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Accueil du site > Actualités > Economie > Construire sa maison : rêves et pièges

Construire sa maison : rêves et pièges

Le salon "Faire Construire sa Maison" se tiendra du 17 à 19 septembre à la Porte de Versailles, à Paris. C’est un rendez-vous annuel important pour tous ceux qui rêvent de faire construire leur maison, choix souvent par défaut alors que le prix de l’ancien flambe.

En 1990, après une décennie qui s’est terminée sur un nombre anormal de faillites de constructeurs, laissant les ménages qui leur avaient fait confiance avec seulement des dettes et leurs yeux pour pleurer, une loi vient encadrer très précisément le marché de la construction des maisons individuelles.

Si on ne doit en retenir que deux éléments, la loi peut être résumée à :
  • le prix sur lequel s’engage le consommateur est définitif, et inclut toutes les prestations nécessaires à l’habitation ;
  • en cas de défaillance du constructeur, un système de garantie assure au consommateur de ne pas perdre sa mise. 

On peut aisément en comprendre les raisons. La construction d’une maison est l’achat d’une vie, dans lequel entre une bonne part d’irrationnel. Les consommateurs s’endettent pour 15, 20, et maintenant 25 ou 30 ans, pour des remboursements à la limite de leurs possibilités financières. En cas de soucis, une dépense indispensable non prévue, le constructeur qui fait faillite avec 10 ou 20% des sommes versées, c’est un désastre économique pour le ménage. Avec les conséquences que l’on peut imaginer. 

La loi s’impose à tous, impossible d’y déroger, elle est "d’ordre publique". Les constructeurs se doivent donc de la respecter. Ils sont organisés autour principalement de deux syndicats professionnels : le plus important l’Union des Maisons Françaises (UMF, anciennement UNCMI) et la Fédération Française des Constructeurs des Maisons Individuelles (FFCMI). Le mot d’ordre proclamé par ces organismes est : confiance. La confiance est en effet nécessaire pour engager toutes ses économies dans la construction d’un toit pour héberger sa famille. D’autant que la construction d’une maison n’est ni simple, faisant appel à plusieurs corps de métiers, ni formatée, chaque maison ayant une histoire différente. 

Pour restaurer la confiance perdue par les consommateurs - qui n’a pas entendu parler autour de lui d’une construction qui s’est mal passée ? qui connait des histoires de constructions qui se sont au contraire bien passées ? - l’UMF édite un contrat "type" se voulant être une garantie de sérieux.

Las ! Si la forme est là, le fond laisse à désirer. Sous le couvert de proposer un contrat "en béton", l’UMF n’hésite pas à prendre des libertés avec la loi, celle que pourtant, nul n’est censé ignorer. 
Deux exemples des dispositions épinglées par le tribunal, à la demande de l’association de consommateurs "Association d’Aide aux Maitres d’Ouvrages Individuels" (AAMOI) :
  • celle qui limite drastiquement l’accès au chantier : pour l’UMF, le client est le roi... des payeurs, mais n’a certainement pas son mot à dire sur le bon déroulement de la construction !
  • celle qui indique qu’en cas de modification des plans suite à la demande du permis de construire, le contrat sera modifié. La loi ne dit-elle pourtant pas que le prix porté sur le contrat est "définitif" ? Et c’est bien ce qu’a rappelé le tribunal. 

 La loi de 1990 indique qu’en cas de défaillance du constructeur, le consommateur dispose d’une garantie. Bien utile pour faire face à la faillite du constructeur mais aussi à l’imprévoyance d’un professionnel qui se retrouverait dans l’incapacité de faire face à ses engagements. Durant les mois pendant lesquels le chantier est arrêté, les consommateurs doivent se loger tout en remboursant leur emprunt. Une situation que peu peuvent affronter longtemps. Et une fois asphyxié financièrement, on accepte tout pour récupérer les clefs de sa maison, quelque soit son état, bien ou mal construite.

Pour éviter cela, la loi prévoit l’instauration de garants. Ces organismes financiers ont la charge de faire face à la défaillance du constructeur, financière, mais pas seulement. Cette assurance n’est pas gratuite, elle représente 1 à 1,5% du prix de la maison, payé, in fine, par le consommateur. Ce n’est pas très cher payé pour se prémunir des risques de la construction... à condition que cette garantie soit mise en oeuvre . 

Car c’est bien là que le dispositif pêche. Lorsque le garant est appelé à la rescousse, il commence par chercher toutes les raisons de ne pas faire face à ses obligations : le constructeur ne serait pas défaillant tant qu’il n’est pas en faillite (faux, le ministre a rappelé que la défaillance n’est pas seulement financière), les pénalités de retards ne sont pas dues pour telle ou telle mauvaise raison, la garantie ne couvre pas tout l’ouvrage (alors que le prix de la garantie a été, lui, calculé sur l’intégralité du prix), le consommateur doit payer une franchise de 5% (soit en moyenne 5 500 euros) avant que le garant ne lève le petit doigt. Le tout en parfaite contravention avec les dispositions légales. 
Mais qui s’en soucie ? Les garants sont des organismes d’assurances, financés pour les plus importants d’entre eux par la Fédération Française du Bâtiment, et dont l’un des dirigeants de l’un des plus actifs sur le marché, la CEGI, n’est autre que le dirigeant de... l’UMF, le syndicat des constructeurs. 

Le monde est petit, comme l’étendue de la garantie effectivement apportée. En cas de conflit, le choix est simple : plusieurs années de procédures judiciaires pour demander son dû, ou abandonner.
Alors que les garants, par leur responsabilité, et leur rôle de repreneur des constructeurs les moins prévoyants, ont pour vocation d’assainir le marché en faisant pression sur les constructeurs présentant des taux de sinistre élevés, ils ne sont devenus que de simples caisses enregistreuses. 

Par leur inaction , ils coûtent doublement au consommateur : en augmentant le prix des maisons de celui d’une assurance qui n’est qu’exceptionnellement mise en oeuvre, et en permettant aux mauvais constructeurs de continuer leurs mauvaises habitudes, comme si rien ne devait jamais changer dans le monde viril et pas toujours correct des bâtisseurs de maisons. 

Sur tous les visiteurs qui ressortiront du salon "Choisir sa Maison" avec de superbes prospectus, combien seront informés des écueils qui leur faudra éviter s’ils décident de faire construire ?

Selon l’association AAMOI, quelques règles de bon sens qu’on peut retrouver sur son site peuvent aider à éviter les mauvaises surprises :
  • lors de la signature du contrat, l’ensemble de la maison, de ses équipements, de ses éléments de décoration (carrelage, peintures, ...) doivent être chiffrés. Inclus ou non dans le prix de la maison, ils doivent apparaitre et être détaillés ;
  • toutes les signatures doivent être datées, et rien ne peut être fait avant que le plan définitif de la maison, et sa description technique, n’aient été réalisés ;
  • aucun paiement ne peut être fait sans contrepartie : une attestation de garantie de remboursement lors du premier versement, une visite de chantier permettant de vérifier la réalité des travaux effectués par la suite ;
  • à la réception, c’est le consommateur qui fait la liste des défauts restant à réparer, ce n’est pas le constructeur qui indique ce qui est un défaut ou non.

Dans tous les cas, il est conseillé au consommateur de ne pas affronter seul cette grande mais difficile aventure de la construction, et de se rapprocher d’une association de consommateurs qui pourra le conseiller.
 
Note : l’auteur a été responsable de l’AAMOI, mais cet article n’engage que lui-même.

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11 réactions à cet article    


  • galien 16 septembre 2010 10:19

    Du reste les gens qui sont capable de construire une baraque sont ceux qui travaillent dans le bâtiment, mais voilà, on regarde M6 et on s’y croit, on se prends pour un grand bâtisseur et on se plante.


    • iris 16 septembre 2010 11:15

      mon père a construit sa maison avec un gars du batiment qui lui a servi de maitre d’apprentissage et de guide-c’etati lui le manoeuvre et il n’y connaissait rien-
      le + dur c’était les finances...et bien sur les seaux de ciment à porter il ya 40 ans -mais la maison est toujours là -sinon il n’aurait pas pu s’en payer une-


    • terrien26 terrien26 16 septembre 2010 10:33

      Une maison c’est bien , mais y’a déjà des gens qui en ont eu une ... Je veux dire , j’étais triste ce matin d’observer que j’avais mal a la tête tout les jours parceque je ne repassais pas mon linge ou des trucs comme cela . La superstition a battue tout les record ces derniers temps . Y’en a pour qui c’est un passe temps puique a observer les comportement de mon proprio , un sceau sur le pilier d’entrée , une bouteille vide dans un panier , pour les flics , ce genre de choses , et bien cause vraiment du tort . J’ai mis un morceau de métal dans mon linge que je ne repasse jamais . C’est dur parceque c’est trop facile , trop idiot , a ce moment un téléphone c’est bien , une télé c’est bien , puis tout le monde cherche le bien . J’écris cela , mais ça n’a pas grand chose a voir avec l’article , sauf que ma voisine elle pèse trois tonne , que moi je suis toujours fumeur , et que le maire a du mal a arrêter l’alcool face a cette pile de papier qu’il a encore a faire . Si c’est la rebelion des femmes de ménages , faut le dire . Parceque ce genre de coutume date un peu ! Chasse pêche et tradition quoi ... NUL !


      • orage mécanique orage mécanique 16 septembre 2010 11:29

        PAS DE CONSTRUCTEUR !
        Recherche d’architecte honnête pour un bon projet et un bon appel d’offre = pas plus cher , dommage ouvrage pour pas de problème de mal façon ou d’arrêt de travaux de l’entreprise= 3% de la valeur de construction, un projet digne de ce nom avec un vrai conseil.

        Une maison c’est pas un slip, c’est un projet de vie


        • jluc 16 septembre 2010 16:41

          Pourquoi avoir confiance dans l’architecte :

          Un architecte est un CONSEILLER. Il n’a pas de « plans » à vous vendre, mais vous aide à concevoir Votre Espace de Vie ; et en dessine les plans... L’architecte à un code de déontologie...

          plus de renseignements :

          Vos droits - Service public - Recours à un architecte

          l’Ordre des Architectes - travailler-avec-un-architecte


          • Defrance Defrance 16 septembre 2010 22:44

            Le constructeur ne sert qu’a doubler le prix de la maison !

             J’en ai fait l’expérience, j’ai fait mon plan moi-même, et j’ai eut le malheur de le faire exécuter par un constructeur . Ce dernier n’a jamais fini la maison avec des prétextes totalement farfelu comme : Le client a planté des fleurs pour empêcher de mettre les échafaudages permettant de faire l’enduit ! ( il s’agissait en fait de coquelicots et de fleurs sauvages qui ont poussées sur le chantier abandonné ! )
             J’ai du consigner la dernière tranche au tribunal pour obtenir le remboursement des malfacons ( chaufferie branchée a l’envers )
             L’expert du tribunal etait celui qui avait redigé leur contrat, j’ai fini par gagner et obtenir un remboursement partiel et je suis rentré dans une maison ou toutes les portes etaient cintrées par l’humidité, envahie de moisissures apres avoir été fermée pendant plus d’un an !

             Mon conseil :
             Faites un plan, faites le valider par un architecte, et restez maitre d’oeuvre de votre maison.

             Choisisez les corps de métier par le bouche a oreille local
             Macon, Charpentier, Couvreur, Plaquiste Électricien Menuisier, Plombier Carreleur
             Et demandez un devis a chacun.
             Vérifiez l’addition par rapport a un constructeur qui ne fera rien de plus que vous si ce n’est que de tirer les prix pour prendre 50% de marge !


            • easy easy 16 septembre 2010 23:31

              L’auteur l’a rappelé, l’achat de sa maison est l’acte le plus coûteux de sa vie.

              Alors je comprends mal -et ça va vous choquer- que l’on puisse se lancer dans une tel achat sans rien y connaître.

              C’est comme si moi, j’achetais un avion de chasse, ou pire, comme si j’en commandais un au look plaisant.

              Je ne donne évidemment pas la soluce pour que chacun ait un minimum de connaissance en bâtiment, mais je ne pige pas la folie que font ceux qui n’y connaissent rien en se confiant à un constructeur.

              Non mais attendez les amis, ne vous énervez pas. Oui ça vaut dans tous les domaines en fait. Il n’est pas normal de se confier à un chirurgien alors qu’on ne sait même pas où se trouve notre utérus quand on est un homme (ne rigolez pas, j’en ai connu, qui...)

              Dans tous les domaines, il convient de s’y connaître un peu, d’avoir des notions. Sinon, c’est la loose assurée.

              Récemment j’ai vu une tite vidéo où l’on montre une gentille dame qui nous montre que l’installateur de sa cuisine+ escalier+ portes, l’avait arnaqué.
              M’enfin c’est pas possible ! Elle avait commandé un escalier sur mesures et quand le gus (le même gus pour les 3 postes Whaiiiiiiii) est venu poser (très mal) l’escalier, elle n’a même pas vu qu’il venait avec un kit.

              Ce qui veut dire que cette charmante dame n’a aucune notion de ce qu’est du sur mesures ou de ce que représentait le travail d’un artisan escaliéteur de 1880.


              Bon. Côté cuisine, elle se retrouve avec un meuble central dont la partie supérieure est posée en équilibre précaire sur la base. Quand elle ouvre un tiroir chargé, bin tout le meuble mena de chavirer. Et bien elle n’a aucune idée de ce qu’il faudrait faire pour au moins bloquer ce bazar. Il y a quoi, deux vis à mettre quelque part dans ce foutoir pour que ça cesse de balancer comme ça mais non, elle ne sait pas faire ça. Pas étonnant qu’à ce niveau d’ignorance, elle se fasse rouler dans la farine par le premier idiot venu.

              Il n’y a pas d’honnêteté qui tienne ou qui soit délivrée comme ça, à n’importe qui. Punaise ! pourquoi s’ésquinter la vie à fabriquer un véritable escalier sur mesure à une personne incapable d’apprécier la différence avec du kit de chez Ikea ?



              De nos jours, qu’est-ce qui peut être réellement fait sur mesures ?
              Le vêtement de luxe ; un repas de mariage ; un portrait ; pas grand chose en fait. Il n’y a que dans le grand luxe qu’on peut trouver souvent du sur-mesure.

              Mais aussi dans le bâtiment en fait. C’est certainement là qu’il se fait le plus couramment et quotidiennement, à prix ordinaire, des millions de choses sur mesures.

              Un lycée, un collège, une gare, c’est, depuis le dessin de l’archi, une somme énorme de choses faites sur mesures exactement adaptées à l’endroit. Vous savez, le volume des matériaux pour un chantier de ce genre, est suffisant pour que l’archi puisse obtenir des fabricants par exemple des verreries de luminaires, des plaques de faux plafond, des moquettes, des textiles métalliques...absolument uniques.
              Alors qu’il existe des escaliers en béton standardisés, une bonne partie des escaliers est réalisée sur place à partir de coffrages à dimensions tout à fait uniques. Et même quand l’escalier arrive tout prêt sur un camion, il aura été fabriqué avec des formes, des matériaux souvent uniques.


              Mais bien que le bâtiment soit le premier domaine où énormément se font sur mesures, il y a des limites. Par exemple les portes et fenêtres sont forcément choisies dans les catalogues standards des fabricants au sens où ils ne vont pas inventer un profilé pour un chantier. Ils vont utiliser leurs matérieux de base et la seule chose qu’ils font sur mesure c’est de les couper exactement à la cote demandée avant assemblage-montage.
              Une porte en bois pourrait être 100% sur mesures au sens où même l’essence serait choisie, même le profil serait choisi, même les ferrures seraient choisies. Mais une porte en plastique, même la plus chère du monde, n’aura jamais un profil plastique autre que le standard de l’entreprise interrogée. On voudrait demander à une entreprise une porte plastique fabriquée avec son profil habituel mais de couleur exceptionnelle, il faudrait commencer par poser 40K€ sur la table (à affecter au seul poste couleur) pour être un peu entendu d’elle. (car l’usine qui lui fabrique son profilé, ne lance une extrusion avec un compound autre que blanc ou brun que pour un tirage de 10 km minimum ou contre une pénalité de 40 K€)


              Dans la cuisine, ce qu’on appelle sur mesure de nos jours est fondé sur le principe suivant. Un éditeur stocke des caissons (bloc parallélépipédique en mélaminé blanc) dans toutes les largeurs et par tranches de 10 cm, entre 20 et 60 cm) Ensuite il stocke des portes elles aussi de largeurs correspondantes de 10 cm en 10 cm. Et quand une cuisine mesure 237 cm et bien on finit les assemblages de comptes ronds par un cache misère de 7 cm. C’est ce filer de finition magique, ce morceau de planche qui cache les 7 cm résiduels, qui offre le qualificatif de sur-mesure à cette cuisine.

              Une cuisine véritablement sur-mesure ? Ca fait 30 ans que je n’en ai pas vu. Depuis 30 ans, quand on s’adresse au vrai vrai vrai menuisier du bled, qui jure tous ses grands dieux qu’il va livrer une cuisine absolument sortie de son atelier, c’est faux. (ou il est fou).


              Il faut sortir de la France et aller par exemple au Maroc pour avoir une porte de ryad construite 100% sur mesures.

              Par contre, en matière d’escalier et de comptoir de bar, en France, il y a encore beaucoup d’artisans qui font du sur mesure à 100%


              Il y a aussi dans la clôture, disons le portail qu’on peut trouver des serruriers faisant vraiment tout eux-mêmes à partir de barres de ferraille qu’il découpent, plient et soudent. Il y a les vrais zingueurs et couvreurs qui font aussi du vrai sur-mesure.

              Un plombier, un électricien, un carreleur, un voieriste, un terrassier, ça fait aussi constamment du sur-mesure.

              C’est donc avoir très mal compris le bidule que d’affirmer « Je me suis fait faire une cuisine ou une bibliothèque sur mesures » et d’omettre de dire que l’électricien, le maçon, le plaquiste, le couvreur, le peintre, le paysagiste et le plombier ont fait du sur-mesure.
              Et c’est être à l’ouest que de dire qu’on a un escalier sur-mesures alors que ça saute aux yeux que c’est un kit.

              En ce qui me concerne j’ai livré pendant 30 ans des mobiliers de bureau, d’intérieur et de laboratoire sur mesures (formes, concept, dimensions, couleurs à la guise du client) mais il est vrai que je suis fou.
              Et paradoxalement, dans mes restaurants (car j’ai aussi eu des restaurants) je n’ai presque jamais servi de sur-mesures (en dehors du fameux cuit-saignant-bleu). Pourquoi ? Pourquoi dans un resto ne sert-on pas du sur-mesures ? Bin parce qu’on ne peut pas se lancer dans une histoire de prix sur mesure. On est un peu coincé par le prix affiché à la carte. Le client qui demande double dose de frites nous embarrasse. Lui facturer une pelletée de frite ça fait mesquin non ?

              Alors que dans le mobilier, le client qui me demandait un mouton à 5 pattes, faisait ma joie. Je facturais ce que je voulais, en toute liberté mais en toute décence aussi, je vous rassure.


              Mais puisqu’on parle immobilier, je voudrais faire une remarque. Un vendeur de chaussure convient de consacrer une heure à un client pour lui vendre une paire à 200€.

              Une maison valant 2000 fois ça, on devrait accepter de consacrer 2000h pour en vendre une. Bin c’est très loin d’être le cas. Interrogez, questionnez un vendeur de maison plus d’une heure et vous le verrez commender à fumer.
              Demandez à un particulier qui vend sa maison de vous en fournir un plan et vous le verrez fumer. « Un plan ? Et puis quoi encre, non mais ! »




              • moizaussi 17 septembre 2010 06:48

                Passer du temps sur sa maison est nécessaire. Pas seulement sur les plans (qui passe du temps sur les plans de sa voiture ?) mais bien sur les termes des contrats et sur le suivi du chantier. En particulier, je jamais rien verser sans avoir vérifié sur place l’avancement des travaux. Même sans être expert, on peut voir si les choses sont faites, si le chantier est nettoyé, etc.

                Quand à prendre la voie sans constructeur, c’est la plus risquée de toute. Une fois versés les 30% d’acompte, si l’artisan fait faillite, comme cela arrive, c’est toute la somme qui est perdue.

                La loi de 1990 vise à rendre obligatoire une assurance pour éviter cela. Encore faut-il que l’assureur joue le jeu, ce qui est encore loin d’être évident. Mais la loi permet de faire valoir ses droits. Sans constructeurs, aucune garantie.

                Et n’oublions pas que tout le monde, absolument tout le monde, « a choisi le meilleur constructeur ou le meilleur artisan ». Jusqu’à que ce qu’une difficulté survienne qui permet de découvrir les secrets bien cachés.


                • easy easy 17 septembre 2010 10:12


                  Dire qu’en s’adressant à un constructeur, on se couvre, bin non. Puisqu’ils peuvent faire faillite (volontairement ou non). Seuls les constructeurs géants, comme Bouygues, dont la vocation n’est clairement pas de disparaître du paysage, sont sûrs. Mais ils font payer cette garantie de bonne fin. Leurs maisons sont de qualité, leurs chantiers très bien conduits mais c’est cher, évidemment. 

                  Quand on sort de ces plans sûrs et chers, quand on cherche la combine la moins chère, on passe en zone de grenouillage et là il ne faut plus se plaindre façon Pinocchio si on s’est fait avoir. Et on s’est fait avoir d’abord et essentiellement parce qu’on n’y connaît rien.


                  Quand on apprend tous les jours un peu, au fil de sa vie, afin d’être prêt le jour où l’on achète l’objet le plus cher de sa vie, on peut traiter avec des artisans directement plutôt qu’avec de petits constructeurs. (On peut avoir des discussions directes avec les différents artisans de notre chantier alors qu’on ne peut plus leur parler quand ils bossent pour un constructeur) 


                  Ca ne veut en aucun cas dire que ces artisans ne commettront aucune faute. Chaque maison étant unique, prototypique, elle a son lot d’imperfections. Le tout c’est de savoir faire la nuance entre des fautes de bonne foi (où l’artisan en rougit de honte) et les arnaques ou impasses bien volontaires. 
                  Oui, même un authentique escaliéteur peut venir livrer un escalier qui s’avère, ouille, trop court. Il en est malade, il va chercher une soluce pour ne pas avoir à tout refaire, mais il sera de bonne foi. C’est très important. 
                  C’est l’avantage qu’il y a à s’y connaître. Moi, si je commande un escalier à un artisan et qu’il s’avère trop court, je sais comprendre d’où est venue l’erreur et je sais partager la désolation avec ce pauvre artisan. Je peux me retrouver avec un escalier rebricolé et imparfait mais j’aurais aussi le souvenir d’avoir partagé une galère avec un artisan de bonne foi qui restera un ami. Je ne sais pas si vous saisissez la nuance mais elle est de taille du point de vue psychologique. 

                  Ce n’est pas la perfection qu’il faut viser mais la relation de bonne foi.

                  C’est comme quand on épouse une personne. L’idéaliser c’est aller à la déception. Il vaut mieux voir et comprendre ses imperfections, ses cicatrices. 


                  Il y a un concept qui veut que Pinocchio, lors d’un procès, soit considéré comme innocent ou blanc comme neige et seuls les autres sont les vilains. Ce concept prévaut actuellement dans toutes les affaires juficiaires. 

                  Pourtant, à mon sens, Pinocchio est coupable d’ignorance. 

                  Est-il absolument innocent ou responsable de laisser son porte-monnaie sur un trottoir ? Est-il absolument logique de porter plainte après une telle négligence ?
                  Est-ce vraiment logique de se plaindre en justice que l’escalier posé s’avère être un kit (au dires de l’expert venu vérifier) alors qu’on avait commandé un escalier sur-mesures et alors qu’on est infoutu de faire la différence ? 

                  Ou
                  Pourquoi a-t-on le droit de commander un produit qui nous dépasse complètement ? 
                  Derrière cette question se cache la grande question du consumérisme et notre responsabilité quand nous achetons des choses en ignorant tout de leur alfa et de leur oméga.

                  La réponse est : parce que le consumérisme prévaut, justement. Et dans le consumérisme, l’acheteur, le consommateur doit toujours être innocent, quel que soit son niveau de connaissance de la chose consommée.


                  • easy easy 17 septembre 2010 10:44

                    On dit aussi que la soluce c’est de faire dessiner la maison par un architecte puis de la faire monter par des artisans.

                    Certes, quand on est trop nul et quand on ne sait pas concevoir des espaces ni leurs interférences, il faut appeler un archi. Après tout, il ne prend que 10 % maximum sur le chantier.
                    Mais attention, un archi est un technicien des volumes et interférences, il est ergonomiste, un peu urbaniste et esthète ou poète. Il n’y connaît rien en installation de chaudière ou de branchement électrique (sinon d’expérience ou par curiosité)

                    Quand on sait dessiner des volumes et deviner les interférences ( Equilibre des masses matières et couleurs, circulations, lumières, températures, humidité, etc) on peut se passer de l’archi et appeler plutôt un BET.
                    On ne parle pas assez de ces ingénieurs dont la spécialité est de tout savoir sur toutes les technicités du bâtiment. C’est le BET qui sait vraiment calculer les charges , les reports de charge sur les piliers, les efforts de résistance au vent, les diamètres des canalisations, de ventilation, l’organigramme du tableau électrique, la taille de la chaudière, la qualité des fenêtres, des isolants...

                    La plupart du temps, le BET bosse dans l’ombre de l’archi. Quand un archi présente son plan de détail (il ne le produit que tardivement) on ne le sait pas mais il a généralement consulté un BET qui s’est esquinté à faire tous les calculs techniques. C’est évidemment le cas de tous les bâtiments importants de type Lycée, immeuble, piscine publique, métro, etc.

                    Quand on bricole soi-même sa cabane, arrive un moment où l’on demande à EDF de nous mettre un compteur. Et bien EDF veut une attestation que l’installation électrique est aux normes. Elle demande la certification APAVE ou CONSUEL etc. Et bien ces organismes de contrôle, quand ils ont la preuve que le chantier a été conçu et supervisé par un BET, ils acceptent de procéder à la vérification. Sinon, ils partent ...en courant.

                    En fait tous les drames de la construction (fuites, fissures, infiltrations, déperdition, décollements, effondrements, incendie...) relèvent d’une problématique très technique donc d’un BET, non d’un architecte, non d’un esthète.

                    Dessinez la maison la plus délirante, le BET vous la rendra vivable et sans soucis.

                    C’est le BET qui est le plus précieux mais personne n’en parle.


                    Dans les grands cabinets d’architecture, il y a des personnes quasiment aussi compétentes que les ingénieurs de BET. Elles suivent et épousent les esquisses de l’archi en arrangeant ou solutionnant tous ses délires. Mais in fine, le dossier doit encore passer par un BET indépendant.


                    • moizaussi 17 septembre 2010 10:46

                      Personne n’a dit ni écrit qu’en passant par un constructeur on se couvre.
                      La seule chose qui est dite est que la loi est (plutôt) bien faite et prévoit des garanties si on passe par un constructeur. Encore faut-il que ces garanties jouent, ce qui n’est pas évident car les assurances du milieu ne sont pas des philanthropes, mais la loi le prévoit.
                      C’est toujours mieux qu’aucune garantie du tout.

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