De la bulle internet à la bulle immobilière
Les principaux pays développés (Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni, Irlande, Islande, Espagne, France, Pays-Bas, Italie, Nouvelle-Zélande, Australie) ou en voie de développement (Emirats Arabes Unis, Chine, Inde) ont connu un boom immobilier sans précédent entre l’an 2000 et aujourd’hui.
Des bulles sans frontières
La première cause de ce boom immobilier mondial est sans conteste la mondialisation. Les investisseurs n’ayant plus de frontières et ayant accès à l’ensemble du marché immobilier mondial en direct (via l’Internet notamment), ils peuvent désormais investir dans les endroits du monde les plus rentables or un marché local devient rentable dès lors qu’il est convoité par une masse d’ investisseurs. L’arrivée de gros investisseurs (fonds de pension, etc) sur les principaux marchés immobiliers ne pouvait que déboucher sur un boom. La question qu’on est amené à se poser est la suivante : pourquoi a-t-on assisté à un boom en l’an 2000 ? Les investisseurs internationaux qui s’étaient rués sur les « nouvelles technologies » entre 1996 et 2000 ont fui ce marché lorsque il est apparu que le cours des actions était totalement décorrelé des fondamentaux (du potentiel réel des entreprises) laissant place au krach de la « bulle Internet » à l’été 2000. Les investisseurs institutionnels ont opéré un transfert de liquidités entre le marché financier et le marché immobilier en 2000, le boom immobilier naissait alors que la bulle Internet mourrait.
A partir de 2000, les prix de l’immobilier ont commencé à flamber (de l’ordre de 10% par an), attirant de nouveaux investisseurs. Les dirigeants de tous les pays concernés ont approuvé ce boom car le secteur immobilier fournissait des milliers d’emplois et augmentait directement ou indirectement la croissance de chaque pays tout en faisant diminuer le taux de chômage. Lorsque l’immobilier va, tout va ! Les médias se sont alors intéressés au phénomène en diffusant des reportages mettant en avant le secteur immobilier. En France on peut penser aux émissions TV de M6 avec capital, zone interdite, recherche appartement ou bien aux 20h de TF1 et France 2 dans lesquels on nous montrait des ménages issus de la classe moyenne accéder à la propriété. La presse écrite également a fait un maximum d’articles sur les succès de l’immobilier et une presse dédiée à l’investissement immobilier est née. L’opinion publique s’est mise à croire en l’immobilier si bien que le boom a finit par se transformer en une bulle incontrôlable. Les différents gouvernements ont continué de répéter tel Roger Karoutchi (actuel Secrétaire d’Etat chargé des relations avec le parlement) en 2005 dans l’émission « complément d’enquête » que l’immobilier ne pouvait pas baisser. Or l’immobilier a continué de flamber depuis : +140% en France, +300% en Irlande, +175% dans certaines villes américaines, +140% au Royaume-Uni (entre 2000 et 2007).
La bulle du crédit
Après une forte progression des prix entre 2000 et 2004 la hausse des prix aurait dû ralentir or ce ne fut pas le cas. Pourquoi ? Parce que les banques ont revu leurs conditions à la baisse : financement des biens à 110% (100% du bien + 10% pour les frais de notaire), taux de crédit extrêmement bas (aux alentours de 3% et parfois à perte), augmentation de la durée d’emprunt (35 ans en France, 50 ans en Espagne). La hausse des crédits est ainsi venue compenser la baisse de solvabilité des ménages. Les banques ont donc distribué du crédit à tout le monde, aux plus riches comme aux plus pauvres. Et comme si cela ne suffisait pas, les Etats ont incité les ménages les moins solvables à s’endetter via des prêts à taux quasi nuls tels le prêt à taux zéro en France ou via des prêts à haut rique tels les subprimes aux Etats-Unis (l’Etat américain fermant totalement les yeux). Certains ménages (et pas les plus riches) ont donc pu emprunter sur 35 ans car ils pouvaient ensuite payer le 2e crédit (le prêt à taux zéro) ! Malheureusement (ou peut être heureusement) le crédit a atteint ses limites en tant qu’outil permettant d’augmenter la solvabilité des ménages.
En 2006 les fonds de pension et les institutions financières ont commencé à se débarrasser de leurs biens immobiliers indiquant aux personnes les plus avertis qu’il fallait sortir du marché immobilier. Ce fut le premier signal. La crise des subprimes (crise liée aux prêts hypothécaires à risque aux Etats-Unis) fut le second signal. Les taux d’intérêt ont subitement augmenté et des millions de ménages américains se sont retrouvés dans l’incapacité de rembourser leur crédit immobilier. Les banques ont alors saisi les biens immobiliers (foreclosures) entraînant la chute du marché immobilier américain. La crise bancaire, avec la faillite de la quatrième banque d’affaires américaine, Lehman Brothers, fut le 3e signal. Enfin, la crise économique, qui s’est propagée depuis au monde entier, est le 4e signal qui indique qu’il est déjà trop tard. Le 5e signal est la rechute du marché immobilier américain (-27% de transactions le mois dernier) et la nouvelle baisse du marché immobilier britannique cet été. Le marché immobilier mondial est, et restera un marché sinistré pendant encore longtemps. Le 6e et dernier signal devrait venir de la Chine dans les semaines qui viennent.
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