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D’un siècle à l’autre : Naissance d’une pensée unique

Il est urgent de poser la réflexion sur le mondialisme avant qu’il ne soit trop tard, avant qu’une guerre économique et monétaire ne soit perdue, avant que les partisans de la peur ne deviennent crédibles, avant qu’une contestation à grande échelle, voire une révolution violente, ne vienne poser le débat trop tard, sous l’angle du tout-ou-rien.

Le libre-échange accéléré à l’échelle mondiale est aujourd’hui un fait qui s’impose à nous de manière incontestable.

Dans les domaines scientifiques, économiques, informatifs, médiatiques, religieux, militaires, aucun sujet se réflexion, aucune décision ne se pose plus à l’échelle nationale. La rapidité, la facilité des échanges physiques ou intellectuels à l’échelle du monde rend les imbrications des choix d’un pays avec les pays voisins, avec ses alliés économiques ou militaires, avec ses partenaires commerciaux, immédiates et inéluctables.

Cette situation est bien sûr la conséquence de nombreux facteurs historiques, technologiques, et humains, entrecroisés.

Il suffit d’observer le cheminement de la pensée politique, l’enchaînement des traités internationaux, l’esprit des lois depuis soixante ans pour y trouver un assouplissement progressif des règles régissant les échanges internes et internationaux dans le monde, une réduction des contraintes, une facilité technique et juridique croissante.

Il n’y a rien d’étonnant à cela : les sciences politiques, économiques, l’Histoire, les échanges technologiques, scientifiques, commerciaux, ont conduit, tous ensemble, et chacun de son côté, à des rencontres corporatistes, des rencontres politiques, à des discussions, des envies communes, à la naissance de structures locales, nationales, d’organes internationaux, à la signature d’accords transversaux, à la recherche d’un présent meilleur pour chacun des acteurs de la vie locale, nationale et internationale, pour chacun des individus.

Ainsi à l’échelle des nations cette dynamique a été en particulier fortement portée par la recherche de garanties pour la paix à la suite de la seconde guerre mondiale, comme la création de l’ONU, la signature de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, ou par la recherche d’une stabilisation des relations internationales ou nationales, ce qui correspond à l’ensemble des activités des organes issus de l’ONU (Tribunal pénal international, Cour de Justice Internationale, etc…) mais aussi extérieurs à elle (Traités d’alliances régionales, de paix, de désarmement, post guerre froide, post décolonisation, etc…).

Sur le plan économique, ou fiscal, les structures issues de l’ONU (FMI, Banque Mondiale, la CNUDCI, le GATT puis l’OMC…), mais aussi les accords commerciaux régionaux, les accords de libre échange, d’unions douanières, (comme l’Union Européenne, l’accord de libre échange Nord-Américain, le MERCOSUR, le COMESA, etc… ), les sommets internationaux (G7, G8, G20…), les groupements qui en sont parfois issus, ou les accords bi-latéraux ou multilatéraux en matière commerciale ou fiscale (GAFI, ou plus récemment, Traité de Lisbonne ou Convention Franco-suisse).

Il résulte de cet ensemble de volontés conjointes un faisceau de volontés, une dynamique globale d’ouverture et d’unification progressive, qui n’est d’ailleurs pas démentie par les organes concernés. D’une façon ou d’une autre cette dynamique, dans la construction à laquelle elle aboutit, est assimilable à une volonté commune et organisée. Même si elle n’est pas institutionnalisée en tant que telle, cette volonté commune existe bien, elle est la sève et le mondialisme en est le fruit.

Le vingtième siècle a été celui des affrontements mondiaux, il se sera terminé en construisant les bases du vingt-et-unième en réaction à ces affrontements, dans la recherche de solutions d’échanges et d’unions.

Aussi n’en déplaise à certains, il n’est nullement besoin d’évoquer les notions de « théorie du complot mondialiste » à la mode (démagogique ?) pour admettre ce fait de simple bon sens : le monde actuel suit la voie qui lui est tracée, à la fois consciemment et inconsciemment, par cette volonté commune et organisée, par cette dynamique plus ou moins spontanée. L’évolution actuelle du monde est l’application à grande échelle de la pensée qui structure tantôt consciemment tantôt inconsciemment l’ensemble des actes de cette dynamique globale.

Pensée non pas unique mais pensée majoritairement parallèle…

Il reste que si autant de voix aujourd’hui s’élèvent contre ce phénomène, qui est appelé de manière raccourcie le mondialisme, c’est peut-être justement pour ces trois raisons :

- d’une part, parce que sa prégnance est croissante, et sa voie suivie de plus en plus étroite, marginalisant du même coup toute démarche ou pensée s’écartant du tronc commun,

- d’autre part, parce que si certaines grandes étapes du phénomène ont été légitimées (plus ou moins) par une démarche de type démocratique (traités internationaux, directives parlementaires, etc… ) , ce n’est pas le cas, loin s’en faut, de toutes les étapes. Et les peuples n’en sont pas dupes. De plus, et surtout, la dynamique globale ne l’a, par essence, jamais été, du fait même de sa nature spontanée.

- Enfin, parce que ses résultats et ses effets sont pour le moins inégaux, et de ce fait de plus en plus contestés.

Il est donc urgent de poser la réflexion, tant sur la démarche que sur ses résultats, avant qu’il ne soit trop tard, avant qu’une guerre économique et monétaire ne soit perdue, avant que les partisans de la peur ne deviennent crédibles, avant qu’une contestation à grande échelle, voire une révolution violente, ne vienne poser le débat trop tard, sous l’angle du tout-ou-rien.


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6 réactions à cet article    


  • desmotscratie 21 février 2011 19:57

    « un fait qui s’impose à nous de manière incontestable. »

    « rend les imbrications des choix d’un pays avec les pays voisins, avec ses alliés économiques ou militaires, avec ses partenaires commerciaux, immédiates et inéluctables. »

    Deux paragraphes et déjà autant de sentences présentées comme définitives, incontournables et irréversibles : foutaise pure et simple dont le but et de faire accroire qu’il en est ainsi afin d’imprimer dans l’esprit des populations un fatalisme qui induit un sentiment de résignation : le moyen le plus sûr que cette auto-prophétie se réalise !

    Mais une fois revenu sur terre cher ami, sachez que vos pseudo-analyse pêche par un manque fatal de prise en considération du facteur non-démocratique des événements que vous invoquez !

    A la place, vous voudriez nous faire prendre pour de la démocratie ce qui n’est qu’un diktat auquel les populations consentent au prix d’un puissant travail de propagande via les médias de divertissement et le marketing !

    Les populations sont soumises à un intense bourrage de crâne qui un jour prochain s’avèrera n’avoir pas davantage de consistance et de racine anthropologique que les méthodes modernes de management.

    Celles-ci sont l’ultime développement de l’utilitarisme qui prévaut dans notre civilisation actuelle soumise aux canons de l’individualisme prôné par l’orthodoxie neolibérale et de la techno-science.

    Cette dernière aveuglément et autoritairement assimilée au progrès, sous couvert de pseudo-débats censés donnés une légitimité démocratique à des procédures décisionnelles verrouillées à double tour par une oligarchie endogame !

    Ce montage artificiel ne peut pas tenir ; foi de citoyen préservé des mirages dont sont victimes les décideurs claquemurés entre eux dans le bunker du pouvoir !


    • Le faucon maltais Le faucon maltais 25 février 2011 10:10

      Relisez ma conclusion : en admettant que vous ayez raison et qu’il y ait véritablement un "diktat auquel les populations consentent au prix d’un puissant travail de propagande via les médias de divertissement et le marketing !" , ma conclusion est alors d’autant plus vraie : il est urgent de remettre en question les postulats de cette pensée.
      Nous ne sommes pas d’accord sur les causes, mais sur les nécessités de changement oui...


    •  C BARRATIER C BARRATIER 21 février 2011 20:22

      Je ne suis pas d’accord du tout avec l’auteur. La lecture de l’évolution du monde se fait « à la loupe » quand on regarde ce qui s’est passé en France. Nos ancêtres ont fait 1789, ont créé la République sans cesse attaquée, vaincue, reconquise...Les USA (leur CIA) n’ont pas plus accepté notre Front populaire en 1936 que nos ravanchards qui inspirèrent le régime de PETAIN. La Résistance et le gouvernement de 1945 furent quelque part une résistance au pouvoir absolu des USA Merci DE GAULLE et tout son gouvernement et aussi à la présence forte à l’Est de la tentative communiste qui fut confisquée par des totalitaires, mais en 1945 on n’avait pas vu venir ce malheur pour tout le socialisme.
      http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=187

      est une illustration, sous le titre « Contre révolutionnaires en embuscade », avec des jalons, les noms de nos penseurs de la pensée unique que nous connaissons tous. Pensée unique fabriquée, financée largement,... on acheta même les médias. Et notre dernier président n’a-t-il pas été « produit » par les USA et notre cher MEDEF ?


      • Le faucon maltais Le faucon maltais 25 février 2011 10:32

        Si je vous ai bien compris, le mondialisme actuel serait un détournement réactionnaire venu des USA, des idées initiales d’inspiration révolutionnaire ? Cette possibilité, bien que caricaturale à mon sens, a probablement une part de vraie. Mais cela ne me paraît pas totalement incompatible avec ma thèse : la direction prise par le monde est le fruit de multiples forces, y compris celles qui manipulent consciemment l’opinion et les lois vers un virage contre révolutionnaire.
        Je ne conteste pas l’existence de ces forces. J’appelle au changement. L’urgence est à la réunion des volontés de changement. Les dénonciations de complot ne construisent rien. La réunion des bonnes volontés déplace les montagnes.
        Il y a un constat d’échec, de dérive et de danger. Il est plus urgent de remettre le bateau dans la bonne direction que de chercher un coupable à jeter à la mer.


      • ourston 22 février 2011 02:10

        "le monde actuel suit la voie qui lui est tracée, à la fois consciemment et inconsciemment, par cette volonté commune et organisée, par cette dynamique plus ou moins spontanée« 
        Je doute que cette »volonté commune" que vous évoquez soit celle des peuples. Elle est la volonté des grandes entreprises qui façonnent le monde dans leur intérêt et celui de leurs dirigeants, soutenues par des hommes politiques aux ordres, prêtes à détruire la planète pour leur seul profit.


        • Regis Tence Regis Tence 22 février 2011 18:14

          L’article est certes trop péremptoire ; il est surtout décourageant, à décrire une situation sans issue, la porte de sortie vaguement esquissée sous forme plutôt interrogative étant de toute évidence déjà refermée. Mais justement : il a l’avantage de poser le problème, à défaut de le résoudre : quand il n’y a pas de sortie au bout d’un tunnel, eh bien on revient en arrière !
          Hélas là-dessus rien n’est dit, et pas plus dans les commentaires. L’occasion était belle pourtant de rappeler (puisqu’on évoque 1789) que la construction des nations et celle des libertés ont quelque rapport historique : concrètement, les nations, et de préférence les plus petites possibles, sont un contexte un peu plus vivable que les grands machins, et ce n’est pas un hasard si toute la science-fiction, lorsqu’elle décrit des cauchemars totalitaires pourtant très variés, leur donne un point commun : un gouvernement mondial.
          Pour rester modeste, on pourrait commencer par défaire le plus possible l’Europe telle qu’elle s’est construite par décrets, pris par des instances non élues, puis imposés « pour ratificatioon » aux nations-croupions d’aujourd’hui.
          On attend encore l’homme politique (je sais il y a des « souverainistes » mais c’est seulement la moitié du chemin) qui dira aux hommes que leur seule chance est l’émiettement maximum des pouvoirs. Comme on ne peut apparemment pas redescendre au n iveau de la cité Grecque, les nations sont le moindre mal. Mais disons-le clairement : Le jour où un individu ne pourra plus jouer une nation contre une autre, toute liberté sera définitivement perdue.
          Donc merci quand-même à l’auteur d’avoir suggéré ce débat.

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