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Confusion entre dépôts et créances

La Crise est due à la confusion entre dépôts et créances ainsi qu’à la soumission aux marchés privés

C’est en tant que professionnel de la langue française (traducteur-réviseur P4 dans une organisation internationale des Nations Unies) que je tiens à dénoncer une grave confusion sémantique qui peut expliquer la Crise structurelle. Les termes très vagues de « monnaie », de « fonds » ou d’« argent » correspondent en effet à plusieurs masses monétaires différentes car –grosso modo et en sciences économiques élémentaires- il faut distinguer d'une part les dépôts (c’est-à-dire les masses M1-M2 - argent-rémunération - Bargeld en allemand) et d'autre part les créances (masse M3 - argent-crédit - Schriftgeld). Pourquoi confondre dépôts réels et créances virtuelles, alors que celles-ci ne correspondent à aucune sortie d'actifs et ne sont que des lignes d’écritures comptables de crédit ?

Le seul prix Nobel français de Sciences économiques (1988), Maurice Allais, a toujours dénoncé l’illogisme consistant à appliquer aux crédits créés ex-nihilo (simples écritures comptables) les mêmes règles économiques qu’aux dépôts réels, c’est-à-dire le remboursement du capital prêté plus les habituels intérêts. C’est ainsi qu’il a pu écrire dans le journal Le Monde du 28 octobre 1988 cette phrase incroyable : « Fondamentalement, il n’y a pas de différence entre le métier de banquier et celui de faux-monnayeur. »

Une fois cette distinction sémantique clairement établie, toute la base de la « Crise » s’effondre d’elle-même : pourquoi payer des intérêts sur des emprunts purement scripturaux ? La dette de 1 700 milliards € de notre pays a déjà été intégralement payée sous forme d’intérêts sur un « capital » inexistant puisqu’il ne s’agit que d’écritures purement comptables.

Un non-paiement (ou effacement, ou décote, ou restruscturation…)de dettes scripturales n’a d’incidence que d’ordre comptable sur le bilan des banques prêteuses et ne représente aucune perte d’argent réel, comme l’ont déjà démontré récemment la « décote » de 50 % effectuée pour la Grèce ou l’effacement total de la dette du Togo (106 millions €). Le compte « Pertes et profits » suffit à régler la question sur le simple plan comptable du bilan des banques car il n’y a eu au départ qu’une création de monnaie ex nihilo (sans aucune sortie d’actifs).

C’est en tout cas ce que sait faire la Banque Nationale Suisse (BNS) d’après ce récent courrier de lecteur :

Jusqu’en janvier 1973, la Banque de France prêtait à l’Etat sans intérêts, ce qui était son devoir régalien ; mais par la loi de finances du 3 janvier 1973 (dite « loi Pompidou-Rothschild »), l’Etat français s’est lui-même lié les mains en s’obligeant à emprunter aux banques privées contre intérêts  ! Cette obligation masochiste sinon suicidaire fait maintenant l’objet de l’article 123 du Traité de Lisbonne pour tous les Etats membres de l’Union européenne. C’est , à mon avis, la deuxième cause de la « crise » car les intérêts exponentiels de ces emprunts ne peuvent logiquement jamais être compensés puisque la monnaie correspondante n’a jamais été créée : on doit donc prendre sur le capital emprunté ou recouvré par le Trésor public pour les honorer ; mais c’est là un « jeu de l’avion » (interdit en droit commun) dans lequel on est finalement et forcément perdant, comme on s’en rend compte aujourd’hui dans ce qui m’apparaît comme un incompréhensible et absurde sado-masochisme financier où les marchés prêteurs demandent des prêts aux Etats afin de pouvoir les leur reprêter (par l’intermédiaire du FMI ou d’un autre relais) !

En réalité, la France a déjà payé sa dette de 1700 milliards d’euros, en seuls intérêts sur ce qui n’était au départ que de simples écritures comptables de crédit (Schriftgeld en allemand ou masse M3). Leur effacement ne serait qu’une perte virtuelle puisque personne n’a sorti de sa poche personnelle d’argent réel (Bargeld en allemand ou masses M1/M2, hors crédits) lors de la création ex-nihilo du capital. Ce scandale de la création monétaire ex-nihilo (simples écritures comptables de crédit) par des institutions privées et de la confusion entre l’argent réel et l’argent virtuel est dénoncé par d’autres économistes mais n’a pas encore éclaté au grand jour (malgré mes efforts en ce sens depuis 1968). J’ai déjà exposé cette véritable arnaque sur la page intitulée « Les Dettes sont Virtuelles  » qui résume la page principale intitulée « L’Explication monétaire de la fausse Dette et de la fausse Crise », qui compiles mes recherches à ce sujet depuis mai 1968.

A ce jour, on doit honnêtement constater que seul le Front National a –quoique partiellement- compris le problème car ce parti veut redonner à la Banque de France son rôle régalien normal (création de monnaie centrale sans intérêts) comme le fait p. ex. la Banque Nationale Suisse afin d’échapper aux marchés privés. Cette vidéo de 9 min est tout à fait claire.

Dans cette vidéo, Alain Bonnet de Soral (frère de l’actrice Agnès Soral) a toutefois mieux compris l’imposture monétaire :

La loi Pompidou-Rothschild de 1973 est dénoncée en 4 min dans cette 3e vidéo  :

L’arnaque de l’article 123 du traité de Lisbonne (refusé par les Français à 55 %) est expliquée dans cette vidéo de 13 min.

Cette 4e et dernière vidéo (13 min), plus didactique, explique clairement l’origine de la Dette publique dans le système bancaire actuel :

Merci de ton attention. Denis Bloud (citoyen français expatrié, le 14 janvier 2012)


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6 réactions à cet article    


  • Robert GIL ROBERT GIL 27 janvier 2012 15:36

    pour aller un peu plus loin, voici une serie d’articles et de PPS sur le sujet, faites votre choix :

    http://2ccr.unblog.fr/category/finance/


    • kiouty 27 janvier 2012 16:32

      Non non non. Une écriture comptable n’est pas du vent. Elle est un enregistrement d’une situation réelle. Soit elle est vraie et représente bien une réalité comptable, soit elle est fausse et ne représente pas bien la réalité comptable, mais c’est tout.

      Là ou vous avez raison, c’est qu’il faut distinguer créance et depôt, et que tout le problème de la finance et de l’économie moderne vient de leur confusion, comme le décrit Paul Jorion dans son livre « L’argent mode d’emploi ». Parce que autant la confusion n’est pas importante en temps de prospérité, autant ça pose de gros problèmes dans les situations de crises comme on en connaît actuellement.

      Reste que l’argent n’est pas créé ex-nihilo via simple écriture comptable, c’est plus compliqué que ça. Sinon, il n’y aurait aucun problème de liquidité actuellement, ni de solvabilité, les principes de conservation de la quantité ne seraient pas respectés et l’argent n’aurait tout simplement aucune valeur (à part celle du matériau qui en constitue le support), vu qu’il suffirait de boucher les trous par simple « jeu d’écriture ».

      Mais ce n’est pas parce qu’on invalide la théorie de création monétaire ex-nihilo qu’il n’y a pas de problème avec la création monétaire pour autant ! Bien au contraire !!
      Mais le problème lié à la création monétaire est d’une nature différente de la dénonciation qui en est faite sur internet via la fumeuse théorie de scandale de la création ex-nihilo. Le vrai problème, c’est que la création monétaire se fait sur le principe de la tritrisation, qui est la transformation en obligations d’état de créances privées que les banques commerciales mettent en gage à la banque centrale.
      Hors la titrisation et l’existence du taux d’intérêt sont des machines à générer de la pseudo-richesse et servent à aspirer l’argent des épargnants-salariés au profit des investisseurs privés.


      • Rensk Rensk 28 janvier 2012 11:52

        Je rigole... Je suis aussi souvent que vous (semble-t-il) épaté par la précision de certain mots germain... Je trouve que le « brüderli-wirtschaft » a encore beaucoup de succès, pas vous ?


        • fwed fwed 28 janvier 2012 15:44

          J’aimerai savoir ce que vous insinuer par « économie fraternelle »


        • fwed fwed 28 janvier 2012 15:40

          Merci pour cet article.

          Est il possible que vos prochains articles s’attardent un peu plus sur la comparaison de la sémantique entre les termes économiques français et allemand ? J’aimerai connaitre votre avis sur l’équivalence sémantique entre schriftgeld (schrift=écriture) et monnaie scripturale (scribe=écriture) alors que ces deux termes ne désignent pas la même chose.
          L’économie est une science mais sa nomenclature sémantique n’arrive pas à la cheville de ce qui se fait dans les sciences dites exactes (physique, chimie, maths...). En physique la masse n’est surtout pas le poids alors que la confusion sémantique est volontairement entretenue dans l’économie. Les bases sémantiques économiques doivent être entièrement revues, l’argent est l’unique marchandise dont l’unique valeur d’usage est de symboliser la valeur d’échange de toutes les autres marchandises : c’est la marchandise des marchandises, c’ets la méta-marchandise.
          En espérant que votre expérience de traducteur puissent apporter beaucoup dans les analyses agoravoxienne.


          • Sergueï Sergueï 30 janvier 2012 07:19

            Mais bien sur que le gouvernement Français dois récupérer la création monétaire, la seul chose qu’on demande soit que ni la France ni l’UE n’utilise ce pouvoir de création monétaire
            (faut choisir, soit des impôts, soit de l’inflation, mais pas les deux)

            Pour tout dire je préfére l’impôt, on sait ce qu’on paye alors que la création monétaire c’est trés difficilement controlable. Faut dire que donner la possibilité a des gens aussi compétents que nos dirigeant la possibilité de faire l’argent a volonter sans controle, ce serait plutot irresponsable.

            Et ne me dites pas que c’est une mesure « pour les riches » car justement l’argent crée par la planche a billet va forcément finir dans la poche de ceux qui ne le méritent pas.

            C’est fou le nombre d’article redondants sur Agoravox, ça doit être le 20ème article sur la création monétaire et toujours les mêmes dogmes

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Denis Bloud

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