total de faire profiter la collectivité d’ un peu de ses 14 milliards d’euros en donnant dans le mécénat social.
Votre idée de richesses qui disparaîtrait me fait penser à la critique du capitalisme qu’avait formulée le sociologue Veblen dans son livre the theory of business enterprise (1904) (dispo en anglais sur google livre, et commenté par l’économiste Heilbroner dans son livre "les grands économistes") C’est une vision haute en couleur qui rapproches les agissements des grands capitalistes et financiers du comportement dépensier des aristocrates qui gaspillaient à profusion et aimait à détruire leurs richesses. Comportement ostentatoire mais aussi (c’est le plus amusant) manière de s’évader, de se démarquer d’un monde économique automatisé, routinier, trop rationnel, maîtrisé par les ingénieurs. Un grand potlacht quoi. je ne sais pas ce que cette théorie vaut mais elle est séduisante et invite à poser un regards quasi éthnologique sur les financiers...
En économie, on s’accorde pour penser que le bouclage production/revenu/dépense se réalise d’une manière ou d’une autre. Il existe une masse considérable de capitaux disponibles pour un autre usage que l’investissement. Ils s’investissent dans la finance qui elle même a facilité les fusions acquisitions, le financement des investissement dans la net économie. On sait que la finance a elle même à joué un rôle facilitateur dans la production de crédits destinés aux ménages à bas revenus (cf les dérivés de crédit devenus produit d’épargne et qui permettent de preter toujours plus puis de sortir les crédits de leur bilan), ils sont également distribués sous forme de dividendes dont une part est consommée et produisent des plus value également consommées.
IPour résumer, il n’y a pas de raison de penser qu’en distribuant des dividendes, les entreprises ne finissent pas (prises globalement) par gagner ce qu’elles dépensent puisque ces sommes sont utilisées d’une manière ou d’une autre...prix à payer : de formidables inégalités, des prises de risques considérables en matière d’octroi du crédit.
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"En économie, on s’accorde pour penser que le bouclage production/revenu/dépense se réalise d’une manière ou d’une autre. Il existe une masse considérable de capitaux disponibles pour un autre usage que l’investissement. Ils s’investissent dans la finance qui elle même a facilité les fusions acquisitions, le financement des investissement dans la net économie. On sait que la finance a elle même à joué un rôle facilitateur dans la production de crédits destinés aux ménages à bas revenus (cf les dérivés de crédit devenus produit d’épargne et qui permettent de preter toujours plus puis de sortir les crédits de leur bilan), ils sont également distribués sous forme de dividendes dont une part est consommée et produisent des plus value également consommées.
IPour résumer, il n’y a pas de raison de penser qu’en distribuant des dividendes, les entreprises ne finissent pas (prises globalement) par gagner ce qu’elles dépensent puisque ces sommes sont utilisées d’une manière ou d’une autre...prix à payer : de formidables inégalités, des prises de risques considérables en matière d’octroi du crédit. "
Merci de votre réponse.
Vous dites qu’on s’accorde pour dire que le bouclage est effectué. On en est sûr ou pas ? D’ou sort l’argent nécessaire à la formation des bulles dans ce cas ?
Parce que s’il n’est pas effectué alors le système n’est pas vraiment efficace.
S’il est effectué, on est en présence d’une sorte des gangs mafieux internationaux qui aspirent à leur profit une partie de la valeur.
Pour en revenir à votre article sur les classes moyennes : si le neo-libéralisme les liquident, l’oligarchie ne va-t-elle pas voir à terme ses profits et même son capital disparaitre.
Si on pousse la logique plus loin, dans le cas toujours d’un maintien du système neolibéral, on peut alors assister à une restructuration à la baisse de l’appareil productif pour atteindre un point d’équilibre plus bas de l’échelle de la création de richesse.
C’est pour ça que j’émettai l’hypothèse que les systèmes économiques type neolibéral, libertarien, minarchiste etc... étaient de formidables machines à remonter le temps.
Ces derniers mettent en avant la charité pour régler les problèmes sociaux. Mais il me semble que la redistribution est plus efficace que cette dernière donc de proche en proche on les prend à réinventer l’Etat.
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Il est temps de se rendre compte que pas un économiste n’a écrit autre chose que des thèses ou des anti thèses de Marx qui les englobe toutes.
L’analyse marxienne (et non marxiste) en tant que ensemble de concepts est aussi incontournable que Hegel dans un autre registre du système de connaissance total.
Ce qu’en font les commentateurs, les politiques et les critiques ne dépend que d’eux...-
Marx a donné et donne encore à penser aux économistes, y compris les libéraux. En particulier dans le domaine de la croissance économique.
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Vous dites que l’impôt progressif (flat tax) existe dans divers pays d’Europe... Mais il existe aussi en France, sous la forme des fameuses CSG et RDS, déguisées en charges sociales, il est vrai.
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cette suppression servira a presque rien
la premiere tranche est EN DESSOUS du smic annuel
hors ceux qui gagnent moins sont salaries precaires qui ont 20% d’abbatement avant impot
10% pour les pensions
alors qui est concerne ?
a part deux trois "riche" retraite ou travailleur independant, je voit pas-
Merci pour votre article, synthétique et clair.
J’attends avec impatience le prochain sur la décomposition des prélèvements, le sujet m’intéresse.
J’en étais resté au fil de mes lectures à votre constat : le taux de prélèvements obligatoires en France (alentours de 44% ?) n’est pas loin de la moyenne européènne.
54%, ce ne serait pas plutôt la part des dépenses publiques ?-
Exact, 53% correspond au taux de dépenses publiques au sens large du terme.
La composition des prélèvements obligatoires est sans doute trop déséquilibrée en faveur des impôts indirects , c’est à dire ceux qui frappent des comportements économiques (production, consommation) et non des eprsonnes. Ils ont tendance à opérer une redistribution à l’envers.
Je serai plutôt favorable à une extension de l’impôt sur le revenu (certains proposent sa fusion avec la CSG). Avoir un système fiscal plus progressif, plus redistributif en faveur des moins riches, présente un avantage : en cas de crise, lorsque des ménages basculent dans une tranche inférieure, les impôts diminuent mécaniquement et cela dope le pouvoir d’achat et l’activité. cela permettrait d’amortir encore mieux les chocs économiques.
Il ya d’autres aspects sur lesquels on pourrait travailler,
A bientôt
D. -
Je vous suis à 100% (et je suis sûr de ce taux !).
La réhabilitation de la progressivité fiscale, quels qu’en soient les moyens, et il y en a plusieurs, serait un bienfait républicain et économique. Un refrain que je rabâche à satiété dans mes articles sur Agoravox, en m’inspirant souvent des thèses de Thomas Piketty, et maintenant peut-être des vôtres ! -
Et bien, à vous lire, je pense que nous sommes deux camarades
A bientôt-
Deux camarades bordelais apparemment.
Vous enseignez à Bordeaux ?
Si oui, y a t-il des cours qui sous une forme ou une autre seraient ouverts au public ?-
Les cours sont réservés aux happy few j’en ai bien peur mais il m’est arrivé déja de participer à des réunions politiques organisées par votre parti. Discutons en par mail si vous le souhaitez.
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Au plaisir de vous lire alors !
Et espérons que le PS s’engage (enfin) dans une réforme fiscale digne de ce nom. Jusqu’à présent, il me semble qu’il a plus manqué de volonté que d’experts.
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