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Accueil du site > Actualités > Economie > Chômage ou pauvreté : la nouvelle alternative

Chômage ou pauvreté : la nouvelle alternative

Si on vous demandait : « Quelle est la priorité de la politique économique de la France ? », sans doute répondriez-vous : « La lutte contre le chômage ». Que pourriez-vous répondre d’autre ? C’est bien le thème qui est au coeur de tous les discours de nos responsables politiques, les gouvernants comme les opposants. C’est lui qui est disséqué, discuté, développé, à longueur d’articles et de chroniques. Même si on ne connaît pas grand chose à la science économique, on sait au moins ceci, on ne peut pas ne pas le savoir : ses deux piliers sont la croissance et le chômage.

Et pourtant, tentons juste un instant d’aller un tout petit peu au-delà de la surface des choses, et demandons-nous simplement : "Pourquoi la lutte contre le chômage est-elle si nécessaire ?"

La réponse paraît tellement évidente que c’est la question qui en semblera presque stupide : parce que le chômage, non seulement coûte à l’Etat, sous la forme des allocations, mais constitue aussi (surtout ?) une situation de précarité financière et sociale pour les individus, dont il faut tout faire pour qu’elle soit la plus courte possible. On sait combien ces périodes de chômage sont difficiles à vivre, combien elles "désocialisent", on sait aussi la perte de pouvoir d’achat que représente une période sans emploi. En un mot comme en cent, il faut bien "gagner sa vie", et il n’y a pas d’autre moyen que le travail, quelle que soit la forme statutaire qu’on lui donne. Par conséquent, il est bien évident pour tout le monde dans nos sociétés industrialisées que le chômage est associé à la précarité et à la désocialisation, tandis que le travail, le fait de "gagner sa vie", est associé à l’autonomie financière et à la consommation.

Pourtant, on commence à entendre ici et là certains sons dissonants, ou du moins qui ne viennent pas exactement corroborer cette analyse. On commence à parler d’individus qui, bien qu’ils occupent un emploi, n’auraient pourtant pas de quoi payer un loyer. De salariés qui font la queue aux Restos du coeur. De gens qui travaillent et qui, néanmoins, sont "pauvres". Voilà un phénomène très récent en France, qui commence à peine à être évoqué, depuis deux ou trois ans.
Des cas isolés ? De pauvres gens que le malheur a frappés, comme il frappe toujours, aveuglément ? Sans doute. Mais certains s’en emparent déjà, arguant que la pauvreté est en train de gagner du terrain, et qu’elle menace désormais toutes les catégories, y compris celles qui travaillent. Dans la foulée, c’est naturellement l’économie de marché qu’on accuse, la dérégulation, la mondialisation, toutes coupables d’accroître les inégalités, de précariser la population.

"Totalement faux, répondent alors d’autres. Voyez les États-Unis, l’ascenseur social y fonctionne à plein régime. Ce sont les entraves à l’économie de marché qui bloquent la société française, et qui l’empêchent de réaliser son potentiel de croissance. Libérons l’économie, flexibilisons le marché du travail, allégeons le Code du travail, la priorité est de donner du travail aux chômeurs !" Car le raisonnement est simple, et imparable :

  1. Moins de chômage = plus de travail 
  2. plus de travail = plus de richesses produites 
  3. et plus de richesses produites = moins de pauvreté

Monsieur de La Palisse.

Alors, au-delà de la théorie, qu’en est-il empiriquement ? Où en est exactement la pauvreté dans les pays industrialisés ? Pour le savoir, penchons-nous sur les rapports de diverses organisations officielles, à commencer par celui publié par l’OCDE en 2001.

Et puisque "les chiffres parlent d’eux-mêmes", laissons d’abord parler les chiffres, en résumant quelques tableaux présentés dans ce rapport.
Voyons d’abord le taux annuel de pauvreté. On pourra en trouver la définition exacte p.47, disons ici qu’il s’agit d’un seuil relatif de pauvreté qu’on pourrait définir comme le nombre de gens qui, dans un pays donné, ont un revenu annuel très inférieur à la moyenne des habitants de ce pays. Ce qui nous intéresse pour l’instant est en effet la comparaison par pays.

Le taux annuel de pauvreté est donc de :

  • 4,7% au Danemark
  • 9,6% en France
  • 12,1% en Allemagne
  • 12,1% au Royaume-Uni
  • 15,3% au Portugal
  • 16% aux États-Unis

L’étude tend à montrer que la pauvreté dans les pays de l’OCDE se limite souvent pour les individus à des périodes temporaires. Ayant été réalisée sur 3 années, elle a permis de dégager la part de ceux qui sont sortis de la pauvreté durant cette période (p.52) :

  • 60% au Danemark
  • 59% au Royaume-Uni
  • 47% en France
  • 41% en Allemagne
  • 37% au Portugal
  • 29,5% aux États-Unis

En revanche, la part d’individus non pauvres qui sont entrés dans la pauvreté durant cette période fut de :

  • 3% au Danemark
  • 4,5% aux États-Unis
  • 4,5% en France
  • 5% en Allemagne
  • 5,5% au Portugal
  • 6% au Royaume-Uni

Le pourcentage de ceux dont les revenus sont restés en dessous du seuil relatif de pauvreté durant cette période, ceux qu’on pourrait donc appeler "les pauvres de longue durée" est de :

  • 1,8% au Danemark
  • 2,4% au Royaume-Uni
  • 3% en France
  • 4,3% en Allemagne
  • 7,8% au Portugal
  • 9,5% aux États-Unis

Par ailleurs, l’étude montre que le pourcentage de "pauvres de longue durée" augmente en proportion du taux annuel de pauvreté. Si on établit un équivalent en "années de pauvreté" (p.53), on voit qu’en France, 33% de ces années de pauvreté recensées sont imputables à ceux qui vivent en permanence dans la pauvreté. Au Danemark, c’est 18% ; au Royaume-Uni, 25% ; en Allemagne, 38% ; au Portugal, 50% ; et aux États-Unis, 60%.

On voit bien ici les grandes tendances de la pauvreté par pays : dans ce panel, outre le Danemark, champion toutes catégories de la lutte contre la précarité, la Grande-Bretagne est la championne à la fois de la paupérisation et de la sortie de la pauvreté, les États-Unis les champions de la pauvreté de longue durée. Entre ces extrêmes, la France et l’Allemagne se situent plutôt dans un quartile "favorable", le Portugal dans un quartile "défavorable".

Quelles sont les pistes pour expliquer ces différences, s’est ensuite demandé l’étude, et à quels autres indicateurs les chiffres de la pauvreté sont-ils corrélés ?
Et d’abord, qu’en est-il donc de l’emploi ? Le chômage est-il corrélé à la pauvreté ? Eh bien non ! Le taux de pauvreté dans un pays donné ne semble absolument pas lié au fait que le taux de chômage y soit plus ou moins élevé (tableau A, p.63).

En revanche, il semble bien plus lié (tableau B) :

  • Positivement : à la part de travail de bas salaire.
  • Négativement : au taux de syndicalisation ! Plus le taux de syndicalisation est élevé dans un pays, moins le taux de pauvreté y est important.Négativement : au taux de dépenses publiques ! Plus cette part est importante en pourcentage du PIB, moins le taux de pauvreté y est élevé.

Et la corrélation négative la plus importante est donnée par le taux de remplacement assuré par les prestations chômage : mieux les allocations chômage se substituent à la perte de salaire, moins le taux de pauvreté est élevé. Dit ainsi, cela paraît finalement assez évident...

Une étude plus restreinte (on ne connaît pas les chiffres pour la France) analyse ensuite la politique de redistribution après impôts et transferts, et son impact sur la pauvreté (p.67). Il n’est pas indifférent de constater que la différence avant/après redistribution est de 17,4% en Allemagne, tandis qu’elle n’est que de 5% au Royaume-Uni, et de 4,2% aux États-Unis. C’est dire que les politiques de redistribution de ces deux derniers pays n’ont que peu d’influence sur la pauvreté, tandis qu’elles ont un impact important en Allemagne.

Mais encore faudrait-il montrer que cet impact est positif. C’est ce que l’étude cherche à faire, en effectuant une simulation : imaginons la situation d’un pauvre avant et après avoir bénéficié de la redistribution. Ce bénéfice lui permet-il de sortir de la pauvreté, ou non ? Autrement dit : les politiques de redistribution sont-elles efficaces (p.71) ?
En ce qui concerne la population des actifs, le taux de sortie de la pauvreté avant et après redistribution passe :
  • en Allemagne, de 24 à 42%
  • au Royaume-Uni, de 38 à 37,5% (!)
  • aux États-Unis, de 29,6 à 29,8%
Mais c’est surtout pour la population retraitée que les différences sont le plus flagrantes. Le taux de sortie de la pauvreté avant/après redistribution passe alors :
  • en Allemagne, de 7 à 40%
  • au Royaume-Uni, de 32 à 37%
  • aux États-Unis, de 12 à 19%
On constate donc ici qu’une politique de redistribution a bien un impact positif sur la sortie de la pauvreté (même si elle n’est jamais totalement efficace) et que ce sont les retraités qui en bénéficient le plus.
Enfin, l’étude cherche s’il existe des caractéristiques individuelles favorisant ou non la paupérisation (p.54-56). Tous pays confondus, il semble que ces caractéristiques aggravantes soient :
  • Être un adulte seul avec un ou des enfant/s
  • Être une femme plutôt qu’un homme
  • Avoir un niveau de formation faible plutôt qu’un niveau de formation élevé
Notons au passage que les conséquences d’un divorce sont statistiquement la première cause d’entrée dans la pauvreté (p.59).
Mais ce qui est peut-être plus intéressant ici, c’est la manière dont ces circonstances aggravantes impactent plus ou moins la pauvreté suivant le pays concerné (p.75-77)

Par exemple, le taux de pauvreté des adultes seuls avec enfants est de :

  • 18% en Allemagne,
  • 35% au Royaume-Uni,
  • 36,5% aux États-Unis.

La période de pauvreté pour ces individus durera en moyenne :

  • 3,3 années en Allemagne,
  • 4,4 années au Royaume-Uni,
  • 4,7 années aux États-Unis.

Les "cas extrêmes" d’individus pauvres cumulant plusieurs circonstances aggravantes sont estimés devoir connaître en moyenne 4,7 années de pauvreté en Allemagne, 5,6 années en Grande-Bretagne, 7 années aux États-Unis.

Bref, il semblerait bien qu’il existe de vraies différences dans les politiques de lutte contre la pauvreté entre les différents pays étudiés, avec pour résultats de réelles différences dans le pourcentage d’habitants de ces pays qui sont touchés ou non par la pauvreté.
Mais avant de tirer des conclusions de cette étude, il faut aussi sans doute se demander ce que c’est qu’un "pauvre", exactement. Prenons donc l’exemple des États-Unis, puisque le pays semble l’exemple paradigmatique, et analysons plus en détails ce qu’y représente la pauvreté.

Il existe deux mesures de la pauvreté aux États-Unis.

a) Le seuil absolu de pauvreté est défini ainsi par le département de la santé et de l’aide publique : "Seuil en dessous duquel les personnes manquent des ressources pour satisfaire les besoins fondamentaux pour une vie correcte et n’ont pas assez de revenus pour se nourrir suffisamment et avoir un logement et des vêtements permettant de rester en bonne santé".

En 2005, ce seuil avait été fixé à :
  • 9570 $ pour 1 individu
  • 12 830 $ pour un foyer comprenant 2 individus
  • 16 090 $ pour un foyer comprenant 3 individus
  • 19 350 $ pour un foyer de 4 personnes
  • etc.


Or, nous dit le rapport des Ford, Rockefeller and Annie E.Casey foundations, 20% des emplois aux États-Unis en 2002 (soit 28 millions d’emplois) étaient payés à un salaire inférieur à 8,84 $ / heure, soit 18 387 $ / an, donc en dessous du seuil de pauvreté défini pour une famille de 4 personnes (p.16).
Le minimum fédéral a été, lui, fixé à 5,15 $ / heure, ce qui place le revenu annuel en-deçà du seuil absolu de pauvreté pour 3 personnes.
D’après ce critère, le taux officiel de pauvreté aux États-Unis était de 13,1 % en 2004, qui représente un peu plus de 37 millions de personnes. Il était de 11,3% en 2000 pour 31 millions de personnes.

Les Etats-Unis ont donc enregistré 6 millions de pauvres de plus en 4 ans, soit une augmentation en valeur absolue de 16,3% sur cette seule période.

b) Le seuil relatif de pauvreté est défini comme "avoir beaucoup moins accès à un revenu et au bien-être que les autres personnes." C’est donc le critère qui permet de considérer le niveau de vie et de consommation d’un individu au regard de la moyenne des habitants du pays à instant T. Il permet ainsi un autre type de comparaison, historique.
Ainsi, il sera intéressant de noter que pour une famille de 4 personnes, ce seuil relatif était de :

  • 2973 $, en 1959, soit 42,64 % du salaire médian.
  • 17 020$ en 1999, soit 28,49 % du salaire médian.

En valeur absolue, le seuil semble donc avoir progressé très favorablement, mais en $ constants, on voit qu’une famille pauvre aux États-Unis, en 1999 a, de façon relative, un revenu amputé d’un tiers par rapport à une famille pauvre en 1959.

Maintenant, être pauvre aux États-Unis, qu’est-ce que cela représente concrètement ?
En 1998, le même Bureau of Census avait établi le patrimoine d’un pauvre :
  • 41 % étaient propriétaires de leur logement
  • 69,7 % possèdaient une voiture.
  • 73,8 % possédaient un magnétoscope.
  • 97,3 % avaient une TV couleurs.
  • 13,1 % possédaient un ordinateur.
Il est alors tentant de conclure qu’un pauvre aux Etats-Unis est loin de ressembler à l’image qu’on se fait "des pauvres", et empiriquement, est très loin de ressembler au pauvre de bien d’autres régions du monde.


Toutefois, il semble que la différence majeure entre les pauvres et le reste de la société américaine repose sur la sécurité alimentaire : d’après le même bureau, 88 % des foyers américains ont pu se nourrir correctement en 2002. Les 12 % restants ont eu une incapacité, au moins temporaire, de se nourrir à leur faim.

Je ne rentrerai pas dans le cadre de cet exposé sur le problème du surendettement des ménages qui nous emmènerait trop loin -je laisse peut-être cela à d’éventuels commentaires ?- mais celui-ci est ordinairement désigné comme une piste d’explication du patrimoine dont disposent les personnes vivant en-dessous du seuil de pauvreté aux États-Unis. Ainsi que la baisse des prix, considérable sur une longue période en ce qui concerne les produits d’électronique grand public, à comparer avec une stagnation, voire une hausse du prix des denrées alimentaires au cours de la même période.


L’autre différence concerne manifestement l’accès aux soins et à la couverture santé. Mais je manque ici de données, peut-être peut-on également compter sur les commentaires ? Il me faut toutefois citer cet éditorial du Wall Street Journal du 12 octobre 2004 : « Les soins médicaux ne doivent plus être considérés comme un "droit", mais comme un "bien rare". Les dépenses de santé devant être inévitablement rationnées, autant le faire dans l’esprit du libéralisme, en laissant à chacun le droit de couper où il veut. Les régimes d’assurances d’entreprise, "une relique de la Seconde Guerre mondiale", doivent être supprimés, [...] et dans le système actuel, les dépenses sur la médecine préventive sont excessives. »

Cet article est sans doute très long, je félicite ceux qui ont eu la patience de le lire jusqu’ici. Mais il est de ces sujets qu’on ne peut aborder en quelques lignes, à moins de laisser trop rapidement la place aux jugements rapides et aux doctrines idéologiques de toutes sortes.

Je laisse chacun maître et responsable de ses conclusions. Pour ma part, je dirai simplement ceci : les pays occidentaux sont sans doute entrés dans une nouvelle ère, pour laquelle les vieilles notions héritées de la période de l’industrialisation de masse peinent à conserver leur valeur. Aussi, on peut voir les manifestations anti-CPE comme la première véritable expression d’un nouveau discours. Intuitivement, en effet, nous le savons bien : la problématique socio-économique fondamentale n’est pas, ou n’est plus aujourd’hui, celle du chômage -ni celui des jeunes, ni celui des autres. C’est celle de la pauvreté et de la précarité. Et c’est sans doute là le message que nos jeunes générations, trop bien éduquées peut-être, très bien informées sans doute, ont adressé à nos responsables politiques : "Cessez les faux-semblants, arrêtez de nous parler de lutte contre le chômage, car le chômage n’est pas le problème, et nous le savons ! Dorénavant, parlez-nous de lutte contre la pauvreté et la précarité !".
Souhaitons que le message ait bien été entendu.

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16 réactions à cet article    


  • ifelhim (---.---.123.125) 18 avril 2006 11:59

    Trouverons-nous des politiciens tout à la fois capables de réalisme économique et de créer une vraie solidarité ? Peut-être, s’ils arrivent a ouvrir un dialogue où les différents intervenants ne restent pas sur leur « quant-à-soi », figés sur leurs a priori et des idées toutes faites...


    • RAMSAY (---.---.15.216) 18 avril 2006 12:17

      Merci de votre démonstration et de votre recherche documentaire.

      Malheureusement, à ces phénomène d’extension de la pauvreté, les réponses à apporter nécessiteraient un courage politique tandis que la démagogie, le populisme, le détournement des frustrations vers des catégories faisant office de « bouc émissaire » sont des recettes éprouvées, faciles à mettre en oeuvre et qui permettent de gérer, sur un court terme les problèmes de paupérisation.

      Lorsque, au début de ce siècle, l’économie européenne fonctionnait sur le modèle économique « classique », il existaient certaines solutions qui font défaut aujourd’hui : la possibilité de s’installer sur des territoires colonisés ou des mesures de déportations (Cayenne ou l’Australie) pour les surnuméraires récalcitrants.

      Dans la configuration actuelle, l’intérêt porté par nos politiciens traditionnels au « modèle danois » (bien positionné sur beaucoups de points de votre étude) me laisse dubitatif car, selon les individus, la vision et l’interprétation peuvent varier sensiblement..

      RAMSAY


      • éric (---.---.61.253) 18 avril 2006 16:10

        Le vrai problème est celui du partage des richesses. Les salariés sont de plus en plus productifs donc de moins en moins nombreux. Les actionnaires donc de plus en plus riches puisque la part qui revient au travail dans la valeur ajoutée de l’entreprise à très fortement diminuée ces dernières décennies. En effet le travail ne paie plus pour certains. Il faudrait peut-être rémunérer toutes les activités utiles à la société en créant une sorte de revenu citoyen. L’activité purement économique n’est en effet pas la seule à être utile à la société (éducation des enfants, aide au devoir...). Les ultra-libéraux, bien sûr, proposeront de « marchandiser » tout cela.


        • claro (---.---.251.41) 18 avril 2006 22:24

          Partager les richesses ? Ou redéfinir la valeur des choses et partager le travail qui les produit ?


        • caramico (---.---.227.114) 18 avril 2006 16:52

          Merci pour ces chiffres, rien que des chifres, qui j’espère cloueront le bec à tous les adorateurs du libéralisme anglo-saxon !


          • Jean-Pierre (---.---.157.251) 18 avril 2006 22:08

            Il y a une faille. On peut remarquer que si la société s’enrichit sans enrichir la partie la plus pauvre, le taux de pauvreté augmente mécaniquement.

            A l’inverse si une société s’apauvrit et que c’est la majorité la plus riche qui souffre, le taux diminue.

            En fait, tout cela est très analytique et manque de recul. C’est focalisé sur le taux de pauvreté dans une société donnée.

            La façon de poser le problème est biaisée car elle contient la réponse à la question : peu importe que la société s’apauvrisse, il faut sauver les taux des 10 % de pauvres, sans regarder que ceux ci ont leur maison, leur voiture les prestations sociales souffrent mais d’abord de la comparaison avec les personnes les plus riches de leur pays (autrement dit, l’américain pauvre qui travaille n« échangerait probablement pas sa place contre le »riche" chomeur français...)

            La pauvreté ou le chomage touche tout le monde (famille ou ou amis) et tout le monde est concerné. Mais, ce ne sont, en fait, pas des sujets si importants que cela au niveau national car ils ne concernent que 5 à 15 % de la population. Et que cela a aussi l’avantage ... de limiter les salaires de ceux qui travaillent et donc les coûts de production.

            Chaque problème doit être posé au bon niveau.

            Pour assurer la puissance d’une nation et l’avenir des générations qui viennet, c’est la richesse globale qui compte, la maîtrise des matières premières et de l’energie grace à la puissance militaire et une population formée, travailleuse et en bonne santé.

            C’est ça qu’il faut demander à nos dirigeants.


            • claro (---.---.251.41) 18 avril 2006 22:31

              Comme vous le dites, il faut poser le problème au bon niveau.

              Ce n’est plus la puissance de la nation, qui semble essentielle, mais bien la possibilité qu’aura l’humanité de se survivre à elle même. La question n’est pas celle de la production des richesse, mais celle du travail et de la valeur de ses produits, qui doivent être justement partagés à l’échelle mondiale.


            • jean-pierre (---.---.157.251) 19 avril 2006 22:12

              @ claro

              Personne ne peut être opposé à ce que vous dites, mais c’est trop. C’est une idée pieuse mais elle n’a aucune chance d’être concrétisée dans les 2 générations qui suivent.


            • claro (---.---.198.243) 20 avril 2006 00:33

              2 générarations c’est très cours ; et il faut bien ce temps pour que l’on passe d’idées non erronnées à leur réalisation.

              Si nos idées n’ont aucune avance sur ce qui est réalisable nous risquons d’arriver bien tard voir de nous empêtrer avec nos pensées.

              Nos conceptions doivent être correctes, et nous devons être conscients de l’écart qui existe entre nos pratiques actuelles et ce qu’elles devraient être en regard de ces conceptions ; en l’occurence, les notions de richesses, de travail et de métier sont dérisoires dans le débat socio-économique actuel.

              Tout ce passe comme si notre seule ambition était d’adoucir la déchéance généralisée dans laquelle nous nous engluons. Il n’y a évidemment pas d’idée qui puisse avoir sa place ici.


            • decurion (---.---.218.247) 18 avril 2006 22:27

              Je voudrais juste ajouter que la pauvreté, n’est pas un phénomène nouveau. Elle a toujours été là, seulement elle avait moins d’importance. Le travail n’a jamais « nourrit » son homme, mais il permettait néammoins d’améliorer les conditions de vie, en travaillant plus.Celà était valable jusqu’à il y a trente ans environ,et depuis la pauvreté est devenu un « aspirateur ».

              Il y a un peu plus de 30 ans, je triplais ma paye, en alignant les heures à 25, 50 et 100 %. Puis certains, ont voulu régler le chômage, en limitant les heures supp. Au début, ça n’a rien changé, les heures supp ont été payées en « primes de chantiers »,mais petit à petit, les 100. 50 et 25 % ont disparus dans les oubliettes. Une perte sèche.Les déplacements calendaires remplacés par les remboursements de frais, les heures de trajets, payés demi-tarifs. Bref, un salaire net divisé par trois en dix ans.Tout ça pour arriver en 90, ohq,compétent reconnu et apprécié, mais payé au smic.

              Parallèlement à l’érosion des salaires, il y eut celle du pouvoir d’achat. Ainsi, lorsque ma mère m’envoyait chez le charcutier, achetait 10 francs de jambon, nous mangions 10 francs de jambon,alors qu’aujourd’hui, je paye aussi l’emballage, sa collecte et son « recyclage », et pour le même prix, je n’ai que la moitié du jambon.

              Bref, au dessous d’un seuil, le travail appauvrit son « bénéficiaire », mais en plus il plombe ses « partenaires » économiques


              • tamimy1 (---.---.234.100) 19 avril 2006 01:19

                Pour un monde propre , solidaire et en paix !

                Le monde use de formules approximatives pour normer ses actions sur la société alors même qui elle n’obeit pas au concept et à la même mécanique.

                L’économie telle qu’elle s’est développée au courant de la seconde moitié du siècle passé a vu progresser deux blocs humains opposés au plan idélogique :

                Libéral ; communiste

                faisant le pendant des luttes entre patronat et syndicat au plans politique et economique .

                ces clivages se sont du reste retrouvés face à face au sein du monde dit accidental ( il n’a rien de strictement de strictement occidental ou même oriental ) !

                La seule donne qui apparait est le capitalisme privé de personnes et de groupes et lobbys violemment opposés au camp communiste qui entend faire du tout etat !

                Une lutte par la « guerre froide » qui n’était pas si froide que celà mais feutrée avec ses periodes sombres et ses risques nucléaires sur les nations elle-mêmes et au sein du tiers monde .

                De nos jours le capitalisme ayant allégrement franchi toutes les étapes s’en donne de nouvelles sous « l’appellation contrôlée » de la « mondialisation » des uns contre l’anti-mondialisation des autres.

                Capitalisme et mondialisation devenus légitimes même face aux grands principes régissant les droits de l’homme ,

                ET tant et si bien qu’arrive malheureusement la conviction dangereuse et antidémocratique de faire la guerre pour continuer de se développer au détriment de cette paix et de cette sécurité si fortement clamées et réclamées !

                Qu’importe alors les droits de l’hommes (si non capitaliste ) ?!

                Assistons nous à l’émergeance d’un nouveau fascisme ? une négation des droits universellement reconnus, négations des etats par la force usant d’une démocratie en vase clos ! conférant à l’anti-démocratie et au colonialisme ultra-colonialiste ?

                Un nouveau monde ultralibéral et antilibéral à la fois est là !auto-libéral pour lui même .

                une nouvelle incarcération pour l’humanité piègée par les pauvretés successives , l’ignorance , les regressions économiques et sociales si dangereuses jusqu’à verser dans des terrorismes ...et ils sont nombreux !

                Nous sommes en plein dans des guerres , des destructions massives scandaleuses dans le monde au nom de surpuissance militaire et politique !au nom de l’energie et pretextes aussi fallacieux les uns que les autres !

                faisant fi de l’éthique et des nations ! Et que personne ne bouge ! Pour au moins dire holà ! ça suffit ! la Paix ce n’est pas la guerre ! La sagesse ! de la sagesse pour la paix ! Que la Paix soit avec nous sans faiblesse !


                • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 19 avril 2006 09:09

                  Excellent article qui montre que contrairement à une interprétation anti-libérale du libéralisme (libéralisme en faveur des riches et anti-libéralisme vis-à-vis des pauvres et des précaires) le marché sans règles libérales d’égalité des chances (ex : éducation et santé) ne suffit pas à assurer une autorégulation économique équilibrée en faveur de tous.

                  Conclusion : le seul modèle libéral cohérent est donc nécessairement un modèle social-libéral ou social-démocrate qui définit démocratiquement des règles du jeu social, à l’échelon mondial (et nous en sommes encore loin) pour équilibrer l’économie de marché en faveur non seulement de la création de richesses mais surtout de celle de l’amélioration des possibilés de développement humain (indice de développement humain IDH versus PIB) de chacun et de la « qualité » coopérante des relations entre les hommes. Ce que montrent les exemples du Danemark et de la Suède. Lire Amartya Sen sur ce sujet : « Un nouveau modèle économique », chez Odile Jacob

                  Le rasoir philosophique



                  • La Rochefoucauld (---.---.246.189) 19 avril 2006 18:03

                    Quelques remarques qui viennent du coeur !

                    Quand bien même vous auriez écrit 30 pages de chiffres, cela ne vient qu’argumenter votre opinion de départ, qui aurait pu se résumer en quelques lignes : le taux de chômage doit-il être le seul indicateur pour évaluer la politique économique menée par un état ?

                    Nous sommes nombreux (y compris de droite, et même des libéraux !!) je crois à penser que non.

                    Le taux de pauvreté doit-il à son tour être « brandi telle une croix pour chasser les démons du libéralisme", je ne crois pas non plus.

                    L’accumulation des chiffres et l’écume qui en ressort, nous fait perdre de vue le fond, c’est-à-dire quelle société voulons-nous ? Avec quelles valeurs ? Quels critères pour évaluer la politique menée ? etc.

                    Essayons de trouver des lignes de consensus, y compris sur ce site, car à force de batailles idéologiques, nous allons dans le mur.

                    J’attends toujours le débat qui aura au-delà des piques apprises avec méthode qui son parti, qui dans son syndicat, qui dans son école de commerce...


                    • Forest Ent Forest Ent 22 avril 2006 22:57

                      Article clair et documenté. Si j’ai bien suivi, les sociétés obtiennent la redistribution qu’elles souhaitent à travers divers outils comme le salaire minimal et les assurances chômage et retraite. C’est rassérénant.


                      • naoweb (---.---.129.170) 18 mai 2006 10:34

                        Pour travailler, compétitivité économique oblige, il indispensable d’être en pleine forme : disposer d’un toit, avoir quelque chose dans le ventre et pouvoir se rendre assez facilement sur les sites de production semblent faire partie des éléments fondamentaux. Paradoxe de la « volonté de relancer l’emploi » : qu’est-ce qui a augmenté le plus ces dernières années ? Le prix d’acquisition de l’immobilier avec sa répercussion sur les loyers , l’augmentation très forte du prix du gaz , le prix de vente des produits alimentaires, notamment ceux de première nécessité depuis le passage à l’euro et plus récemment, dans le domaine des transports, les produits pétroliers ont suivi le pas. N’a t-on pas là affaire à un sabotage au plus haut de l’état ? Cette situation n’est pas nouvelle, les gouvernements précédents avaient déjà entamé le pas. A bien y réfléchir, et l’affaire Clearstream va en ce sens, la véritable politique semble se jouer entre les mains de quelques financiers qui tentent d’imposer toujours un peu plus leurs règles du jeu sous la menace de délocalisations et d’installations nouvelles vers des pays pauvres (l’usage du qualificatif de pays en voie de développement n’est pas employé car il meriterait à lui seul un débat). Lors du dernier référendum, le NON français à l’Europe a été un premier signal fort. Comment peut-on avoir la volonté sincère de construire une Europe quand déjà celle de la France subie un effet miroir ?

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