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Accueil du site > Actualités > Economie > De quel chômage parle-t-on ?

De quel chômage parle-t-on ?

Le chômage sera certainement l’un des enjeux majeurs de la future élection présidentielle, comme le laisse supposer la récente décision de l’Insee de retarder l’affichage public des chiffres du chômage en fin d’année. La crispation de la classe politique autour de ce chiffre « noir » montre bien à quel point ce thème cristallise les passions et l’ensemble de la population française. Beaucoup de propositions fustigent de tous bords pour tenter d’y apporter des réponses. L’article aborde les grandes théories économiques d’explication du phénomène, d’orientation libérale et interventionniste afin de mieux en percevoir les enjeux.

A l’approche des présidentielles, la question de l’emploi va, à n’en pas douter, occuper une part essentielle des différents programmes des candidats. Sujet phare de la future campagne, il semble nécessaire d’éclaircir le phénomène du chômage. Quelles sont les raisons qui amènent à une situation de sous-emploi ? Existe-t-il véritablement un chômage endémique ? Est-ce que les charges patronales qui pèsent sur l’emploi suffisent à expliquer le niveau particulièrement élevé du chômage en France ? C’est à quelques-unes de ces questions que nous proposons d’apporter un modeste éclaircissement afin d’avoir une information plus complète sur la chose, dans le but de mieux maîtriser les enjeux des débats actuels sur la question de l’emploi et a fortiori du chômage.

En réalité, il existe plusieurs théories pour appréhender le phénomène du chômage. L’ensemble de ces différentes conceptualisations peuvent se regrouper autour de deux grandes approches principales. La première approche (celle qui domine depuis le début des années 1980) d’orientation libérale consiste à dire que le chômage résulte des défaillances du marché du travail. En d’autres termes, s’il y a chômage, c’est parce que l’offre et la demande de travail ne sont pas équilibrées. Et pourquoi ne sont-elles pas équilibrées ? Parce que le marché est réglementé de l’extérieur par tout un ensemble d’acteurs et d’institutions qui empêchent au marché du travail de fonctionner convenablement, c’est-à-dire sans entrave.

Ces « empêcheurs de marché en rond » sont plus exactement au nombre de trois :

- L’Etat qui institue un salaire minimum (Smic) et ce faisant qui élimine du monde du travail des salariés dont la productivité marginale serait inférieure à leur coût salarial pour les entreprises. L’Etat, encore une fois, qui fait peser des charges patronales et sociales trop lourdes sur l’emploi, ce qui a pour effet de réduire le niveau de l’emploi. (pour résumer brièvement, l’impôt tue l’investissement, qui tue la production, qui tue l’emploi). D’ailleurs, à ce même titre, selon ces auteurs, toute dépense publique est un investissement « volé » aux entreprises, En effet, une dépense publique nécessite de la financer, donc de prélever des impôts supplémentaires qui finissent toujours par retomber sur l’investissement des entreprises.

- Les syndicats qui empêchent les patrons de flexibiliser la main-d’œuvre lorsque la conjoncture est néfaste ou qui refusent toute diminution de leur quantité de travail, et/ou de leur salaire.

- Enfin, les systèmes d’indemnisation du chômage qui seraient trop élevés et qui inciteraient les agents à privilégier le chômage au travail (Pour preuve s’il l’en est besoin : il y a environ 300 000 emplois qui ne sont pas pourvus en France alors que le niveau de chômage est particulièrement élevé).

Cette analyse part donc de l’idée selon laquelle le chômage résulterait des dysfonctionnements du marché du travail ; dysfonctionnements qui seraient de la responsabilité de l’Etat et des salariés eux-mêmes. Ce faisant, s’il y a chômage, ce chômage est « volontaire » (on parle aussi de chômage classique en référence à la théorie classique et néoclassique de l’autorégulation des marchés). En effet, si on laissait le marché du travail libre d’entrave, l’offre et la demande s’équilibreraient à court terme en faisant jouer les prix à la baisse ou à la hausse, de telle sorte que la libre variation des salaires va permettre d’équilibrer l’offre et la demande. Le chômage résiduel serait un simple « chômage frictionnel » (c’est-à-dire un chômage qui correspond au temps nécessaire de réallocation d’emploi suite à sa perte). L’hypothèse néoclassique repose donc sur l’autorégulation des marchés et sur la flexibilité des prix qui permet le retour rapide à l’équilibre.

En outre, cette théorie s’appuie donc sur le postulat d’efficience du marché du travail. Ainsi sans intervention extérieure, le marché s’autorégulerait de lui-même. En période de croissance, la demande de travail serait plus forte (celle qui émane de l’entreprise) et donc l’offre diminuerait. Ce faisant, l’offre allant en se réduisant (tous les actifs ayant un emploi), la demande serait excédentaire (manque de main-d’œuvre sur le marché de l’emploi). Les employeurs devront verser un salaire plus important dû à la rareté du facteur travail. Dès lors, les marges bénéficiaires de entreprises diminueraient, les profits suivraient. Les prix sur le marché des biens et des services augmenteraient alors (pour compenser l’augmentation des salaires sur le marché du travail) et l’équilibre général serait retrouvé. Pour les tenants de cette approche, il ne peut y avoir de crise de surproduction, ni de chômage (sauf s’il est volontaire), car la flexibilité des prix (des biens, des capitaux et des salaires) permet d’assurer l’équilibre général sur les différents marchés.

A l’inverse, en situation de récession, l’offre de travail est excédentaire. La demande de travail est alors faible. Les employeurs sont donc amenés à diminuer les salaires (coût du travail) afin de relancer leur production et leur profit. Ce faisant, en diminuant le coût du travail, ils pourront plus aisément embaucher davantage de travailleurs. L’offre de travail viendrait alors égaliser la demande via une baisse des salaires. On retrouverait un équilibre walrassien (de Léon Walras, théoricien de l’équilibre néoclassique) à la baisse.

Voici comment Arthur C. Pigou, économiste néoclassique résumait la situation dans son ouvrage La Théorie du chômage : En admettant la libre concurrence des travailleurs et la parfaite mobilité du travail, les taux de salaire ont toujours tendance à s’adapter à la demande de telle façon que tout le monde est employé. Par conséquent, en situation de stabilité chacun trouve normalement un emploi.

Mais le marché est-il véritablement autorégulé ? Les hypothèses de flexibilité des prix et de libre concurrence du marché sont-elles effectives ? En dehors de tout interventionnisme, aurait-on un niveau de plein-emploi de l’économie ? Rien est moins sûr. En effet, le travail contrairement à d’autres biens n’est pas une marchandise comme les autres. Il ne s’échange pas aussi simplement sur un marché du travail séparé des autres sphères de l’activité économique (marché des biens et des services et marché des capitaux). C’est ici qu’apparaît la seconde approche. Cette dernière, d’orientation interventionniste ou keynésienne (du nom de John Maynard Keynes, qui l’a théorisée) montre comment le marché du travail est lié aux autres marchés. Il va montrer que la loi de l’offre et de la demande (dite aussi loi des débouchés théorisée par Jean-Baptiste Say, néoclassique) ne conduit pas à un équilibre de plein-emploi des facteurs de production.

En effet, la fonction d’offre de travail pour Keynes est en partie insensible au prix. Les agents ont nécessité de travailler (économiquement, socialement, culturellement). Mais surtout, ce qui fait la spécificité de Keynes, c’est qu’il montre que le travail n’est pas qu’un coût (pour l’entreprise) mais aussi un revenu. Ainsi, si l’offre de travail est excédentaire par rapport à la demande, une diminution des salaires réels (coût réel du travail) des travailleurs permettrait de rétablir l’équilibre offre/demande sur le marché du travail pour les néoclassiques. Le travail étant moins cher, l’employeur pourrait en employer davantage et améliorer ses profits, donc sa production. Or, nous dit Keynes, le salaire est aussi un revenu, c’est-à-dire qu’il permet aussi de consommer. Or, le niveau de consommation dépend du pouvoir d’achat des agents, autrement dit de leur revenu, c’est-à-dire pour une grande partie d’entre eux, de leur salaire. Si celui-ci diminue, l’excédent de production créé par les entreprises ne trouverait pas à s’écouler faute de débouchés, à moins d’ouvrir aux débouchés extérieurs (comme cela semble être le cas de l’économie chinoise qui voit sa croissance gonfler sous l’effet de ses exportations bien davantage que sous celui de sa demande intérieure, ce qui d’ailleurs n’est pas sans poser des problèmes d’équilibre économique global). Si l’excédent de production ne trouve pas à se vendre, faute de consommation suffisante, les entreprises vont devoir diminuer leurs prix de vente. Or, à court terme on sait que les prix sont relativement rigides (peu de variations) contrairement à l’hypothèse néoclassique (qui reste vraie à long terme). On fait plutôt jouer les quantités. On réduit alors la production, et ce faisant on réduit le nombre de travailleurs. On a alors une production qui s’écoule « correctement » avec un équilibre de sous-emploi. L’hypothèse néoclassique de l’équilibre de plein-emploi ne tient plus la route.

Pour le dire plus simplement, la demande de travail n’est pas insensible au niveau des salaires (ce qui rejoint l’hypothèse néoclassique) mais elle est avant tout et fondamentalement déterminée par le niveau de ce que Keynes appelle la demande effective, c’est-à-dire la demande anticipée par les entreprises. Celle-ci est elle-même déterminée par la demande des ménages en biens de consommation et la demande des entreprises en investissement.

Selon cette approche, il est donc possible d’avoir des équilibres de sous-emploi, puisque le niveau de l’emploi ne découle pas du seul marché du travail et de la confrontation entre l’offre et la demande de travail, mais des équilibres qui existent également sur le marché des biens et des services (offre : quantité produite / demande : consommation effective) et sur celui des capitaux (offre : taux d’intérêts /demande : investissement). Une baisse des salaires peut même avoir pour effet d’aggraver le sous-emploi selon les keynésiens (à l’inverse de a théorie libérale). La baisse des salaires va déprimer la consommation des ménages, et par suite elle risque d’induire une spirale déflationniste. Moins d’emplois et moins de consommation, donc moins de profit, moins d’investissement, moins de production et moins d’emplois : cercle vicieux.

Dans ce cas, seule l’intervention de l’Etat peut remédier au problème par une politique monétaire et/ou budgétaire de relance de la demande. Elle a plusieurs modalités d’actions possibles :

- soit en facilitant l’investissement des entreprises (par le biais de la politique monétaire et de la diminution des taux d’intérêts), donc en agissant directement sur le niveau de production et le niveau de l’emploi

- soit en augmentant les capacités de consommation des ménages, (par le biais de la création monétaire et le crédit lié à une baisse des taux d’intérêt, ce qui aura pour effet de privilégier la consommation à l’épargne) ce qui va faire augmenter par suite la production, donc l’emploi

- soit en investissement public. En dépensant dans des infrastructures, des institutions de formation, dans la recherche, en créant des emplois publics, l’Etat va permettre de relancer la consommation.

On est donc loin de la vision idéalisée d’un marché autorégulé qui tendrait de lui-même vers un équilibre optimal (au sens de Vilfredo Pareto). Dans cette vision, les problèmes du chômage ne sont donc pas directement liés aux dysfonctionnements du marché du travail, mais ils proviennent avant tout du niveau de la demande globale. A ce titre, le chômage n’est pas lié à une confrontation faussée entre offre et demande de travail, il n’est donc pas « volontaire ». On parle donc de chômage involontaire ou de chômage keynésien pour définir ce type de situation de sous-emploi.

A la différence de l’approche libérale, la conception keynésienne ne voit pas dans les dysfonctionnements du marché du travail les sources du chômage, mais davantage dans le problème de la demande globale (sur l’ensemble des marchés). Pour remédier à ce chômage involontaire il faut donc une politique interventionniste favorisant la relance de la demande, donc de la consommation. Certes, cela passe par un risque d’inflation difficilement maîtrisable, mais c’est le prix à payer pour assurer le plein emploi des facteurs de production. Lorsque le plein-emploi est atteint, tout effort pour accroître encore davantage l’investissement suscite une tendance des prix nominaux à monter sans limite, quelle que soit la propension marginale à consommer ; on est arrivé, en d’autres termes, à un état d’inflation véritable, nous dit Keynes dans sa Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie.

C’est exactement ce qui s’est produit en France durant les Trente Glorieuses : les idées keynésiennes sont appliquées à l’économie réelle et permettent de soutenir une croissance forte, le plein-emploi, une augmentation progressive et constante des salaires via une inflation galopante de l’économie. Dans les années 1950-1960, le taux d’inflation augmentait d’environ 8% par an ! Mais les salaires suivaient et à l’époque l’économie restait encore relativement fermée. Cette période de forte croissance a pris fin au milieu des années 1970 et avec elle la domination de la pensée keynésienne. S’y est substitué depuis le début des années 1980 un discours beaucoup plus libéral de déréglementation du marché du travail, seule solution apte à rééquilibrer le marché du travail.

La question que l’on peut raisonnablement se poser est de savoir laquelle de ces deux approches est la plus pertinente pour approcher la réalité économique et sociale du phénomène du chômage à l’heure actuelle. Laquelle s’avère empiriquement validée ?

En fait, les deux approches doivent être prises en compte dans une analyse transversale. Chômages volontaire et involontaire coexistent aujourd’hui au sein des économies. Mais les deux approches ne parviennent pas véritablement à saisir les enjeux du problème de l’emploi qui sévit dans nos économies occidentales depuis le début des années 1980. Problème structurel pour une grande partie, ni l’explication keynésienne (conjoncturelle) ni l’explication classique ne sont suffisantes et pertinentes. Depuis quelques années de nouvelles approches ont vu le jour, essayant de synthétiser les deux approches, au sein d’une vision rénovée de la lecture libérale et interventionniste. Pour en citer quelques-unes : « théories des déséquilibres », Malinvaud ; théorie de la segmentation du marché du travail, Piore et Doeringer, théories des « insiders/outsiders », Lindbeck et Snower. Toutes ont le mérite de stigmatiser une partie du problème mais elles ne permettent pas de une lecture globale du problème du chômage. Pour autant, l’analyse libérale domine aujourd’hui alors même que les faits tendent à minimiser l’impact des déréglementations sur l’emploi. Là où elles ont été mises en place, le chômage n’a pas diminué significativement. En lieu et place, ce sont des travailleurs pauvres, précarisés et fortement flexibilisés qui se sont retrouvés sur un marché dérégulé.


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12 réactions à cet article    


  • Dominique Dutilloy Dominique Dutilloy 2 février 2007 12:33

    BRAVO CHER CONFRERE POUR CET ARTICLE FORT BIEN DOCUMENTE... Il me servira très certainement dans mon argumentaire !


    • (---.---.38.189) 2 février 2007 12:50

      Laissons donc le language technocratique aux énarques, et les théories fumeuses aux théoriciens.

      Ce qui serait interessant dans le thème abordé, est le diagnostic de la situation dans son contexte évolutif, et les conclusions que l’analyse permet de tirer.

      Dans les pays de modèle « anglosaxon » il n’y a pas d’assedic, les assurances sociales sont réduites au minimum, les gens se constituent eux mêmes leur retraite, l’imposition est légère, donc supportable. L’Etat est partenaire et non providence.

      En revanche, le travail n’est pas taxé, les licenciements ne sont pas sanctionnés, les syndicats sont inexistants dans la configuration que nous connaissons, la grève (phénomène rarissime) n’est pas un droit, mais une situation de crise non encouragée et non rémunérée

      Et dans ces pays c’est le plein emploi qui prédomine avec des taux de chomage de l’ordre de 3%. Les citoyens s’enrichissent en travaillant et sont donc motivés à le faire.

      Chez nous c’est tout le contraire, avec en plus le paradoxe que nous décourageons les entreprises d’embaucher par la taxe, le droit du travail (différent du droit AU travail), les 35 heures, le syndicalisme et les menaces de grève tout en essayant (au moins en surface) de les forcer à le faire.

      Ce faisant nous encourageons les délocalisations dont la cause n’est pas liée comme on essaie de nous le faire croire au coût des salaires, mais plutôt au coût des taxes énormes frappant de plein fouet le travail et aux goulots d’étranglement juridiques et syndicaux.

      Résolvons déjà nos contradictions de base et la situation s’améliorera d’elle même, naturellement.

      Les mélanges contre nature, tel celui qui fait coexister des mesures communistes avec des politiques libérales, n’ont jamais rien donné de bon.

      Il faut opter ou pour le socialo communisme ou pour le libéralisme, mais ne pas essayer de tirer sur les deux tableaux comme l’a innové l’UDF dans les années 1970 et l’ont confirmé les gouvernements suivants jusqu’à aujourd’hui.


      • ZEN zen 2 février 2007 13:40

        @L’auteur

        Bonne analyse « Ainsi sans intervention extérieure, le marché s’autorégulerait de lui-même »

        C’est bien là le dogme central du néolibéralisme. Il faudrait aussi souligner, comme Philippe Renève hier dans son article, que le plein emploi est un hérésie pour le capital financier au service des actionnaires. L’inflation qui pourrait être généré par le plein emploi n’est pas bon pour les rentiers et les placements financiers.


        • ZEN zen 2 février 2007 13:44

          Il suffit d’écouter là-dessus Mr Trichet :

          http://lenairu.blogspot.com/


        • gem gem 2 février 2007 16:43

          @zen

          en massacrant le vocabulaire, on ne peut pas raisonner correctement. L’auto-régulation du marché est un fait, pas un dogme. Le dogme, fort ancien et abandonné des économistes et des libéraux modernes, c’est d’affirmer que cette auto-régulation conduit forcément à une situation idéale (production maximum, chômage minimal, maintient des ressources, etc.) ; ce qui est empiriquement faux. Hayek se moque de l’équilibre général, souligne au contraire qu’il n’y a que des déséquilibres. Alors coller une étiquette « néo » à cette idée archaïque...

          Le marché n’est pas parfait, donc. Motif d’intervention politique ? Mais pourquoi et par quel miracle le méta-système, politique+marché, composé des même individus dans la même situation, serait capable d’auto-régulation optimum ? ? ? Il n’y a pas d’indice théorique en ce sens, et bien plus de contrexemple empiriques que de situations où on peut plaider que l’intervention politique a été favorable. Un autre dogme archaïque... Mais bien plus dangereux, car il sert de cadre pour légitimer une intervention manu militari.


        • ZEN zen 2 février 2007 22:02

          @ Gem

          J’avais bien dit, comme l’auteur :« ..Sans intervention extérieure... »


        • ZEN zen 2 février 2007 22:11

          @ Gem

          Qu’a fait l’Etat pour relever la France en ruine dans les années 1945 ? De Gaulle, pour stimuler le recherche et le développement nucléaire ? Le plan Marshall ? L’intervention de la banque centrale us pour éviter l’effondrement du dollar, le 12 sept91 ? La Norvège , pour soutenir une agriculture qui maintient une population en zônes difficiles ? Un pays pour soutenir l’épargne ou au contraire la freiner ?etc...

          L’interventionisme peut être contre-productif comme tout à fait nécessaire et stimulant pour le marché.


        • gem (---.---.117.250) 5 février 2007 11:02

          @zen

          L’intervention public peut faire du bien comme du mal, OK. Le problème c’est qu’il n’y a aucun moyen de le savoir à l’avance, aucun moyen de le vérifier après (on peut dire que ça a marché ou pas —et encore pas toujours —, mais on ne peut jamais dire qu’autre chose n’aurait pas marché, aussi bien ou mieux), et que

          1) ça n’est pas gratuit puisqu’il faut nourrir la machine, et, pire encore,

          2) cette machine est un système coercitif et répressif.

          Tu paye d’avance, en liberté, contraintes, et argent, et parfois tu gagnes, parfois tu perd... Je peux comprendre le plaisir de jouer à la loterie, mais la loterie obligatoire, ça n’est pas mon truc...

          C’est bien de ne pas croire à la divine providence de « la main invisible du marché », mais si c’est pour revenir à la croyance, encore plus ancienne, en la divine providence de « la main visible de l’état », ça n’est pas un progrès, c’est une regression.


        • filux (---.---.220.222) 5 février 2007 18:48

          C’est surtout très naif de compter à ce point sur le sens du sacrifice des gens. A la question : dequel chômage parle t’on, il serait intéressant que vous vous préocupiez de répondre de temps en temps dequel travail vous proposez. Parce que, pour beaucoup, sachez monsieur que ça fait tout de même un choc de s’apercevoir que le statut de « travailleur pauvre » soit désormais devenu une chose vers laquelle il faut s’élever.


        • (---.---.162.15) 3 février 2007 07:48

          On ne peut pas déconnecter les problèmes du chômage et des retraites. Il y a là deux réservoirs communiquants. Diminuer le temps de retraite (reculer l’âge de retraite), c’est augmenter le chômage.

          Or un retraité coûte plus cher qu’un chômeur. Pour l’état, il est économiquement plus rentable d’avoir un chômeur qu’un retraité.

          Il y a donc une grande hypocrisie quand on (Raffarin, Sarkozy & Cie) dit qu’on veut diminuer le chômage (notamment celui des plus de 55 ans) et quand on (les mêmes) prend des mesures pour reculer l’âge de la retraite.

          Donc quand on pose la question « De quel chômage parle-t-on ? », on devrait dire qu’une partie assez importante du chômage aujourd’hui est une « retraite au rabais ».

          Am.


          • Helios (---.---.188.79) 3 février 2007 21:52

            Et si on regardait du coté de l’humain ?

            Le salarié n’est pas une marchandise ! laisser le marché se regler seul, au nom d’un quelconque equilibre de marché c’est valider la loi du plus fort, celui de l’entreprise prédatrice (je ne parle pas des pme, des commerces etc).

            Je ne doute pas que tous les beaux penseurs qui vivent aux crochets de ces entreprises, et probablement fonctionnaires, seraient d’un avis different si on leur appliquait les methodes qu’ils préconisent.

            L’état est la pour reguler, pour empecher que la loi du plus fort soit appliquée et pour maintenir une solidarité au sein de sa population. Hélas, aujourd’hui, les groupes de pression, les corrupteurs (et la faiblesse des corrompus) et surtout la demission de l’état face aux groupes financiers ou industriels font que notre société sombre lentement et va rapidement rejoindre les « démocraties » d’Amerique du sud, comme le Chili qui est toujours, de nos jours, une dictature sans dictateur dont la présidente est l’amie de S.Royal.

            Bienvenue dans un monde ou le chomage sert de régulation des salaires, ou les groupes d’envergure regionales ou mondiales mettent en coupe réglée ce qui reste des consommateurs au jour le jour et ou la loi, pourtant claire sur le papier, fait la différence entre personne morale et personne physique !

            allez, bonne chance, vous devriez aller y faire un tour, quelques mois, pour voir ce que c’est que la vie sur place, si vous ne faites pas partie de la nomenclature.


            • cyrkar (---.---.89.20) 5 février 2007 14:57

              Tout à fait d’accord avec toi hélios. Comme je l’ai déjà écrit pour un autre article, ce n’est certainement pas à l’homme de s’adapter à l’économie mais à l’économie de s’adapter à l’homme et son environnement. Remettons l’économie à sa place c’est à dire un outil, un moyen mais pas un guide. L’économie est une variable humaine, fabriquéé par nous et donc on la transforme à nos souhaits ; elle ne s’impose pas à nous (contrairement à notre environnement naturel). une fois l’économie à sa place nous reviendrons, je l’espère, au vrai sujet de la politique : l’humain etr son organisation en société.

              Je voudrais auusi préciser que plus aucun économiste (sauf en France), même libéraux, n’invoque l’infaillibilité de cette chimère qu’est la main invisible du marché.

              pour gem : Et si, l’auto-régulation du marché est un dogme (croyance, opinions ou principes donnés comme intangibles et imposés comme une vérité indiscutable)puisqu’on constate de fait que le marché laissé libre tend naturellement vers le monopole. Et tu penses qu’un « méta-système » politique + marché n’as pas forcemment plus de chance de fonctionner. D’accord en théorie parce que tu mets les deux acteurs sur un pied d’égalité. Mais si tu places la politique au dessus de l’économique, alors c’est différent. Le libéralisme ambiant a placé l’économie au dessus de la politique, qui ne sert plus qu’à créer un climat propice à l’économie (il suffit d’écouter nos politiques : "mais on ne peut rien faire, il faut s’adapter) alors qu’elle devrait servir à créer un climat propice à l’humain, et mieux, à l’humanité.

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