Commerce équitable : la vitesse supérieure
La montée en puissance du commerce équitable va de pair avec celle du commerce en ligne, et avec le bouleversement des habitudes d’achat.
10% des Français avaient entendu parler du commerce équitable en l’an 2000, en 2002 plus de 32%, et 45% en novembre 2003. Aujourd’hui, les deux tiers d’entre nous connaissons cette activité devenue indispensable aux producteurs du Sud.
Les pays pauvres, c’est une évidence, sont depuis trop longtemps mis au bord des routes commerciales par l’Organisation mondiale du commerce. Il n’est que de constater l’impasse des discussions Nord-Sud sur le commerce du coton, largement subventionné par les Etats-Unis (pays libéral s’il en est ?), rendu non concurrentiel sur le continent africain.
Les aides traditionnelles et urgentistes n’ont pas favorisé la vertu de l’ « apprendre à pêcher », mais ont développé l’assistanat du « poisson donné ». Résultat : l’Afrique subsaharienne essaie de cultiver du blé malgré l’incompatibilité climatique, qui rend cette culture invendable au regard des subventions européennes octroyées aux producteurs français. La vocation du commerce équitable est d’offrir à de petits producteurs, exclus de ces gigantesques circuits commerciaux, la possibilité de trouver des débouchés solvables et générateurs de marges à leur production, et par là même, une juste rémunération de leur travail. Il permet au consommateur d’effectuer un achat fondé sur des principes de solidarité. Les conséquences sont considérables : fixation des prix dans un juste rapport des forces entre offre et demande, arrêt des dumpings sociaux qui poussent au travail des enfants et qui détruit toute protection sociale. Le commerce équitable se veut éthique : respect des normes sociales, réglementation du travail des enfants, et aussi respect du droit syndical, refus de l’esclavagisme, notamment en prison, et aussi environnementales ; il rationalise donc les échanges, et constitue un des rares moyens d’acter le développement durable. Il est temps de passer la vitesse supérieure. La mise en place et la maturation ont duré plusieurs décennies, mais ont évolué favorablement. Si les marges sont là, il est à présent vital d’évoluer vers le développement du volume des ventes. L’accroissement du nombre de producteurs bénéficiaires est directement lié au développement du marché, donc à son degré d’information. Il existe une forte demande chez les consommateurs, mais elle se heurte à la difficulté de pouvoir transformer ce désir en acte d’achat. La cause en est le déficit de notoriété du commerce équitable et de ses réseaux de distribution. Le développement possible se base donc sur ces deux fondamentaux : développer les parts de marché du commerce équitable dans les habitudes d’achats françaises, accroître le nombre de producteurs engagés dans le commerce équitable. La France a engagé six millions d’euros pour financer la promotion de cette activité : il s’agit avant tout de l’analyse du marché concernant les produits sélectionnés : café, riz, mangues, coton, cacao, beurre de carité, de propositions de mise en place d’une nouvelle filière en rapport avec le marché français, de la mise en relation des coopératives économiques en France. Il est impératif de développer l’implication des grandes surfaces dans la distribution des produits concernés par la promotion du label Max Havelaar, mais aussi d’autres labels, qui pourraient être reconnus, et de renforcer les réseaux de distribution de proximité, réseaux de moyennes et petites surfaces, réseaux spécialisés, voire tout simplement le commerce traditionnel. Enfin, et ce n’est pas le plus simple : sensibiliser le grand public en mettant en place des actions de communication. Si, ensuite, on se retourne vers l’offre, l’objectif d’augmentation du nombre de producteurs agissant dans le commerce équitable est à quantifier. Les projets observés aujourd’hui s’appuient sur des partenaires institutionnels : Centre pour le développement de l’entreprise, Banque mondiale, Agence française pour le développement, Fond international pour le développement agricole, et sur des projets qu’ils financent dans certains pays, ainsi que sur des ONG françaises : Plate-forme pour le commerce équitable, Max Havelaar France, Artisans du monde, Ingénieurs sans frontières, afin de favoriser l’insertion de ces groupements dans les filières concernées. Avec le micro crédit, le commerce équitable paraît être le seul vecteur de développement sain et durable pour les pays du Sud, qu’on a si outrageusement pillés durant des siècles.
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