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Accueil du site > Actualités > Economie > En finir avec la croissance ?

En finir avec la croissance ?

Malgré l’apparente bonne santé de l’économie française (croissance à 2,4%, chômage à 7,5 %...), les Français bougonnent. Un représentant du MEDEF s’exclamant même "Je vois pas pourquoi les Français ne sont pas contents !". N’est-ce pas l’ensemble des indicateurs économiques qu’il faudrait revoir, corriger ou adapter ? Le retard des sciences économiques n’est-il pas préjudiciable à nos activités ?

Joseph Stieglitz, prix nobel d’économie en 2001 et conseiller de Bill Clinton, estime à 3000 milliards d’euros les dépenses engagées dans la guerre en Irak alors qu’au début du conflit, Donald Rumsfeld les estimait en tout et pour tout à 60 milliards. En incluant les dépenses de santé des rapatriés d’Irak (dont on sait que 50% reviennent estropiés), il met le doigt sur un système qui, comme un effet de levier, permet à un pays de maintenir une croissance de son PIB au moyen de catastrophe (climatique, guerrière...). Patrick Viveret prenait, lui aussi, l’exemple d’AZF, qui avait engendré une croissance de l’économie.

L’économie de marché a besoin de deux choses pour fonctionner : Du mouvement et de la concurrence. C’est une forme de relation de couple qui sans mouvement et sans concurrence... meurt petit à petit. Dans Annie Hall, Woody Allen comparait le couple à un requin qui doit "avancer" et se battre pour survivre, "nous avons là un requin mort" concluait-il... "Nous avons donc un système mort" pourraient lui rétorquer d’autres économistes.

La concurrence n’est plus symétrique, elle est asymétrique : fin du bloc communiste qui a constitué un fantasme menaçant durant une demi décennie et permis un maintien de la cohésion américaine, émergence de la Chine qui tend à prendre, paradoxalement, ce relais tout en constituant le véritable "moteur" de l’économie mondiale.

Le mouvement économique peut être positif : innovation, création... mais aussi négatif pour les populations : guerre (voir les 30 glorieuses de Fourastié), catastrophe climatique, accidents... qui engendrent des dépenses donc des recettes...

Cette mésentente entre indice et réalité vient d’une des erreurs actuelles du capitalisme moderne : une netreprise qui accroît son bénéfice ne les redistribue plus assez aux salariés. Une entreprise qui fait des bénéficespréfère délocaliser (économie d’échelle). Donc un pays en forte croissance a plus de chance de voir des délocalisations, un travail flexible imposé voir un niveau de vie qui régresse.

En ce sens, Lorsque Nicolas Sarkozy en appelle à Amartya Sen ou à... Joseph Stieglitz, pour refonder ces indicateurs économiques, il a bien cerné ce phénomène d’inadéquation entre l’indicateur et la réalité. Cependant l’IDH, l’indice de développement humain, est lui aussi contesté par certains économistes ou sociologues bien que prenant en compte des réalités sociales (taux d’alphabétisation, niveau de vie...), il ne peut à lui seul convenir d’une réalité vécue.

Il existe d’autres indicateurs pertinents : ISS (indice de santé sociale), créé aux Etats Unis, qui recoupe 16 paramètres sociaux... Le IPH (Indice de Pauvreté Humaine) qui se base sur les "manques", le BIP 40...

Au lieu d’"aller chercher le point de croissance" avec les "dents" (de requin), il s’agirait de résoudre un problème de clarification de ces indicateurs afin que les "ménages", au moral si sensible, puisse évaluer les politiques économiques mises en place. Nous retrouvons là l’une des interrogation d’un très célèbre économiste américain John Kenneth Galbraith, sur le décalage entre l’évolution des technologies, des sciences et la lenteur du progrès des sciences économiques, de la sociologie qui empêche toute "transparence" dans le marché, transparence qui est l’un des piliers du capitalisme.

Peut- être la solution des problèmes d’indices viendrait que nous devrions non pas combiner les chiffres en un seul mais toujours citer l’ISS avec le PIB, ou l’IDH afin qu’avec plusieurs sources tout un chacun puisse se situer, se repérer...


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13 réactions à cet article    


  • spartacus1 spartacus1 7 juin 2008 18:47

    Vive l’économie ultralibérale (ou même libérale tout court) !

    Comme chacun le sait, construire un mur et le démolir 2 mois plus tard, ce n’est pas une opération blanche, mais deux opérations de développement qui accroissent le PNB.

    Croire qu’une croissance, même modeste de 0,5 % par année, illimitée est possible dans un monde limité est soit le fait d’un fou, soit le fait d’un économiste.

    La "science" économique n’est qu’un vaste leurre, une agitation pseudo-intellectuelle, certains diraient de la masturbation intellectuelle. Je suis relativement bien placé pour en parler : j’ai fait des études d’économie ! Heureusement, j’ai changé de voie depuis.


    • gnarf 10 juin 2008 22:43

      >>Comme chacun le sait, construire un mur et le démolir 2 mois plus tard, ce n’est pas une opération blanche, mais deux opérations de développement qui accroissent le PNB.

      C’est faux. Imaginez deux familles.

      L’une construit des murs et les detruit.

      L’autre construit des murs

       

       

      Dans un premier temps l’activite des deux familles genere un acroissament du PNB. Mais si vous revenez un peu plus tard, la famille numero 1 en est toujours au meme point, alors que la famille numero 2 a construit un atelier qui est un outil lui permettant de produire plus.

      Donc sur le long terme le PNB genere par les deux familles va se mettre a diverger.

      C’est exactement comme si vous coupez une branche a chaque fois qu’elle repousse...votre pauvre arbre reste au meme point, mais il y a du bois de produit quand-meme. Mais si vous comparez a un arbre qu’on laisse pousser, il produira bien plus de bois sur le long terme que le pauvre arbre qu’on coupe en permanence.

      La destrruction/reconstruction genere du bois ou du PNB sur le court terme....mais bien moins sur le long terme qu’une gestion saine.

      Donc sur le long terme la simple mesure du PNB permet de faire la difference entre construction/destruction et construction/construction.


    • gnarf 10 juin 2008 22:47

      Le PNB n’est pas parfait...on peut tres bien le gonfler avec des destructions sur le court terme....mais il y a toujours un retour de baton sur le long terme. Donc sur le long terme l’evolution du PNB est bien plus significative que vous ne croyez, et fait la difference entre vraie croissance du niveau de vie et manipulations.


    • Thierry LEITZ 7 juin 2008 23:36

      La croissance du PIB, un indicateur commode pour éviter d’affronter la VRAIE question des inégalités criantes, source de ce décalage entre stats et ressenti populaire. J. Stieglitz et JKG sont pertinents.

      On parle du "gâteau", plus il grossit, plus c’est beau... Et on explique au peuple inculte qu’avant de distribuer du revenu il faut en créer. (donc : bossez plus ! ) Mais oui...

      1/ Tant qu’il n’y aura pas une critique massive des inégalités, de l’excès de richesse de certain face à l’excès de pauvreté d’autres, rien ne changera.

      Gagner 1 million d€ en jouant quelque heures au tennis, fut-ce à haut niveau après des années d’entrainement, n’a rien de logique, ni de moral. Cet argent venu des sponsors et annonceurs est prélevé dans la VALEUR AJOUTEE des entreprises en ce qu’elle la réduit, limitant ainsi les possibilités de relèvement des plus bas salaires. Et cette VA, c’est le fruit du travail de tous, pas spécialement (voire pas du tout) de quelques (gros) actionnaires qui s’en répartissent discrètement et sans contre-avis l’essentiel.

      Les salaires des haut PDG, (+500 K€ annuels) décidés en conseils d’ad., les rentes des sportifs, des stars du showbusiness sont une insulte à l’idée de justice et d’humanisme. Rien de rationnel ne peut justifier cela. L’excuse du "marché" même si c’est un fait ne justifie pas ces excès. Les niveaux de rémunérations alloués sont le résultat soit d’une surenchère entre riches, hors mérite réel, du genre de celles qu’on observe dans les salles d’adjudication comme Christie’s, soit d’une simple cooptation avec retour d’ascenseur... Mais l’argent vient, in fine, du travail régulier des salariés, de l’ouvrier à l’ingénieur. VOTRE ARGENT.

      2/ Tant que les bénéficiaires de ces excès n’y renonceront pas d’eux-mêmes, par scrupules d’ordre moral, pour les modérer, rien ne changera.

      TOTAL 1/ et 2/ probablement hélas, rien ne changera. Nous sommes donc tous responsables de laisser faire, d’admirer, de jalouser sans critiquer sur le fond l’EXCES des inégalités.


      • Le péripate Le péripate 8 juin 2008 00:26

        Agréger en un chiffre les revenus, le bien-être, le bonheur, la depression , le suicide , la pollution et tutti quanti relève de la gageure, et c’est une recherche vouée à l’échec. il vaut mieux prendre les indicateurs pour ce qu’ils sont, des themomètres, et autant pas les faire trop compliqués, pour que l’on se rappelle ce qu’ils veulent dire !

        Et, surtout, se souvenir que son bonheur dépend plus de soi que du PIB...

         


        • Gilles Gilles 8 juin 2008 08:57

          Il suffit juste de se baser sur divers indicateurs, mesurant des points précis. Essayer de tout résumer en un seul atténue l’information particulière que chacun peut fournir

          Et surtout, il faut que chacun comprene ce qu’il y a derrière ces indicateurs, ce qu’ils mesurent et comment ils le mesurent

          Si les citoyens comprennaient comment est calculé le taux de chomage,de croissance, de pauvreté, d’inflation, de sécurité, de pouvoir d’achat.....eh bien je suis persuadé qu’ils se feraient une meilleure idée de la situation et peut être voteraient différement

          Enfin, il faudrait déjà que les politiques et les journalistes fassent l’effort de l’expliquer à chaque foi ...pas gagné car c’est tellement plus simple d’emballer un discours démagogique dans un chiffre miracle et de manipuler les statistiUES


        • Blé 8 juin 2008 08:17

          Je ne comprends pas très bien quand Le péripate dit que le bonheur dépend plus de soi que du P I B.

          Pourquoi avoir inventé le P I B ? Après chaque catastrophe (guerre ou naturelle) le PIB d’un pays augmente. C’est tellement vrai que l’un des crédo de l’économie de marché est de multiplier les conflits afin d’engraisser les actionnaires des entreprises de la mort. Regarder d’un peu plus près les cours de la bourse, pas besoin de sortir de polytechnique pour s’en apercevoir. D’accord ce genre d’info ne fait pas la une des médias mais elle fait partie de la réalité quotidienne des terriens.

          N’oublier pas les nouvelles technologies au service de la surveillance des citoyens et au service de la lutte contre le terrorisme. Ces industries augmentent le PIB du pays mais quand les caméras surveillent à tous les coins de rue, quand je dois montrer patte blanche dans tous les actes de la vie, je doute que la bonheur dépende vraiment de soi.


          • Gaétan de nollande 9 juin 2008 11:42

            " C’est tellement vrai que l’un des crédo de l’économie de marché est de multiplier les conflits "

            Qu’est ce qui faut pas entendre ....... on m’expliquera alors comment il se fait que l’économie de marché est la plus développée dans les pays en paix, USA, Europe, Japon (On pourrait maintenant inclure la Chine) qui n’ont pas connu de conflits sur leurs sols depuis des décennies.

            Parce que vous voyez, si les conflits enrichissent certains, ils ne représentent qu’une toute petite partie du PIB (Et coutent très chers), la très très grande majorité est créée par des activités non génératrices de conflits.


          • LaEr LaEr 9 juin 2008 16:42

            USA, pays en paix ? Excusez du peu, mais les US n’ont ils pas déjà "investis" plusieurs centaines de milliars de dollars dans la guerre en Irak ?

            De plus, ce n’est pas parcqu’un pays n’est pas directement en guerre que ses industries ne bénéficient pas des retombées de celle-ci..

            Exemple :

            Beretta, entreprise Italienne, conceptrice du pistolet Beretta 92 F(S) 9mm en dotation dans l’armée américaine sous l’appellation M9 et M10

            Browning, entreprise Belge et Américaine, conceptrice du P90, aussi en dotation dans certaines unités américaines...

            Etc...

             

             

             

             

             


          • K K 8 juin 2008 11:02

            Un indicateur n’est qu’une mesure. Donc il depend fortement de son environnement.

            Par exemple, pour une meme mesure de 20 degres, on peut avoir chaud ou froid. Un indicateur isole n’a aucune utilite. Ce qu’il faut, ce sont plusieurs mesures et plusieurs points de mesures. il faut aussi prendre en compte les ecarts par rapport a la mesure. 

            Et la on voit si on a un pays homogene ou de fortes disparites.


            • antoineb 9 juin 2008 12:28

               "...on m’expliquera alors comment il se fait que l’économie de marché est la plus développée dans les pays en paix, USA, Europe, Japon (On pourrait maintenant inclure la Chine) qui n’ont pas connu de conflits sur leurs sols depuis des décennies..."

               

              Le constat est juste mais l’on pourrait retourner le problème : n’y a t’il pas de conflits en europe car ce sont des pays riches ? La pauvreté n’est- elle pas le moteur de la guerre ou, du moins, du conflit ?

              Il s’agit de ne pas confondre "croissance" et "richesse", le monde occidental est arrivé à saturation, les points de croissance s’arrache avec les dents... Qu’est ce que la vraie richesse (voir Jean Gadrey ou Patrick Viveret) ?

              La vraie richesse, c’est la paix.


              • antoineb 9 juin 2008 12:33

                L’occident n’est pas en guerre ?

                 

                 Quid de la 1ére guerre mondiale, n’est- ce pas un conflit purement économique ? Et le conflit Israelo- Palestinien et le problème des ressources en eau ? Le conflit irakien et le pétrole ?

                L’occident est en paix car l’otan ou l’onu fait la guerre et que les conflit se passent sur d’autres territoires, l’occident est en guerre contre les autres pays : c’est la théorie du choc des civilisation de S, Huntington.

                Une prise de conscience des risques de la croissance est des plus urgentes !


              • chmoll chmoll 11 juin 2008 19:28

                la croissance a dut prendre des hormones de croissance,elle est décédé, snif scusez moi c l’chagrin

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