Encore des cadavres dans les placards
Nos institutions financières se préparent-elles à un round supplémentaire de pertes qu’elles annonceraient avant la fin du deuxième trimestre ? Rappelons, pour ceux qui douteraient encore de l’inventivité de nos banquiers, que les banques très impliquées dans les prêts immobiliers ont contracté l’an dernier - et pour leur propre compte - des opérations spéculatives de vente à découvert d’indices et de valeurs boursiers corrélés à l’immobilier et aux prêts à effet de levier.
Ces opérations dites de "protection" ou "hedge" consistaient en effet à vendre ces indices dans le but de se doter d’une "assurance" ou d’un coussinet limitant leurs pertes en cas de décrochage des marchés immobiliers... De fait, ces assurances ont quelque peu amorti les pertes de ces banques l’an dernier qui auraient effectivement dû encaisser des résultats autrement plus catastrophiques sans ces hedges !
Néanmoins, le plus bas des marchés boursiers ayant été atteint vers le milieu du mois de mars lors de la déconfiture de Bear Stearns, ces indices boursiers ont depuis cette période entamé une progression relativement appréciable avec, pour conséquence immédiate, une dévalorisation de ces assurances contractées par les banques qui perdent très nettement de leur valeur au fur et à mesure que les bourses s’apprécient.
Ainsi, ces banques, n’ayant pas débouclé ces opérations avec profits lors de la chute des bourses en mars dernier, se retrouvent-elles à présent avec des pertes supplémentaires à provisionner sur cet autre front ! Les plus gros perdant risquent d’être Lehman Brothers dont les pertes globales comprenant les subprimes et les provisions sur hedge risquent de s’établir dans une fourchette comprise entre 1,5 et 2 milliards de dollars.
Cette aggravation des pertes est en contradiction avec l’optimisme affiché par cette même banque il y a quelques mois qui prétendait que 70 % de ses couvertures hedge étaient efficaces, c’est-à-dire que pour chaque 100 dollars de pertes sur des crédits subprimes, elle pouvait virtuellement en récupérer 70 grâce à cette assurance...
Tout comme Lehman, mais dans une moindre mesure, Morgan Stanley, Goldman Sachs et Merrill Lynch seront les trois établissements de Wall Street qui auront le plus à souffrir de ces opérations supposées les protéger des pertes sur subprimes.
Comme un tremblement de terre, la crise des subprimes n’en finit donc pas avec ses "répliques". En effet, s’il est vrai que le séisme majeur est derrière nous, il est aussi vraisemblable que l’assainissement des établissements financiers d’une part et le retour à des conditions économiques et financières sereines d’autre part sera un processus qui s’étalera sur plusieurs années.
L’éclatement de cette bulle et la crise du crédit ayant culminé en mars nous plongent dans un climat tout à fait différent de l’euphorie de ces vingt-cinq dernières années.
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