Des milliards comme s’il en pleuvait
On aurait presque fini par les croire, depuis le temps qu’ils se lamentaient devant les caisses vides de l’Etat, qu’ils nous bassinaient avec leurs déficits publics et leur dette monstrueuse...
Les dépenses sociales, les salaires, les retraites, les services publics, tout ce qui pouvait être vendu, rogné, bradé ou liquidé, l’a été sans scrupules ni regrets et le pire restait à venir.
Le libéralisme, dans sa version la plus sauvage et brutale, était l’avenir du monde, le profit et la rentabilité étaient devenus la mesure de toute chose et tout ce qui y faisait obstacle devait être sacrifié.
Tout ceci était convenu et inscrit dans les programmes de nos partis politiques et dans ces fumeux critères de convergence auxquels tous avaient souscrit.
Pas une seule catégorie de la morale et du droit qui n’ait été bafouée, pas une seule norme du droit international qui n’ait été violée, pas une seule des institutions qui garantissent le principe de souveraineté qui n’ait été abrogée ou remise en cause, rien qui ne puisse être vendu ou acheté, qui ne puisse être sacrifié aux marchés.
Des années de privatisations et de délocalisation, les acquis de 1936 et 1945 traqués comme un gibier, la Chine et la Russie traitées comme des terres de conquêtes, un empire des steppes fondé sur la rapine et qui va s’effondrer…
25 000 milliards de dollars partis en fumée, des centaines de milliards pour soutenir les banques, des sommes colossales, abyssales injectées pour sauver les marchés.
Comme tout le monde, j’ignorais que nous étions si riches, que de telles masses de capitaux étaient disponibles.
Visiblement, ces gens ont perdu beaucoup d’argent, beaucoup plus que le montant des aides promises par les différents gouvernements, ils ont aussi des dettes et des créances qu’ils vont bien devoir payer.
Ils sont contraints de vendre massivement, à perte et à découvert, entraînant la déroute de toutes les places financières et pourtant tout cela ne suffira pas.
Des faillites et des banqueroutes sont encore à venir, des banques, des sociétés et aussi des Etats dont les noms commencent à apparaître dans les dépêches de l’AFP…
La garantie offerte par les Etats et les institutions financières apparaît comme un dernier fusible derrière lequel il n’y a plus rien qu’un gouffre béant.
La dette privée se transforme en dette publique, les Etats s’engagent à endosser les pertes et empêcher les faillites.
Tout ceci pose deux problèmes qui vont bien devoir trouver une réponse et faire l’objet d’un débat public.
En premier lieu, il s’agit du plus gigantesque transfert de fonds publics jamais réalisé, des centaines de milliards de dollars provenant de l’épargne et de l’impôt vers les marchés financiers.
Qui devra payer, quelles coupes claires, quels coups de hache sont prévus dans les budgets à venir, quels sacrifices vont nous être demandés ?
En second lieu, jusqu’à quel point les Etats pourront-ils faire face à d’éventuelles banqueroutes ou faillites sans que celles-ci ne deviennent leur propre banqueroute et faillite ?
En un mot, le risque d’une crise financière majeure ne devient-il pas le risque d’une crise politique majeure ?
Des jours sombres sont à venir et une tempête sociale devient probable, des millions de salariés sont menacés dans leur emploi, des secteurs entiers de l’économie sont entrés dans une récession profonde à laquelle il faudra bien trouver une issue.
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