Crise financière ? Non crise monétaire !
Résoudre par un tour de passe-passe, style traites de cavalerie, une crise financière c’est oublier que cette crise n’est pas un accident, mais l’aboutissement d’une erreur économique fondamentale :
l’économie n’est pas la recherche du rendement maximum, mais devrait être la recherche de l’équilibre des échanges afin d’en assurer la pérennité.
Face à une crise systémique nous devons construire une réponse systémique.
Nos sociétés sont tissées de liens économiques, sociaux, culturels et politiques qui interagissent les uns avec les autres.
Lorsque l’on touche à l’un d’entre eux les résonances se propagent à travers tout le tissu social.
Malheureusement, les hommes n’ont pas encore appris à mesurer les conséquences de leurs décisions, quand ils se heurtent à un problème, ils inventent une solution à ce problème sans se rendre compte que ce reprisage du tissu local va, la plupart du temps, déplacer le problème sur un autre thème (l’effet papillon).
La constitution de ces interactions n’est pas le résultat d’un plan global construit et cohérent, mais le résultat de strates historiques archaïques issues de domaines autrefois isolés qui s’empilent sans logique et se contredisent souvent.
En informatique, survivent parfois ces vieux programmes, accumulations de sous-programmes différents, usines à gaz fourmillant de complexités, où chaque bug constaté se traduit par l’écriture d’un patch qui, en général, ne va pas tarder à générer un nouveau bug ailleurs.
Pour reconstruire un système complexe, il faut partir d’une analyse. Réfléchir sur ses fondamentaux, ses buts et ses moyens. Mettre en place une méthode. Ensuite passer à l’ergonomie, pour faciliter sa compréhension et son utilisation par le plus grand nombre. Enfin former les utilisateurs pour qu’ils acceptent et comprennent la logique qui leur est proposée.
Vous ne pourrez pas résoudre les problèmes financiers sans vous inquiéter des problèmes monétaires, qui nécessitent de prendre en compte les problèmes économiques. Ces derniers problèmes ne peuvent trouver de solution si vous négligez leurs conséquences humaines, sociales et écologiques. Vous ne résoudrez pas non plus ces problèmes humains sans avoir leurs accords et leurs participations. Vous ne résoudrez pas les problèmes écologiques sans réfléchir à nos modes de vie, donc réfléchir à nos logiques culturelles, nos choix philosophiques, bref réfléchir à ce qu’est notre bonheur et notre avenir lié intimement à celui de la planète à très long terme.
S’attaquer à tous ces problèmes simultanément dépasse l’entendement et les connaissances de chacun d’entre nous, alors la perspective d’une solution apparaît d’un utopisme délirant.
Que faire ?
Comme le programme informatique décrit plus haut, partir des fondamentaux : que voulons-nous ? Le bonheur pour nous-mêmes et nos enfants, je pense que cette idée nous est commune à tous.
Pour cela, il me paraît évident que tant qu’un voisin ne connaîtra pas son bonheur, il survivra un risque de le voir nous jalouser et nous agresser, et finira par détruire un jour ou l’autre notre bonheur égoïste.
Donc il faut partager notre bonheur.
Ensuite ce bonheur passe par notre environnement : il est donc nécessaire que ce bonheur permette de transmettre une planète à nos enfants en meilleur état que celle que nous avons reçue de nos parents. La planète est limitée en espace et nous sommes déjà trop nombreux donc il nous faut gérer l’espace par un partage raisonné. Toute appropriation excessive créera un risque de conflit détruisant notre bonheur initial. Il reste bien sûr la possibilité technique d’éliminer l’autre, mais qui est « l’autre » ? Est-ce sûr que cet « autre » ne nous soit pas nécessaire et, quels que soient les étiquetages définissant les « autres », nous resterons nous aussi « l’autre » d’un autre. Ouvrir cette logique revient à autoriser les « autres » à l’appliquer contre nous. La guerre de l’Irak (comme toutes les guerres) me paraît démontrer cette logique absurde.
La santé nous est nécessaire aussi pour ce bonheur et les solutions nécessitent un travail collectif sur les connaissances de nos corps et de nos populations. Même les pires dictateurs, prônant l’isolationnisme absolu, se précipitent chez leurs voisins dès que leur santé est en jeu.
Ce bonheur a besoin de biens matériels et culturels, car nous ne pouvons tout fabriquer nous-même. Il est donc nécessaire de permettre une circulation de ces biens et de ces cultures. Faut-il limiter cette circulation ? Si les premiers points de partage et de respect de notre environnement immédiat et à venir sont respectés, je ne vois pas de raison de limiter cette circulation, de faire un éventuel protectionnisme (sauf économique, mais nous ne sommes pas encore là dans la construction de cette logique). Réduire toutes frontières et toutes limites qui ne génèrent en général que des inégalités et des jalousies, sources de conflits, me paraît une base fondamentale.
Ouvrir les portes mène quand même à un problème, il existe des individualités qui ne pensent qu’à elles-mêmes et trouvent leur bonheur en pillant celui des autres. Dans le cadre de ces échanges, il devient nécessaire de fixer des règles du jeu, choisir un arbitrage et organiser un système pour contraindre ceux qui les enfreignent, et tenter de prévenir ces difficultés en expliquant et formant les hommes à comprendre leur évidente solidarité. Enseigner transmettre et améliorer toutes nos connaissances et acquis pour atteindre le bien-être du plus grand nombre.
- La règle du jeu est un texte constitutionnel simple clair et connu et acceptable par tous. Elle s’élabore et s’améliore sans cesse via un système politique représentatif et démocratique, générant les lois, mais évitant toute professionnalisation ou personnalisation des idées nécessaires à tous.
- L’arbitrage est une justice indépendante critique des hommes et de leurs lois veillant à leurs cohérences et leur bonne application.
- La contrainte est un système exécutif représentatif et démocratique organisant l’application des lois.
- L’information, l’enseignement et l’amélioration de nos connaissances est un système médiatique au sens large (éducation, recherche et médias).
- Le partage de l’espace et des biens matériels et culturels est un système économique qui organise l’équilibre des échanges
Voilà la logique de cinq pouvoirs indépendants les uns des autres qu’il faudrait promouvoir et équilibrer dans une future constitution.
Par ces temps de crise, précisons les notions économiques :
Alors que devient l’économie dans cette logique ? Elle travaille sur les notions de valeur qu’il devient nécessaire de définir au regard des principes inscrits ci-dessus. La valeur devient alors la qualité de vie c’est-à-dire le plaisir de réaliser quelque chose qui nous est utile. L’énergie fournie pour assurer notre bonheur se traduit par une mesure du temps passé par rapport au bonheur reçu. La mesure de cette énergie passe par un outil facilement transmissible pour faciliter les échanges. La monnaie devient cet outil étalonné d’une part par le temps de travail individuel et, d’autre part, par le résultat collectif du travail de tous car il ne suffit pas de donner son temps pour obtenir une richesse, la récolte peut être perdue.
La valeur de la monnaie est fixée de façon égalitaire pour tous, mais sa valeur est résultat du travail collectif quelles que soient les vicissitudes rencontrées. Chacun a droit à sa part du résultat collectif du seul fait qu’il existe, même s’il est malade ou impotent, mais chacun peut améliorer sa part au prorata de sa volonté de travail et de participation.
Cette monnaie solide (au moins plus qu’une monnaie construite sur un étalon aussi impalpable que la seule confiance) permet alors les échanges, mais l’économie doit veiller à ce que l’équilibre des échanges soit respecté autant que faire ce peut, sinon les perdants d’un échange déséquilibré finiront par ne plus rien avoir à échanger cela en contradiction des principes définis plus haut.
Après si vous respectez ces bases, construisez des bourses, des banques, des finances comme cela vous amusera, mais vous risquerez beaucoup moins de patauger dans l’incertitude, l’injustice et surtout de faire risquer aux autres de subir de plein fouet vos erreurs de prévisions.
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